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Essëlier , cht{ les Charpentiers, c’eft un lieu qui
lie l’arbalétrier avec l’entrait. Voye{ Entrait.
ESSEN, ( Géog.mod. ) ville de la "Wêftphalie en
Allemagne. \Long. 24. 42. lat. Su a i.
ESSENCE, f. f. ( [Métaph.) c’eft ce que l’on conçoit
comme le premier 6c le plus général dans l’être
, & ce fans quoi l’être ne feroit point ce qu’il eft.
Pour trouver Vejfence d’une chofe, il ne faut faire attention
qu’aux qualités qui ne font point déterminées
par d’autres, & qui ne fe déterminent pas réciproquement
, mais en même tems qui ne s’excluent
pas l’une l’autre. Le nombre des trois côtés & l’égalité
de ces côtés , font Vejfence du triangle équilatéral
: i°. parce que ces deux qualités peuvent co-exi-
fter : i° . elles ne fe déterminent point non plus l’une
l ’autre ; du nombre de trois ne réfulte point l’égalité
des lignes, ni vice versa: 30. elles ne font point déterminées
par d’autres qualités antérieures ; car on
ne fauroit rien concevoir dans la formation du triangle
équilatéral, qui foit antérieur au nombre &c à
la proportion des lignes : 40. enfin fans elles on ne
"fauroit fe repréfenter l’être. S’il y a plus ou moins
de trois côtés, ce n’eft plus uri triangle ; fi les côtés
font inégaux, ce n’eft plus un triangle équilatéral.
Vejfence de l’êtne une fois connue , fuffit pour démontrer
la poflibilité intrinfeque ; car Vejfence comprend
la raifon de tout ce qui eft a&uellement dans
l ’être, ou de tout ce qui peut s’y trouver. Les qualités
eftentielles étant luppofées , entraînent à leur
fuite les attributs , 8c ceux-ci donnent lieu aux pof-
fibilités des modes. Voye1 Attribut , Mode.
- Cette notion de Vejfence eft adoptée par tous les
philofophes ; la diverfité de leurs définitions n’eft
qu’apparente. François Suarez, l’un des plus profonds
& des plus fubtils fcholaftiques, définit l’ef-
fence, primum radicale & \intimant principium omnium
aclionum acproprietatum quoe rei conveniunt (Tom. I.
difp. ij. J'ect. 4.). Et expliquant enfuite fa définition
conformément aux principes d’Ariftote 8c de faint
Thomas d’Aquin, il dit que Vejfence eft la première
chofe que nous concevons convenir à l’être, & qu’elle
conftitue l’être. Il ajoûte que Vejfence réelle eft
celle qui n’implique aucune répugnance, & qui n’eft
pas une pure fuppofition arbitraire. On voit bien
qu’il eft aile de ramener ces idées à la nôtre. Def-
cartes s’en tint à ce que fes maîtres lui a voient appris
là-defius : una ejl, dit-il, cujufque Jubflantiat prcecipua
proprie ta s quoi ipjius naturam eJJ'entiamque confluait ,
O* ad quam omnes alite referuntur. Princip. philofoph.
pare. I. La chofe en quoi & les Scholaftiques & Def-
cartes fe font trompés, c’eft en affirmant fi pofitive-
ment qu’une feule propriété étôit la bafe de toutes
les autres, 8c faifoit Vejfence de l’être. Il peut y avoir
& il y a pour l’ordinaire plus d’une qualité effentielle.
Le nombre n’en eft point fixe, 8c s’étend, comme
nous l’avons dit, à toutes celles qui ne font fuppo-
fées par aucune autre , & qui ne fe fuppofent pas
réciproquement.
De cette même notion des ejfences, il eft aifé d’en
Réduire l’éternité 8c l’immutabilité. L’idée des ejfences
arbitraires eft une fource de contradictions. Les
ejfences des chofes confiftent, comme nous l’avons
vu , dans la non-repugnance de leurs qualités primitives.
Or il eft impolfible que des qualités une fois
reconnues pour non - répugnantes, ay ent jamais été
ou puiffent fe trouver dans une oppofition formelle, j
La poflibilité de leur co-exiftence eft donc néceflai-?
re, & cette poflibilité n’eft autre chofe que Vejfence.
