couches de plufieurs épidermes ; mais pour que ces
calloiîtés fe forment, il ne faut pas que l’épiderme fe
fépare entièrement, car alors'la matière de la tranl-
piration ou de la fueur s’éleveroit en veficules : c eft
ce qui arrive dans lés brûlures. Voye^ Callosité ,
Brulure. 5°. Ses trous ou pores. Ils donnent paflage aux
poils, aux liqueurs du dehors en-dedans ; à celles
du dedans en-dehors, telles que font les exhalaifons
dè la tranfpiration & de la foeur. Cependant les petits
trous pu pores par où s’échappe la fueur, étant
bien examines , illemble quel ’épiderme s’y infinue
pour achever lus tuyaux excrétoires des glandes cutanées.
Les niches ou loffettes des poils font garnies
des ai'longemens de Vépiderme, & les'poils mêmes en
paroiffent recevoir une efpece d’ecorce : lés canaux
prefqu’imperceptibles des pores cutanés en font en-
-core intérieurement revêtus. En e ffet, au moyen
d’une longue macération de la peau, on en peut détacher
avec Vépiderme tous ces allongemens, de fa-
-çon qu’ils entraînent les poils, leurs racines, & meme
les glandes axillaires. .
On pourroit expliquer par cette remarque , comment
les cloches ou empoules qui s’élèvent fur la
peau , reftent gonflées pendant un teins confidera-
Jjle , fans laiffer la férofité extravafee échapper par
-les trous , qui doivent être aggrandis par la diftrac-
tion & l’extenfion de Yépiderme fouleve. Lorfqu il fe
'détache ainfi du corps de la peau , il arrache quel-
'quefois dés portions de ces petits tuyaux cutanés,
-qui fe pliffent & bouchent les pores de l'épiderme foû-
4evé , à-peu-près comme les tuyaux des ballons a
jouer. Neferoit-ce point ces petites pqrtions.de 1’épiderme*
détaché , que quelques anatomiftes ont prifes
.pour des valvules des tuyaux cutanés ?
<5°. Son épaijfeur différente en diverfes parties du
corps. Vépiderme eft fort épais dans le creux des
mains & aux plantes des piés, ou plutôt il y a dans
-ces endroits plufieurs. couches à’épidermes Aes unes
fur ies autres ; par-tout ailleurs Yépiderme n’eft qu’un
tiflù fort fin. Remarquons ici que quand quelque ,por-N
tion de cette toile fe détache de la peau , cette portion
devient alors plus épaiffe, comme, on le voit
-dans la cuticule des veflies , & dans celle;qui fe fe-
pare des bords des ulcérés ou des plaies.
7°. Ses filions plus ou moins confidérables en différentes
parties du corps. On les remarque fur-tout
à la.paume des mains & au bout des doigts V où ils
fe manifeftent en lignes fpirales. Ils défendent peut-
être les vàiflëaux excrétoires qui font dans leurs cavités.
Quoi qu’il en foit, comme Yépiderme eft intimement
appliqué à la fuperfieie de la peau, il n’eft
pas étonnant qii’il en prenne la forme, & qu’il foit
marqué comme elle des même£ plis , des memes rides
, des mêmes filions & des mêmes lofanges..
.8°- Son infenfibidité. On n’y apperçoit point non
plus de vaiffeaux , & Ruyfch n’a jamais pu en découvrir
par fes injeftions les plus fubtiles^ de-là
vient qu’il ne coule point de fang»quand Yepiderme
eft blefle. Cependant il eft naturellement fi fouple,-
qu’il permet aux corps tangibles de communiquer
fuffifamnlent leur impreflion aux houppes nerveufes
fituées au-deflous. •: # . r
c,0. Son incorruptibilité, fi je puis parler ainfi : du
moins Yépiderme eft la partie de tout le corps la
moins expofée à la corruption, & la moins fujete à
être rongée. Dans les abcès le pus n’a guere d’autre
aûion fur Yépiderme, que de le féparer de la peau ,
& de le déchirer ; mais il ne le dilfout pas. Dans la
gangrené & le fphacele Yépiderme le conferve entier,
tandis que toutes les parties qu’il recouvre tombent'
en pourriture. Il ne'permet pas même à la pierre infernale
de le pénétrer, & de détruire les parties qu il
couvre, fans avoir été divifé le premier. Ces effets
viennent-ils de cè qu’il n’a point de vaiffeaux qùi lut
foient propres , & de ce qu’il ne reçoit point la liqueur
?
