I p E A U
La crainte de ne pas trouver l’occafion de parler
dans le cours de cet ouvrage, des arrêtes ou queues
de rat, des crevaffes, & de la crapaudine humorale
, m’oblige à en dire un mot ici ; d’autant plus que
ces maladies ayant, ainfi que je l’ai remarqué, le
même principe que celle fur laquelle je viens de m’étendre
, ne demandent pas un traitement différent.
Le liège des arêtes ou queues de rat eft fixé fur la
partie poflérieure de la jambe, c’eft-à-dire le long
du tendon. Il en eft de deux efpeces : les unes font
cruftacées : les autres coulantes. Les premières font
fans écoulement de matière ; les fécondés fe diftin-
guent par des croûtes humides & vifqueufes, qui
laiffent des impreffions dans le tiffu de la peau, d’oit
il découle une férofité ou une lymphe roufsâtre,
â c re, & corrofive, qui ronge communément les té-
gumens. Ces croûtes qui rarement affeûent les extrémités
antérieures, & qui font plus ou moins éle-,
vées, font appellées, par quelques perfonnes, des
grappes.
Les crevaffes font fituées dans le pli des paturons,
foit au-devant, foit au derrière de l ’animal; elles
font comme autant de gerfures ou de fentes, d’où
lifintent des eaux plus ou moins foetides, & qui font
accompagnées fouvent d’enflûre & d’une inflammation
plus ou moins forte. Quelques-uns les confondent
avec ce que nous nommons mules traverjines :
mais l’erreur eft d’autant plus excufable , que les
unes & les autres ne different que par la fituation ;
car les dernieres s’annoncent par les mêmes lignes
dans le pli de l’articulation du paturon avec le bou«?
let. L’onguent pompholix fuccédant aux remedes
intérieurs, eft un defliccatif des plus convenables &
des plus efficaces.
La crapaudine humorale naît le plus fouvent de
caule interne, & elle eft infiniment plus dangereufe
que cette forte d’ulcere que nous appelions du même
nom, & qui ne provient, que d’une atteinte que le.
cheval fe donne lui-même à l’extrémité du paturon
ftir le milieu de cette partie, enpaffageant & en che-
yalant : cette atteinte fe traite de la même maniéré
que les plaies. Quant à la crapaudine dont il eft quef-
tion, elle eft lituée comme l’autre fur le devant du
paturon., directement au-deffus de la couronne : d’abord
on apperçoit fur cette partie une efpece de gale
d’environ un pouce de diamètre, le poil tombe , &
la matière qui en découle eft extrêmement puante ;
elle, eft même quelquefois fi corrofive & tellement
âcre , qu’elle fépare l’oncle & qu’elle provoque la
chute du fabot. Voyez Pies. On conçoit par confé-
quent combien il importe d’y remédier promptement
& d’en arrêter les progrès ; ce que l’on ne peut
faire qu’au moyen des médicamens ordonnés pour
les eaux. Elle produit encore des foies ou piés de
boeuf. Voyez So ie s , PiÉS, &c. (e)
E au ., chez les Joailliers , eft proprement la couleur
ou l’éclat des djamans & des perles. Elle eft ainfi
appellée »parce qu’on croyait autrefoisqu’ils étoient
formés A'eau. Voyez P ie r r e p r é c i e u s e , &c.
Ainfi o n d it, c e tte perle, e ft d’u n e belle eau. Voye.i
P e r l e . Vtau de ce d iam an t eft tro u b le . Voyez D ia m
a n t .
, Ce. terme s’employe auffi quelquefois, quoique
moins proprement, pour, lignifier la couleur d’autres
pierres précieufes. Voyez P ie r r e p r é c i e u s e , &a
Charniers,
* E AU, ( donner V ) Drap. Teintur. Tann. Ghapel\
Cette maniéré de parler eft fynonyme à lujlrer ou à
apprêter. On luftre une étoffe en la mouillant légèrement,
& en la paffant, foit à la preffe, foit à la ca-
lendre à froid ou à chaud.
E a u , (donner une) Plumaf. c’eft paffer les plumes
naturellement noires dans un bain de teinture, moins
pour les teindre que pour les luftrer, & leur communiquer
plus d’éçlat.