Celle d’un triangle reftiligne, par exemple, confifte
en ce qu’il ne répugne pas que trois lignes droites,
dont deux prifes enfemble font plus grandes que la
troifieme, le joignent de maniéré qu’elles renferment
un efpace. Dira-t-on que le conrraire eft également
poffible, ou même qu’il peut devenir impolfible que
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les trois lignes luppofées foient propres à renfermer
1 un efpace ? Pour le foûtenir, il faut convenir qu’une
chofe peut être 8c ne pas être à la fois. Il eft donc >
il a é té, 8c il fera à jamais néceflaire que trois lignes
droites foientpropres à renfermer un efpace; 8c voilà
tout ce que nous prétendons quand nous difons
que Vejfence du triangle ou de toute autre figure eft:
néceflaire. D e même quand une créature, telle que
l’homme, n’auroit jamais exifté, fon ejfence n’en feroit
pas moins néceflairement polfibie, & Dieu n’auroit
pû lui. donner l’aéhialité fans cette poflibilité antérieure
à'ejfence. Ce n’eft point limiter la puiflance
de D ieu, que de la renfermer dans les bornes du poffible.
Un pouvoir qui s’étend à tout ce qui n’implique
point contradiction, eft un pouvoir infini ; car
tout le refte eft un pur néant, 8c le néant ne fauroit
être l’objet d’une puiflance aftive. Voye^ Définition
, ElÉMENS. Cet article efl de M. Fo rm e ÿ . Essence, (Pharm.) on donne ce nom à différentes
préparations qu’on a regardées comme poffédant
éminemment la vertu médicamenteufe du fimple
dont elles étoient tirées»
Mais ce nom n’a jamais eu , en Pharmacie, une lignification
bien déterminée ; car on la donne indifféremment
à des teintures, à des huiles effentielles, à
de fimples diffolutions, &c, Voy. Huile essentielle
, Teinture.
Les Alchimiftes fe font aufli fervi quelquefois du
mot ejfence , mais plus communément de celui de
qiiintejfence. Voye^ QUINTESSENCE. (£) Essence d’Orient , ( Joaillerie.) nom donné par
les ouvriers à la matière préparée , avec laquelle
on colore les fauffes perles. Voye[ Perles fausses.
On retire cette matière des écailles du petit poif-
fon qu’on appelle able. Voye[ Able.
Vous trouverez fous ce mot tout ce qui regarde
Vejfence d'Orient. Nous ajouterons uniquement que
cette dénomination lui convient mal, puifqu’ellen’elt
pas plus ejfence ni liqueur, que ne l’eft un labié extrêmement
fin ou du talc pulvérifé, délayé avec de l’eau.
Il eft vrai qu’on ne peut bien la retirer des écailles de
l’able qu’en les lavant, & que pour être employée,
elle demande néceflairement, comme beaucoup de
terres à peindre, à être mêlée avec l’eau : mais
néanmoins fi on l’obferve avec une bonne loupe,
on la diftinguera facilement du liquide dans lequel
elle nage, & l’on s’aflïirera que loin d’être liquide,
elle n’eft qu’un amas d’une infinité de petits corps
ou de lames fort minces régulièrement figurées, &
dont la plus grande partie font taillées quarrément.
Quoiqu’on employé à deffein des broyemens affez
forts pour enlever ces lames des écailles, on ne les
brife, ni on ne les plie ; du moins n’en découvre-
t-on point qui foient brifées ou pliées ; 8c fuivant
les obfervations de M. de Reaumur, ces petites lames
paroiffent au microfcope à-peu-près égales,
& toujours coupées en ligne droite dans leur grand
côté. L’argent le mieux bruni n’approche pas, dit-
il , de l’éclat que ces petites lames préfentent aux
yeux, aidés du microfcope.
Il réfulte de-là, qu’étant minces & taillées régulièrement,
elles font très-propres à s’arranger fur le
verre , & à y paroître avec le poli & le brillant des
vraies perles : enfin elles cedent aifément au plus léger
mouvement, & femblent dans une agitation continuelle
, jufqu’à ce qu’elles foient précipitées au
fond.de l’eau. Article de M, le Chevalier d e J a u -
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ESSENIENS, f. f. pl. ( Théol.) fefte célébré parmi
les anciens Juifs.
L’hiftorien Jofephe parlant des différentes fe&es
de fa religion, en compte trois principales, les Pha-
rifiens, les Sadducéens, & les EJféniens ; 8c il ajoûte
que ces derniers étoient originairement Juifs : ainfi
S. Êpiphane s’eft trompé en les mettant au nombre
des fedes famaritaines. On verra par ce que nous en
allons dire,que leur maniéré de vivre approchoit fort
de celle des philofophes pythagoriciens.
