ïo4 D R A n é , ils ne fe-fervent plus que des mots de noeud af-
■ cendant & defccndant. Voyez ces mots. (O)
D r a g o n , draco, {Hiß. natur. Zoolog.), animal
fabuleux que l’on s’eft repréfenté fous la forme d’un
ferpent avec dès ailes & des pies. Les defcriptions
que les anciens en ont faites ; varient pour la grandeur
, la couleur & la figure de ce prétendu animal :
il n’y a pas moins de contradictions par rapport aux
mauvailes qualités qu’on lui a attribuées. On a dif-
•tingué de grands & de petits dragons ; la longueur
des derniers étoit de cinq cbudées , & celle des
autres alloit jufqu’à trente, 40 ou 50 ; on a même
Crû qu’il s’en trôuvoit de 100 coudées & plus. On
a dit que lès grands dragons avaloieht des cerfs &
d’antres bêtes. Ce fait, tout étonnant qu’il eft, a
été rapporté & confirmé par différens auteurs , au
fujet des grands ferpens des Indes, voye^ Se r p e n t .
L ’origine que l’on a attribuée à certains dragons, en
difant qu’ils étoient produits par l’accouplement d’un
aigle avec une louve, eft aufli fauffe que merveil-
leufe. On a diftingué les dragons mâles & les femelles
, draconts & draconce , en ce que les mâles étoient
plus grands, plus forts &plus courageux que les femelles
; qu’ils avoient une crête, & qu’ils habitoient
fur les plus hautes montagnes, d’où ils ne defcen-
doient dans les plaines que pour chercher leur proie:
les femelles au contraire reftoient dans les lieux marécageux;
elles étoient lentes, Sc n’a voient point de
crêtes. On a crû qu’il y avoit des dragons cendrés,
de couleur dorée, de noirs, à l’exception du ventre
qui étoit verdâtre. Je ne finirois pas li j’entreprenois
de rapporter ce que l’on a dit de leur venin, de leur
façon de v ivrè, de leur accouplement, &c. & de décrire
les différentes figures fous lefqüelles on a repréfenté
les dragons , & celles que l’on fait de petites
raies defféchées, & que l’on garde dans les cabinets
d’hiftoire naturelle, fous les noms de dragons, de
bafiLics , &c. Foyeç Aid. de ferpentibus & draconibus.
Il n’y a déjà dans les livres que trop de ces hiftoi-
res fabuleufes de dragons : j’avoue qu’il y en a quelques
unes qui font fondées fur de grandes autorités,
& je ne fuis pas éloigné de les croire vraies pour le
fond, en mettant quelques modifications dans la forme.
Je penfe qu’on a donné indiftin&ement le nom
de dragon aux animaux monftrueux du genre des ferpens,
des léfards, des crocodiles, &c. que l’on a
trouvés en différens tems, & qui ont paru extraordinaires
par leur grandeur ou par leur figure. On ne
fait pas à quel degré d’accroiffement un reptile peut
parvenir ; s’il refte ignoré dans fa caverne pendant
un très-long tems, fa figure doit changer avec l’âge,
& dans la fuite des générations il fe trouve affez de
difformités & de monftruofités pour faire un dragon
d’un animal appartenant à une efpece ordinaire : par
conféquent les dragons font fabuleux, fi on les donne
comme une efpece d’animaux confiante dans la nature
; mais on peut croire qu’il a exifté des dragons,
fi on lès regarde comme des monftres, ou comme
des animaux parvenus à une grandeur extrême. (/)
D r a g o n d e m e r . Voye^ V i v e .
* D r a g o n , {Hiß. mod.) ce fut Une enfeigne militaire
des Perfes, des Daces, desParthes, & même
des Romains ; & ce fut de-là qu’on appella Draco-
nains ceux qui la portoient.
* D r a g o n , {Myth.) Le dragon qui mord fa queue
fut, dans la Mythologie, le fymbole de Janus. Elle
avoit attelé des dragons au char de Cerès. Il fut aufli
le fymbole de Bacchus Baffarus. Elle employa dragon
\ garder les pommes du jardin desHefpérides.
D r a g o n r e n v e r s é , {Hiß. niod.) ordre de chevalerie,
inftitué par l’empereur Sigifinond vers l’an
1418, après la célébration du concile de Confiance,
en mémoire de la condamnation des erreurs de Jean
Hus & de Jérôme de Prague, à laquelle ce prince
D R A contribua beaucoup par fes foins, fon autorité, &
fon zele. Cet ordre qui ne fubfifte plus, a fleuri en
Allemagne & en Italie» Les chevaliers portoient ordinairement
une croix fleurdelifée de verd. Aux jours
folennels ils revêtoient le manteau d’écarlate ; & fur
un mantelet de foie verte, ils avoient une double,
chaîne d’or, de laquelle pendoitun-dragon renverfé,
aux ailes abattues , émaillées de diverfès couleurs.
