ENTE, ENTER, ENTURË , ('Jardinage.) eft la même chofe que greffier. Foye^ Greffe. (A)
ENTÉ , adj. terme de Blafon, qui fe dit des partitions
, & des faces ou bandes qui entrent les unes
dans les autres à ondes rondement.
Maillé-Brezé en Normandie, fafcé, enté, ondoyé
d’or & de gueules.
ENTÉES, f. f. ( Fenerie.) Ce font des fumées de
cerf ou de biche, dont deux ne font qu’une, & qui
peuvent fe féparer fans fe rompre.
ENTER, v. a£t. en Architecture, fe dit de deux
pièces de bois affemblées bout-à-bout, pofées perpendiculairement
comme des poteaux-corniers ëc
autres. (P) Enter , (Fauconn.) c’eft lorfqu’un oifeau a une
penne froiffée , rompue, albrenée , la rejoindre à
une autre. Il fe dit aufli de la penne qu’on raccommode
à l’aiguille ou au tuyau.
ENTES, f. f. ( Chaffie.) peaux d’oifeaux remplies
de foin ou de paille, qu’on fiche à un piquet planté
en terre , pour fervir d’appas aux autres oifeaux ,
& les attirer dans les rets qu’on leur a tendus.
ENTENDEMENT, f. m. {Logique.) n’eft autre
chofe que notre ame même, en tant qu’elle conçoit
ou reçoit des idées.
Quand je dis affirmation, négation, dejîr, contentement
, ennui, approuver , & c . je ne prononce point
des mots deftitués de fens : cependant je ne me repréfente
point ce dont je parle fous aucune forme
corporelle. La puiffance que nous avons de penfer
ainfi, s’appelle l'entendement, ou la faculté intellectuelle.
A la vérité, dans le tems même que l’entendement
pur s’exerce & s’applique fur fes idées, l’imagination
préfente aufii fes images & fes phantô-
mes : mais bien loin de nous aider par fes foins, elle
iie fait que nous retarder & nous troubler. Il faut
donc mettre une grande différence entre les idées de
Y entendement, & les phantômes de l’imagination.
L’entendement conçoit avec netteté; mais dans ce
que l’imagination préfente, il n’y a le plus fouvent
que confufiori. Je comprends fort bien ce que c’eft
qu’une figure formée de 120 ou de 124 côtés égaux ;
j’eri démontrerai la génération & les propriétés :
mais la peinture que l’imagination s’en fait, n’eft
point diftin&e. \Jentendement détermine tous ces côtés
, & les compte nettement ; l’imagination n’ofe-
roit l’entreprendre, elle n’en fauroit venir à bout.
L ’‘entendement & l’imagination ont l’un & l’autre des
idées fort claires d’un triangle ;■ mais celle de l’imagination
eft plus vive & plus frappante, parce qu’elle
eft accompagnée de fenfations. Quant à une figure
de 120 côtés, celle que l’imagination préfente
eft confufe. Lorfque dans une hiftoire l’on me parle
de 50 bataillons 8r de 53 efcadrons, ces deux nombres
font très-précifément conçus par mon entendement
; mais l’imagination s’embrouille, & ce qu’elle
conçoit, elle fe le repréfenteroit de même, fi ce détail
avoit été compofé d’autres nombres.
Non-feulement Y entendement fe forme des idées
précifes de ce que l’imagination ne préfente que très-
confufément, il en redifie de plus les contradictions.
L’imagination ne fe repréfentera jamais les
Antipodes que renverfés ; mais Y entendement fe convainc
qu’un homme n’a point cette fituation, dès
que fes piés font plus près que fa tête du centre de
la terre. Foye{ Antipodes.