Serrarius , après Philon , diftingue deux fortes
dVEJféniens ; les uns qui vivoient en commun, &
qu’on appelloit Practici ; les autres qu’on nommoit
Theoretici, & qiii vivoientdans la folitude & en contemplation
perpétuelle. On a encore nommé ces derniers
Thérapeutes, 8c ils étoient en grand nombre en
Egypte. On a aufli nommé ces derniers Juifsfolitai*
Tes 6c contemplatifs ; 8c quelques-uns penfent que c’eft
à l’imitation des EJféniens que les Coenobites & les
Anachorètes dans le Chriftianifme, ont embrafle le
genre de vie qui les diftingue des autres Chrétiens.
Grotius prétend que les EJféniens font les mêmes que
les Aflidéens. Voye%_ AssidÉens.
De tous les Juifs, les EJféniens étoient ceux qui
avoient le plus de réputation pour la vertu ; les
Payens mêmes en ont parlé avec éloge ; & Porphyre
dans fon traité de Vabjiinence, liv. IV. §. //. & fuiv.
ne peut s’empêcher de leur rendre juftice : mais comme
ce qu’il en dit eft trop général, nous rapporterons
ce qu’en ont écrit Jofephe & Philon le juif, infiniment
mieux inftruits que les étrangers de ce qui
concemoit leur nation, 8c d’ailleurs témoins oculaires
de ce qu’ils avancent.
Les EJfeniens fuyoient les grandes villes, & habi-
toient dans les bourgades. Leur occupation étoit le
labourage 8c les métiers innocens ; mais ils ne s’ap-
pliquoient ni au trafic, ni à la navigation. Ils n’a-
voient point d’efclaves, mais fe fer voient les uns les
autres. Ils méprifoient les richeffes, n’amaffoient ni
o r ni argent, ne poffédoient pas même de grandes
pièces de terre, fe contentant du néceflaire pour la
v ie , & s’étudiant à fe paffer de peu. Ils vivoient en
commun, mangeant enfemble, & prenant à un même
veftiaire leurs habits qui étoient blancs. Plufieurs
logeoient fous un même toît: les autres ne comp-
toient point que leurs maifons leur fuffent propres ;
elles étoient ouvertes à tous ceux de la même fe&e,
car l’hofpitalité étoit grande entr’eux, & ils vivoient
familièrement enfemble fans s’être jamais vûs. Ils
mettoient en commun tout ce que produifoit leur
travail, & prenoient grand foin des malades. La plû-
part d’entr’eux renonçoient au mariage, craignant
l ’infidélité des femmes & les divifions qu’elles eau--
fent dans les familles. Ils élevoient les enfans des
autres, les prenant dès l’âge le plus tendre pour les
inftruire & les former à leurs moeurs. On éprouvoit
les poftulans pendant trois années, une pour la continence
, & les deux autres pour le refte des moeurs.
En entrant dans l’ordre ils lui donnoient tout leur
bien & vivoient enfuite comme freres ; enforte qu’il
n’y avoit entr’eux ni pauvres ni riches. On choifif-
foit des économes pour chaque communauté.
Ils avoient un grand refpeft pour les vieillards,
& gardoient dans tous leurs difeours & leurs actions
une extrême modeftie. Ils retenoient leur colere ;
ennemis du menfonge 8c des fermens,ils ne juroient
qu’en entrant dans l’ordre ; 8c c’étoit d’obéir aux fu-
périeurs, de ne fe diftinguer en rien, fi on le deve-
noit ; ne rien enfeigner que ce que l’on auroit appris ;
ne rien celer à ceux de fa fe&e ; n’en point révéler les
myfteres à ceux de dehors, quand il iroit de la vie.
