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des provinces , à deux mois après Pinfinuàtïon qui
y feroit faite de . la loi : c e tems étant fuffifant, dit
la novelle, pour que la loi fût connue des tabellions
& de tous les fujets.
Il .n’eft pas d’ulage de faire ehregijlrer les nouveaux
reglemens dans les juftices feigneuriales , ni
de leur en envoyer des copies, ces juftices étant en
trop grand nombre, pour que l’on puiffe entrer dans
ce détail : de forte que les officiers de ces juftices
font prédîmes inftruits des nouveaux réglemens par
la notoriété .publique , & par Y enregijlrement fâit dans
le liège royal auquel elles reflbrtiflent.
Swrlesenregijlremens des ordonnances, voye^ Mar-
tianus Capclla, ■ #£. I.part. xv. Cujas, lib. I. obferv.
cap. x jx . La RÔcheflavin, desparlemens , liv. XIII.
ch. xxvïtj.Pafquier, recherch. delà France, liv. FI. ch.
xxxjv. Papon, liv. IF . tit. vj. n. 2 j . Bouchel, Bi-
blioteq. du Droit franç, au mot lois. {A ) Enregistrement des privilèges ou pcrmijjions
pour Vimprcjjîon des livres. Les privilèges que le roi
accorde pour l’impreflion-des livres, 6c les permif-
fions fimples du fceau § doivent être enregijlrés à la
chambre fyndicale de la Librairie, parles lyndic 6c
adjoints, dans le terme de trois mois, à compter du
jour de l’expédition. C ’eft une des conditions auxquelles
ces lettres font accordées ; & faute de la remplir
, elles deviennent milles. Ce réglement paroît
avoir fingulierement pour objet de mettre tous propriétaires
d’ouvrages littéraires à l’abri du préjudice
auquel ils pourroient être expofés par les furprifes
faites à la religion du roi, dans l’obtention des privilèges
pu permiflions fimples :„en ce que i°. il met
les lyndic 6c adjoints de la Librairie en état d’arrêter
ces lettres à Yenregijlrement, s’ils jugent qu’elles
foient préjudiciables aux intérêts de quelque tiers :
20. en ce qu’il fournit aux particuliers, auxquels elles
font préjudiciables, le moyen de s’oppofer judiciairement
à leur enregijlrement, 6c d’en demander le
rapport. Pour entendre comment 6c dans quelles cir-
eonftances ces lettres peuvent être préjudiciables à
un tiers, il faut néceflairement lire dans le préfent
yolume/c/nof D roit de copie; nous y avons expliqué
dans un affez grand détail quels font les droits
des auteurs 6c des libraires fur les ouvrages littéraires
, & quel a été l’efprit de la loi dans l’établifle-
ipent des privilèges. Nous y renvoyons pour éviter
les longueurs & répétitions.
ENREGISTRER. Foye{ Enregistrement.
ENRÊNER, v. aft. (Maneg. Marée h.') terme par
lequel on exprime relativement aux chevaux de car-
rofle, de chaife 6c de charrete, l’action d’arrêter 6c
de nouer les renes.
Elles font fixées, pour les chevaux de carrofle, par
le moyen de deux bouts de cuir placés fur le milieu
du couflinet ; pour le cheval de brancard , par le
moyen d’une couroye, qu’on nomme la troufsûre ,
& qui pafle dans un trou pratiqué à cet effet dans
l ’arçon de devant ; tandis qu’à l’égard des chevaux
de charrete elles montent par-deflus la croifée du
collier, 6c s’unifient à une longe de cuir garnie d’un
cyleron, 6c qui fert de croupiere.
Rien n’eft plus capable d’endurcir la bouche des
chevaux, de leur rendre l’appui fourd, & de leur endommager
les barres, que de les enrêner trop court.
C ’eft fans doute par cette confidération, 6c pour
remédier aux inconvéniens qui naiffent de la conf-
tance avec laquelle les cochers gênent 6c contraignent
leurs chevaux en les tnrénant, que l’on a imaginé
, depuis quelque tems, de placer un anneau
quarré à chaque arc du banquet. Les renes paffent
dans ces anneaux ; & comme elles ne peuvent alors
tirer le bas des branches en arriéré, lorfque le che-
val s’appuie, ou badine avec fon mords, le point de
réfiftance de la gourmette n’a plus lieu, ôc les par-
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ties deîa bouche, fur lefquelles porte l’embouchure*
font extrêmement foulagées. Je préférerois néanmoins
un bridoh à ces anneaux ; & je crois qu’il fe-
roit plus fûr & plus avantageux de débarrafier entièrement
l’embouchure, ou le mords, de toute ac-,
tion des renes.