L’efprit a d’autant plus d’étendue, qu’il peut penfer
à Un plus grand nombre de chôfes à la fois, paf-
fer plus rapidement d’une penfée à une autre, & en
parcourir un grand nombre comme d’un feul coup-
d’oeil ; de même qu’un bras eft plus robufte, lorfqu’il
agit avec plus de promptitude & qu’il foûtient une
plus grande quantité de poids en même tems. Or il
en eft de la force de Y entendement, comme de celle
du corps ; elles croiffent l’une & l’autre paH’exer-
cice, mais par un exercice modéré, réglé, & dont
les efforts s’augmentent infenfiblement. Un efprit qui
reftera dans l’inaftion, demeurera toujours étroit ;
& celui qui entreprendra tout-à-là-fois un trop grand
nombre de chofes, & fe portera d’abord aux plus
difficiles, loin de redoubler fes forces, les affoiblira
& courra rifque de les perdre entièrement. Il faut
donc aller par ordre, c’eft-à-dire commencer par le
plus aifé, & des connoiffances les plus fimples ne
paffer jamais tout d’un coup aux plus difficiles ; mais
s’avancer par degrés des fimples à celles qui ne font
que tant-foit-peu compofées, & de-là s’élever à d’autres
un peu plus difficiles à démêler, &c. Il n’en faut
jamais quitter aucune fans l’avoir diftinflement com-
prife, & fe l’être rendue familière. Quand on étudie
les Mathématiques avec cette précaution, les dé-
monftrations les plus compliquées ne font guere plus
de peine que les plus fimples n’en faifoient au commencement.
Un enfant n’attend pas fix ans pour
compter jufqu’à trois ; qu’on lui apprenne à dire 5;
& 1 c’eft 4, 4 & 1 c’eft 5 ; qu’un quart-d’heure après
on le lui faffe répéter, il n’a plus befoin d’effort pour
compter jufqu’à cinq. Qu’on mette toujours des intervalles
entre les progrès qu’on lui fera faire ; la
fécondé dixaine le fatiguera encore un peu : dès qu’it
fera venu à 20, on lui rendra familiers peu-à-peu les
noms des dixaines jufqu’à 100; & dès qu’il faura remplir
l’intervalle de 20 à 30, il faura remplir les autres
jufqu’à cent. Foy. les articles Évidence , Sensations
, où l’on expofe & l’on déduit par une méthode
philofophique l’origine & le progrès de nos
idées, c’eft-à-dire des opérations de notre entendement.
Cet article efl tiré des papiers de M. F o r m e y .
ENTENDRE LE NUMERO, (Comm.) c’eft en
terme de Commerce , connoître le véritable prix
d’une marchandife, caché fous la marque que le
marchand a coutume d’y mettre , & dont il n’y a
que lui & fes garçons qui ayent la clé. Foye^ Numéro
, Chiffre , & Marque. Diclionn. de Commerce
y de Trévoux, & Chambers. (G) Entendre les Talons , {Manège.) Voy, Fuir
les Talons.
ENTENNES, f. f. {Marine.) Les entennes d’une
machine à mater font trôis mâts plantés fur le côté
de la machine, oh font frappées les caliournes qui
fervent à élever les mâts. (Z )
ENTENTE, f. f. On dit, en Peinture, ce tableau»,
eft bien entendu, eft d’une belle entente ; c’eft-à-dire
que l’ordonnance en eft bien entendue, qu’il eft conduit
avec beaucoup à!entente, foit pour la difpofitiort
du fujet, foit pour les expreffions, le contrafte, ou;
la diftribution de lumières. Entente fe dit aufli d’une
partie d’un tableau feulement : ce grouppe, cette figure
font d’une belle entente de lumière, de con-^
trafte, Oc. Diclionn. de Peint. {R)
ENTER, f. f. {Bas au métier.) c’eft doubler le fi|
fur un certain nombre d’aiguilles. Foye^ , à Partiel« Bas au Métier , comment Yenture fe pratique. Les,
réglemens veulent que les enturcs ayent au moins
fix mailles, & foient doubles & bien nettes.
ENTÉRINEMENT, f. f. {Jurifprud.) fignifie I»
difpofition d’un jugement, qui donne un plein & entier
effet à quelque aûe qui ne pouvoit valoir autrement.
Ce terme vient au mot gaulois enterin, qui
fignifioit entier , & entérinement qui fignifioit entièrement.
On difoit fiefentèrin, pour fief entier. On demande
en juftice Y entérinement des lettres de refei-
fiôn, & des lettres de requête civile ; & lorfqu’elles
paroiffent bien fondées, le juge en ordonne Y entérinement,
c’eft-à-dire la pleine & entière exécution»
Ce terme paroît propre pour exprimer l’exécution
qui eft ordonnée de certaines lettres du prince ; poux;
les fta*uts, tranfaftions, fenfences arbitrales, on fe j fert du terme à’homologation. {A )
ENTÉROCELE, f. f. en Chirurgie , hernie ou def-
cente des inteftins dans le pli de l’aine. Le mot eft
formé du grec *mpov, intefiin, & Kt/X» ; tumeur.
