9S0 E S Q léfion de la refpiration , ou de la déglutition caufée
par un vice des organes, qui fervent à ces fondions,
iitués au-deflùs des poumons & de l’eftomac ; mais
«lies different en ce qu’elles font avec tumeur apparente
ou non apparente, ou fans tumeur, par la nature
& le liège de la tumeur, quand il y en a , & par
le nombre des parties affe&ées qui intereffent la refpiration
ou la déglutition, ou les deux fondions ensemble
, d’où réfultent des effets fi variés ; par con-
féquent on ne peut pas indiquer une méthode de traitement
qui convienne à toutes les differentes efpe-
ces d’angine : comme les caufes font fi différentes ,
les remedes doivent être variés à-proportion , en-
forte qu’ils foient même quelquefois oppofés par
leur nature dans les cas qui le font aulîi, fans avoir
cependant beaucoup d’égard à la différence des parties
affedées.
Car foit que le larynx foit emflammé , ou le pharynx
, c’eft le traitement de l’inflammation qui eft
indiqué pour l’une comme pour l’autre partie : le
danger plus ou moins grand , exige feulement des
remedes plus ou moins prompts.
U angine inflammatoire peut fe terminer de la même
maniéré que l’inflammation en général : ainfi la
même cure de celle-ci convient à celle-là, dans fes
différens états (voyez Inflammation) comme dans
celle-ci ; c’eft à procurer la réfolution de l’humeur
morbifique qu’il faut diriger tous les fecours employés
à combatre l’angine : cette terminaifon eft
même plus à defirer tout autre cas en génédraanls, pcaertctee qmuea lcaedlilees qduee l ad faunps-
fpuuitreast ipolnus, dfuun sekftierrsh ed a,n os ul eds ep alart igeasn agfrfeendéé e, so ,n td odnest
il s’agit , que dans toute autre : la gangrené , fur-
tout , eft toûjours fuivie d’une mort prompte, lorf-
qu’elle eft étendue & profonde ; car il confte, par
plufieurs obfervations, que celle qui eft fuperficielle
peut être guérie, quoiqu’elle détruife & détache par
morceaux, en forme de croûtes ou pellicules blanchâtres
, toutes les membranes qui tapiffent la bouche
, la gorge, l’oefophage, les arriéré - narines, &
autres parties voifines.
Lors donc que l’on s’eft afluré par les lignes propres
que Yefquinancie a fon fiége dans l’intérieur du
larynx &c aux environs de la glotte , & qu’elle eft
inflammatoire , on examine fi l’inflammation eft encore
en nature ; fi on la trouve telle , on doit employer
, avec le plus de diligence qu’il eft poflible,
les moyens les plus propres à la réfoudre : pour cet
effet, on a recours fans délai à la faignée ; on la
fait abondante, & on la répété aux bras, aux pies,
& enfuite aux jugulaires & aux ranules, jufqu’à ce
que la pâleur du malade, le refroidiffement des membres
, la foiblefle , l’abattement des forces annonce
que le volume des humeurs eft fuffifamment diminué
, que les vaiffeaux font affaiffés , & que l’effort
du fang vers la tumeur n’eft plus aflez confidé-
rable pour l’augmenter & rendre les vaiffeaux plus
diftendus dans les parties enflammées : on doit faire
ufage dans la même vûe des purgatifs , tant émétiques
que cathartiques , & des lavemens de ces derniers
fur-tout, rendus aflez a&ifs dans les cas où le
malade ne peut pas avaler, & où ils doivent par confisquent
fuppléer à tous évacuans de l’eftomac & des
inteftins , fur-tout lorfque les remedes font particulièrement
indiqués par les lignes des mauvais levains
dans les premières voies , lefqueis venant à paffer
dans le fang, peuvent contribuer à augmenter la
caufe du mal : c’eft ainfi , par le moyen des lavemens
, que l’on doit fournir, dans ce ca s, au malade
la nourriture qui lui eft néceflaire , vu qu’il eft démontré
par l’expérience & l’anatomie , que les gros
boyaux ont des veines la&ées, propres à tranfmet-
ftc à la mafle des humeurs, tant les remedes que les
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alimens., & ceux-ci fur-tout, de maniéré qu’ils peuvent
fuffire pendant plufieurs jours pour loûtenir les
forces du malade , pourvu qu’ils loient de nature à
n’avoir pas befoin d’être préparés dans les vifceres
qui fervent à la confection du chyle, & qu’ils contiennent
un fuc nourricier tout prêt , tels que les
bouillons de viande, les oeufs délayés, le lait coupé
avec de l’eau, le petit-lait, les décodions de pain :
ces trois dernieres elpeces d’alimens liquides lont préférables
dans l'angine , félon Sydenham, qui détend
l’ufage de ceux qui font préparés avec la viande, à
caule de la difpolition qu’ils ont à fe pourrir : voyez
Us obfervations des auteurs furies lavemens nourriftans 9
recueillies par Stalpart W anderwiel.
