
5 9 4 E S S
adhèrent, avec beaucoup plus de foin & d’exa&i-
tude que de toute autre mine. Il n’eft donc pas étonnant
que le flux attaque promptement l’étain, & le
vitrifie en conféquence de la'diffipationduphlôgif-
tique occafionné par un feu continué beaucoup plus
îong-tems qu’il ne convient , fans compter que l’étain
devient d’autant plus mauvais, qu’il eft expofé
plus long-tems à l’ardeur du feu. Néanmoins on peut
juger de l’exa&itude ou de l’inexattitude de l’opération
par la perfeâion ou l’imperfe&ion des fcories
falines, la diffémination des grains métalliques dans
ces fcories ou par les fcories > provenant du métal
détruit & réduftible qui fè trouve principalement
dans le voifinage du culot. On peut inférer de tout
ce qui vient d’être d i t , qu’il faut avoir recours à
une autre méthode par laquelle on puifle voir ce qui
fe paffe dans les vaiffeaux pendant l’opération. Elle
confifte à placer un creufet dans un fourneau de fu-
fion, à y jetter en deux ou trois fois rapprochées,
quand il fera d’un rouge de cerife , le mélange de
mine & de flux, & de le recouvrir ; quelque minutes
après, on en éloigne les charbons avant que de le
découvrir. Alors fi l’on voit le flux en fonte bien liquide
& bouillant paifiblement fans écume, il faut
l ’ôter & le laiffer refroidir. On le cafle pour en avoir
le culot.
La mine de fer fe grille comme celle du plomb,
mais plus fortement, & on la torréfie une fécondé
fois. On la mêle exactement avec trois parties de
flux, compofé d’une partie de verre pilé, d’une demi
partie de fiel de verre & de poufliere de charbon
: on couvre le tout de fel commun. On place le
creufet dans le fourneau à vent : on le cafle quand
il eft refroidi pour en avoir le culot.
Quoique la torréfaction enleve la plus grande partie
du foufre & de l’arfenic à la mine de fer, néanmoins
il en paffe encore dans le bouton une quantité
qui l’aigrit. C’eft pour lui enlever ces dernieres
portions qu’on mêle aux mines de fer des abforbans
terreux dans les travaux en grand , & qu’on forge
enfuite la fonte, comme aum pour lui enlever la
terre non métallique qu’elle contient. Cet article ejî
de M. DE VlLLIEKS.
ESSAIM, f. m. (Hijl. nat. Infectolog.) volée d’abeilles
qui fortent d’une ruche ou d’un tronc d’arbre
' pour aller fe loger ailleurs ; c’eft ce qu’on appelle un
ejpzim ou un jetton. Les ejfaims quittent la ruche en
différens tems, relativement à la température du climat
ou de la faifon. Dans ce pays-ci c’eft au plutôt à la mi-Mai, & au plus tard après la mi-Juin. On fait
qu’une ruche eft en état tfejfaimer, c’eft-à-dire de
donner un ejfaim , lorfqu’on y voit des abeilles mâles
que l’on nomme faux-bourdons. S’il y a une très-
grande quantité d’abeilles dans une ruche, & fi on
en voit une partie qui fe tienne au-dehors contre la
ruche ou fur le fupport, il eft à croire qu’il en for-
tira un ejfaim; mais ce ligne eft équivoque : la plus
grande certitude eft lorfque les abeilles ne fortent
pas de la ruche pour aller dans la campagne en aufli
grand nombre qu’à l’ordinaire, alors on peut compter
fur un ejfaim pour le jour même.