io°. Sa couleur. L’épiderme eft généralement blanc,
du moins les recherches exaftes ont fait voir qu’il
j change peu chez les divers peuples , & qu’il conferve
prefque dans tous fa couleur blanche» Je dis
qu’il conferve prefque dans tous fa couleur blanche,
parce qu’on a ùbfervé que dans les Negres il n’eft
point aufli blanc que dans les peuples de nos climats
; mais il eft d’une couleur de corne brûlée,
c’eft-à-dire jaunâtre. Ainfi là couleur de Yépiderme
ne détermine point abfolument celle de la peau,
mais plutôt celle du corps muqueux fitué au ^def-
fous. Cela n’empêche pas que Yépiderme qui recouvre
immédiatement le corps réticulaire , ne rende
le teint plus ou moins délicat, félon qu’il eft plus
ou moins épais» »'
i i ° . Son ufiage: le voici. L’épiderme fert à maintenir
les pinceaux ou fïlameps nerveux desmamme-
lons dans une fituation égale, à les empêcher de
floter confufément, & à modifier l’impreflion des
objets, qui auroient été douloureux, fi cette impreflion
s’étoit faite immédiatement fur les papilles
nerveufes de la peau..
D ’un autre cô té, le. taft particulier, aufli-bien
que le toucher en général, eft plus ou moins exquis,
félon la fineffe ou l’épaifleur de Yépiderme, dont la
callofité affoiblit, & même fait perdre l’un & l’autre.
Un autre ufage de Yépiderme, eft de régler les évacuations
cutanées ; & de la tranfpirationje i nvfeeunfxi bdleir qe ucie ellfets l ad pel ulas fcuoenufri-,
dérable. Il fert vraisemblablement à retrécif les vaif-
feaux cutanés, parce qu’il en formé les extrémités.
En effet, nous remarquons que toutes les fois qu’il
eft enlevé ; ces vaiffeaux laiffent échapper les liqueurs
qu’ils contiennent, en plus grande abondan-.
ce que de coutume.
Enfin, comme Yépiderme rend la furface dè la peau
égale & polie , il contribue extrêmement à la beauté -
de cette partie ; car plus la cuticule eft mince & diaphane
, plus le teint eft brillant & délicat.
Au furplus Yépiderme mérite fort l’examen & les
recherches des Phyfiologiftes ; car outre que fa ftruc-
ture n’eft pas à beaucoup près bien connue, il a des
propriétés fingulieres , qu’aucun auteur ne s’eft donné
la peiné d’approfondir jufqu’à ce jour.
Je finis cet article par une remarque utile aux Ac-.
coucheurs. Comme les enfans naiffent rarement fans
épiderme, comme cette toile ne doit point fon origine
à la condenfation de l’air, j’avoue que lorfqu’elle fe
détache du corps.des enfans avant leur naiffance,
dans les parties par lefquelles ils fe préfentent, on a
lieu de craindre pour leurs jours, & de foupçonner
qu’ils foient déjà morts dans l’utérus ; cependant il
ne faut pas regarder le détachement de Yépiderme
pour un ligne certain de la mort de l’enfant, l’expérience
a fouvent juftifié la fauffeté d’un pareil jugement
, & l’erreur de ceux qui l’avoient prononcé :
on en trouvera la preuve dans les obfervateurs. M.
Saviard, qui en particulier a eu tant d’occafions de
s’éclairer fur ce fujet, en fa. qualité de chirurgien-!,
accoucheur de l’Hôtèl-Dieu de Paris, nous affûre
qu’il a vû plufieurs enfans dont Yépiderme s’enlevoit
avant leur naiffance ; lefquels enfans font toutefois
venus au monde bien-vivans , & Ont vécu depuis
aufli long-tems que fon âge lui a permis d’en être le
témoin. Les lignes de la virginité des filles, de la
groffeffe des meres, de leur accouchement prochain*
de la vie ou de la mort des enfans cju’elles portent,
font quatre points qui demandent Yepoché des Grecs,
ou le non-liquet des Latins. C ’eft-là le doute raifpn-
nable qui diftingue le phyficien éclaire, modëfte, &
par confisquent toujours retenu dans fes décifions,
du dogmatique ignorant, hardi, & préfomptueüx.
