L’expérience fait connoître que l’eau courante qui
n’eft point forcée, étant tenue au-deffus de l’orifice
■ du canon , d’un pouce perce dans la jauge , ou bien
à 7 lignes de fon centre, l’eau qui s’écoule par le
trou circulaire d’un pouce, dépenfe pendant l’efpace
d’une minute 13 pintes t mélùre de Paris ; ce qui
donne par heure deux muids d’eau % 8c 40 pintes, le
pié cube étant de 35 pintes, huitième du muid; 8c
ce même pouce par jour fournira 69 muids 120 pintes
, fur le pié de 280 pintes le muid. Si le muid
étoit de 288 pintes, qui eft la grande mefuré, le pié
cube feroit de 36 pintes, & cela changeroit le calcul
de l’écoulement ; le pouce d’eau donneroit alors par
heure 2 muids ^ & 18 pintes, 8c par jour 67 muids
\ , chaque muid étant augmenté de 8 pintes
La ligne d’eau tombant, fans être forcée, dans le
réfervoir, donne par heure environ 5 pintes 4-, &
y qu’on peut prendre pour j , qui fera la huitième
partie d’une pinte , qui eft une roquille ; ainli
cette ligne donne en une heure cinq pintes j 8c roquille,
8c en un jour 135 pintes mefure de Paris;
parce que la ligne quarrée n’étant que la 144e partie
d’un pouce quarré, elle ne doit fournir dans l’efpace
d’une heure que la 144e partie de l’eau que fournit
un pouce dans le même efpace de tems. Voye£ D ép
e n s e ! ( K )
ECOULER LE CU IR , terme de Corroyeur, c’eft
l’égoutter ou en faire fôrtir l’eau dont il s’eft chargé
dans le tonneau , ou lorfqu’on l’a foulé aux pies :
c ’eft avec l’eftire qu’on écoulé les cuirs.
* ECOURGEON, f. m. ((Econom. rufi.) efpece
d’orge qu’on appelle encore orge quarré , orge d'automne,
orge de prime : orge quarré, parce qu’il a comme
quatre angles ; orge d'automne , parce qu’on le
feme en cette faifon ; orge de prime, parce que c’eft
le premier grain qu’on moiflonne : il fe feme avec
le méteil, & demande une terre forte.
E CO U TE , f. f. en Architecture : on appelle ainli
les tribunes à jaloufies dans les écoles publiques, oit
fe tiennent les perfonnes qui ne veulent pas être
vues. (P)
ÉCOUTÉ, ÉCOUTÉE, adj. {Manège.) é p ith ete
q u e n o u s em p loy o n s en g én éral p o u r défigner to u te
a â io n fo û te n u e , ju fte & ca d e n c é e , 8c dans laquelle
to u s les tem s fo n t ex aéfem ent ég au x e n tr’e u x , 8c
p arfaitem en t diftin& s 8c m efu rés. Les mouvemens de
ce cheval font écoutés & très-bien fuivis, il exécute avec
beaucoup de précijîon. Q u elq u es au te u rs n e paroiffent
c e p e n d a n t a v o ir fa it ufa ge de c e t a d jeftif que p o u r
d iftin g u er le pas d ’éco le du pas d e cam pagne {voye%_
P a s ) ; m ais il s’ap p liqu e ég alem en t à to u te s les allu
res 8c à to u s les a irs , la jufteffe & l’h arm o n ie des
m o u vem en s d e l’anim al d é p en d an t to u jo u rs de l ’a tte
n tio n du c a v a lie r à faifir & à écouter to u s les tem s
des jam b es du ch ev al q u ’il tra v a ille , & de celle de
l’an im al à é c o u te r & à o b é ir p rom p tem en t au x aides
d u c a v a lie r q u i l’ex erce. V. M a n è g e & T e m s . (e)
ECOUTER, verbe a£h (Phyfiolog.) c’eft prêter
l’oreille pour oiiir, ou c’eft exercer a&uellement
celui des fens externes qu’on appelle oüie, par le
moyen des organes renfermés dans l’oreille , difpo-
fés à recevoir les impreflions de l’air qui tranfmet-
tent le fon. Voye{ O u ïe , S o n . (d )
ECOUTES, f. f. {Marine.) ce font des cordages
qui forment deux branches, & qui font amarrés aux
coins des voiles par en-bas ; elles fervent à ranger
la voile fuivant la maniéré la plus convenable pour
recevoir le vent. Il y a des écoutes à queue de rat,
c’eft-à-dire qui vont en diminuant vers le bout. Voy.