Il faut en même tems employer des médicamens
nitreux & tirans fur l’acide, que l’on fait entrer dans
la compofition des gargarifmes avec le miel, dont
on humede fouvent la gorge pour ramollir le tiflù de
fes parties & le relâcher : c’eft pour remplir la même
indication que l’on fait aufli recevoir au malade
la vapeur humide & tiede de quelque préparation
à-peu-près de même nature que les gargarifmes mentionnés
; on doit répéter, prefque lans dilcontinuer,
l’ufage de ces fecours, qui peuvent être d’autant plus
efficaces , qu’ils font appliqués aux parties même
enflammées : on doit encore faire des applications
extérieures fous forme de fomentation, de cataplafi
mes ; les épifpaftiques propres à faire dérivation
vers quelqu’autre partie moins importante que celles
qui font enflammées, les ventoufes , les finapef-
mes appliqués au cou & à la poitrine, peuvent aufli
produire ae bons effets.
Si c ’eft le voifinage de l’os hyoïde & l’extérieur
du larynx qui font enflammés ? on doit employer
les mêmes remedes , mais plus légers & d’une maniéré
moins preffante : les cataplafmes adouciflans
& relâchans , & toute application extérieure qui
peut ramollir, font plus particulièrement recommandés
dans les angines de cette eipece.
L’inflammation du pharynx ne demande que les
mêmes remedes indiqués dans les cas précédens ,
mais fur-tout les gargarifmes & les fuffumigations ,
dont on doit faire un ufage encore plus fréquent ,
avec attention de ne mettre en mouvement les organes
affedés, que le moins qu’il eft poflible : ainfi
la matière des gargarifmes doit être retenue dans la
bouche fans l’agiter, & les vapeurs doivent être reçues
fans faire autre chofe que tenir la bouche ouverte
& immobile.
Si Y angine eft fuffocatoire, & que les remedes indiqués
ayent été employés trop tard , ou qu’on ne
les ait pas mis en ufage, ou qu’on l’ait fait inutilement
‘9 fi la maladie ne fait que commencer, & qu’elle
menace cependant d’étrangler le malade ; fi les
fymptomes, quoique très-mauvais, n’annoncent pas
que l’inflammation foit devenue gangreneufe, dans
ce cas il faut avoir recours à l’opération qu’on appelle
bronchotomie , pourvu que l’inflammation 8ç
l’obftacle à la refpiration ne foient pas fitués au-
deflous de l’endroit où l’on peut faire l ’ouverture de
la trachée artere , pour fiq>pléer par cette iflùe au
défaut de la glotte qui eft fermée dans ce cas. Voyez Bronchotomie.
