ïx4 EB E fans veine & fans écorce, très-pefant, aftringent,
& d’un goût âcre.
Son écorce infufée dans de l’eau, e ft, dit - on ,
bonne pour la pituite & les maux vénériens ; c’eft
ce qui a fait que Matthiolus a pris le guaïac pour
une forte à’ebene. Lorfqu’on en met fur des charbons
allumés, il s’en exhale une odeur agréable. U ebene
yerd prend aifément feu, parce qu’il eft gras : lorfqu’on
en frotte une pierre, elle devient brune. C ’eft
de ce bois que les Indiens font les ftatues de leurs
dieux & les fceptres de leurs rois. Pompée eft le
premier qui en ait apporté à Rome, après avoir
vaincu Mithridate. Aujourd’hui que l’on a trouvé
tant de maniérés de donner la couleur noire à des
bois durs, on employé moins d'ébene qu’autrefois.
L ’ebene verd fe trouve à Madagafcar, à Saint-
Maurice , dans les Antilles, & fur-tout dans Bile de
Tobago. L’arbre qui le produit eft très-touffu ; fes
feuilles font unies , & d’un beau verd : fous fa première
écorce il y en a une fécondé , blanche, de la
profondeur de deux pouces ; le refte, jufqu’au coeur,
eft d’un verd foncé, tirant fur le noir : quelquefois
on y rencontre des veines jaunes. Uébene ne fert pas
feulement aux ouvrages de mofaïque, on l’employe
encore dans la teinture, & la couleur qu’on en tire
eft un très-beau verd.
Quant à Vebene rouge, appellée aufli grenadille ,
on n’en connoît guere que le nom.
Les Ebéniftes, les Tabletiers, &c. font fouvent
paffer pour de Vebene le poirier & d’autres bois > en
les ébénant ou leur donnant la couleur noire de
Yebene. Pour cet effet ils fe fervent d’une décoCtion
chaude de noix de galles, de l’encre à écrire, d’une
broffe rude, & d’un peu.de cire chaude qui fait le
poli ; d’autres fe contentent de les chauffer ou brûler.
D i cl. de Comnt. deTrèvoux , & Chambers.
E b e n e f o s s il e , {Hiß. nat.) Agricola & quelques
autres Naturaliftes ont donne ce nom à une
efpece de 'terre alumineufe fort noire, àcaufe de fa
reffemblance avec le bois d’ebene. Peut-être aufli
eft-ce une efpece de terre bitumineufe, analogue
EBENFORT, (Géog. mod.') ville de l’archiduché
d’Autriche en Allemagne.
EBÉNISTE, f. m. Menuißer qui travaille en ebene.
On donne le même nom à ceux qui font des ouvrages
de rapport, de marqueterie & de placage, avec
l’olivier , l’écaille & autres matières.
Ces matières coupées ou fciées par feuilles, font
appliquées avec de la bonne colle d’Angleterre fur
des fonds faits de moindres bois, où elles forment
des compartimens. Voyei M a r q u e t e r ie .
Quand les feuilles font plaquées, jointes & collées
, on laiffe la befogne fur l’établi ; on la tient en
preffe avec des goberges, jufqu’à ce que la colle foit
bien feche. Les goberges font des perches coupées
de longueur, dont un bout porte au plancher,& dont
l ’autre eft fermement appuyé fur la befogne avec
line cale ou coin mis entre l’ouvrage & la goberge.
Les Ebénifies fe fervent des mêmes outils que les
autres Menuifiers ; mais comme ils employent des
bois durs & pleins de noeuds , tels que les; racines
d’olivier, de noyer & autres, qu’ils appellent)bois
tufiiques, ils ont des rabots autrement difpofés que
dans la Menuiferie ordinaire, qu’ils accommodent
eux-mêmes félon qu’ils en ont befoin ; ils en font
dont le fer eft demi-couché , d’autres où il eft debout
, & d’autres dont les fers ont des dents. Lorf-
qu’ils travaillent fur du bois rude, ils fe fervent de
ceux dont le fer eft à demi-couché : fi le bois eft
extraordinairement rude & dur, ils employent ceux
dont le fer eft debout ; & Iorfque la dureté du bois
eft fi exceflive qu’ils craignent de l ’éclater, ils fe
.fervent de ceux qui ont de petites dents , comme
E B I des limes ou truelles bretées, afin de ne faire que
comme limer le bois, ce qui fert aufli à le redreffer.