C o u e t s .
Toutes les voiles ont des écoutes, 8c ces cordages
portent le nom de la voile à laquelle ils font attachés.
Voye^ Planche /. de Marine. - • -
Grandes écoutes , qui fervent à border la grande
v o ile , n°. oy.
Ecoute d'artimon, c’eft celle qui borde la voile
d’artimon à la poupe du vaifleau , n°.y G. Pour manoeuvrer
cette voile il n’y a qu’une écoute qui ferve
à la
Ecoute de mifene, n°. 3#.
Ecoute du petit hunier, n°. 68.
Ecoute du perroquet de mifene , n.° Soi
• Ecoute de la Jivadiere , n°. 3 o . Les écoutes de la fi-
vadiere font l’office des boulines 8c des coiiets, cetté
voile n?en ayant point ; elles viennent fe rendre à
deux ou trois piés des écoutes de mifaine, au lieu que
toutes les autres manoeuvres de beaupré répondent
au château d’avant.
Ecoutes de perroquet de beaupré, n°. Gj.
Ecoutes des bonnettes en étui, c’eft ce qu’on ap-
pelle faujfes écoutes ; elles, font tenues par les arc-
boutans.
On fait plufieurs manoeuvres différentes avec les
écoutes, dont voici les principales :
Haler fur les écoutes, c’eft bander 8c roidir ces cordages;
Aller entre deux écoutes, c’eft avoir le vent en
poupe.
Avoir les écoutes largues , c’eft lorfquë les écoutes
ne font point halées , & que le vent eft favorable
fans l’avoir en poupe.
Larguer ou filer l'écoute; larguer l'écoute en douceur ;
filer toute Vécoute : cette manoeuvre fe fait de gros
tems , & lorfqu’il furvient quelque grain dont on
craint que la voile ne foit déchirée ou emportée.
Naviguer l'écotte à la main, c’eft lorfqu’étant par
un gros tems dans une chaloupe, on eft contraint dé
tenir l’écoute, pour la larguer félon qu’il en eft be-
foin.
Border les ècouces, c’eft les étendre & les tirer.
Border plat les écoutes, c’eft les haler 8c les border
autant qu’elles le peuvent être. (Z )
Ecorte de revers , voye1 Revers.
File l'écoute de revers, terme de commandement.'
( 2)E
COU TEUX , adj. {Manège.) Cheval ècouteux,
fe dit, félon les auteurs du diérionnaire de Trévoux,
d’un cheval retenu, qui ne part pas franchement de la
main, qui faute au lieu d’aller en avant, qui ne fournit
pas tout ce qu’on lui demande, &c.
Cette définition n’eft pas la feule dans cet ouvrage
qui ne foit pas exafte 8c correfte. D ’abord, il y
a une très-grande différence entre un chéval retenu
8c un cheval qui fe retient ; le premier eft toûjours
cenfé n’être affujetti 8c captivé que par le cavalier
qui le monte ; le fécond au contraire eft celui qui
naturellement, ou conféquemment à quelques cau-
fes accidentelles qui âffe&ent quelques parties de
fon corps , refiife de fe déterminer & d’obéir avec
franchife : c’eft ce que nous appelions proprement
fe retenir; & dès-lors le principe de fon irréfolution
eft dans lui-même, & non dans une force étrangère
qui le contraint & l’affervit. Il ne faut donc pas confondre
les termes d'ècouteux 8c de retenu , & les regarder
comme fynonymes. D ’ailleurs, tout cheval
qui ne part pas franchement de la main , qui faute au
lieu daller en-avant, qui ne fournit pas tout ce qu'on
lui demande, eft en général un cheval, i° . qui fe retient,
20. qui fe defend 8c tient du rétif, 30. qui
peut pécher par le défaut de force, de fcience ou de
volonté , lorfqu’il ne fournit pas autant que l’on
exige de lui ; 8c l’épithete d’ècouteux ne fufeite point
en nous l’idée de tous ces différens cas. Pour la ref-
traindre dans fa vraie lignification, on ne doit l ’ap“
pliquer que dans celui où le cheval en aérion, 8c distrait
par quelque bruit ou par quelqu’objet, rallentit
fôn allure ou fon air, & partage fon attention entre
le bruit ou l’objet qui le frappe, & les impreflions
qui réfultent des opérations de celui qui l’exerce.
