95à! E $ C propriétés des plantes. Les nombreufes guërifons
qu’il opéra excitèrent les plaintes du dieu des morts ;
Jupiter le foudroya à la follicitation de Pluton;
Apollon pleura fa mort, & la vengea fur les cyclones
qui avoient forgé le foudre ; Jupiter en fit, à la
follicitation d’Apollon, la conftellation du ferpen-
taire, Epidaure lieu de là naiffance d'Efculape, lui
éleva les premiers autels qu’il ait eus. On lereprefén-
ta tantôt fous la forme d’un ferpent, tantôt fous la
hgure d’un homme qui tient à la main un bâton autour
duquel un ferpent eft entortillé ; le coq fut encore
un de fes fymboles. Il eut pour fils tous les
grands mèdecihs de l’antiquité ; on lui donne pour
filles Hygie & Iafo, ou la fanté & la giïérifon. Ses
temples étoient en plaine campagne ; il y rendoit
des oracles ; ceux d’Epidaure & de Pergame eurent
beaucoup dè célébrité ; il opéra plufieurs guerifons
miraculeufes ; fa fia tue étoit d’ivôire à-barbe d’or.
La longue pelle qui défola Rome l’an 46 1 , fit pafler
dans cette capitale du monde le culte du dieu d’Epidaure.
Sur l’avis des prêtres & des livres fibyllins ,
on alla chercher Efculape dans fa patrié ; le jerpent
qu’on y adoroit comme tel, S’offrit de lui-même, fe
promena dans les rues d’Epidaure pendant trois
jours, fe rendit de-là fur le vaiffeau des ambalfadeurs
romains , s’empara de la chambre principale, & le
tailfa tranfporter paifiblement jufqu’à Antium ou^il
s’élança hors du vaifleau, alla droit au temple qu il
avoit dans cet endroit, s’entortilla à une palme, &
fit douter de' fon retour. Cependant il rentra dans le
vailfeau, & fe lailfa conduire à Rome, où l’on eut
à peine touché un des bords du T ib re, que le dieu
ferpent fe jetta dans le fleuve, le traverfa, & entra
dans l’ifle, où l’on bâtit dans la fuite fon temple.
Mais le merveilleux de l’hiltoire, c’ell qu à peine fut-
il arrivé que la pelle celfa. Cet Efculape donné par
les Epidauriens aux ambalfadeurs romains , n’étoit
apparemment qu’un de ces ferpens qu’ils èlevoient
& qu’ils réndoient familiers ; & la celfation de la
pelte à l’arrivée du ferpent ne doit être regardée que
comme le concours fortuit de deux évenemens. Plus
il y a d’évenemens combinés, plus l’efprit du peuple
fe porte fortement au prodige ; il ne peut concevoir
que le cas qui l’étonne, quelque compliqué
qu’il foit, n’eft pas moins poflible qu’un autre.
ESCUN, (Géog. mod. ) province du royaume de
Maroc , en Afrique.
ESCURIAL, f. m. ( Hijl. mod. ) ou comme l’écrivent
les Efpagnols, ESCORIAL, ell un mot qui fe
rencontre fréquemment dans nos gafettes, & dans
les nouvelles publiques. C ’ell un des lieux de la ré- ,
fidence des rois d’Elpagne.
Efcurial étoit originairement le nom d un petit
village d’Efpagne, fitué dans le royaume de Tolede,
à fept lieues à l’occident de Madrid, & neuf à l’orient
d’Avila. Ce village ell fur une chaîne de montagnes
, que quelques-uns appellent montagnes car-
pentaines ou carpentaniennes, & d’autres monts pyrenées
, parce qu’elles font une fuite & comme une
branche des grands monts pyrénées. Le roi Philippe
II. fit bâtir en cet endroit un magnifique mona-
flere pour les Hiéronimites , ou religieux de l’ordre
de S. Jérome. Ce monallere ell regardé par les Efpagnols
comme une des merveilles du monde ; & il
cil appellé Y Efcurial. m .
Le P. François de los Padros, dans la defcription
qu’il en a donnéé, & qui a pour titre , defcription
brtve del monafterio de S. Lorenço , el real del Efcorial,
dit que ce monallere fut bâti par Philippe II. enlmé-
moire de la bataille de S. Quentin, gagnee le jour
de St Laurent, & par l’intercelfion de ce faint, que
les Efpagnols ont en grande vénération.