Les cochers qui enrêneroient trop court de jeunes
chevaux , s’expoferoient à des accidens, qui lespu-
niroient peut-être de leur imprudence 6c de leur
opiniâtreté*
On s’eft encore fervi de l’expreflïon (Yenrêner , en
parlant de l’arrangement & de la divifion des guides
, 6c pour diftinguer, à cet égard, notre maniéré
de celle des Italiens. Selon l’ufage françois, chaque
guide eft divifée en deux fur le dos de chaque
cheval ; elle pafle par deux anneaux fitués fur le
couflinet» Les branches, ou les longes de dedans ,
font diftribuées de façon qu’elles vont, en fe croi-
fant, fe boucler ;\ fa voir, celle qui part du cheval
hors la main, à la branche de dedans du mors du
cheval qui eft fous la main ; 6c celle qui part de celui
ci , à la branche de dedans du mors de l’autre :
par ce moyen le cocher, agiflant de la guide droite,
opéré fur le cheval hors la main , qui 1e trouve mû
en ce fens, parce qu’il y eft attiré, ainfi que le cheval
fous la main, par la branche de dedans de cette
guide : mais alors les impreflions de la main du cocher
fe manifeftent fur les deux bouches enfemble ;
& s’il y a en elles inégalité de légèreté, de fenfi-
bilité & de force, celle en qui réfide le bon tempérament
6c la finefle, ne peut que foufïrir des efforts
que demande néceflairement l’autre.
La méthode des Italiens obvie à cette difficulté*
Il n’éft parmi eux aucune communication des branches
des guides ; chacune d’elles n’eft relative qu’à
la bouche d’un feul 6c même cheval : telle eft la première
différence que nous offre leur maniéré. La fécondé
confifte dans deux couroies qui fe croifent
d’un cheval à l’autre : chacune de ces couroies eft
arrêtée, par l’une de fes extrémités, à la branche
de dedans du mors de chaque cheval, 6c va fe terminer
, fa voir, celle qui eft fixée à la branche du
mors du cheval hors la main, à un anneau placé à
côté du couflinet du cheval fous la main, & vice
verfâ ; enforte que l ’un 6c l ’autre s’attirent réciproquement
, félon les opérations du cocher, dont la
main peut influer fur chaque bouche féparément.
Il faut convenir néanmoins que dans le nombre
prodigieux des cochers qui ont adopté cette pratique
, il en eft peu qui, vû leur ignorance, ne nous
y laiflent appercevoir d’autres inconvéniens , qu’il
feroit fans doute trop long de détailler ic i, & parmi
lefquels les hommes les moins clairvoyans ont dû remarquer
ceux qui réfultent d’un écartement confidé-
rable, qui mettant les chevaux hors de la ligne fur
laquelle ils devroient tirer, augmente & multiplie le
poids de la mafle qu’ils traînent ; les oblige, en leur
demandant une force plus grande, de fe précipiter
fur les épaules ; contraint celle de dehors à pouffer
beaucoup plus que l’autre contre le poitrail ; place,
par conféquent, chaque cheval de travers, &c. {e )
ENRIMER, en terme eTEpinglier, c’eft pouffer le
poinçon dire&ement au-deflus de l’enclume, en approchant
ou écartant la boîte, plus ou moins, avec
îe poufle-broche. F. Broche g* Pousse-broche.
ENROLEMENT, f. m. {Art. milit. ) aftion de lever,
d’engager, de prendre des hommes, pour fervir
dans les troupes de terre, ou dans les armées navales.
Les Romains faifoient leurs enrôlemens avec beau«
coup de précautions & de formalités. Il n’étoit pas
permis à tous les citoyens de porter les armes ; 6c
pour être enrôlé au fervice de la république, il falloit
avoir certaines qualités dont on ne difpenfoit
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que dans des occafions importantes, & qui deman-
doient des fecours prompts 6c extraordinaires.
