;
* DOUBLOIR, f. m . (M a n u f. en f o u . ) m ach in e
q u i fert à foîiten ir les ro e h e ts fu r lesquels eft d é v id
ée la foie q u 'o n v e u t d o u b le r. V . I art. D o u b l e t
du Blondier.
DOUBLON, f. m. ('Cornm.) monnoie d’or d’Ef-
pagne, qui vaut deux piftoles d’Efpagne. V?yei Pis-
TOLE. B H . . D o u b l o n , terme d'imprimerie; c’eft la répétition
d’un mot ou de plufieurs mots, d’une ligne ou d’une
phrafe, que le compofiteur a faite dans fa compofi-
tion; faute qu’il eft obligé de corriger en remaniant,
pour éviter ce qu’on appelle colombier. Voye^ R e m
a n ie r , C o l o m b i e r , & c.
DOUBLURE, f. f. (’Orfévr.) défaut qui provient
de la fonte 6c du mal forgé des métaux : de la fonte,
parce que lorfque l’on coule l’or 6c l’argent, il arrive
fouvent qu’ils bouillonnent, & produifent des concavités
que le marteau applatit, 6c dont on ne s’ap-
perçoit fouvent qu’au fini de l’ouvrage, parce qu’a-
lors une des deux épaiffeurs fe trouvant ufée par le
travail, dont elle aura plus fouffert que l’autre, fe
détache, 6c découvre des faletés renfermées entre
deux.
Du mal forgé, parce qu’un ouvrier mal-adroit replie
fouvent avec fon marteau une partie de la matière
fur elle-même, 6c continue de la forger jufqu’à
ce que fes pièces foient d’épailfeur, fans y faire attention.
Il eft aifé de remarquer celles qui viennent de la
fonte ou de la mal-adreffe de l’ouvrier; les premières
renferment toujours des faletés, comme des fels ou
des terres ; & les fécondés préfentent un champ lice.
D o u b l u r e , (Orfév.) fe d it de l’o r ou de l’arg en t
q u i re v ê t in térieu rem e nt les ta b atières d’é c a ille , de
v e rn is o u a u tre s , d o n t le deffus n ’eft pas du m êm e
m é ta l; La doublure différé de la g o rg e , e n ce q u e
celle-ci n e re v ê t q u e les ferm etu res des ta b a tiè re s ,
& q u e la doublure les re v ê t en tièrem en t ; en forte que
c e n ’eft p ro p rem en t q u ’u n e b a tte 6c des fonds ajo u tés
à u n e g orge. Voye\ G o r g e .
DOUCE-AMERE ou DULCAMERE , folanum
feandens , dulcamara, [Mat. méd.) Voy. MORELLE.
DOUCHE, f. f. terme de Chirurgie , chûte d’une
colonne d’eau minérale, naturelle ou artificielle,
dirigée avec méthode fur une partie pour la guérifon
de quelque maladie.
Les douches font très - efficaces dans bien des cas,’
comme dans les affeftions rhumatifmales fixes, 6c fur-
tout dans les anchylofes commençantes, pour détruire
l’épaiffiffement de la fynovie qui foude les têtes
des os dans les cavités qui les reçoivent. On va
ordinairement prendre les douches à Bareges, à Bourbon,
au Mont-d’o r , àBourbonne, à Plombières,
&c. La chûte de l’eau, fa chaleur, 6c les parties fa-
lines dont les eaux thermales font chargées, contribuent
également à leur effet : il faut en continuer
l’ufage affez long-tems. Souvent il eft néceffaire
d’aller aux eaux plufieurs faifons de fuite, pour achever
des. guérifons que les premières tentatives n’a-
yoient que préparées.
C’eft ici le lieu de loiier M. Guérin de Montpellier,
qui vient d’établir à Paris une machine auffi utile
qu’ingénieufe, pour adminiftrer commodément 6c
efficacement toutes fortes de bains médicinaux, tels
que les bains entiers, les demi - bains, lès bains de
vapeurs, les étuves, les douches d’eaux minérales,
naturelles ou fa&ices, & les fumigations de toutes
efpeces. Grâce à l’induftrie de l’auteur, on a fous la
main tous les avantages qu’il faudroit aller chercher
au loin avec beaucoup de dépenfe, & beaucoup d’in-
commodités pour les perfonnes mêmes qui ont le
moyen de fe procurer toutes leurs aifes, autant que
cela eft poflible, hors de leurs demeures ordinaires.
m |
D O U C IN , voyei O u r s in .
