a7® E C L pofition d« feu brillant,- qui lui donne plus d éclat
que le feul charbon.
ÉCLATÉ, ad;, en termes de Blafon , fe dit des lanc
e s & des chevrons rompus.
ECLATER, v. n. {Metteur-en-ceuvre^) c’eft|nle-
ver l’émail de defftts une pieCe d’or émaillée : lorf-
qu’on veut le faire fans détériorer l’ouvrage & gâter
leflinqué, on prend un mélange de tartre, de
■ fel, & de vinaigre ; on en forme une pâte, dont on
enduit de toutes parts &'à plulieurs couches épaules
la piece émâilléé.; on expofe enfuite la pièce à un
feu couvert ; & lorfque le tout eïl bien rouge, on
le plonge avec vivacité dans .un vafe plein dè vinaigre
; l ’amalgame fe refroidit, fe détaché avec
grand bruit, & emporte avec lui l’émail de delius la
piece d’o r , qui ne reçoit aucun dommage ,• & conserve
fort flinqué brillant. , .
E clater , (Jard.') fe dit d’une branche que le
vent a caffée, & qui a fait un éclat dans la tige. (K)
ECLECHES, f. f. pl. (furifpr.) démembremens
*le fief. Voye{ T article 5 y de la coutume de Boulogne ;
-<voyei D émembrement, E c l i p s e r , & P i e *-
(A ) g 1 ECLECTIQUE, adj. {M e d . ) eft le nom dune
fette de Médecins, dont Archigenes d Apamee en
-Syrie, qui vivoit fous Trajan, etoit le chef.
Cinquante ou foixante ans avant lui, il y
eu un philofophe d’Alexandrie nommé Pptamon (félon
Diogene Laërce & Voflius), qui etoit auteur
d’une fette de philofophes qu’on appelloit Eclectique,
c’eft-à-dire choiftftante, dans laquelle on faifoit pro-
feflîon de choifir ce que chacune des autres avoit de
meilleur : ce que Potamon avoir pratiqué à l’égard
de la Philofophie, Archigenes le fit dans la fuite à
i’égard de la Medecine ; on ne découvre point, par
ce que dit Galien d’Archigenes & de fa fette, en
quoi confiftoit ce qu’ils pouvoient avoir recueilli
des autres fyftèmes. On trouve dans Aëtius divers
extraits des ouvrages du même Archigenes, qui font
voir qu’il polfédoit bien la pratique ; mais il n y a
'rien aufli qui concerne le fond de fon fyfteme , par
rapport à la fette Eclectique. Ce médecin étoit contemporain
de Juvénal, qui en parle de maniéré à
faire voir qu’il étoit dans un grand emploi. Extrait
de le Clerc, hiß. de la Medecine.
On ne pouvoit que réuflir dans cette fette, parce
que dans toute chofe le parti le plus judicieux eft
d’être ecleclique : c’eft dequoi font convaincus aujourd’hui
les médecins les plus raifonnabîes, qui
travaillent à rendre, autant qu’il eft poflible, la Medecine
libre de toute fette, de toute hypothefe ; en
rejettant tout ce qui eft avancé fans demonftration,
& en ne propofant que ce que perfonne ne peut re-
fufer d’admettre, d’après ce que les anciens & les
modernes ont établi folidement & fans aucun doute,
& ce que leur propre expérience leur fait trouver
tel. Voye^ D émonstration. Voye\ aufji Varticle
fuivant. (</)
* ECLECTISME, f. m. (Hift. de la Philofophie
anc.&mod.) L’éclettique eft un philofophe qui foulant
aux piés le préjugé, la tradition, l’anciennete,
le confentement univerfel, l’autorité , en un mot
tout ce qui fubjuge la foule des efprits, ofe penfer
de lui-même, remonter aux principes généraux les
plus clairs, les examiner, les difeuter, n’admettre
rien que fur le témoignage de fon expérience & de
.là raifon ; & de toutes les philofophies, qu’il a ana-
lyfées fans égard & fans partialité , s’en faire une
particulière & domeftique qui lui appartienne : je dis
une philofophie particulière & domeftique , parce que
l ’ambition de l’éclettique eft moins d’être le précepteur
du genre humain, que fon difciple ; de reformer
les autres, que de fe réformer lui- même ;
de connoître la vérité, que de l’enfeigner. Ce n’eft
point un homme qui plante ou qui fçme ; c’eft un
homme qui recueille & q u i crible. Il joiiiroit tranquillement
de la récolte qu’il auroit faite, il vivroit
heureux, & mourroit ignoré , fi l’enthoufiafme , la
vanité., ou peut-être un fentiment plus noble, ne
le faifoit fortir de fon carattere.