E B A E a u - f o r t e , (jttterV) Relieur. On met Xeau-
forte mitigée avec trois quarts d’eau fur le veau qui
couvre les livres, lorfque l’on veut faire paroître fur
le veau de groffes ou petites taches, ou d’autres figures
, félon que le relieur la dirige. Elle imite auflï
les taches du caffé au lait, quand la jafpure eft plus
ferrée.
Les cartons & le veau étant battus , on glaire le
livre ; & quand la glaire eft feche, on jette Xeau-forte
par groffes ou petites gouttes. On dit rjetter Veau-
forte.
E a u d e s e n t e u r , (Dijlillat.) On appelle ainfi
la partie odoriférante de différentes fubftances, telles
que l’orange, la mille-fleur, le nard, le napfe
la rofe, l’oeillet, &c. qui en font extraites par la distillation
ou l’infufion, ou l’expreflion, que les diftil-
lateurs de profeffion& les parfumeurs vendent, ou
dont ils fe fervent pour donner de l’odeur à leurs
marchandifes. Voyez Varticle D i s t i l l a t io n .
EAUSE, ( Géog. mod.') ville d’Armagnac en Gaf-
cogne. C ’eft la capitale de l’Eaufan. Long. iy. 42;
lat. 43. âC.
E B
E B A R B E R , v . a£t. terme de Fondeur de caractères
d?Imprimerie ; c’eft ôter avec un canif les bavures
qui s’échappent quand le moule où l ’on a fondu la
lettre n’eft pas exactement fermé, & que le vifiteur
content de la fonte de la lettre en a fait la rompure,’
c’eft-à-dire qu’il a affez paré le jet de la lettre qui n’y
tient que par un petit lien gros à peine d’une demi-
ligne. Lorfque la lettre a été ébarbée, on l’écrene, fi
elle eft de nature à être écrenée. Voyez E c r e n e r ;
voyez aujjî les Planches du Fondeur de caractères.
E b a r b e r , en terme de Doreur, c ’eft ô te r le s p a rties
fuperflues q u i e x céd en t le re lie f d ’u n e p ie c e
d ’o u v ra g e . O n ébarbe à la lim e. Voyez L im e .
* E b a r b e r , (Manufact. en drap.') c’eft couper au
cifeau les grands poils qui excédent les bords des li-
fieres à toutes les étoffes en laine qui les ont étroites.
On donne cette façon aux étoffes en blanc avant
la teinture ; on ne la donne aux autres qu’au fortir
de la preffe : c’eft communément l’ouvrage des garçons
drapiers.
E b a r b e r , ( à laMonnoie) c’eft couper ou unir
à-peu-près les lames brutes, après qu’elles font refroidies
& forties des moules ; on fe fert de ferpes
pour emporter les parties qui bavent le long des la-,
mes lors de la fonte.
E b a r b e r ^ terme de Papeterie; c’eft rogner légèrement
avec de gros cifeaux les mains de papier, avant
que de les empaqueter par rames. Voyez P a p ie r .
? EB ARBOIR, f. m. ( Chauderonnerie , & autres Arts
ou le terme & Vopération d?ebarber ont lieu.) petit infiniment
de fer un peu courbe par le bout & très-
tranchant , à l’ufage des droiiineurs ou des petits
chauderonniers qui courent la campagne. Ils s’en fervent
pour ebarber les cuillères & les falieres d’étain
qu’ils fondent dans des moules de fer qu’ils portent
avec eux. Voyez C h a u d e r o n n ie r .
EBARBURES & REBARBES, f. f. pl. ( Gravure
en cuivre. ) Ce font de petites levres qui fe forment
fur la planche à chaque coup de burin que donne le
graveur, & qu’il abat de tems en tems avec le ven-,
tre d’un burin tranchant.
EBAROUI, adj. (Marine.) Vaiffeau ébaroui fe dit
d’un bâtiment qui pour avoir été expofé trop long-
tems aux grandes féçhereffes & à l’ardeur du foleiî,'
fe trouve affez deffeché pour que les bois travaillent,
& que les bordages en le retirant faffent entr’ouvrir
les coutures. Pour éviter cet inconvénient, on fait
jetter beaucoup d’eau de tous côtés pour bien mouiller
& abreuver les bois. (Z )
* EBAUCHE, ESQUISSE, f. f, termes techniques^
E B A L ’ébauche eft la première forme qu’on a donnée à
un ouvrage ; Yefquijfe n’eft qu’un modèle incorrett
de l’ouvrage même qu’on a tracé légèrement, qui
ne contient que l’efprit de l’ouvrage qu’onfe propofe
d’exécuter, & qui ne montre aux connoiffeurs que
la penfée de l’ouvrier. Donnez à Xefquijfe toute la perfection
poffible, & vous en ferez un modèle achevé.