Le roi & la reine d’Efpagne y ont leurs appartenons
> & le relie ell habité par les moines. La plus
E $ D
grande partie des aftes de cette cour étoit autrefois
datée de Y Efcurial.
Il y a dans Y Efcurial une magnifique églife, où
Philippe IV. fit conllruire une très-belle chapelle,
appellée Panthéon, ou Rotonde. Cette chapelle ell
le lieu de là fépulture des rois & des reines d’Efpagne
qui lailfent des enfans ; ceux qui n’en laiffent
point font enterrés dans un autre caveau de la même
églife, avec les infants & les autres princes. Voye{ Panthéon 6* Rotonde. Dict. de Trév. & Chamb.
Ce monallere ou palais renferme troiis bibliothèques
, dans lefquelles on compte dix-huit mille volumes,
& entre autres-trois mille manufcrits arabes.
Voye{ BIBLIOTHEQUE.
On prétend que les dépenfes faites pendant trente-
huit ans parPhilippeTI. p o iï r la conftruftion de Y Efcurial
, montent à cinq millions deux cent foixantô
& dix mille ducats , fàns parler de plus d’un million
qu’il employa pour les ornemens d’églife , à quoi il
faut ajoûter les fofnmes immenfes qu a coûté la magnifique
chapelle bâtie par les ordres de Philippe IVt
Une partie de ce fuperbe édificê fût brûlée en 1671.
ESCUROLLES, ( Géog. mod.) petite ville du
Bôurbonnois, en France.
ESDRAS ou EZRA, (Tkèolog.) nom de deuxlh
vres canoniques de l’ancien Teftament, dont.le premier
eft connu fous le nom d'Efdras, & lé'fécond
foüs celui de Nehemias.
Ils font ainfi appelles du nom de leurs au*
teurs. Efdras à qui l’on attribue le premier , fut
grand prêtre des Juifs pendant la captivité » & particulièrement
vers le tems où ils retournèrent en Pa*
lëlline fous le regrte d’Artaxerxè Longuëmain. Il eft
appellé dans l’écriture fcriba veloxin lege Moyji, c’efb-
à-dire un do&eur habile dans la loi de Moyfe ; car lé
mot fopher , que la vulgate rend par fcriba, ne figni*
fie pas un écrivain , mais un docteur de la loi. Ce
fut lui qui, félon les conjectures communes, recueillit
tous lés livres canoniques, les purgea des corrup*
tions qui s’y étoient gliffées, & les diftingua en i l
livres, félon le nombre des lettres de l’alphabet he*
breu. Ce qui a donné lieu à l’erreur de ceux qui ont
penfé que les livres de l’ancien Teftament étant perdus,
il lés avoit diftés de mémoire. On croitauffi que
dans cette révifion il changea quelques noms des
lieux, .& mit ceux qui .étoient en ulage à la place
des anciens ; obfervation qui fert de réponfe à plu-
fieurs objedions de Spinofa. On conjecture encore
que par l’infpiration du S. Efprit, il ajouta certaines
choies arrivées après la mort des auteurs de ces
livres. ”
Les deux livres à?Efdras font canoniques & reconnus
pour tels par la fynagogue & par l’Eglife. Le
troifieme & le quatrième qui fe trouvent en latin
dans les bibles ordinaires après l’oraifon de Manaf-
fes, quoique reconnus pour canoniques en plufieurs
pa ys , & particulièrement chez les Grecs , font regardés
comme apocryphes par les.Latins & même
par les Anglicans. Le troifieme dont on a le texte
grec, eft une répétition de ce qui eft contenu dans
les deux premiers. Il eft cité par S. Athanafe, S. Au-
guftin , S. Ambroife : S. Cyprien même femble
l’avoir connu. Le quatrième qu’on n’a qu’en latin,
efl: plein de vifions, de fonges, & de quelques erreurs.
Il efl: d’un autre auteur que le troifieme, &
probablement de quelque juif converti.