Les prépofés aux enrôlemens faifoient un examen
rigoureux des perfonnes qui fe préfentoient pour être
enrôlées. {Liv. II. § . /. jf. de re militari.) Ils s’infor-
moient d’abord de la naiflance de chacun ; car il n’y
«voit que des hommes libres à qui il fût permis de
porter les armes, & les efclaves en étoient exclus.
Il falloit donc prouver fa liberté par des témoignages
non fufpe&s, 6c de plus il falloit établir le lieu de fa
naiflance.
On avoit aufli beaucoup d’attention à la taille ;
& tous ceux à qui elle manquoit, étoient rejettés de
l’honneur de fervir. De-là vient que lorfqu’on vou-
loit louer un homme, on difoit qu’il avoit une taille
militaire ; c’eft ce qui n’a pas échappé à Lampride
dans fon éloge de l’empereur Sévere. Cette taille
militaire eft marquée par une loi qui eft dans le code
théodofien, au titre de tyronibus ; elle nous apprend
•qu’alors un foldat devoit avoir cinq pieds fept pouces
, quinque pedibus & feptem unciis ufualibus.
Vegece a remarqué que du tems de Marius on
xYenrôloit que des gens de cinq piés dix pouces,
parce que dans le grand nombre qui fe prélentoit,
on pouvoit choifir ; mais depuis ce tems-là il fallut
rabattre de cette mefure, les hommes étant devenus
rares par les guerres civiles, le luxe, la débauche,
& le changement de gouvernement.
Cependant l’on ne connoifloit point encore ce
moyen nouveau, 6c contraire à toutes les lois de
l’humanité, d’enrôler par la force, la fraude, le ftra-
tagème, 6c pareilles horreurs fur lefquelles, dans
quelques pays , les princes 6c les miniftres ferment
les yeux en tems de guerre. « Les hommes, dit la
» Bruyere, font au fouverain comme une monnoie,
» dont il acheté une place, ou une viûoire. S’il fait
» enforte qu’il lui en coûte moins, s’il épargne les
» hommes, ilreffemble à celui- qui marchande, 6c
» qui connoît mieux qu’un autre le prix de l’argent ».
Aufli tout profpere fous un tel fouverain, 6c dans
une monarchie où l’on confond les intérêts de l’état
avec ceux du monarque. Or j’ajoûte ici que les intérêts
de l’état s’oppofent à la violence 6c à l’artifice
dans les enrôlemens ; non feulement parce que
de telles pratiques bleflent les droits 'de l’humanité,
mais de plus parce que la peine capitale portée contre
les deferteurs, devient alors une injuftice qui
révolte la nature. Foye^ D éserteur. Article dcM.
le Chevalier DE J A U COURT.
ENROUEMENT, f. m. {Medecine.') Ce terme eft
ordinairement employé pour lignifier la maladie
même, dont il n’eft proprement qu’un fymptome.
Cette maladie eft une efpece de fluxion catarrheufe,
qui a fop fiége dans le larynx, la trachée artere, &
principalement dans les parties qui conftituent l’organe
de la voix.
Ces parties étant engorgées ou enduites d’une
trop grande quantité d’humeurs pituiteufes, c’eft-
à-dire de la mucofité naturelle trop épaiflie , ont
leurs furfaces inégalement tuméfiées, mal unies, en-
forte qu’elles rendent les collifions de l’air rudes,
& fur-tout les vibrations de la glotte lourdes, lentes,
très - peu & defagréablement fonores, d’oii réfulte
le fymptome dont il s’agit,Y enrouement, mot qui
vient du Latin ravis , dont on a formé rancit as, rau-
cedo, voix rauque.
Ce défaut peut aufli être produit par le relâchement
des mufefes qui fervent à tendre les cordes vocales
qui forment les bords de la glotte, 6c par le
deflechement ou la trop grande tenfion de ces mêmes
cordes. Foye^ V o ix .
Pour ce qui eft du traitement de cette maladie ,
fi la caufe eft catarrheufe, il eft le même que celui
•du catarrhe en général, de l’ençhifrenement dont il
Tome F,
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a été fait mention ci-devant, & du rhume : voyeç Catarrhe, En c h if r e n e m e n t , R h u m e .
