ii6 E B R qui ait-écrit fur la fcience du Manège. Il l’ a employé
pour'ex primer le mouvement defordonne du cavalier
qui tenant une rêne dans chaque main, n agit
que par fecouffe avec l’une ou l’autre de ces rênes,
lorfqu’il veut retenir fon cheval, ou plus communément
lorfqu’il entreprend de le tourner. On conçoit
que la barre fur laquelle fe tranfmet l’impreffion de
cet effort dur & fubit., ne.peut en être que vivement
endommagée. Ce mot, dont la lignification eft ref-
trainte à ce feul fens, a vieilli, ainfi que beaucoup
d’autres : il eft rarement ufité .parmi nous. Ce n’eft
pas que la main de nos piqueurs, &même celle de
nombre d’écuyers qui pratiquent de nos jours, foit
plus perfectionnée & moins cruelle que celle des
piqueurs ôc des maîtres qui étoient contemporains
de la Broue ; mais nous nous fervons indifféremment
du terme de façade, qu’il n’a néanmoins applique
que dans le cas de la fecouffe des deux rênes enfem-
b le , pourdéfigner toute aétion foudaine, brutale &
non mefurée, capable d’égarer une bouche, ou tout
au moins de falfifier l’appui ; foit qu’elle parte d’une
main feule, foit qu’elle -foit opérée par toutes les
deux à la fois. Après ce détail, on trouvera peut-
être fmgulier que plufieurs auteurs, & la Broue lui-
même , ayent confeillé de recourir aux ébrillades,
comme à un châtiment très-propre à corriger le chev
a l dans une multitude d’occafions. (f)
EBROUEMENT, f. m. (Manège. ) mouvement
convulfif produit par l’irritation de la membrane pituitaire
, foit en conféquence de l’acrimonie du mucus,
foitenfuite de l’impreflionde certaines odeurs
fortes, ou de certains médicamens que nous nommons
errines.
Il ne peut & ne doit être véritablement comparé
qu’à ce que nous appelions, relativement à l’homme
, éternuement.
Ariftote a recherché pourquoi de tous les animaux
, celui qui éternue le plus fouvent eft l’homme.
Probl.fecl. x.probl. 4g. ibid.fecl. xxxiij. probl. 11.
Cette même queftion a excité la curiofité d’Aphro-
difée, liv. I.prob. 144.
Schoock, après avoir réfléchi fur la difficulté de
défigner pofitivement les animaux dans lefquels cette
forte de convulfton a lieu , nomme les chiens, les
chats, les" brebis, les boeufs, les ânes, les renards,
& les chevaux.
Quoi qu’il en foit, la comparaifon de Vébrouement
& de l’éternuement me paroît d’autant plus jufte,
que le méchanifme de l’un & de l’autre n’a rien de
diffemblable. D ’abord la poitrine de l’animal eft fortement
dilatée, il infpire une grande quantité d’air ;
mais cet air bientôt chaffé, fort avec véhémence &
avec impétuofité, en balayant les foffes nazales, &
en emportant avec lui la mucofité qu’il rencontre
fur fon paffage. Or je dis que les particules âcres du
mucus, des ptarmiques, ou des corps odorans qui
fufeitent ce mouvement convulfif, appliquées fur le
nerf nazal, y font une impreffion dont participent
fintercoftal & le vague, & conféquemment tous les
nerfs qui fe diftribuent aux mufcles de la refpiration.
Ces nerfs agités, les uns & les autres de ces mufcles
fe contra&ent, les infpirateurs entrent les premiers
en contraction ; de-là la dilatation fubite & extraordinaire
du thorax, dilatation qui eft promptement
fuivie d’un refferrement violent : car les expirateurs
, dont les nerfs toujours irrités augmentent la
réfiftance, l’emportent bientôt fur les premiers,
preffent le diaphragme , & compriment tellement
les poumons, que l’air eft expulfé avec une violence
confidérable. Il eft vrai que la contraction & l’effort
ne font pas toujours auffi grands ; mais l’une & l’autre
font proportionnés à l’aCtion des corps qui ont
follicité les nerfs : fuivant la vivacité de cette action
, le jeu des mufcles fera plus ou moins fenfible.