Le fettaire eft lin homme qui a embraffe la doctrine
d’un philofophe ; l’éclettique, au contraire,
eft un homme qui ne reconnoît point de maître :
ainfi quand on dit des Eclettiques que ce fut une
fette de philofophes, on aflemble deux idées con-
tradiftoires, à moins qu’on ne veuille entendre aufli
par le terme de fecle, la collettion d’un certain nombre
d’hommes qui n’ont qu’un feul principe commun,
celui de ne foûmettre leurs lumières à perfonne
, de voir par leurs propres y eux, & de dau-i
ter plutôt d’une chofe vraie que de s’expofer, faute
d’examen, à admettre une chofe faulfe.
Les Eclettiques & les Sceptiques ont eu cette
conformité, qu’ils n’étoient d’accord avec perfonne
; ceux-ci, parce qu’ils ne convenoient de rien ;
les autres, parce qu’ils ne convenoient que de quelques
points. Si les Eclettiques trouvoient dans le
Scepticifme des vérités qu’il falloit reconnoître, ce
qui leur étoit contefté même par les Sceptiques ;
d’un autre côté les Sceptiques n’étoient point divi-
fés entre eux : au lieu qu’un eclettique adoptant
aflez communément d’un philofophe ce qu un autre
éclettique en rejettoit , il en étoit de fa fette
comme de ces fettes de religion, oii.il n’y a pas deux
individus qui ayent rigoureufement la même façon
de penfer. ■ A
Les Sceptiques & les Eclettiques auroient pu
prendre pour devife. commune , nullius addicius ju -
rare in verba magiftri ; mais les Eclettiques qui n’étant
pas fi difficiles que les Sceptiques , faifoient
leur profit de beaucoup d’idées, que ceux-ci dédai-
gnoient, y auroient ajouté cet autre mot , par lequel
ils auroient rendu juftice à leurs adversaires,
tans facrifier une liberté de penfer dont ils étoient
fi jaloux : nullum philofopkum tam fuifte inanem qui
non vident ex vero aliquid. Si 1 on réfléchit un peu
fur ces deux efpeces de philofophes, on verra combien
il étoit naturel de les comparer ; on verra que
le Scepticifme étant la pierre de touche de VEclec-
tifme, l’éclettique devroit toûjours marcher à côté
du feeptique pour recueillir tout ce que fon compagnon
ne récluiroit point en une poufliere inutile,
par la févérité de fes effais.
Il s’enfuit de ce qui précédé, que l’Ecleclifme pris
à la rigueur n’a point été une philofophie nouvelle,
puifqu’il n’y a point de chef de fette qui n’ait été
plus ou moins éclettique; & conféquemment que les
Eclettiques font parmi les philofophes ce que font
les fouverains fur la furface de la terre, les feuls
qui foient reftés dans l’état de nature où tout étoit à
tous. Pour former fon fyftème, Pithagore mit à contribution
les théologiens de l’Egypte, les gymno-
fophiftes de l’Inde, les artiftes de la Phénicie, & les
philofophes de la Grece. Platon s’enrichit des dépouilles
de Socrate, d’Héraclite , & d’Anaxagore ;
Zénon pilla le Pythagorifine, le Platonifme, l’Héra-
ditifme , le Cynifme : tous, entreprirent de longs
voyages. Or quel étoit le but de ces voyages , finon
d’interroger les différens peuples , de ramaffer les
vérités éparfes fur la furface de la terre, & de revenir
dans fa patrie remplis de la fageffe de toutes
les nations ? Mais comme il eft prefque impoflible à
un homme qui, parcourant beaucoup de pays, a.
rencontré beaucoup de religions, de ne pas chanceler
dans la fienne, il eft .très-difficile à un homme de
jugement, qui fréquente plufieurs ecoles de philofophie,
de s’attacher exclufivement à quelque parti,
& de ne pas tomber ou dans VEcleclifme, ou dans le
Scepticifme.