Lorfqu’ils ont travaillé avec ces fortes d’outils, ils
en ont d’autres qu’ils nomment racloirs, qui s’affûtent
ftir une pierre à huile ; ils fervent à emporter les
raies ou bretures que le rabot debout & celui à dents
ont laiffées, & à finir entièrement l’ouvrage. Dicl;
de Comm, & Chambers.
EBERBACH , (Géog. mod.') ville du palatinat du
Rhin, fur le Neckre en Allemagne.
EBERSTEIN, (Géog. mod.) partie de la Soiiabe
en Allemagne ; elle a titre de comté : le château
d’EberJtein en eft le chef-lieu.
EBIONITES, f. m. pl. ( Théoloi.) anciens hérétiques
qui parurent dans le premier fiecle de l’Eglife,’
& qui entr’autres chofes nioient la divinité de J. C .
Voye^ A r ie n s . La plus -commune opinion eft que
leur chef s’appelloit Ebion, & qu’ils en ont tiré leur,
nom : ils parurent vers l’an 7.5 de J. C.
Selon quelques-uns,le mot Ebionites vient du mot
hébreu ebion, qui fignifie pauvre , & fut donné à ces
hérétiques à caufe des idées baffes qu’ils avoient de
J. C. étymologie un peu forcée.
Les Ebionites fe difoient difciples de S. Pierre, &
rejettoient S. Paul, fur ce qu’il n’étoit pas Juif d’ori-;
gine, mais un Gentil profélyte. Ils obfervoient, comme
lesfideles, le dimanche, donnoientle baptême &
confacroient l’Euchariftie , mais avec de l’eau feule
dans le calice. Ils foûtenoient que Dieu avoit donné
l’empire de toutes chofes à deux perfonnages, au
Chrift & au diable ; que le diable avoit tout pouvoir
fur le monde préfent, le Chrift fur le fiecle futur ;
que le Chrift étoit comme l’un des anges, mais avec
de plus grandes prérogatives ; que Jefus étoit né de
Jofeph & de Marie par la voie de la génération, &
qu’enfuite, à caufe de fes progrès dans la vertu, il
avoit été choifi pour fils de Dieu par le Chrift, qui
étoit defeendu en lui d’en-haut en forme de colombes
Ils ne croyoient pas que la-foi en Jefus-Chrift fût
fuffifante pour le falut, fans les obfervances légales,'
& fe fervoient de l’évangile de S. Matthieu , qu’ils
avoient tronqué, fur-tout en en retranchant la gé-;
néalogie. Ils retranchaient aufli divers autres endroits
des Ecritures, & rejettoient tous les prophètes
depuis Jofué, ayant en horreur les noms de David,’
Salomon, Ifaïe, Ezéchiel , Jéremie, &c. ce qui,'
pour le dire en paffant, prouve combien ils étaient
différens des Nazaréens, avec lefquels on les a quelquefois
confondus car les Nazaréens recevoient
comme Ecritures - faintes tous les livres contenus
dans le canon des Juifs. Enfin les Ebionites adoroient
Jérufalem comme la maifon de Dieu : ils obligeoient
tous leurs fettateurs à fe marier, même avant l’âge
de puberté, & permettoient la polygamie. Fleuri J
hijl. eccléf, tome /. liv. II. tit, xlij. pag. xgC & fuiv,
(G)
EBIZELER, dans l'Horlogerie & les autres arts
mechaniqu.es, fignifie la même chofe que chamfriner«
Voye1 C h a m f r in e r .
• EBOTTER, eft le même q u 'èteter. Voy. E t e t e r ?
EBOULER, v . aét. &neut. (Jardin.) fe dit d’une
terraffe, d’un mur ou d’une berge de terré tombée
faute de foûtien ou de bonne conftru&ion. (K)
g EBOUGEUSE, f. f. (Manu/, en. laine.) -femme
qu’on employé dans ces manufactures, à ôter avec
des pincettes de fer, les noeuds, pailles & bourats qui
fe trouvent aux étoffes au fortir du métier.