E B R On ne doit pas confondre , au furplus, avec IV*:
brouernent proprement dit, cette expiration plus marquée
qu’à l’ordinaire, & qui fe manifefte dans certains
chevaux à la vue de quelques objets qui les
effrayent, à l’approche de quelques odeurs qu’ils
craignent, ou lorfqu’ils font enfin extrêmement animés
; ce qui eft parfaitement exprimé dans la traduction
& dans le commentaire de Caftalio fur le
texte du livre de Job , ch. xxxjx. de la conduite admirable
de Dieu dans les animaux : ciim terrorfit ejus
najîbus decorus; à quoi il ajoute , ad formidabilia fu mât
generosh najibus, nihil formidans. Munfter & Mer-
cer n’ont admis aucune différence entre Vébrouement
& l’expiration dont il s’agit. Le premier, que quelques
uns envifagent comme un des hommes les plus
verfés dans la langue hébraïque , traduit de cette
maniéré le même paffage hébreu , virtus narium ejus,
&C il l’explique enfuite en difant, id ejl fremitus &
Jiernutatio ejus. Le fécond l’interprete dans fa glofe ,
de façon à nous prouver qu’il ne diftingue pas feu-»,
lement Vébrouement du henniffement : vehemens foni—
tus quem Jlernutans eâit, terrorem offert omnibus qui
audiunt. 11 eft certain néanmoins que plus un cheval
eft recherché, plus il a de l’ardeur, plus la refpira-,
tion eft forte & fréquente en lui ; & cette fréquence
occafionnant dans les nazaux une plus vive collifiort
de l’air, il expire avec bruit, il fouffle : mais Vébroue*
ment n’eft point réel. L’expiration eft-elle plus remarquable
à la vue d’un objet qui lui infpire de la'
crainte, l’émotion donnera lieu à une contraction
dans laquelle on trouvera la raifon de cette expiration
augmentée : que fi certaines odeurs l’occafion-
nent, ce n’eft que parce que l’animal, par un infi».
tinCt naturel , cherche à eloigner de lui les, chofes
qui peuvent lui procurer une fenfation nuifible on
defagréable.
Vébrouement eft u n ligne fa v o ra b le dans u n c h e v a l
q u i to u ffe , voye^ P o u s s if ; & dans les c h e v a u x q u i
je tte n t, voye{G o u r m e , F a u s s e g o u r m e , M o r -
va. ( .) ■■ :
EBROUER, (s ’ ) Manège; voyeç EbrouementJ
EBSOM, ( sel DE ) Chimie'& Matière medicale ;
c’eft un fel vitriolique à bafe terreufe auquel un fel
de cette nature retiré de la fontaine d'Ebfom en Angleterre,
a donné fon nom. On diftribue dans les:
différentes parties de l’Europe, fous le nom de fel
d'Ebfom, des fels de ce genre qui fe reffemblent par
plufieurs propriétés communes, mais qui different
entr’eux par quelques caraCteres particuliers, mais
moins effentiels. Nous parlerons de tous ces fels,
de leurs qualités communes & de leurs différences
dans un article deftiné aux fels vitrioliques en général
, que nous placerons après Varticle V it r io l *
Voye%_ cet article.
EBULLITION, EFFERVESCENCE, FERMENTA
T ION , ( Gramm. & Chimie. ) Ces trois mots ne
font point fynonymes, quoiqu’on les confonde ai-
fément. M. Homberg eft un des premiers qui en a
expliqué la différence, & qui en a fait l’exaCte difi».
tin dion.
On appelle en Chimie ébullition, lorfque deux
matières en fe pénétrant font paroître des bulles
d’air, comme il arrive dans les diffolutions de certains
fels par les acides.
On nomme effervefcence, lorfque deux matières
qui fe pénètrent produifent de la chaleur, comme il
arrive dans prefque tous les mélanges des acides &
des alkalis, & dans la plupart des diffolutions mi-,
nérales.