Article de M. le Chevalier ÙE.JA U COURT.
EPIDIDYME, f. m. en Anatomie, nom de deux
corps variqueux fitués furja partie fupérieure des
tefticules, dont ils femblent proprement être une
partie, quoique diftérens du refte en forme & en
confiftance Voye^ Testicule.
. Ce mot eft formé du grec iV<, fur, &c de hS'û/xo(i
jumeau, tefiicule.
Les épididymes, de même que les tefticules , font
compofés de la circonvolution des tuyaux féminai-
res mêlés avec les vaiffeaux fanguins ; ils different
feulement en ce que dans les épididymes les tuyaux
féminaires font reunis en un feul, dont les différentes
circonvolutions font plus fermement liées eri*
femble par une forte membrane de la tunique aibu-
ginée ; ce qui les rend plus compafts au toucher que
les tefticules. Voye? Semence, Spermatique,
&c.L
es épididymes & les tefticules font renfermés
dans trois membranes qui leur font propres. La première
vient du mufcle cremafter, la fécondé eft ap-
pellée la virginale, &c la troifieme Yalbuginée. Voye^
chacune de ces membranes fous leur article particulier.
Chambers. (Z.)
*EPIDOTES, adjeéh pris fubft. ( Mythol.) Ce
terme eft fait d'linS'iS'apj, j'augmente : c’eft ainfi qu’on
appelloit les dieux.qui préfidoient à l’accroiffe-
ment des enfans.
. EPIE, adj. ( Venerie '.) Il fe dit d’un chien qui a du
poil au milieu du front, plus grand que l’autre, &
dont les pointes fe rencontrent & viennent à l’op-
pofite : c’eft une marque de vigueur & de force.
E PIE R , f. m. (Jurifprud. ) eft un droit domanial
qui ne fe leve fous ce nom que dans la feule province
de Flandre. Guyptrs, Burgunduc, & plufieurs autres
jurifconfiiltes flamands, prétendent que le mot épier
qu’ils rendent en latin par le terme fpicarium, vient
de fpica, épi. En effet, cette explication développe
très-bien la nature de cette redevance, qui confifte
prefque toûjours en blé, en avoine dure & molle ;
quelquefois aufli en chapons, poules, oies ; en oeufs,
beurre ou fromage. Lé tout fe paye aujourd’hui en
argent, fuivant les évaluations du prix attuel de ces
denrées.
Quant à l’origine de ce droit, elle nous paroît fe
rapporter à celle que les auteurs françois attribuent
tommunément aux droits feigneuriaux. Sans être
parfaitement inftruits de là véritable forme du gouvernement
des Pays-Bas dans lés tems qui ont précédé
le comte Baudouin gendre de Charles lé Chauve
, nous faVons affez que ces provinces étoient air-
trefois peu habitables, par la nature du terrein ma^
récageux, fauvage, couvert de vaftes forêts ;■ & de-là
le nom de forefiiers, dont plufieurs hiftoriens ont gratifié
fans preuve les premiers fouverains de la Flandre
.L
a face aâuelle de ces mêmes provinces, où les
terres font aujourd’hui cultivées avec le plus grand
fuccès, où les villes multipliées à l’infini, font peuplées
de citoyens qui ne refpirent que le travail ce
coup-d’oe il, difoms-nous, ne permet pas de douter
que les premiers princes qui les ont gouvernées,
n’ayent donné toute leur attention à l’agriculture.
Mais pour animer & fortifier le zele de leurs vaf-
faux & fujets , il a fallu leur accorder la propriété
des terres qu’ils défricheroient, en fe réfervant feulement
une legere reconnoiffance pour marque de la
fouveraineté
Des mémoires particuliers. aflurent que Charlemagne
avoit chargé les terres de la Flandre de là redevance
de Y épier, par un édit donné en l’an 709-,
dont on prétend que l’original fe trouve dans les archives
de l’abbaye de S.Winocq àBergues.