EBOURGEONNER, y. aCl. (Jardin.) L’ébour-
geonnement eft l’art de fupprimer avec autant d’oe-
conomie que de connoiffance, les bourgeons furnu-
méraires d’un arbre, pour lui donner, une belle forme
, contribuer à fa fanté & à fa fertilité : c’eft le
but de l’ébourgeonnement.
C ’eft ençore par le moyen de l’ébourgeonnemenfc
E B O
qu’on ôte la confufion des branches d’un arbre pour
le foulager, pour lui faire rapporter de plus beaux
fruits, de meilleur goût, & pour le faire durer plus
long-tems. .
La Quintinie veut qu’on ébourgeonne les buiffons
comme les arbres d’efpalier & de contr’efpalier.
On ne doit ébourgeonner les arbres que quand les
bourgeons ont environ un pié de long, pour laiffer
aux arbres jetter leur feu, pour ainfi dire, & amufer
lafeve ; fans cette précaution l ’ébourgeonnement eft
Jiuifible aux arbres.
Il faut couper avec la ferpette, tout près de l’écorce
, les bourgeons ; ce qui fait aller de pair cette
operation avec la taille. Ceux qui caffent avec les
doigts & arrachent les bourgeons, laiffant de petites
efquilles, & faifant des plaies inégales à chaque endroit
, occafionnent l’arrivée de la gomme aux fruits
à noyau, ce qui caufe leur perte certaine.
L’ebourgeonnement doit toûjours être accompagné
du paliffage, il n’y a que les mauvais jardiniers
qui en ufent autrement. On doit ébourgeonner tout
ce qui pouffe par-devant & pâr-derriere un arbre ,
pour le faire jetter des deux côtés. Les branches
chiffonnes, celles de faux bois, font du nombre de
celles cpi’on doit ébourgeonner, à moins qu’il n’y ait
une néceflité d’en laiffer quelques-unes pour garnir
l’arbre.
Si l’on faifoit réflexion à la quantité de branches
que l’on coupe à un arbre, foit en le taillant, foit
en Yébourgeonnant, & en retranchant les branches
de devant & de derrière à chaque pouffe, on verroit
qu’on en fupprime au moins les trois quarts. Si donc
à cette prodigiéufe fuppreflion de tant de parties
d’un arbre, on joint encore celle des extrémités de
tous les rameaux, il fera impoflible qu’ils s’allongent
: c’eft le moyen de les faire fouvent avorter,
ou du moins de les rendre ftériles.
Ces rameaux ainfi ménagés prennent de l’étendue,
& procurent au centuple ce qu’ils ont coûtume de
donner.
Il faut donc, en ôtant aux arbres toutes les branches
de devant & de derrière , qui font la moitié
d’eux-mêmes, les dédommager, en leur laiffant
pouffer par les côtés les rameaux dans toute leur
longueur, & les étendant fuivant la force des arbres.
Quand on ôte à la fève les vaiffeaux & les réci-
piens qui font les inftrumens de fon reffort & de fon
jeu , on lui ôte les moyens d’agir, & il faut néceffai-
rement que la difette ou la mortalité fuivent d’un
pareil traitement.
Par le moyen de l’allongement des branches des
côtés, on répare en quelque forte, & autant qu’il eft
poflible, ce qu’on eft forcé de couper aux arbres i
par-devant & par-derriere.
On doit ébourgeonner les vignes, alors ce mot doit
s’entendre autrement que pour les arbres fruitiers :
on ébourgeonne les vignes, non-feulement quand on
fupprime les bourgeons furnuméraires, mais encore
quand on arrête par-en-haut les bourgeons. II en eft
de même quand on détache en caftant les faux bourgeons
qui pouffent d’ordinaire à chaque noeud à
côté des y eu x, à commencer par le bas. (ÜC)
EBOUZINER , en Architecture , c’eft ôter d’une
pierre ou d’un moilon, le boudin, le tendre , les
moies, & l’atteindre avec la pointe du marteau jufqu’au
vif. (P)
EBRAISOIR , f. m. terme de Chaujf. & d'autres ouvriers
de la même efpece; efpece de pelle de fer dont
on fe fert pour tirer la braife des fourneaux, quand
on veut en diminuer le feu , ou conferver la braife
qui s’y confumeroit fans effet : on employé aufli le
même infiniment à attifer les bois, dont la flamme
fe réveille quand on en détache les charbons*
E B R 215
ÉBRANCHÉ j adj. (Jardin.) il fe dit d’un arbre
qui a une branche rompue , ou à qui l ’on a coupé
une branche. L’arbre eft ébranchè, Iorfque la branche
qui manque a été détruite par accident ou par
la main du jardinier.