D o u c i n , (Jardin.') greffer fur. Voyc{ GREFFER.
DOUCINE, terme d'Architecture, V. MOULURE»
D o u c in e , (MenuiJ'.) eft u n e efp ece d e ra b o t q u i
fe rt à faire d es m o u lu res. Voye%_ PI. du Menuijier.
DOUCIR, v . a£L Manoeuvre du poli des glaces !
o n douât à la ro u e & au m oilon. Voye^ l'art. V e r r
e r i e .
DOUERO ou D OU RO , (Géogr. mod.) riviere
d’Efpagne, qui a fa fource dans la Sierra de Urbion,
vieille Caftille ; traverfe le Portugal, 6c fe jette dans
l’Océan près de Saint-Jean de Foz, après un trajet
de 90 lieues d’orient en occident.
DOUGER, cifeau àdouger, infiniment à l’ufage
de ceux qui travaillent l’ardoife dans les ardoifieres.
Voye^ l'article ARDOISE.
DOUILLARD, f m. (Comm.) mefure dont on fe
fert à Bordeaux 6c dans toute la Guienne, pour me-
furer les charbons de terre d’Angleterre 6c d’Ecoffe.
Neuf douillards font le tonneau, compofé de trente-
fix barriques, qui reviennent à foixante-douze barrils
de la même mefure de ceux qui font portés par les
tarifs de 1664 6c 1667. Dict. de Com. G* de Trév. (G)
DOUILLE, f. f. (Coupe des pierres.) du latin do-
liurn, lignifie le parement intérieur d’une voûte ou
d’un claveau creux ; on l’appelle auffi intrados. La
furface plane qui palfe par la corde d’une douille,
s’appelle douille plate : elle fert de préparation à la
formation d’une douille concave. (J))
D o u i l l e , (Hydraul.) c’eft dans le genou d’un
inftrument pour travailler fur le terrein, une ou
deux boîtes où entrent des bâtons ferrés & pointus
qui foûtiennent l’inftrument. (K)
D o u il l e ou V ir o l e , terme d'Art. comme Orfévr.
Serrur. 6c c . . . c’eft un cylindre d’argent ou d’o r ,
creux, dans lequel on paffe le manche de la croix :
il s’emboîte lui-même dans le vafe ; c ’eft auffi le cy lindre
d’un bouchon de flacon. On donne ce nom aux
gorgés des étuis, & en général à tout canal, anneau ,
tuyau de métal.
DOULENS ou DOURLENS, (Géog. mod.) ville
de la Picardie en France ; elle eft fituée fur l ’Anthie.
DOULEUR , CHAGRIN , TRISTESSE , AFFLICTION
, DESOLATION, fynon. (Gramm.j
Ces mots défignent en général la fituation d’une ame
qui fouffre. Douleur fe dit également des fenfations
aefagréables du corps , & des peines de l’efprit oit
du coeur ; les quatre autres ne fe difent que de ces
dernieres. De plus trifeffe différé de chagrin, en ce
que le chagrin peut être intérieur, &qu e la trifleffa
fe laiffe voir au -dehors. La trijleffe d’ailleurs peilt
être dans le caraftere ou dans la difpôfition habituelle,
fans aucun fujet; 6c le chagrin a toûjours un
fujet particulier. L’idée d'affliclionzjoute à celle de
trifeffe, celle àe douleur à celle d'affliction, 6c celle
de defolation à celle de douleur. Chagrin , trijleffe 6c
affliction ne fe difent guere en parlant de la douleur
d’un peuple entier, fur-tout le premier de ces mots.'
Affliction 6c defolation ne fe difent guère en poéfie,
cpioiajaffligé & defolé s’y difent très-bien. Chagrin
en- poéfie, fur-tout lorfqu’il eft au plurier, fignifie
plûtôt inquiétude 6 c fouci, que trifeffe apparente ou
cachée.
Je ne puis m’empêcher, à cette occafion, de rapporter
ici un beau paffage du quatrième livré dés
Tufculanes, dont l’objet eft à-peu-près le même que
celui de cet article, 6c dont j’ai déjà dit Un mot dans
¥ article DICTIONNAIRE , à Toccafion des fynony-
mes dé là langue latine.