Ils méprifoient la Logique comme inutile pour acquérir
la vertu, 8c laiffoient la Phyfique aux Sophif-
tes 8c à ceux qui veulent difputer ; jparce qu’ils ju-
geoient que les fecrets de la nature etoient impénétrables
à l ’efprit humain. Leur unique étude étoit la
Morale, qu’ils apprenoient dans la lo i , principalement
les jours de fabbat, oü ils s’affembioient dans
leurs fynagogues avec un grand ordre. Il y en avoit
tin qui lifoit, un autre qui expliquoit, Tous les jours
ifs obfervoîertt de ne point parler de chofés profanes
avant le lever du Soleil, & de donner ce tems à
la priere : enfuite leurs fupérieurs les envoyoient au
travail ; ils s’y appliquoient jufqu’à la cinquième
heure, ce qui revient à onze heures du matin : alors
ils s’affembioient 8c fe baignoient ceints avec des
linges ; mais ils ne s’oignoient pas d’huile, fuivant
l’ufage des Grecs & des Romains. Ils mangeoient
dans une falle commune, aflïs en filence ; on ne leur
fervoit que du pain 8c un feul mets. Ils faifoient la
priere devant 6c après le repas ; puis retournoient
au travail jufqu’au foir. Ils étoient fobres, 8c vivoient
pour la plupart jufqu’à cent ans. Leurs juge*
mens etoient fève res. On chaffoit de l’ordre celui
qui étoit convaincu de quelque grande faute, & il
lui étoit défendu de recevoir des autres mêmes la
nourriture ; enforte qu’il y en avoit qui mouroient
de mifere : mais fouvent on les reprenoit par pitié»
Il n’y avoit des EJféniens qu’en Paleftine, encore n’y
étoient-ils pas en grand nombre, feulement quatre
mille ou environ : au refte c’étoient les plus fuperfti-
tieux de tous les Juifs , 8c les plus fcrupuleux à ob-
ferver le jour du fabbat & les cérémonies légales ;
jufque-là qu’ils n’alloient point facrifier au temple ,
mais y envoyoient leurs offrandes, parce qu’ils n’é-
toient pas contens des purifications ordinaires. Il y
avoit entre eux des devins qui prétendoient connoi-
tre l’avenir par l’étude des livres faints, jointe à certaines
préparations : ils vouloient même y trouver
la medecine & les propriétés des racines, des plantes
& des métaux. Ils donnoient tout au deftin, 8c rien
au libre - arbitre ; étoient formes dans leurs réfolu-
tions, méprifoient les tourmens & la mort, & avoient
un grand zele pour la liberté, ne reconnoiffant pour
maître 8c pour chef que Dieu feul, & prêts à tout
fouffrir plutôt que d’obéir à un homme. Ce mélange
d’opinions feniées, de fuperftitions, & d’erreurs ,
fait voir que quelque auftere que fût la morale 8c la
vie des EJféniens, ils étoient bien au-deffous des premiers
chrétiens. Cependant quelques auteurs , 8z
entre autres Eufebe de Céfarée, ont prétendu que
les EJféniens appellés Thérapeutes étoient réellement
des chrétiens ou des juifs convertis par S. M arc, qui
avoient embrafle ce genre de vie. Scaliger foûtient,
au contraire, que ces Thérapeutes n’étoierit pas des
chrétiens, mais des EJféniens qui faifoient profeflion
du Judaïfme. Quoi qu’il en foit, il admet les deux
fortes d’EJféniens dont nous avons déjà parlé. Mais
M. de Valois dans fes notes fur Eufebe, rejette abfo-
lument toute diftinétion. Il nie que les Thérapeutes
fuffent véritablement EJféniens ; 8c cela principalement
fur l’autorité de Philon, qui ne leur donne jamais
ce nom, 8c qui place les EJféniens dans la Judée
& la Paleftine : au lieu que les Thérapeutes
étoient répandus dans l’Egypte, la Grèce, & d’autres
contrées. Jofephe, de bell. Jud. lib. II. antiquité
lib. X III. cap.jx. & lib. XV III. cap. ij. Eufebe, lib.
II. cap. xvij. Serrarius, lib. III. Fleury, hifi. eccléf
liv. I. pag. y. &fuiv. Diciionn. de Moréry & de la B ible.
Voye\ T hérapeutes. (G)
ESSEQUEBE, (Géog. mod.') riviere de la Guiane
dans l’Amérique feptentrionale ; fes bords font habités
par des Sauvages.
ESSER, en termes de Cloutier d'épingle , c’eft choi-
fir la groffeur du fil qu’on veut employer par le
moyen d’une mefure , dans laquelle on le fait entrer.
Voye^ Esse.
ESSERE, f. f. ( Med. ) c’eft une efpecè de gale,’
que Fallope appelle volante: elle paroît fubitement
en différentes parties du corps, en forme de petites
tumeurs fous la peau , comme celles qui font produites
par la piquûre des orties, & caufo des deman-
geaifons infupportables. Sydenham, qui en parle
aufli i dit qu’elle fur vient dans-tous les tems de l’an*