Le cdhonA'Efdras eft la colledion des livres dè
l’Ecriture faite par ce pontife, qui félon Genebrard,
de concert avec la grande fynagogue, les diftingua
par livres, & ceux-ci par verfets. S. Jérome dit qu’il
les. copia en caraéleres chaldéensqui font les quar-
rés, & laifla les anciens aux Samaritains. Ilparoit
que la fynagogue ne s’en eft pas tenue au canon d Efdras
, ÔC qu’elle y a ajoûté d’autres livres ; témoin
E S K
le livre SÈfdrài lui-même, & celui de Nehémias» Voye{ Canon. ( G)
EFFARAM, ( Géog. mod, ) ville du C o razan en
Âfie. Long, ÿf.- £8. lat. 3 6. 48•
E. SI M F ». E. M 1 L A 9ou Amplement E. caractère
ou terme de Mufique, qui indique la note de
la gamme que nous appelloris mi. Voye1 G amme
( S ) ■ ;• / r - . .....
ESKIMAUX, (Gèog.) peuple fauvâge de l’Amérique
feptentrionale, fur les côtes de la terre de Labrador
& de la baie d’Hudfon, pays extrêmement
froids. . : : • >. ..
. Ce font lés fauvages des fauvages, & les feuls
de l’Amérique qu’on n’a jamais pû apprivoifer; petits,
blanes j.gros, & vrais antropophages. On voit
chez les autres) peuples, des manières humaines, quoi-:
qu’extraordinaires, mais dans ceux-rci tout eft féroce
& prefqu’incroyable.
Malgré la rigueur du climat, ils n’allument point
de feu , vivent de chafle, & fe fervent de fléchés
armées de pointes faites de dents de vaches marines
, ou de pointes de ferquand ils en peuvent avoir.
Ils mangent tout crud, racines^ viande, & poif-
fon. Leur nourriture la plus ordinaire eft la chair
de loups ou veaux marins; ils font auffi très-friands
de l’huile qu’on en tire. Ils forment de la peau de
ces lortes de bêtes, des facs dans lefquels ils ferrent
pour le mauvais tems une provifion de cette chair
coupée par morceaux.
- Ils ne quittent point leurs vêtemens, & habitent
des trous foûterrains, où ils entrent à quatre pattes.
Ils fe font de petites tuniques de peaux d’o ileaux,
la plume en-dedans, pour fe mieux garantir du
froid, & ont par-defliis en forme de chemife d’autres
tuniques de boyaux ou peaux d’animaux cou-
fues par bandes, pour que la pluie ne les pénétré
point. Les femmes portent leurs petits-enfans fur
leur dos, entre les deux tuniques, & tirent ces pauvres
innocens par-deflous le bras ou par-deflus l’épaule
pour leur donner le teton.
Ces fauvages conftruifent des canots avec des
cuirs ., & ils les couvrent par-deflus , laiflant au
milieu une ouverture comme à une bourfe, dans
laquelle un homme feui fe met, enfuite liant à fa
ceinture cette efpece de bourfe, il rame avec un
aviron à deux pelles, & affronte de cette maniéré
la tempête & les gros poiffons.
Les Danois ont les premiers découvert les Eski-
maux. Le pays qu’ils habitent eft rempli de havres,
de ports , & de baies , où les barques de Quebec
vont chercher en troc de quincaillerie , les peaux
de loups marins que ces fauvages leur apportent
pendant l’été. Extrait d’une lettre de Ste Helene , du
^ o Octobre t j 5i. Voye^ auffi fi vous voulez la relation
du Groenland inférée dans les voyages du Nord,
& ceux du baron de la Hontan : mais ne croyez point
que ces livres fatisfaffent votre curiofité, ils ne contiennent
que des fi&ions ; ce qui n’eft pas étonnant,
puifqu’aucun voyageur, ni aucun armateur, ne s’eft
encore hafardé de pénétrer dans le vafte pays de Labrador
pour en pouvoir parler. Ainfi les Eskimaux
font le peuple fauvage de l’Amérique que nous con-
noiffons le moins jufqu’à ce jour. Article de M. le
Chevalier DE J a u c o u r t .
ESLINGEN, (Gèograph. mod.) ville du duché de
Wirtemberg, dans le cercle de Soiiabe, en Allemagne
; elle eft fituée fur le Neckre, Long. xy. 5o . lat.
48.40- 7
ESMILIER , V. a£l. terme d’Ouvrier de bâtiment;
c ’eft équarir du moilon avec le marteau, & piquer
fon parement. ( P )
- ESMINE ou EMINE , f. f. (Commerce. ) forte de
mefure qui fert en quelques endroits à mefurer les
grains & les légumes. Il y a auffi une autre èmine
E S P 9 5 3
qui étoit autrefois une mefure des liquides. Poye£ Hemine. (G ) ■
ESMOUTIER, (Géog. mod.) ville du Limofin,
en France. Long.- tÿ. z z . lat. 4.5. 4S.