‘ Æ g r itu d o , dit Cicéron, chap. y . efi opinio teetns
tnali proefentis, in quo demitti contrahiqiie dhimo rectum
ëffe videatur . . . . Æ gr itu d in i fu b jic iu n tu r . . . . angor,
mæror, Inc lus, cerurnna, dolor, Ldmentàtio,follicitudOy
m o lc f id , affliclatio , defperatioy & f i qua j'u n t fu b §enere
codent. \ » . . Angor e f ægritudo prtmens, luctus
ægritudo ex ejus qui carus fuerit, intérim acerbo; moe-
ror, ægritudo flebilis ; ærumna, ægritudo laboriofa ; do-
'lor ægritudo crucians ; lamentatio, ægritudo cum eju-
latit ; follicitudo, ægritudo cum cogitatione ; molefiia,
ægritudo permanens; affliclatio, ægritudo cum vexatione
corporis ; defperatio , ægritudo fine ullâ rerum expecta-
tione meliorum. Nous invitons le leûeur à lire tout cet
endroit, ce qui le fuit & ce qui le précédé ; il y verra
avec quel foin & quelle précifion les anciens ont
fû définir, quand ils en ont voulu prendre la peine.
Il fe convaincra de plus que fi les anciens avoient
pris foin de définir ainfi tous les mots, nous verrions
entre ces mots une infinité de nuances qui nous
échappent dans une langue morte, & qui doivent
nous faire fentir combien le premier des humaniftes
modernes, morts ou vivans, eft éloigné de favoir
le latin. Voye^ L a t in i t é , C o l l e g e , Sy n o n y m
e , D i c t io n n a i r e , &c. ( O )
DOULEUR , f. f. aKyôç , à'ctXyitv , fouffrir, fe dit en
Medecine d’une forte de fentiment dont font fufeep-
tibles toutes les parties du corps , tant internes
qu’externes, dans lefquelles fe fait une diftribution
de nerfs qui ayent la difpofition naturelle de tranf-
mettre au cerveau les impreffions qu’ils reçoivent.
Ce fentiment eft une modification de l’ame , qui
confifte dans une perception defagréable, occafion-
née par un defordre dans le corps, par une léfion
déterminée dans l’organe du fentiment en général.
Cet organe doit être diftingué de ceux des fens en
particulier, foit par la nature de la fenfation qui
peut s’y faire, qui eft différente de toute autre ; foit
parce qu’il eft plus étendu qu’aucun autre organe,
6c qu’il eft le même dans toutes les parties du corps.
Les organes des fens font diftingués les uns des autres
par une ftruélure fingulierement induftrieufe ;
au lieu que l’organe dont il s’agit, n’a d’autre difpofition
que celle qui eft néceffaire pour l’exercice des
fenfations en général. Il fuffit qu’une partie quelconque
reçoive dans fa-compofition un plus grand ou un
moins grand nombre de nerfs, pour qu’elle foit fuf-
ceptible de douleur plus ou moins forte. Ce fentiment
eft auffi diftingué de tout autre, parce qu’il eft
de la nature humaine de l’avoir tellement en aver-
fion, que celui qui en eft affeâé , eft porté, même
malgré lui, à écarter, à faire ceffer ce qu’il croit être
la caufe de la perception defagréable qui conftitue
la douleur, parce tout ce qui peut l’exciter, tend à la
deftru&ion de la machine, & parce que tout animal
a une inclination innée à conferver fon individu.
Ainfi l’organe de la douleur efi: très-utile, puifqu’il
lert à avertir l’ame de ce qui peut affefter le corps
d’une maniéré nuifible. Ce n’eft donc pas une léfion
peu confidérable dans l’oeconomie animale, que
celle de cet organe : elle peut avoir lieu de trois maniérés
, favoir lorfque la fenfation en eft abolie ou
feulement diminuée, ou lorfqu’elle s’exerce fur-tout
avec trop d’intenfité & d’aéhvité ; ce qui en fait les
différens degrés. i° . Elle peut être abolie, fi les nerfs
qui fe diftribuent à une partie du corps, font coupés
ou détruits par quelque caufe que ce foit ; s’ils font
liés ou comprimés, de forte qu’une fenfation ne
puiffe pas fe tranfmettre librement au fenforium commune;
s’ils font relâchés ou ramollis ; s’ils font tendus,
trop roides ou endurcis ; s’ils font rendus calleux ou
defféchés ; fi l’organe commun à toutes les fenfations
, n’eft pas fufceptible d’en recevoir les impreffions.