Si le relâchement des mufcles du larynx qui caufe
1 enrouement, dépend de la fibre lâche en général,
les remedes contre ce vice univerfel conviennent
aufli contre le particulier dont il eft ici queftion :
voye^ Fibre , Leucophlegmatie. Si ce relâchement
eft un effet de la paralyfie , il n’eft pas fufeep-
tible d’une cure particulière : voye^ Paralysie. Le
deflechement & la roideur de la glotte n’eft pas ordinairement
un vice propre à cette partie ; il tient
à celui des folides en général, qui eft de la même
nature : on peut de plus employer la vapeur des décodions
de plantes émollientes, reçûe dans la bouche
ouverte 6c dirigée vers la trachée-artere par de
fréquentes infpirations, par lefquelles l’air chargé
de cette humidité médicamenteufe eft fouvent appliqué
au parties viciées. Si la tenfion fpafmodique,
hyftérique ou mélancholique, ou de toute autre efpece,
produit Y enrouement, il ne peut être traité que
par les remedes propres contre les maladies dont il
eft un fymptome : voye^ Spasme, Hystéricité
Melancholie, Manie, &c. La voix devenue rauque,
par un accès de colere, fe guérit par le repos
du corps 6c de l’efprit, ou par les anodyns. (</)
ENROUILLER, v. neut. {Jardinage.') fe dit d’un
pré oû le torrent a pénétré 6c a couvert l’herbe, ce
qui s’appelle enroüiller l'herbe. {K )
ENROULEMENT, f. m. ( Jardinage.) que quelques
uns appellent rouleau, eft une plate-bande de
buis ou de gafon contournée en ligne fpirale. Cet
ornement fe confond avec les maflifs 6c les volutes
des parterres. {K )
E N S , { Chimie. ) Paracelfe 6c fes difciples ont
donné à ce mot différentes lignifications ; ils l’ont
employé fur-tout pour exprimer la force, la puiffance
d’un agent, &c. ou pour défigner les parties d’un
corps dans lefquelles réfident proprement leur efficacité
ou leur vertu médicinale. C ’eft dans le premier
fens que Paracelfe employé ce mot dans les
expreflions fuivantes, ens De i, ens aßrorum, ens naturale,
6cc. qui font familières à cet auteur; &dans
le fécond, qu’il faut prendre Yens primum des minéraux,
des animaux, des végétaux, & Yens appropria-
tum de Cés derniers.
C ’eft à cet ens primum des végétaux que les disciples
de Paracelfe, 6c fur-tout notre célébré le
Febvre, ont attribué tant de vertus, celle entr’au-
tres de rajeunir, ou de renouveller le corps, auxquelles
M. B oy le, tout porté qu’il étoit à douter en
Chimie, paroît avoir ajoûté foi, mais fur lefquelles
au contraire nous avons pouffé aujourd’hui notre incrédulité
jufqu’à un point où elle eft peutêtre aufli peu
fage que la confiance aveugle des philofophes. {b) Ens Feneris. Boyle a célébré fous ce nom un
remede chimique, qui n’eft autre chofe que la chaux
douce du vitriol [ou le réfidu de fa diftillation leflivé
avec de l’eau bouillante jufqu?à infipidité] , fubli-
mée avec partie égale de fel ammoniac. Le produit
de cette fublimation eft un mélange de fleurs de
mars 6c de fleurs de cuivre ; car Boyle demande pour
cette opération un vitriol de mars très-cuivreux. Ce
remede n’eft abfplument d’aucun ufage parmi nous,
6c c’eft avec raifon que nous l’avons rejetté ; des ëx-
périences réitérées nous ayant démontré que l’ufage
intérieur du cuivre n’étoit jamais exemt de danger,
Foye[ Cuivre, {b) Ens , ( Géogr. mod.) ville de la haute Autriche,1
en Allemagne ; elle eft fituée dans le pays 6c fur la
riviere Y Ens. Long. 32 .2 2 . lat. 48. 12.
* ENSABATÉS, adj. pris fubft. {Hiß. ecclèfiafi.)
hérétiques Vaudois qui parurent dans le treizième
fiecle. Ils prétendoient que le ferment étoit toûjours
illicite qu’on ne devoit de i’obéiflance à aucun fu-
V. V v y ij