Quoi .qu’il en foit, il paroît que cette redevance
ayant été impofée fur toutes les terres du pays
différens chefs de famille, curieux d’en affranchir la
plus grande partie de leurs biens, a voient afligné &
hypothéqué fur la moindre portion la recônnoiffan»
ce de Yépier. Les tems ont amené fucceffivement de
nouveaux propriétaires. Ceux-ci en ont formé d’au-*
très, & par ^eiix-mêmes, & par les alliances. Les
biens des différentes maifons fe font mêlés ;; une
nouvelle fucceflîon les a rendus à d’autres > & les a
fubdivifés. Tous ces changemens ontfferv-i à con*
fondre l’héritage du premier mort ; enforte que les
receveurs de l'épier s’étant uniquement attachés'1 à
l ’aflignation fpéciale, perdirent de vue l’hypotheque
générale. Ces moindres parties hypothéquées fpé*
ciajement, ayant été dans la fuite furchargées de
nouvelles tailles & impofitions , les propriétaires
voyant que le revenu ne fuflïfoit pas pour acquitter
ces charges, voulurent les abandonner/ fans faire
attention qu’elles payoient un impôt aflîgrié originairement
fur la totalité éclipfée.
La difficulté de retrouver les terres qui aVoient
fait partie de cette totalité ,• ainfi que les poffeffeurs
ou détempteurs, ne caufoit pas un médiocre em*
barras ; elle donnoit lieu à une infinité de procès éga*
lement onéreux au fouverain & aux particuliers.
Ce fut pour y mettre fin que les archiducs Albert
& Ifabelle rendirent le placard du 13 Juillet 1601,
par lequel ils ordonnèrent aux receveurs de faire de
nouveaux regiftres , ôc aux redevables de fournir le
dénombrement des réconnoiffances par eux dues ;
leur permettant d’hypothéquer fpécialement telles
parties de terres qu’ils jugeroient à-propos, & généralement
leurs perfonnes ou leurs autires biens. Voyt^
l'article 6 de ce placard.
Et par les articles 59, 60, 6 1 , 61 & autres, il eft
dit que les rentes de Yépier de Flandre feront paya»
blés folidairement par Yhofman, où il y a hofmanie;
& où il n’ y en a pas, par le chef de la communauté,
ou par les plus grands tenanciers, fauf leur recours
contre leurs co-détempteurs. On voit par-là que
l’hypotheque générale a été rétablie fur toutes les
terres, fans que le fouverain ait même voulu s’af*
treindre à faire la difeuflion de la fpéciale.
Il s’eft encore affez récemment élevé des contefta»
tions à ce fujet ; mais les particuliers qui les ont formées
ont été condamnés par différentes fentences du
bureau des finances de Lille, & entr’autres par celles
des 6 Août 1 7 1 1 , i z Août 17x3 , & 2 Décembre
1724. M. Meliandintendant de la province, a rendu
fes ordonnances des 8 Avril ôc 23 O&obre 1726, fur
les mêmes principes ; & M. de la Grandville fon fuc-
ceffeur les a fuivies dans une ordonnance du 3 Novembre
173 2, par laquelle ce magiftrat enjoint aux
hofmans de la châtellenie de Bergues de rapporter
entre les mains du receveur de Yépier, les rôles des
terres & des noms des tenanciers ; & aux greffiers
de donner une déclaration des terres chargées de
cette redevance. Voye^ HQfman.
M. de Ghewiet auteur des infiitutions au droit bel-
gique, imprimées à Lille en 1736, partie II. titre ij*
§ . j . atfefte que les redevances de Yépier fe lèvent
à Gand, Bruges , Ypres, Dixmude, Ruremonde,
Courtray , Aloft, Harlebeck , Furnes , Bergues-
Saint-'Wmocq, Mont-Caffel, & Geertrudenbergh.
Une partie de ces rentes a été engagée ou aliénée en
vertu des édits qui ont ordonné l’afiénation des rentes
albergues, Voye^ Rentes Albergues. Il y a des
receveurs de Yépier, dont les offices font érigés en
fiefs relevans directement du fouverain ; il y en a
d’autres établis par commifiion. Article de M. d e
LA MoTTE-Cqn f lans, avocat au parlement.
EPIERRER, verb.aét. (Jardinage.) C ’eft, après
avoir effondré un terrein, paffer les terres à la groffet