Donnez à l’ébauche toute la p.erfe&ion poffible, &
l ’ouvrage même fera fini. Ainfi quand on dit d’un tableau
, j ' e n ai vu, Xefquijfe , on fait entendre qu’on en
a vu le premier trait au crayon que le peintre avoit
jetté fur. le papier; & quand on dit, j ' e n a i vu IV-
bauche, on fait entendre qu’on a vû le commencement
de fon exécution en couleur, que le peintre en
avoit formée fur la toile. D ’ailleurs le mot d'efquijfe
ne s’employe guere que dans les Arts où l’on paffe
du modèle à l’ouvrage ; au lieu que celui d'ébauche
eft plus général, puifqu’il eft applicable à tout ouvrage
commencé, & qui doit s’avancer de l’état d’é-
bauche à l’état de perfection. Efquijfe dit toûjours
moins qu’ébauche, quoiqu’il foit peut-être moins facile
de juger de l’ouvrage fur Xébauche que fur Xefquijfe.
V o y e i E s q u is s e .
E b a u c h e , en Architecture ; c’eft la première forme
qu’on donne à un quartier de pierre ou à un bloc
de marbre avec le cifeau, après qu’il eft dégroffi à
la feie & à la pointe, fuivant un modèle ou un profil.
C ’eft auffi un petit modèle de terre ou de cire
taillé au premier coup avec l’ébauchoir, pour en
voir l’effet avant de le terminer. (P)
E b a u c h e , ébauches en Gravure, c’eft l’aétion de
préparer & de mettre par maffes les ouvrages de
gravure au premier trait de burin. Voyez M a s s e s .
E b a u c h e , ébaucher en Peinture, c’eft difpofer
avec des couleurs les objets qu’on s’eft propofé de
repréfenter dans un tableau, & qui font déjà deffi-
nés fur une toile imprimée, fans donner à chacun
le degré de perfection qu’on fe croit capable de leur
donner , en les finiffant. Les peintres ébauchent plus
qu moins arrêté ; il y en a qui ne font qu’un leger
lavis de couleur & de térébenthine, ou même de
grifaifle ou camayeu. Les Sculpteurs difent auffi,
ébaucher une figure , un bas-relief. (R)
EBAUCHER, v . aCt. en terme d'Epinglier fabriquant
d’aiguilles pour les Bonnetiers, eft l’aCtion d’ai-
guifer en pointe avec une lime rude l’aiguille du côté
feulement où l’on fera le bec. Voyez Be c .
E b a u c h e r , en terme <VEpingliery c’eft l ’aCtion de
dégroffir la pointe d’une épingle fur une meule tailladée
en gros, pour la préparer à recevoir le degré
de fineffe qui lui eft propre. Voyez la figure dans la
I. Planche de l'Epinglier. On vo it , même Planche , le
tourneur qui fait tourner la meule par le moyen d’une
grande roue fur laquelle & fur la ppulie de la
meule paffe une corde fans fin. Voyez la figure de la
meule repréfentée en particulier dans la Planche du
Cloutier d’épingles.
. E b a u c h e r , en terme d'Eventaillijle, c’eft peindre
d’une couleur un peu plus légère que celle dont
pn s’eft fervi pour coucher; ou plûtôt c’eft former
les premières ombres. Voyez P e in t u r e .
s E b a u c h e r , chez les FHaJJiers, fe dit de la première
façon qu’on donne à la filaffe, en la faifant
paffer fur .un leran dont les pointes font fort groffes,
& que l’on nomme ébauchoir de l’ufage qu’on en fait ;
on donne d’abord cette préparation à la filaffe pour
commencer à fendre les pattes, & la faire paffer fuc-
ceffivemeut fur des ferans plus fins.
E b a u c h e r , c’eft, en terme de Formier, l’aâion
de dégroffir pu d’enlever du bois encore en bloc le
plus gros, & lui donner la première apparence de
forme. :
E b a u c h e r , en terme de Lapidaire , c’eft donner
la première façon aux pierres & aux çryftaux bruts
E B E i î j
&' greffiers fur u n e ro u e de p lom b h a c h é e . p o u r les
p ré pa rer à e tre taillé es dan s la form e q u ’o n v e u t
leu r ta ire p re nd re.