On appelle enfin fermentation, lorfque dans un
mixte il fe fait naturellement une féparation de la matière
fulphureufe avec la faline, ou lorfque parla con-
jonûion de ces deux matières il fe compofe naturellement:
un autre mixte.,
Puilqu’ils,
E B U Puifqu’il y a , fuivant les expériences de l’illuftre
Boyle, des ébullitions, même affez violentes, fans aucune
chaleur, dont quelques-unes bien loin de s’échauffer,
fe refroidiflent confidérablement pendant
V éb u llitio n , comme il arrive dans le mélange d’huile
de vitriol & du fel armoniac, & que d’un autre cô?
té il fe trouve des cffervcfcences très - confidérables
fans aucune ébullition , comme dans le mélange de
l’huile de vitriol & de l’eau commune ; il réfulte que
les ébullitions & les effervefcences font diftin&es, &
ne font pas non plus des fermentations ; parce que le
cara&ere de la fermentation confifte dans une féparation
naturelle de la matière fulphureufe d’avec la
faline , ou dans une conjonction naturelle de ces
deux matières, laquelle eft fouvent accompagnée
(Veffervefcence : ce qui s’obferve particulièrement lorf
que la matière fulphureufe, auffi-bien que la faline,
font dans un haut degré de raréfaction.
Cependant la raifon pourquoi on a confondu ces
trois aCtions fous le nom de fermentation, eft que les
fermentations s’échauffent ordinairement, en quoi elles
reffemblent aux effervefcences, & qu’elles font
prefque toujours accompagnées de quelque gonflement
, en quoi elles reffemblent aux ébullitions. Ar t,
de M . le Chevalier d e J A V COURT .
E b u l l i t i o n , f. f. ( Phyfique.) eft l’é ta t de l’eau
o u de to u te a u tre fluide q u e la ch aleu r fa it b o u illir.
Voye^ B o u il l ir & E f f e r v e s c e n c e .
Si l’eau bout dans un pot ouvert, elle a la plus
grande chaleur qu’elle puifle recevoir, lorfqu’elle
eft comprimée par le poids de l’atmofphere. La chaleur
de l’eau eft indépendante de la violence de Vé-
bu llition & de fa durée ; l’eau moins comprimée par
l ’atmofphere bout plûtôt, & elle bout fort vite dans
le vuide. L’eau qui bout dans un pot ouvert reçoit
ordinairement une chaletir de deux cents douze degrés
au thermomètre de Fahrenheit. Plus l’air eftpe-
fant, plus il faut que l’eau foit chaude pour bouillir.
Le deffous d’un chauderon où l’eau bout eft beaucoup
moins chaud, qu’il ne l’eft au moment oh l’eau
ceffe de bouillir.
A l’égard de la caufe de Vé b u llition , nous avons
rapporté hiftoriquement au mot B o u il l ir celle que
les phyficiens en donnent ordinairement, & qu’ils
attribuent à l’air qui fe dégage des particules de l’eau;
mais d’autres phyficiens rejettent cette caufe, &
croyent que Vébullition vient des particules de l’eau
même, qui font changées par l’aClion du feu en vapeur
très-dilatée, & qui s’élèvent du fond du vafe à
la furface. Voici en fubftance les raifons de leur
opinion. i° . V é b u llitio n fe fait dans la machine du
vuide, lorfqu’on y fait chauffer de l’eau auparavant
purgée d’air. C e n’eft donc point l’air qui la produit ;
c ’eft dans ce cas la chaleur qui raréfie l’eau : ce font
les termes de M. Muffchenbroek, § . 8 y g de fies effais
de P h y f. z°. L’eau ne-ceffe point de bouillir qu’elle ne
foit évaporée ; or comment peut-on concevoir que
l’air renfermé dans l’eau, & qui en fait au plus la
trentième partie, puiffe fuffire à toute cette ébullit
io n ? f 3. Quoique les ligueurs ne contiennent pas
toutes la même quantité d’a ir, toutes paroiffent
bouillir également. 40. Plus l’eau eft libre de s’évaporer,
c’eft-à-dire plus le vafe dans lequel on la
met eft ouvert, moins elle foûtient de degrés de
chaleur fans bouillir. 5 ° . Plus une liqueur eft fub-
tile , & par conféquent facile à réduire en vapeur,
moins il faut de chaleur pour la faire bouillir. Ainfi
l’efprit-de-vin bout à une moindre chaleur que l’eau,
& l’eau à une moindre chaleur que le mercure. V o y .
tout cela plus en détail dans les mém. & l ’kift. de Ca-
cadém. 1^48. Voyez auffi D ig e s t e u r & V a p e u r .