Il ne faut pas confondre VEcleclifme avec le Sin-
crétifme. Le fincrétifte eft un véritable fettaire ; il
s’eft enrôlé fous des étendarts dont il n’ofe prefque
pas s’écarter. Il a un chef dont il porte le nom : Ce
fera, fi l’on veut, ou Platon, ou Ariftote, ou Def-
cartes, ou Newton ; il n’importe. La feule liberté
qu’il fe foit refervée, c’eft de modifier les fentimens
de fon maître , de refferrer ou d’étendre les idées
qu’il en a reçues, d’en emprunter quelques autres
d’ail(eurs , & d’étayer le fyftème quand il menace
ruine. Si vous imaginez un pauvre infolent qui, mécontent
des haillons dont il eft couvert, fe jette fur
les paffans les mieux vêtus, arrache à l’un fa cafa-
que, à l’autre fon manteau, & fe fait de ces dépouilles
un ajuftement bifarre de toute couleur &
de toute piece , vous aurez un emblème aflez exaft
du fincrétifte. Luther, cet homme que j’appellerois
volontiers^magnusautoritatis contemptoroforque, fut
un vrai fincrétifte en matière de religion. Refte à
favoir fi le Sincrétifme en ce genre eft une attion
vertueufe ou un c-rime, & s’il eft prudent d’abandonner
indiftinttement les objets de la raifon & de la foi
au jugement de tout efprit.
Le Sincrétifme eft tout au plus un apprentiffage de
VEcleclifme.Car fan. & Jordanus Brunus n’allerent pas
plus loin ; fi l’un avoit été plus fenfé, & l’autre plus
hardi, ils auroient été les fondateurs de X Ecleclifme
moderne. Le chancelier Bacon eut cet honneur ,
parce qu’il fentit & qu’il ofa fe dire à lui-même, que
la nature ne lui avoit pas été plus ingrate qu’à Socrate
, Epicure, Démocrite, & qu’elle lui avoit aufli
donné une tête. Rien n’eft fi commun que des Sin-
crétiftes ; rien n’eft fi rare que des Eclettiques. Celui
qui reçoit le fyftème d’un autre éclettique , perd
auffi-tôt le titre d'éclectique. Il a paru de teins en tems
quelques vrais éclettiquês ; mais le nombre n’en a
jamais été aflez grand pour former une fette ; & je
puis aflurer que-dans la multitude des philofophes
qui ont porte ce nom , à peine en comptera-t-on
cinq ou fix qui l’ayent mérité. Voyeç les artic. ARISTOTÉLISME,
Platonisme , Ep icu r é ism e , Ba-
CONISME, &C.
L’éclettique ne raflemble point au hafard des vérités
; il ne les laifle point ifolées ; il s’opiniâtre bien
moins encore à les faire quadrer à quelque plan déterminé
; lorfqu’il a examiné & admis un principe,
lapropofition dont il s’occupe immédiatement après,
ou fe lie évidemment avec ce principe, ou ne s’y
lie point du tout, ou lui eft oppofée. Dans le premier
ç à s ,il la regarde comme vraie; dans le fe-!
cond, il fufpend fon jugement jufqu’à ce que des notions
intermédiaires qui féparent la propofition qu’il
examine du principe qu’il a admis, lui démontrent
fa liaifon ou fon oppoution avec ce principe : dans
le dernier cas, il la rejette comme faufle. Voilà la
méthode de l’éclettiqüe. C ’eft ainfi qu’il parvient à
former un tout.folide, qui eft proprement fon ouvrage
, d’un grand nombre de parties qu’il a raflemblées
& qui appartiennent à d’autres ; d’où l’on voit que
Delcartes, parmi les modernes, fut un grand éclectique.
U Ecleclifme qui avoit été la philofophie des bons
efprits depuis la naiflance du monde, ne forma une
fette & n’eut un nom que vers la fin du fécond fie-
cle & le commencement du troifieme. La feule raifon
qu’on en puifle apporter ; c’eft que jufqu’alors
les fettes s’étoient, pour ainfi dire, füccédées ou
fouffertes, & que ŸEcleSifme ne pouvoit guere for-
tir que de leur conflit : ce qui arriva, lorlque la religion
chrétienne commença à les allarmer toutes
par la rapidité de fes progrès, & à les révolter par
une intolérance qui n’avoit point encore d’exemple.