Dans les ruches qui doivent bien-tôt ejfaimer, il
fe fait pour l’ordinaire un bourdonnement le foir &
pendant la nuit ; quelquefois dans la même circonf-
tance on n’entend, même en écoutant de près, que
des fons clairs & aigus qui femblent n’être produits
que par l’agitation des ailes d’une feule mouche. Ordinairement
les ejfaims ne paroiflent pas avant les
dix ou onze heures du matin, ni après les trois heures
du foir, félon l’expofition de la ruche. La chaleur
que les mouches y produifent par leur grand nombre
étant augmentée par l’ardeur du foleil, oblige
Vejfaim à fortir ; quelques heures d’un tems chaud &
^ouvert ne font pas moins efficaces pour cet effet,
E S S
qu’un coup de foleil très-chaud : au contraire dei
jours trop froids pour la faifon empêchent la fortie
des ejfaims. Lorfque l’ejfaim eft prêt à prendre l’ef*
fo r , il fe fait un grand bourdonnement dans la ruche
, & plufieurs mouches en fortent : mais Yejfaim
ne fubfifteroit pas s’il ne s’y trouvoit une reine ,
c ’eft-à-dire une abeille femelle. Dès qu’elle quitte
la ruche, elle eft fuivie d’un grand nombre d’abeil1
les ouvrières , & en moins d’une minute toutes celles
qui doivent compofer l'ejfaim s’élèvent en l’air avec
la reine, elles voltigent, 8c quelquës-unes fe pofent
fur une branche d’arbre pour l’ordinaire, d’autres s ’y
raffemblent ; la reine fe tient à quelque diftance dé
ce grouppe, & s’y joint lorfqu’il a groffi à un certain
point. Alors toutes les abeilles s’ÿ réunifient bien«
tôt ; & quoiqu’elles foient à découvert, elles y ref-
tçnt en. fe tenant cramponnées les unes aux autres
par les jambes : on ne voit voltiger autour du group*
pe , qu’autant de mouches qu’il s’èn trouve autour
d’une ruche dans un tems chaud : mais lorfqu’il n’y
a point d’abeille femelle dans un ejfaim, il revient
bien-tôt à l’ancienne ruche.
S’il ne fe trouve pas auprès des ruches quelques
arbres nains auxquels les ejfaims puiffent s’attacher,
s’il n’y a que des arbres élevés , Y ejfaim prend foi*
vol fi haut & va fi loin qu’il eft fouvènt difficile de le
fuivre. Le meilleur moyen pour l’arrêter, eft de jetter
en l’air du fable ou de la terre en poudré qui retombe
fur les mouches , & les oblige à defeendre plus bas
& à fe fixer. On eft aufli dans l’ufage de frapper fur
des chauderons ou des poêles , fans doute pour e ffrayer
les abeilles par ce bruit comme elles le font
par celui du tonnerre qui les fait retourner à leur
ruche lorfqu’elles fe trouvent dans la campagne ;
mais il ne paroît pas que le bruit des chauderons
faffe beaucoup d’impreflion fur les abeilles, car c e lles
qui font fur des fleurs ne les quittent pas à ce
bruit.
. Lorfque le foleil n’eft pas trop ardent, on peut
mettre Yejfaim dans une ruche une demi-heure après
qu’il eft raffemblé, 8c que fes plus grands mouve-
mens ont été calmés ; on peut aufli attendre jufqu’à
une heure ou deux avant le coucher du foleil. Mais
fi Yejfàim étoit expofé à fes rayons, il pourroit changer
de place, & fe mettre dans un lieu où il feroit"
plus difficile à prendre : dans ce cas il n’y a pas de
tems à perdre. Lorfqu’il fe trouve fixé fur une branche
d’arbre peu élevée, il eft aifé de le faire palier
dans une ruche. On la renverfe , & on la tient de
façon que l’ouverture foit fous Yejfaim, on fecoue
la branche qui le foûtient, & il tombe dans la ruche
; il fuffit même que la plus grande partie de Yef
faim y entre dès qu’on a retourné la ruche 8c qu’on
l’a pofée à terre près de l’arbre, le refte y vient bientôt.
Mais fi plufieurs mouches retournoient fur la
branche où étoit Yejfaim , il faudroit la frotter avec
des feuilles, de fureau'& de rue dont elles craignent
l’odeur, y attacher des paquets de ces herbes, ou
enfin y faire une fumigation avec du linge brûlé ,
pour faire fuir les mouches & les obliger à aller dans
la ruche.
Lorfque Yejfaim eft fur un arbre fi élevé ou dans
des branches fi touffues qu’on ne puifle pas en approcher
la ruche, on le fait tomber fur une nappe,
& on l’enveloppe pour le defeendre ; en développant
la nappe, on pofe la ruche fur l’endroit où il
îe trouve le plus de mouches, & par des fumigations
on oblige les autres, s’il eft néceffaire, à entrer dans
la ruche. On peut aufli emporter Yejfaim en coupant
la branche à laquelle il tient, les mouches ne fe dif-
perferont pas fi on attend pour cette opération que
le foleil foit couché. Lorfque Yejfaim eft entré dans
le trou d’un arbre ou d’un mur, on peut en retirer
les mouches avec une cuillère, 8c les jetter dans là
E S S
fruche ; elles y relient, fur-tout fi c’eft le foir dans
un tems frais.