E b r a n c h è , adj. en terme de Blafon, fe d it d’u n
a rb re d o n t o n a co u p é les b ranches.
Dorgello en Weftphalie , d’or à deux troncs d’arbre
ebranches > arrachés & écotés de fable en deux
pals.
.J^^-ASEMENT,f. m. (Coupe des pierres.) élaf-
giffement intérieur des côtés du jambage d’une porte
ou d’une fenêtre. Les portes des anciennes églifes
de Paris & de Reims font ébrafées en-dehors. (D )
BRANLER, verbe aCt. c’eft par des fecouffeâ
réitérées communiquer du mouvement ,& faciliter
le déplacement d’un ou de plufieurs corps fortement
arrêtes par des obftacles : il fe dit aufli au figuré»
On ébranle un homme fort ; on ébranle un rocher.'
Dans cette^ métaphore l’effet des moyens moraux
eft compare à celui des moyens phyfiques.
s E b r a n l e r u n c h e v a l , (Manège.) terme qui
n’eft pas généralement adopté, & qui ne fauroit
etre regarde comme un des mots propres de l’art z
quelques écuyers l’employent le plus fouvent, relativement
aux chevaux qu’ils mettent entre les piliers
, foit qu’ils commencent à les faire ranger Sc
mouvoir de côté & d’autre ; foit qu’enfuite de cette
première leçon, & après les avoir infenfiblement
fait donner dans les cordes , ils les attaquent légèrement
de la chambrière , pour en tirer quelque
tenu de piaffer. Ceux-là pratiquent bien, parce qu’ils
pratiquent avec ordre & avec douceur. J’en ai connu
que l’on regardoit comme de grands hommes, fans
doute parce qu’on en jugeoit par le rang qu’ils te-
noient, qui debutoient en les affommant de coups „
qui les gendarmoient, les eftrapaffoient, & en for-
çoient les reins & les ja rre ts , ne p r é ten d an t néanmoins
que les ébranler p a r c e m o y e n . V o y . P i l i e r s
EBRASER, v. a£t. (Architecture.) c’eft élargir en-
dedans la baie d’une porte ou d’une croifée, depuis
la feuillure jufqu’au parpain du mur, enforte que les
angles de dedans foient obtus : latin, explicare. Les
ouvriers difent embrafer. (P)
EBRBUHARITES ou EBIBUHARIS, f. m. p lj
(Hijl. mod.) forte de religieux mahométans , ainfi
nommés d’Ebrbuhar ou Ebibuhar leur chef. Ils font
grands contemplatifs, & paffent prefque toute leur
vie dans leurs cellules à fe rendre dignes de la gloire
célefte, par u n grand détachement des biens du
monde, & par des moeurs fort aufteres. La pureté
de leur ame les rend , difent-ils, le faint lieu de la
Mecque aufli préfent dans leur cellule, que s’ils en
faifoient réellement le pèlerinage, dont ils fe dif-
penfent fous ce pretexte ; ce qui les fait regarder
comme des hérétiques par les autres Mufulmans,'
chez qui le voyage de la Mecque eft un des principaux
moyens de falut. Ricaut, de l'Empire Ottom^
(G)
EBRE, (Géog. mod.) fleuve qui a fa fource dans
les montagnes de Santillane, fur les confins de la
vieille Caftille en Efpagne ; traverfe l’Arragon & la
Catalogne, & fe jette dans la Méditerranée au-def-
fus deTortofe.
* EBRETAUDER 9 v. aft. (Drap.) terme ufité
dans les manufactures de Normandie : c’eft tondre
une étoffé de laine efi première voie, ou façon, ou
coupe ; car on dit l’un ou l’autre indiftindement.
EBREUIL, (Géogr. mod.) ville d’Auvergne en
France ; elle eft fur la Scioule. Long. xo. 40. latit
4(0. 5.
EBRILLADE, f. f. (Manège.) terme imaginé par
Salomon- de la Broue, le premier écuyer françois