ESOTERIQUE, adj. Voye^^ Éx o tÉriquë.
ESPACE, fubft. m. (Métaphyf ) La queftion fût
la nature de Yefpàce, eft une d.es plus fameufes qui
ayent partagé les Philofophes anciens & modernes ;
auffi eft-elle, feloh plufieurs d’entr’eux, une des plus
effentielles > par l’influence qu’elle a fur les plus iir.*
portantes vérités de Métaphyfique.
- Les Philofophes en ont donné des définitions fort
différentes, & même tout oppofées. Les uns difent
que Yefpace n’eft rien fans les corps, ni même rien
de réel en lui-même ; que c’eft une abftrafliort de
l’efprit, un être idéal, que ce n’eft que l’ordré dès
çhofes entant qu’elles c o - exiftent, & qu’il n’y a
point d’ejpace farts corps. D ’autres au contraire fou*
tiennent que Yefpace eft un être abfolu, réèl; & distingué
des corps qüi y font placés ; que c’eft urte éten*
due impalpable, pénetrable , non folide, le vafe uni*
verfel qui reçoit les corps qu’on y place ; en un mot
une efpece de fluide immatériel & étendu à l’infini,
dans lequel les corps nagent.
Le fentiment d’un efpace diftingué de la matière à
été autrefois foûtenu par Epicure, DémoCrite, &
Leucippe, qui regardoient Yefpace comme un être
incorporel, impalpable, ni aétif ni paffif. Gaffendi
a renouvetlé de nos jours cette opinion, & le célébré
Loke dans fon livre de Y entendement humain, ne
diftingué Yefpace pur des corps qui le rempliffent,
que par la pénétrabilité.
KLeill, dans fon introduction à la véritable Pky-
Jique, ôt torts les difciples de Lok e, ont foûtenu la
même opinion ; Keill a même donné des théorè*
mes , par lefquels il prétend prouver que toute la
matière eft parfemée de petits efpaces ou interftices
abfolument vuides, & qu’il y a dans les corps beaucoup
plus de vuide que de matière folide.
L’autorité de M. Ne\vton a fait embrafler l’opinion
du vuide abfolu à plufieurs mathématiciens^
Ce grand homme croÿoit, au rapport de M. Loke ,
qu’on pou voit expliquer la création de la matière,
en fuppofant que Dieu auroit rendu plufieurs parties
de Yefpace impénétrables : on voit dans le Jcho-
lium generale, qui eft à la fin des principes de M.
Newton, qu’il croyoit que Yefpace étoit l’imnlenfité
de Dieu; il l’appelle dans fon optique lefenforium de
D ieu , c’eft-à-dire ce par le moyen de quoi Dieu eft
préfent à toutes chofes.
M. Clarke s’eft donné beaucoup de peine pour
foûtenir le fentiment de M. Newton, & le lien propre
fur Yefpace, abfolu , contre M. Leibnitz qui pré-
tendoit que Yefpace n’étoit que l’ordre des chofes co-
exiftantes. Donnons le précis des preuves dont les
défenfeurs de ces deux opinions fe fervent, & des
objections qu’ils fe font réciproquement.
Les partifans de Yefpace abfolu & réel appuient
d’abord leur idée de tous les fecours que l’imagina*
tion lui prêté. Vous avez beau, difent-ils, anéantir
toute matière & tout corps, vous concevez que la
place que cette matière & ces corps occupoient fub-
fifte encore, qu’on y pourroit remettre les mêmes
chofes, & qu’elle a les mêmes dimenfions & propriétés.
Tranfportez-vous aux bornes de la matière
, vous concevez au-delà un efpace infini, dans le*
quel l’univers pourroit changer fans ceffe de place.
\Jefpace occupé par un corps, n’eft pas l’étendue dé
ce'corps ;.mai$ le corps étendu exifte dans cet efpace
, qui en eft abfolument indépendant ; car Yefpace
n’eft point une affeélion d’un ou de plufieurs corps ,
ou d’un être borné, & il ne pafle point d’un fujet
à un autre. Les efpaces bornés ne font point des propriétés
des fubftances bornées, ils ne font que des