Pour engager les abeilles à demeurer dans la ruche
où on veut loger un ejfaim, on la frote avec des
feuilles de méliffe ou des fleurs de feves, &c. ou on
enduit fes parois avec du miel ou de la creme , mais
toutes ces précautions ne font pas abfolument né-
ceffaires ; il eft plus important d’empêcher que la ruche
ne foit trop expofée au foleil après que Yejfaim
y eft entré, une trop grande chaleur l’en feroit for-
tir ; c’eft pourquoi fi elle ne fe trouve pas à l’ombre,
ifr faut la couvrir avec une nappe ou des feuillages
jufqu’à ce qu’on la tranfporte dans l’endroit où elle
doit refter fur un fupport, ce qui fe fait dans le tems
du coucher du foleil ou quelque tems auparavant.
Une mere abeille eft en état de conduire un ejjaim
quatre ou cinq jours après qu’elle eft métamorpho-
fee en mouche, lorfqu’elle fort de la ruche elle eft
prête à pondre, 8c on croit que fes oeufs font déjà
fécondés. Comme il naît chaque année plufieurs
abeilles femelles dans une ruche, il s’en rencontre
toujours pour conduire les ejfaims, 8c quelquefois il
y en a plufieurs dans un feul ejfaim. S’il s’en trouve
deux, il arrive fouvent que Yejfaim fe partage en
deux pelotons, dont l’un eft beaucoup plus petit
que l’autre ; chacun a fa reine , mais les mouches
du petit peloton, fe réunifient peu-à-peu à l’autre,
& la reine elle-même les fuit & s’y mêle ; mais il ne
doit en refter qu’une dans Yejfaim, l’autre eft bientôt
tuée ; s’il y en a plufieurs de furnuméraires elles
ont le même fort, & les abeilles né s’arrangent 8c
ne travaillent dans la ruche qu’aprés cette exécution.
Il s’en fait une femblable dans l’ancienne ruche
après que Yejfaim eft forti ; s’il s’y trouve plus d’une
abeille femelle, il n’en refte qu’une ; on trouve les
autres mortes hors de la ruche.
Il fort quelquefois trois ou quatre ejfaims d’une
même ruche, mais le premier eft le meilleur ; les
autres font peu nombreux, 8c la ruche fe trouve dépeuplée
; dans ce cas il convient d’en réunir deux
dans une feule ruche. Pour empêcher qu’une ruche
trop foible ne donne un ejfaim , ou que plufieurs ef-
faims ne fortent d’une même ruche, on retourne le
panier de façon que les parois qui étoient en-arriere
fe trouvent en - devant : on tâche par ce moyen de
lès engager à remplir de gâteaux le vuide qui étoit
avant ce déplacement contre les parois poftérieures
de la ruche ; car les mouches commencent toujours
par garnir celles de devant': on exhauffe aufli la ruche
en l’allongeant par le bas , afin de donner un
nouvel efpace pour remplacement des gâteaux ;
mais ces expédiens font fort incertains.
Quelquefois deux ruches donnent en même tems
chacune un ejfaim , 8c ces deux ejfaims fe réunifient
enfemble : on peut les mettre dans une même ruche
s’ils ne font pas trop gros ; on peut aufli les féparer
en faifant tomber partie du grouppe qu’ils forment
dans une ruche, & partie dans une autre. S’il y a
une mere dans chaque ruche, les ejfaims réufliront ;
mais s’il n’y en a point dans l’une des ruches, il faut
néceffairement réunir le tout, & le partager de nouveau
jufqu’à ce qu’il fe trouve une mere dans chaque
ejfaim; pour cela on fait entrer toutes les mouches
dans une feule ruche, & enfuite on en fait tomber
une partie dans une autre : on eft fur qu’il y a
une mere dans chacune, lorfque les mouches s’y arrangent
& y travaillent.
Il y a des- ejfaims qui ne pefent qu’une livre, ils
font très-foibles ; car le poids des médiocres eft de
quatre livres, les bons doivent pefer cinq livres, &
les excellens fix livres : on en a vû un qui pefoit jufqu’à
huit, livres 8c demie. On fait par expérience
que cinq mille mouches pefent environ une livre.
Tome P.