Si l’inflammation angineufe a fait des progrès , &
qu’il fe foit formé un abcès, on tâchera de le faire
ouvrir par des applications émollientes , relâchantes
, qui puiflent affoiblir le tiflù du fac qui contient
la matière de la fuppuration ; les gargarifmes, les
cataplafmes appropriés, doivent être employés à
cette fin : on pourra aufli dans ce cas ranimer les forces
du malade, pour que le mouvement des tumeurs
augmenté fafle effort dans l’intérieur de l’abcès , &
en déchire les parois , pourvu qu’on n’ait rien à
craindre par cette augmentation de volume de h|
E S Q
comprefîïon des parties voifines de l’abcès ; s’il fe
trouve à portée d’être obfervé , & qu’il ne paroiffe
pas aflez-tôt difpofé à s’ouvrir, après qu’on s’eft
afluré que la tumeur eft molle, que la matière contenue
eft au point de maturation convenable pour
être évacuée avec facilité, on doit en faire l ’ouverture
de la maniéré que l’art le prefcrit (voyez.A b c
è s ) : s’il arrive que la matière de l’abcès fe répande
, par quelle caufe que ce foit, dans l’intérieur de
la trachée artere, il faut fe hâter de l’évacuer en lui
donnant iflùe par le moyen de la bronchotomie qui
dégorge les poumons plus promptement que par la
voie de la feule glotte : après l’ouverture d un abcès
, dans quelle partie de la gorge que ce puiffe
être, on doit faire ufer au malade de gargarifmes
& de tifannes propres à déterger les ulcérés.
Lorfque Y angine devient gangreneufe , & que les
parties ne font pas aflez profondément affedées pour
que la mort fuive de près , il convient d’empêcher
les progrès de l’inflammation, pour arrêter ceux de
la gangrené ÿ ce que l’on fait par les faignees ultérieures
, fi les forces le permettent, par les laxatifs
propres à procurer une douce évacuation par la
voie des felles, par les lavemens, par les autres remedes
appropriés. Voyez Gangrené. L’oximel délayé
avec la décodion de fleur de fureau, peut être
employé très-utilement en gargarifmes, & fous forme
de vapeurs reçues dans la bouche pour faciliter
la féparation de l’efcare. *
La curation des angines humorales froides, telle
que l’aqueufe , l’oedémateufe , la catarrheufe , la
skirrheufe , s’exécute, i° . par le moyen des remedes
qui relâchent les orifices des vaiffeaux excrétoires
de la lymphe ou mucofité, s’ils ont été refferrés
par le froid, par des aftringens employés mal-à-propos
; tels font les émolliens appliqués fous forme de
cataplafme extérieurement, & fous forme de gar-
garifine, de vapeur dans la bouche: z°. par le moyen
des réfolutifs, ou des corrofifs, ou des incifions , fi
l’engorgement des vaiffeaux lymphatiques eft occa-
fionné par des obftrudions, des concrétions qui gênent
le cours des humeurs, fi Y angine eft caufée par
un skirrhe : 3°. par le moyen des purgatifs hydra-
gogues, des fudorifiques, des diurétiques , des apo-
phlegmatifans, des veficatoires , des fcarifications,
& de la fedion des parties qui en font fufceptibles ,
& par l’abftinence des liquides & un régime échauffant
, defféchant, fi Y angine eft caufée par une infiltration
du tiflù cellulaire quife remplit de férofités.
Vangine chancreufe eft incurable, & netarde pas
à faire périr ceux qui ont le malheur d’en etre affectés.
L’angine qui eft caufée par un relâchementpara-
lytiqüe , fe guérit par les remedes contre la paraly-
fie. Voyez P a r a l y s i e .
Celle qui dépend du relâchement des organes de
la gorge par épuifement, à la fuite de quelque grande
évacuation, de longues maladies, eft ordinairement
mortelle ; la diete cardiaque analeptique fe-
roit le feul moyen que l’on pourroit employer pour
en tenter la guérifon, en faifant ceffer la caufe oc-
cafionnelle , fi on en avoit le tems.
V e fq u in a n c ie qui eft l’effet d’un refferrement con-
vulfif, fymptome de la paflion hypocondriaque ou
hyftérique , doit être traitée par les remedes anti-
fpafmodiques & anti-hyftériques.