Soit que le fens de l’oiiie, foit que le fens de la vue
l'oient émus , la diftraâion de l’animal eft délignée
non-feulement par fon rallentiffement, mais par le
mouvement de fes oreilles qu’il prélènte, & qu’il
porte enfemble ou féparément en-avant ou en-arrie-
re ; 8c c’eft précifément.cet indice confiant dans de
pareilles circonftances qui lui a mérité l’épithete d'e-
couteux.
Rien n’eft plus important au furplus que de maintenir
les chevaux que l’on travaille , dans une telle
attention, qu’ils puiffent parfaitement entendre 8c
comprendre ce que l’on exige d’eux ; & l’on recon-
noît le véritable homme de cheval, à l’attention
qu’il apporte lui-même pour en être lui feul écoute :
il n’y parvient qu’autant que toutes fes aérions font
mefurées 8c proportionnées à la nature de l’animal,
& qu’il fait les lui faire goûter, les lui rendre agréables
, & non les lui faire craindre : que l i , maigre
toutes les précautions qu’il prend pour y reuflir, le
cheval tombe de tems en tems^dans des diftraétions,
il doit foigneufement l’avertir en approchant plus ou
moins les jambes, en lui faifant redouter les chati-
mens qui fuivent les aides de ces parties, quand elles
font adminiftrées en vain ; & en le châtiant enfin
avec le fer, fuppofé qu’il perfifte & qu’il perfévere
dans fon inapplication. Du refte on doit penfer qu’il
eft des chevaux plus diftraits les uns que les autres ;
il faut auffi beaucoup plus de tems pour frapper leur
mémoire 8c leur intelligence, {e)
* ECOUTILLE, f. f. {Marine.) ouverture dutil-
la c , par laquelle on defoend dans l’intérieur du vaifi
feau. On donne le nom découtillon à une petite ouverture
pratiquée dans les écoutilles mêmes. Voye^
l'article Ecoutillon. C’eft par les écoutilles qu’on
tire les gros fardeaux. C ’eft par les écoutiJlons que
les perfonnes paffent. Il y a l’écoutille de la foffe aux
cables, entre le mât de mifaine & la prpue; Vécoutille
des foutes, entre l’artimon & la poupe ; la grande
écoutille, entre le mât de mifaine 8c le grand
mât ; 8c l’écoutille des vivres, ou du maître v alet,
entre le grand mât & l’artimon.
L'écoutille eft une ouverture quarrée & faite comme
une trape, pour defeendre fous le pont : elle eft
bordée par les hiloires. Voye{ l'article Hiloire.
Les écoutilles pratiquées dans un vaifleau, & dont
on vient de nommer les principales, ont pour objet de
faciliter la communication avec les différentes parties
, comme on peut le voir dans la PI. Iy . Marine,
fig. 1. à laquelle nous allons renvoyer pour voir la
difpofition de ces différentes écoutilles.
La grande écoutille, cottée 79. entre le grand mât
& le mât de mifaine, plus près du premier.
L’écoutille aux cables, cottée 80. plus près du mât
de mifainel .
L’écoutille aux vivres, 81. entre le grand mat 8c
l ’arriere.
L'écoutille aux poudres, 82. à l’arriere.
Ecoutille de la foffe aux lions, 83. à l’avant.
Ecoutille de la foute du canonnier, 84. à la poupe.
Fermer les écoutilles, c’eft fermer le fond de cale
d’un vaifleau, afin qu’on ne puifle y entrer ; ce que
l ’on fait ordinairement lorfqu’un armateur fait une
prife. L’ordonnance de la Marine de 1681, tit. jx .
ordonne au capitaine-armateur qui s’eft rendu maître
d’un vaifleau, d’en faire fermer les écoutilles; 8c
lorfque le navire eft arrivé dans un port, les officiers
de l’amirauté doivent les fceller de leur fceau,
pour empêcher le divertiffement des marchandifes
8c effets qui fe trouvent dans les prifes. (Z )
ECOUTILLON, f. m. {Marine,) ce font des diminutifs
des écoutilles, que l’on fait dans les pan-
Teme V ,
neaux, c’eft-à-dire dans les trapes ou portes qui ferment
les écoutilles. (Z )
ECOUVILLON, f. m. {Art milit.) infiniment
qui fert à nettoyer l’ame ou l’intérieur du canon. Il
eft compofé d’une tête, maffe ou boîte de bois (car
on lui donne tous ces noms)-, couverte d’une peau
de mouton, montée fur un long bâton ou hampe.