20. La fenfation de la douleur peut être diminuée
par toutes les caufes qui peuvent l’abolir, fi
-elles agiffent à moindres degrés , excepté celle des
nerfs coupés, qui, lorfqu’ils ne le font qu’en partie,
font une des caufes de la douleur, comme il fera dit
en fon lieu. 30. L’organe de la fenfation eft auffi léfé
lorfqu’il exerce fa fonction, qui confifte à recevoir
Tome V,
la fenfation de la douleur plus ou mois forte, parce
que la plupart des parties qui en font fufceptibles,
n’en reçoivent jamais d’autre, puifqu’elles ne reçoivent
pas même de l’impreffion par le contaér des
corps. En effet on ne s’apperçoit que par la douleur,
que les chairs & toutes les parties internes font fufceptibles
de quelque forte de fentiment ; enforte que
la faculté de fentir peut procurer infiniment plus de
mal que de bien , puifqu’il eft attaché à toutes les
parties du corps où il y a des nerfs, d’être fufceptibles
de douleur, & très-peu le font de plaifir : trifte
condition ! Ainfi en confidérantles nerfs en général ,
en tant qu’ils font fufceptibles de la fenfation qui fait
la douleur, 6c qu’ils en conftituent l’organe , fans
avoir égard à la ftruélure 6c à la difpofition particulière
des différens organes des fens , on peut dire que
l’exercice feul de la fonûion de cet organe général
en eft une léfion, 6c que fon état naturel eft de n’être
pas affefté du tout ; de ne pas exercer le fentiment
dont il eft fufceptible , qui n’eft deftiné qu’à avertir
l’ame des effets nuifibles au corps, à la confervation
duquel elle eft chargée de veiller, enfuite des lois
de l’union de ces deux fubftances : tout autre fentiment
habituel auroit trop occupé l’ame de ce qui fe
feroit paffé au-dedans du corps ; elle auroit été moins
attentive au - dehors , ce qui eft cependant le plus
utile pour l’oeconomie animale.
L’homme le plus fain a en lui la faculté de percevoir
quelques idées, à l’occafion du changement qui
fe fait dans fes nerfs ; il ne peut aucunement empêcher
l’exercice de cette faculté, pofée la caufe de la
perception : un philofophe abforbé dans une profonde
méditation ; fi on vient à lui appliquer un fer
chaud fur quelque partie du corps que ce foit, changera
bien-tôt d’idée , & il naîtra dans fon ame une
perception defagréable, qu’il appellera douleur. Mais
en quoi confifte la nature de cette perception? C ’eft
ce qu’il eft impoffible d’exprimer : on ne peut la con-
noître qu’en l’éprouvant foi-même, car on ne fe repréfente
pas quelque chofe de différent de la penfée ;
mais il fe fait une affeôion qui donne lieu à la perception.
Perfonne ne penfe lorfqu’il fouffre, qu’il y
ait quelque chofe hors de lui qui foit femblable au
fentiment qu’il a de la douleur ; mais chacun, qui a
ce fentiment, dit qu’il fouffre de la douleur ; 6c lorfqu’elle
eft paffée, il n’eft pas en pouvoir de celui qui
l’a reffentie, de faire renaître la perception defagréable,
en quoi elle confifte, fi la caufe qui affeôoit l’ame
de cette perception, lorfqu’elle etoit appliquée
au corps, n’y produit encore un femblable effet.
L’expérience a fait connoître quel eft le changement
qui fe fait dans le corps, & quelles font les parties
qui l’éprouvent ; d’où s’enfuit dans l’ame l’idée de la
douleur.
Il eft démontré par les affeâions du cerveau qui
peuvent abolir la faculté de fentir de la douleur dans
differentes parties du corps, que les nerfs qui en tirent
leur origine, peuvent feuls être affeftés de maniéré
à produire dans l ’ame la perception de la douleur
; 6c le changement qui fe fait dans.ces nerfs,
d’où réfulte cette perception, paroît être une difpofition
telle, que fi elle augmente confidérablement,
ou fi elle dure long-tems la même, elle produit la
folution de continuité dans les nerfs affettés par quelque
caufe que ce foit, & de quelque maniéré qu’elle
agiffe, pourvû qu’elle difpofe à fe rompre la fibre
nerveufe, dont la communication avec le cerveau
eft fans interruption ; plus la rupture fera prête à fe
faire, plus il y aura de la douleur, pourvû que la
rupture ne foit pas entièrement faite : car alors la
communication avec le cerveau ne fubfiftant plus
dans tout le trajet du nerf, il ne feroit plus fufceptible
de tranfmettre aucune fenfation à l’ame ; elle
n’en recevroit même pas, le nerf reftant libre , f i