L’angine qui eft occafionnée par la compreflion
des vents arrêtés & raréfiés dans l’oefophage , qui
preffent la trachée-artere ou refferrent le larynx,doit
être traitée par les remedes contre le fpafme & la
flatulence, Voyez Flatulence. La plus grande partie
de cet article eft extraite des aphorifmes de Boerhaa-
v e & du commentaire de cet ouvrage, par "Wanfvie-
ten. ( d ) . , ,
f ESQUINE, f. f, ( Manege. ) terme qui a ete em-
E S Q 981
ployé par tous les auteurs anciens, & qui néanmoins
n’eft pas tombé dans l’oubli, ainfi que quelques per-
fonnes fe le perfuadent. Nous en faiions un ufage fréquent
en parlant du dos & des reins , non d’un cheval
qui eft dans le repos, mais d’un cheval qui manie
& qui eft en mouvement. Lorfque , par exemple
, un cheval voûte en quelque maniéré fon dos
en fautant, nous difons qu'il faute de l'efquine, nous
vantons la force ou la foiblefle de fon efquine, pour
vanter la force ou la foiblefle de fes reins , &c. WBÊÊÊÊ H ESQUISSE, f. f. ( Peinture.) Ce terme, que nous
avons formé du mot italien fchi^o, a parmi nous
une lignification plus déterminée que dans fon pays
natal : voici celle que donne, au mot italien fchi^ç,
le dictionnaire de la Crufca : fpe^ie di difegtio fen%_a
ombra, e non terminato ; efpece de deffein fans ombre
& non terminé. Il paroît par-là que le mot ef-
quiffe, en italien, fe rapproche de la lignification du
mot françois ébauche; & il eft vrai que chez nous
efquijfer veut dire former des traits qui ne font ni ombrés
ni terminés; mais par une fingularité dont l’ufage peut
feul rendre raifon, faire une efquiffe ou efquijfer, ne
veut pas dire précifément la même chofe. Cette première
façon de s’exprimer, faire une efquiffe, lignifie
tracer rapidement la penfée d’un fujet de peinture,
pour juger enfuite fi elle vaudra la peine d’être mife
en ufage ; c ’eft fur cette lignification du mot efquiffe
que je vais m’arrêter, comme celle qui mérite une
attention particulière de la part des Artiftes.
La difficulté de rendre plus précifément le fens de
c e mot, vient de ce qu’au lieu d’avoir été pris dans
les termes généraux de la langue, pour être adopté
particulièrement à la Peinture, il a été au contraire
emprunté de la Peinture pour devenu un terme plus
général : on dit faire ïefquiffe d’un poëme, d’un ouvrage,
d’un projet, &c.
En Peinture, Y efquiffe ne dépend en aucune façon
des moyens qu’on peut employer pour la produire.
L’artifte fe fert, pour rendre une idée qui s’offre
à fon imagination, de tous les moyens qui fe pré-
fentent fous fa main ; le charbon, la pierre de couleur,
la plume, le pinceau, tout concourt à fon but
à-peu-près également. Si quelque raifon peut déterminer
fur le choix, la préférence eft dûe à celui des
moyens dont l’emploi eft plus facile & plus prompt,
parce que l’efprit perd toûjours de fon feu par la lenteur
des moyens dont il eft obligé de fe fervir pour
exprimer & fixer fes conceptions.
Vefquiffe eft donc ici la première idée rendue d’un
fujet de Peinture. L’artifte qui veut la créer, & dans
l’imagination duquel ce fujet fe montre fous différens
afpefts, rifque de voir s’évanoiiir des formes
qui fe préfentent en trop grand nombre, s’il ne les
fixe par des traits qui puiflent lui en rappeller le fou-
venir.
Pour parvenir à fuivre le rapide effor de fon génie
, il ne s’occupe point à furmonter les difficultés
que la pratique de fon art lui oppofe fans çeffe ; fa
main agit pour ainfi dire théoriquement, elle trace
des lignes auxquelles l’habitude de defliner donne
à-peu-près les formes néceffaires pour y reconnoître
les objets ; l’imagination , maîtreffe abfohie de cet
ouvrage, ne fouffre qu’impatiemment le plus petit
ralentiffement dans fa production. C ’eft cette rapidité
d’exécution qui eft le principe du feu qu’on voit
briller dans les efquiffes des peintres de génie. ; on y
reçonnoît l’empreinte du mouvement de leur ame ;
on en calcule la force & la fécondité. S’il eft aifé de
fentir par ce que je viens de dire, qu’il n’eft pas plus
poflible de donner des principes pour faire de belles
efquiffes que pour* avoir un beau génie, on doit en
inférer aufli que rien ne peut être plus avantageux
pour échauffer les Artiftes, & pour les former, que