Jufqu’alors on avoit été pyrrhonien, feeptique, cynique
, ftoïcien, platonicien, épicurien, fans con-
fequence. Quelle fenfation ne dut point produire au
milieu de ces tranquilles philofophes, une nouvelle
ecole qui établiflbit pour premier principe, qu’hors
de fon fein il n’y avoit ni probité dans ce monde ,
ni faliu dans l’autre ; parce que fa morale étoit la
feule véritable morale, & que fon Dieu étoit le feul
vrai Dieu! Le foulevement des prêtres, du peuple ^
& des philofophes, auroit été général, fans un pe*
tit nombre d’hommes froids, tels qu’il s’en trouve
toûjours dans les fociétés, qui demeurent long-tems
fpettateurs indifférens, qui écoutent, qui pefent,
qui n’appartiennent à aucun parti, & qui finiflent
par fe faire un fyftème conciliateur, auquel ils fe fla-
tent que le grand nombre reviendra.
Telle fut à peu-près l’origine de XEcleclifme. Mais
par quel travers inconcevable arriva-t-il, qu’en
partant d’un principe aufli fage que celui de recueillir
de tous les philofophes, tros, rutulus-ve fitat, ce
qu’on y trouveroit de plus conforme à la raifon, on
négligea tout ce qu’il falloit choifir, on choifit tout
ce qu’il falloit négliger, & l’on forma le fyftème
d’extravagances le plus monftrueux qu’on puifle
imaginer ; fyftème qui dura plus de quatre cents ans ,
qui acheva d’inonder la furface de la terre de pratiques
fuperftitieufes, & dont il eft refté des traces qu’on
remarquera peut-être éternellement dans les préjugés
populaires de prefque toutes les nations. C ’eft
ce phénomène fingulier que nous allons développer.
Tableau general de la philofophie ecleclique.
La philofophie éclettique, qu’on appelle aufli le
Platonifme réformé & la philofophie alexandrine, prit
naiflance à Alexandrie en Egypte, c’e ft-à-dire au
centre des fuperftitions. Ce ne fut d’abord qu’un fin-
crétifme de pratiques religieufes, adopté par les prêtres
de l’Egypte, qui n’étant pas moins crédules fous
le régné de Tibere qu’au tems d’Hérodote, parce
que le carattere d’elprit qu’on tient du climat change
difficilement, avoient toujours l ’ambition de pof-
féder le fyftème d’extravagances le plus complet qu’il
y eût en ce genre. Ce fincrétifme paflà de-la dans la
morale , & dans les autres parties de la philofophie.
Les philofophes aflez éclaires pour fentir le foible des
différens fyftèmes anciens, mais trop timides pourjes
abandonner, s’occupèrent feulement à les réformer
fur les découvertes du jour, ou plûtôt à les défigurer
fur les préjugés courans : c’eft ce qu’on appella placo-
nifer , pythagorifer, &c.
Cependant le Chriftianifme s’étendoit ; les dieux
du Paganifme étoient décriés ; la morale des philofophes
devenoit fufpette ; le peuple fe rendoit en
foule dans les aflemblées de la religion nouvelle ; les
difciples même de Platon & d’Ariftote s’y laiffoient
quelquefois entraîner ; les philofophes iincrétiftes
s’en îcandaliferent, leurs yeux fe tournèrent avec
indignation & jaloufie, fur la caufe d’une révolution
, qui rendoit leurs écoles moins fréquentées ;
un intérêt commun les réunit avec les prêtres du
Paganifme, dont les temples étoient de jour en jour
plus deferts; ils écrivirent d’abord contre^ la perfonne
de Jefus-Chrift, fa v ie , fes moeurs, fa doctrine
, & fes miracles ; mais dans cette ligue générale
, chacun fe fervit des principes qui lui étoient
propres : l’un accordoit ce que l’autre nioit.; & les
Chrétiens avoient beau jeu pour mettre les philofophes
en contradiôion les uns avec les autres , &
les divifer ; ce qui ne manqua pas d’arriver ; les objets
purement philofophiques furent alors entièrement
abandonnés ; tous les efprits fe jetterent du
côté des matières théologiques ; une guerre inteftine
s’alluma dans le fein de la Philofopnie ; le Chriftianifme
ne fut pas plus tranquille au - dedans de lui-
même ; une fureur d’appliquer les notions de la Phi