E S S 995
Dès-qu\in ejfaim eft dans une ruche où il fe trouve
bien, les mouches y font des gâteaux quoiqu’elle»
y paroiflent en repos ; 8c dès le lendemain, fi le
tems eft favorable, on en voit fortir pour aller dans
la campagne ; quelquefois en moins de vingt-quatre
heures elles ont formé des gâteaux de plus de vingt
pouces de longueur fur fept à huit pouces de largeur*
Elles nettoyent aufli la ruche, & en ôtent tout ce
qui leur déplaît ; elles bouchent les ouvertures qui
ne leur font pas néceffaires, avec une efpece de réfine
rougeâtre que l’on appelle propolis. Un ejfaim
peut donner un autre ejfaim dans la même année ;
mais cela n’arrive pour l’ordinaire dans les environs
de Paris que l’année fuivante. Mémoir. pour fervir à
l'hift. des infect, tom* V. Voye£ ABEILLE, RüGHE,
Propolis. (/ )
* E S S A L E R ,v . aft. (Font* falante.') c’eft une .
opération qui fe fait fur la poefle, peu avant que de
la mettre entièrement au feu. On prend de là muire
qui provient des égouttures dufel formé : cette muire
eft forte & gluante ; on en arrofe la poefle, tandis
que le feu s’allume deffous ; elle forme avec la
chaux dont la poefle eft enduite, une efpece de ma-
ftic qui empêche les coulis. Cette précaution s’appelle
effaler. Voye[ Varticle SALINE,
ESSARTS, ( les) Géog. mod. petite ville de Poitou
en France. .
ESSARTER, ('Jard.) Voye{ DÉFRICHER*
ESSAYERIE, f. f. (.Artméch.) c’eft dans les foui»
des monnoies l’attelier où fe font les eflais.
ESSAYEUR, fubft. m. (à la Monnaie) officier d e .
monnoie qui fait l’effai 8c reconnaît le titre des métaux
que l’on veut employer, ou qui ont été fabriqués.
C ’eft fur le rapport de Yejfayeur. général des
monnoies de France, 8c fur celui de Yejfayeur particulier
de Paris, que la cour juge fi les pièces fabriquées
font au titre preferit ; 6c fur leur rapport, en
cas d’écharfeté, on procédé à condamnation.
ESSE, f. f. (Carrier.') c’eft un marteau courbé 8c
formant le croiflant ; il fert à fous-élever les pierres.
Le picot à deux pointes des mêmes ouvriers, ne di&
fere de Yejfe qu’en ce.qu’il eft double.
ESSEAU, f. m. (Ouvriers en bois.) c’eft une petite
hache recourbée, à l’ufage desTabletiers, des Charpentiers
, des Menuifiers, &c.
Esseau, ( Couv.) petit ais qu’on employé dans la
couverture des toîts. Foye^ Bardeau.
* ESSEDl/M , f. m. (Hijl. anc.) efpece de cha- •
riot en ufage chez les Belges & d’autres peuples des
Gaules ; il étoit à deux roues, 8c tiré par deux che- •
vaux ou deux mulets, marchant l’un à la queue de
l’autre. On s’en fervoit à la guerre. Les combattans
appellés EJfedains étoient debout dans leur effedum.
Les gens du peuple, lès perfonnes diftinguées voya-
geoient dans cette voiture ; on y mettoit indiftinâe-
ment & des hommes 8c des bagages ; on en conduirait
dans les triomphes ; on en fit courir dans les cirques
; on en fit même monter par des gladiateurs
d’où ils combattoient.
- ESSEIN, f. m. (Comm.) mefure de continence
pour les grains, dont on fe fert à Soiffons." !
Le muid de b lé, mefure de Soiffons, eft compofé
: de douze feptiers, & le feptier de deux effeins. Il faut
I trente-huit effeins pour faire le muid mefure de Paris,
| mais feulement pour le blé. (G)
ESSEK, (Géog. mod.) ville du comté de "Walpon
dans l’Efclavonie, en Hongrie; elle eft fituée fur la
Drave. Long, j G. 30. lat. 45. g G.
ESSELIER, f. m. che[ les Braffeurs, c’eft une des
pièces du faux-fond d’une de leurs cuves : cette pièce
eft à côté de la -maîtreffe piece, dans laquelle il y
a un trou quarré, pour paffer une pompe qui va jusqu’au
fond de là cuve. Voye^ T article Brasseur.
K K K k k k ij