1 C ’eft ordinairement l’inteftin iléon qui forme la
tumeur herniaire dont il eft queftion.
La caufe prochaine de Yentérocele eft la relaxation
ou l’extenfion de la partie inférieure du péritoine,
qui paffe alors à-travers l’anneau du mufcle oblique
externe. Ses caufes éloignées font les grands efforts,
les exercices trop rudes* la toux violente, le fréquent
vomiffement, les cris, &c. ce qui fait que les
enfans y font plus fujets que les autres. Voye{ Hernie.
(F )
ENTÊROÉPIPLOCELE, f. f. {Chirurg.) tumeur
au pli de l’aine, formée par l’inteftin & l’épiploon.
Voye^ Hernie.
Ses caufes font les mêmes que celles de l’entéro-
ce\e. Foye^ Entérocele. (F )
ENTÉROÉPLIPLOMPHALE, f. f. {Chirurgie.) efpece d’exomphale ou de hernie, dans laquelle les
inteftins 8c l’épiploon forment une tumeur au nombril.
Foye{ Exomphale.
Ce mot eft compofé de tvrtpov, intefiin, tmnXoov,
épiploon, & o/jtipaxôç, nombril. (F )
ENTÉRO-HYDROMPHALE, f. f. en Chirurgie, efpece d’exomphale dans laquelle, outre le déplacement
de l’inteftin qui lui eft commun avec l’exom-
phale, il fe ramaffe encore une quantité d’humeur
aqueufe. Voyeç Exomphale.
Ce mot eft formé-du grec tvrtpov , intefiin, SS'eap,
aqua , eau, férofité, & de o/Mpa\oç, nombril. ( F )
ENTÉROLOGIE, f. f. {Anatomie.) mot compofé
de tvrtpov, intefiin , vifeere , & xèyoç , fermo , discours
; c’eft proprement un traité des vifeeres, quoique
ce mot s’entende généralement des vifeeres des
trois cavités , de la tête, de la poitrine, & du bas-
ventre. Foye£ VISCERE. {L)
ENTEROMPHALE, f. f. (Chirurgie.) efpece d’exomphale
, dans laquelle les inteftins fortent de leur
place, & forment une tumeur dans le nombril. V y . Exomphale.
Ce mot eft formé du grec tvrtpov, intefiin, & oprpa-
xiç, nombril. ( F )
E N T É R O T O M IE , f. f. opération de Chirurgie,
incifion à l’inteftin pour en tirer des corps étrangers.
Cette opération eft un remede extrême, qu’on ne
doit employer que dans des cas oh il pourroit encore
donner quelque efpérance, & où, faute de recourir
, la mort eft inévitable.
L’expérience nous fournit la preuve de la poffibi-
lité de cette opération dans la guérifon des plaies des
inteftins. L'entérotomie peut être très -néceffaire dans
plufieurs circonftances, &£ principalement dans 1 o-
pération de la hernie, lorfque des corps étrangers fe
feront gliffés dans la portion étranglée de l’inteftin,
& qu’ils en empêcheront la réduction : dans ce cas il
faudra retenir l’inteftin au bord de la plaie, pour
éviter l’épanchement qui pourroit arriver fi on le re-
plaçoit dans le ventre après cette opération,^
M. Hevin a traité de la poffibilité & de la néceflîté
de Y entérotomie, dans un mémoire fur les corps étrangers
de Poefophage, inféré dans le I. volume de ceux
de l'académie royale de Chirurgie. ( F )
E N T E R R A G E , f. m. terme de Fonderie, eft un
maflîf de terre dont on remplit régulièrement la foffe
autour du moule, pour le rendre plus folide & l’entretenir
de tous côtés. On remplit les galeries jufqu’à
l’effleurement du deffus dés grais, au-deffous de la
grille, avec du moilon maçonné avec du plâtre mêlé
de terre cuite pilée. On comble la foffe avec de la
terre mêlée de plâtre, qu’on bat avec des pilons de
cuivre pour la rendre plus ferme. Foye^ les Fonderies
des figures en bronze.