E b a u c h e r , en terme de Planeur, défigtie proprement
l ’a&ion d’éteindre les coups de tranche des
marteaux à forger, de tracer les bouges, marlies,
è-c. de les dégager & de donner à la piece en gros
la forme qu elle dort avoir après fa pe^feàion. Voy.
B o u g e s , M a r l ie s , & c. < J
EB AUCHOIR, f. m. (Ans mêclutniq.) outil corn-
mun à tous les ouvriers qui ébauchent leurs ouvra-
ges, avant que de les finir.
E b a u c h o ï r des Charpentiers , eft un cifeau à deux
bileaux qui leur fert à ébaucher les mortoifes les
pas , ies embrevemens. Voyez la Planche des outils
du Charpentier,
• E b a u c h o i r , c’eft u n feran q u e les Filaffiers app
e llen t.ain fi, p a rc e q u e fes d en ts affez rafes & groffes
ne fo n t p ro p res qu ’à é b a u ch er ou d o n n er la p re m
ière faço n a u c h a n v re . Voyez L article Se r a n l'article
C h a n v r e , & les Planches du Cordier.
E b a u c h o i r , c ’eft u n e efp ece de cifeau à m anche
d o n t fe fe rv e n t le s fcu lp teu rs q u i tra v a ille n t en
itu c & en p lâ tre , p o u r éb au ch er leu rs o u v ra g e s.
Voyez l'article St u c c a t e u r , & la Planche de Stuc.
fig' 4-
E b AUC h o ir s , outils de Sculpture ; ce font de
petits morceaux de bois ou de buis, qui ont environ
fept à huit pouces de long ; ils vont en s’arron-
diffant par l’un des bouts, & par l’autre ils font plats
& à onglets. II y en a qui font unis par le bout, qui
eft onglet, & ils fervent à polir l’ouvrage ; les autres
ont des ondes ou dents. On les appelle ébauchoirs
bretelés; ils fervent à breter la terre. Voyez les Planches
de Sculpture.
EBE ou JUSSANT, f. m. (Marine.) il le dit du
mouvement des eaux lorfque la mer defeend, &
qu’elle reflue. (Z )
EBENE , f. m. (Hijl. nat.) eft une forte de bois
qui vient des Indes, exceffivement dur & pefant,
propre a recevoir le plus beau poli ; c’eft pour cela
qu’on l’employe à des ouvrages de mofaïque & de
marqueterie, &c. Voyez Bois , Mo sa ïq ue, &c.
Il y a trois fortes d'ébenes; les plus en ufage parmi
nous, font le noir, le rouge & le vert : on en voit
de toutes ces efpeces dans l’île de Madagafcar, où
les naturels du pays les appellent indifféremment
hazpn mainthi, c’eft-à-dire bois noir. L’île de Saint-
Maurice , qui appartient aux HoIIandois, fournit
auffi une partie des ébenes qu’on employé en Europe.
Les auteurs & les voyageurs ne font point d’ac-
eord fur l’arbre dont on tire Xébene noir ; fuivant
quelques-unes de leurs Obfervations , on pourroit
croire que c eft une forte de palmier. Le plus digne
de foi eft M. de Flacourt, qui a réfidé pendant plu-
fieurs années à Madagafcar en qualité de gouverneur.
Il nous affûre que cet arbre devient très-grand
& très-gros ; que fon écorce eft noire, & fes feuilles
femblables à celles de notre m yrte, d’un verd-brun
foncé.
Tavernier nous attelle que les habitans des Mes
ont foin d’enterrer leurs arbres lorfqu’ils font abattus
, pour les rendre plus noirs. Le P. Plumier parle
d’un autre arbre d'ébene noir qu’il a découvert à
Saint-Domingue, & qu’il appelle Jpartium portulans
foliis aculeatum ebeni materice. L’île de Candie produit
auffi un petit arbriffeau connu des Botaniftes
fous le nom à'ebenus cretica.
Pline & Diofcorides difent que le meilleur ébene
vient d’Éthiopie, & le plus mauvais, des Indes ;
Théophrafte préféré au contraire celui des Indes.
De toutes les couleurs d'ébenesy le noir eft le plus
eftimé. Vébene le plus beau eft noir comme ja y e t ,