On s’en fert auffi pour rafraîchir l’ame du canon ,
quand il a tiré. Voyc^ Canon & Charge. Voye^
auffi PI. VI. de l'Art milit. fig. G. la figure de IVcoS-
villon. .
Les écouvillons I 8c G font compofés de peau de
mouton formant une efpece de balai ; & l’ècouvillon
H , qui eft le plus ordinaire, d’une efpece de brofle
cylindrique attachée au bout de la hampe. {Q)
Ecouvillon , en terme de Boulanger, eft un paquet
de vieux linge lié au bout d’une perche, avec
lequel on balaye les cendres qui font dans le four.
Veyeç la figure 8. Planche du Boulanger.
ECOUVILLONNER, v . aét. ou neut. c’eft nettoyer
ou rafraîchir le canon devant ou après qu’il
a tiré.
Ecouvillonner , v. aél. terme de Boulangeriep
c’eft balayer les cendres du four.
ECPIESME, f. f. en Chirurgie , c’èft une efpece
de fraéhire au crâne, où il y a plufieurs petites ef-
quilles d’os qui compriment 8c bleflent les membranes
qui enveloppent le cerveau. Il faut enlever toutes
ces pièces , 8c panfer le trépan accidentel que
forme l’enlevement des efquilles, comme on fait
l’opération du trépan qu’on auroit pratiqué fuivant
les réglés de l’art. Voyeç Trépaner. {T )
* ECPHRACTIQUES, adj. pris fubft. médica-
mens apéritifs, auxquels on attribue la vertu d’ouvrir
& de débarrafler les conduits excrétoires. Voy.
Apéritifs.
ECRAIN Ô& ECRIN i f. m. {Arts.) terme fyno-
nyme à baguier; petit coffre où les dames mettent
leurs pierreries, & les curieux leurs pierres gravées.
Dans les beaux jours de la Grece 8c de Rome ,
les amateurs des pierres gravées defirant de les tenir
continuellement en garde contre les frottemens, l’u-
fure, 8c autres accidens qui pouvoient leur arriver,
les confervoient précieusement avec leurs anneaux,
leurs bagues 8c leurs cachets, dans une caflette portative
qu’ils appelloient S'a.xTvX/oùwn > dacfyliotheca.
Nous ignorons comment étoient faites ces caflettes ,
mais cela nous importe fort peu.
Les ècrains ou baguiers de nos jours, fout de petits
coffrets ordinairement couverts de chagrin, dont
l’intérieur eft diftribué en plufieurs rangs de petites
cellules parallèles, & dreflees en maniéré de filions.
On y place les bagues 8c pierres gravées, de façon
que le jonc pofé debout, entre dans le fond, du fil-
lon, & la pierre ou le chaton pofe horifontalement
fur les rebords du fillon , dont les intervalles font
pour l’ordinaire couverts de velours. On a foin que
le couvercle de l'écrain foit doublé d’étoffe mollette ,
8c même garni d’une coiiete ou de coton, afin que
venant à fe rabattre fur les pierres gravées , la corn-,
preffion ni le frottement ne puiffent leur nuire.
Quand on ne.poffede pas un grand nombre de
pierres gravées, on fe contente de ces fortes d'è-
crains ou baguiers ; mais fi la colleâion qu’on a faite
de pierres gravées eft nombreufe, on ne peut fe dif-
penfer de les ranger dans des layettes, c’eft-à-dire
dans de petits tiroirs plats, qui feront placés au-def»
fus l’un de l’autre dans une armoire faite exprès.
Ces layettes feront diftribuées en-dedans, comme
les ècrains, & les pierres y feront difpofées de la même
maniéré. Les gravures qui ne font environnées
que d’un cercle en façon de médaillon, feront mifes
dans quelques-uns de ces tiroirs qu’on aura réfervés
vuides, 8c fans aucunes loges, & y feront feule