ENTERREMENT, f. m. {Jurifprud.) Voye^ Sépulture.
ENTERRER LES FUTAILLES , {Mar.) c’eft-à-
dire les mettre en partie, ou les enfoncer un peu
dans le left du vaiffeau. (Z)
ENTÊTER, v. aft. c’eft:, en termes d'Epinglier ,
attacher la tête à la hanfe, de maniéré qu’elle pa-
roiffe y avoir été foudée. Cela fe fait dans le métier
entre le poinçon & l’enclume. Foy. Métier, Poinçon
, Enclume , Epingle , & les figures, Planche
de l'Epinglier.
ENTHLASIS, f. {.{Chirurgie.) efpece de fraûure
du crâne faite par inftrument contondant, dans laquelle
l’os eft: brifé en plufieurs pièces, avec dé-
preflion 8t plufieurs fentes qui fe croifent. Ce mot eft
grec, tvBxaeiç, collifio, infractio, fraâure à plufieurs
pièces, du verbe tvûxdo, infringo , je brife. Foyc^ Trépaner. (F)
ENTHOUSIASME, f. m. {Philof. & Belles-Leu.)
Nous n’avons point de définition de ce mot parfaitement
fatisfaifante : je crois cependant utile au progrès
des beaux arts qu’on en cherche la véritable lignification,
& qu’on la fixe, s’il eft pofiible. Communément
on entend par enthoufiafme , une efpece
de fureur qui s’empare de l’efprit & qui le maîtrife,
qui enflamme l’imagination , l’éleve, & la rend féconde.
C’eft un tranfport, dit - on, qui fait dire ou
faire des chôfes extraordinaires & furprenantes ;
mais quelle eft cette fureur & -d’où naît-elle î quel
eft ce tranfport, & quelle eft la caufe qui le produit
? C ’eft-là, ce me femble, ce qu’il auroit été né^
ceffaire de nous apprendre, & dont on a cependant
paru s’occuper le moins.
Je crois d’abord que ce mouvement qui éleve l’e fprit
& qui échauffe l’imagination, n’eft rien moins
qu’une fureur. Cette dénomination impropre a été
trouvée de fang froid, pour exprimer une caufe dont
les effets ( quand on eft dans cet état paifible ) ne
fauroient manquer de paroître fort extraordinaires*
On a cru qu’un homme devoit être tout-à-fait hors
de lui-même, pour pouvoir produire des chofes qui
mettoient réellement hors d’eux - mêmes ceux qui
les voyoient ou qui les entendoient: ajoutez à cette
première idée Y enthoufiafme feint ou vrai des prêtres
du Paganifme, que la charlatanerie les engageoit à
charger de grimace & de contorfion, &c vous trouverez
l’origine de cette fauffe dénomination. Le peuple
avoit appellé ce dernier enthoufiafme, fureurpror
phètique ; ôcles pédans de l’antiquité (autre partie du
peuple peut-être encore plus bornée que la première)
donnèrent à leur tour à la verve des poètes, dont
il n’eft pas donné aux efprits froids de pénétrer la
caufe, le nom fuperbe de fureur poétique.
Les poètes flatés qu’on les crût des êtres infpirés*
n’eurent garde de détromper la multitude ; ils affû-
rerent dans leurs vers, au contraire, qu’ils l’étoient
en effet, & peut-être le crurent-ils de bonne-foi eux-
mêmes.
Voilà donc la fureur poétique établie dans le mon-;
de comme un rayon de lumière tranCcendante, comme
une émanation fublime d’en-haut, enfin comme
une infpiration divine. Toutes ces expreffions en
Grece & à Rome étoient fynonymes aux mots dont
nous avons formé en françois celui d’enthoufiafme.
Mais la fureur n’eft qu’un accès viplent de folie,
& la folie eft une abfence ou un égarement de la rai-*
fon ; ainfi lorfqu’on a défini l’enthoufiafme, une fureur
, un tranfport, c’eft comme fi l’on avoit dit qu’il
eft un redoublement de folie», par conféquent incompatible
pour jamais avec la raifon. C ’eft la raifon
leule cependant qui le fait naître; il eft un feu pur
qu’elle allume dans les momens de fa plus grande
fiipériorité. Il fut toujours de toutes fes opérations
la plus prompte, la plus animée. Il fuppofe une m ut