Favin, théâtre dhonn. & de chev. Chambers. {G)
D r a g o n s , {Hiß.mod. GArtmilit.) il fe dit d’une
forte de cavaliers qui marchent à cheval & qui combattent
à pié, mais aufli quelquefois à cheval.
Menage dérive le mot dragon, du mot latin draco-,
narius, dont Végece fe fert pour défigner un földat ;
mais il y a plus d’apparence qu’il vient de l’allemand
tragen ou draghen qui fignifieporter, comme étant une
infanterie portée à cheval.
Les dragons font ordinairement poftés à la tête du
camp, & vont les premiers à la charge, comme une
efpece d’enfans perdus. Ils font réputés ordinairement
du corps de l’infanterie, & en cette qualité ils
ont des colonels & des fergens ; mais ils ont des cornettes
comme la cavalerie. Dans les armées Fran-
çoifes on dit que ce font des cavaliers fans botte.
Les armes des dragons font l’épée, le fiifil, & la
bayonnette. Dans le fervice de France, quand les1
dragons marchent à p ié, leurs officiers portent la pique
, & les fergens la hallebarde ; dans le fervicé
Anglois on ne fe fert de l’un ni de l’autre. Chambers„
L’origine des dragons en France eft affez ancienne
, mais les anciens corps de ces troupes n’y ont
pas été entretenus. Ceux d’aujourd’hui ont été créés'
par Louis X IV , qui leur avoit d’abord donné.rang
d’infanterie, avec laquelle ils fervoient & avoient
le commandement à grade égal fuivant l’ancienneté
de leurs régimens; c’eft à-dire que lorfqu’un régi"
giment de dragons étoit plus ancien qu’un régiment
d’infanterie, les capitaines du régiment de dragons
commandoient à ceux du régiment d’infanterie moins
ancien, & ainfi des autres officiers. Le roi donna en-
fuite rang aux dragons avec la cavalerie, & ils commandent
les officiers de ce corps ou ils en font commandés
à grade égal, fuivant l’ancienneté de leurs
brevets. Si les brevets fe trouvent du même jour,
l’officier de cavalerie commande par préférence fur
celui de dragons.
A l’armée les dragons font quelquefois mêlés avec
la cavalerie, & ils obéiffent au commandement de
la cavalerie. Ils font aufli quelquefois corps entr’eux,
& alors ils ont un commandant particulier.
Les dragons ont trois principaux officiers , qui
font le colonel général, le meßrede camp général, &
le, commififaire. aufli général.
Quand les armées s’affemblent, il y a un major
général pour les dragons, comme dans l’infanterie,
au-deffus des majors des régimens, qui doivent prendre
les ordres de lui. Cet officier reçoit l’ordre du
maréchal général des logis de la cavalerie. (Q )
D r a g o n & D r a g o n v o l a n t , {Artmilitaire,
Artillerie. ) ce font des noms qu’on donnoit autrefois
à des pièces de canon de 40 livres de balle, &
de 3 z : ces noms ni ces pièces ne font plus en ufage -
depuis long tems. (Q )
D r a g o n , {Maréchall.) les Maréchaux appellent
ainfi une maladie qui vient aux yeux des chevaux ,
& qui confifte en une tache blanche au fond de la
prunelle : elle n’eft pas au commencement plus groffe
que la tête d’une épingle ; mais elle croît peu-à-peu
au point de couvrir toute la prunelle. Le dragon vient
d’obftruftion & de l’engorgement d’une lymphe trop
épaiffie. Ce mal eft incurable.
DRAGONADE, f. f. (Hiß. mod.) nom donné par
les Calviniftes à l’exécution faite contr’eux en France,
en 1684, Vous trouverez dans l’hiftoire du fiecle
de
D R A
d e L ouis X I V . l’o rig in e dü m o t dragonade-, & des
détails fur c e tte e x é c u tio n , q u e la natio n co n d am n e
u n an im em en t au jo u rd ’h u i. E n effet, to u te p erfécu -
tio n eft c o n tre le b u t de la b onne p o litiq u e , & ce
q u i n ’eft pas m o in s im p o rta n t, co n tre la d o & rin e ;
c o n tre la m o rale de la relig io n , qui n e refp ire que
d o u ceu r , que c h a rité , q u e m iféricorde. Article de
M . le Chevalier D E J A V CO U R T . \ , . :
DRAGONÉ , adj. terme de Blafon : un lion drago-
né, eft celui dont la moitié fupérieure reffemble à
un^ion , & l’autre fe termine en queue de dragon.
Dragoné fe dit de tout autre animal.
Bretigny, d’or au lion dragoné de gueules, arme,
lampaffé, & couronné d’or.
DRAGUE, f. f. {Marine.) on dit drague de canon,
c ’eft un gros cordage dont fe fervent les canonniers
fur les vaiffeaux, pour arrêter le recul des pièces
quand elles tirent. .
Drague d'avirons, e’eft un paquet de trois avirons.