La plus forte preuve (ajoûte-t-on) qu’on allégué
en faveur de l ’opinion commune fur la caufe de IV-
b u llit io n , eft le phénomène de l’éoüpyle ; mais les
Tome V,
E B U 1 1 7
partifans de l’opinion dont nous rendons compte ici,
prétendent dans leur fyftème expliquer ce phénomène,
du moins auffi-bien. Voye^ E o l ip y l e . Encore
une fois nous ne fommes ici qu’hiftoriens, ainfi que
dans la plupart des explications phyfiques que nous
avons rapportées ou que nous rapporterons par la
fuite dans ce Diftionhaire. (O)
E b u l l it io n , (Medeàne.) petites tumeurs qui fe
forment & s elevent fur la furface du corps en très-
peu de tems ; on les attribue ordinairement à l’effer-
vefcence du fang : c’eft ce qui fait appeller cette
éruption cutanée,, ébullition de fang. Elles font de
différente efpece, & demandent par conféquent dif-
férens traitemens.,/'bye{ E f f l o r e s c e n c e , E r u p t
i o n , E x a n t h è m e . (’d )
E b u l l i t io n , (Manège & Maréchallerief maladie
Iegerè que l’on nomme encore dans l’homme échau-
boulures , pujlules fudorales.
Elle fe manifefte dans les chevaux par des élevu-
res peu confidérables, & qui font Amplement accompagnées
de démangeaifon. Ces élevures font ou plus
ou moins multipliées, & femées dans une plus ou
moins grande étendue de la furface du corps. Quelquefois
auffi elles arrivent feulement à de certaines
parties, telles que l’encolure, les épaules, les bras,
les cotes, & les environs de l’épine.
Il eft aifé de les diftinguer des boutons qui défi-
gnent & qui cara&érifent le farcin, par la promptitude
avec laquelle elles font formées, & par la fa-,
cilité avec laquelle on y remédie : i ° . elles ne font
jamais auffi volumineufes : 3°. elles n’en ont ni la
dureté ni l’adhérence : 40. elles font circonfcrites ,
n’ont point entr’elles de communication, & ne paroiffent
point en fufées : 50. elles ne s’ouvrent & ne
dégénèrent jamais en puftules : 6°. enfin elles n’ont
rien de contagieux.
Cette maladie fuppofe prefque toujours une lymphe
faline & groffiere, dont les parties les plus aqueufes
s’échappent fans aucun ohûacle par la voie de la
tranfpiration & de la fueur, tandis que la portion la
moins fubtile & la moins ténue ne peut 1% faire jour
& fe frayer une iffue, lorfqu’elle eft parvenue à l’extrémité
des vaiffeaux qui fe terminent au tégument.
Ces dernieres particules pouffées fans cefle vers la
fuperficie par celles qui y abordent & qui les fuivent,
font contraintes d’y féjourner. De leur arrêt dans
les tuyaux capillaires qu’elles engorgent & qu’elles
obftruent, réfultent les tumeurs nombreufes qui font
difperfées à l’extérieur, & un plus grand degré d’a-
çrimonie annoncé par la démangeaifon inféparable
de cette éruption, & qui ne doit être attribuée qu’à
l’irritation des fibres nerveufes.
Un exercice outré, un régime échauffant, fufeitent
la rarefcence du fang & des humeurs : trop de
repos en provoque l’épaiffiffement, la tranfpiration
interceptée par une craffe abondante qui bouche les
pores, donne lieu au féjour de la matière perfpira-
ble, & même au reflux dans la maffe, qui peut en
être plus ou moins pervertie ; & toutes, ces caufes
différentes font fouvent le principe & la fourçe des
ébullitions.
On y remédie par la faignée , par une diete hu-
meftante & rafraîchiffante, par des lavemens, par
des bains ; il ne s’agit que de calmer l’agitation def-
ordonnée des humeurs, de diminuer leur mouvement
inteftin, de corriger l’acrimonie des fucs lymphatiques,
de les délayer; & bien-tôt les fluides
qui occafionnoient les engorgemens reprenant leur
cours, ou s’évacuant en partie par la tranfpiration ,
toutes les humeurs dont il s’agit s’évanoiiiront. ( e )
E c
# ECACHER, v. a&, Ce yerbe marque une ma-
E e