La drague eft encore un gros cordage, dont on fe
fert pour chercher une ancre perdue au fond de la
mer. Foyer D r a g u e r . { Z )
* D r a g u e , {P è ch e .) efpece de filet qu ’o n em p lo y é
à la pêche d u poiffon p la t, & fu r-to u t des h u ître s :
alo rs la p a rtie in férieu re d e la chauffe eft a rm ee d un
co u te a u de f e r , q u i d étach e l’h u ître du fond ; & to u t
le filet eft traîn é p a r u n b a te a u , fur leq u el le cab lo t
o u le fun in de la drague eft am a rré . Voye{ les articles
C h a u s s e & C h a l u t , q u i fo n td e s fortes de dragues.
Les dragues de fer qui font à l’ufage des pêcheurs
de l’amirauté de Vannes, avec lefqüelles ils pêchent
les huîtres, tant à la mer qu’à l’ouverture de Ja baie,
& qui fervent aux grands bateaux pêcheurs chafle-
marée, après que la pêche de la fardine a ceffe, n^ont
qu’un feul couteau, avec un fac quarré qu’un bâton
rond tient ouvert; ce bâton eft d’un pie ph.1s l.9qg
que l’ouverture ou que la monture de fer cle la drague.
Il arrive .par ce moyen que le fac reçoit jufqu au
fond, tout ce qui eft détaché par le couteau. F W l
la drague dans nos planches de Pêche, Planche I I I .
-figure 2 .1 1 1 H . ...HH I Hj . .,
' D r a g u é , {Braferie.) c’eft F orge o ü a u tre grain
c u i t , qui d em eure dan s le hraffin apres qu o n en a
tiré la b iere. E lle p e u t ferv ir d e n o u rritu re au x
c h o n s , au x v a c h e s, & m êm e au x ch ev au x .
D r a g u e ,{Hydraut.) eft une grande pelle de fer,
emmanchée d’une longue perche, dont les bords
font relevés par trois côtés, pour arrêter le fable ou
les ordures qui fe trouvent en curant un puits ou
une citerne. Cette pelle eft percée au fond de plu-
•fieurs trous ,.par lefquels elle dopne paffage à l’eau,
& on l’a faite un peu tranchante par-devant, afin
.-de fouiller & enlever le limon. {K )
D r a g u e pourfigner, en terme.de Vitrier, c’eft-à-
d ire p o u r m arq u er le v e rre fu r le ca rre a u o u fur la
ta b le , eft u n p o il de ch ev re lo n g d ’u n doigt,^attache
dans u n e plum e av e c u n m anche com m e un p in ceau :
o n le trem p e dans le b lan c b ro y é p o u r m arq u er les;
p ièces. . , . , .
DRAGUER l ’a n c r e , {Marine.) c’eft chercher
Une ancre perdue dans la mer, avec un gros cordage
qu’on appelle drague. On attache cette drague par
les deux bouts aux côtés de deux chaloupes qui fe
•préfentent le flanc , & qui font à quelques diftances
-l’une de l’autre. Au milieu de la drague'font fufpen-
dus des boulets de canon, ou quelqu’autre chofe qui
pefe beaucoup, ce qui la fait enfoncer jufqu’au fond
de la mer ; enforte que les deux chaloupes voguant
en-avant, entraînent la drague qui rafe le fond, ce
:qui fait que fi elle rencontre l’ancre que l’on, cherche,
elle l’actroche, & fait ainfi connoître l’endroit
.où elle eft, { Z )
D r a g u e r , v . aft. terme de Riviere, c’eft n e tto y e r
Ip fond d’un c a n a l, o u d’u n e riv ie re , o u d’u n ég o u t
Tome V,
D R A avec la pelle ou bêche de fer, qui s’appelle draguei
Voye{ t>RAGUE. .
DRAGUIGNAN, (Géàg. mod.) ville dé France l
en Provence, fur la rivierë de Pis. Longit. 24. 14i
la‘ - 43-,34-^. \. m
DRAMATIQUE, àdj. ni. f. enPoéjie, épithetë
que l’on donne aux pièces écrités pour lé théâtre ,
& aux poèmes dont le fujet eft mis en a&ioh, pour
les diftinguer du poeme épique , qui confifte partie
en a&ions. & partié en récit: V oy i^ T h é â t r e ,
D r a m e , P o e m e .
Pour les lois & lé ftylè du poème dramatique i
vqye{ U n it é , Â L t io n , C a r a c t è r e , F a b l e ,
St y l e , C o m é d i e , T r a g é d i e , &c. {G )
DRAME, f. m. {Belles-Lettres.) pièce ou poème
compofé pour le théâtre. Ce mot eft tiré dü grec dra-
ma, que les Latins ont rendu par attùs ', qui chëz eux
ne convient qu’à üne partie de la pièce ; au lièu què
le drama des Grées convient à toute Une piece dé
théâtre, parce que littéralement il fignifie action, &
que les pièces de théâtre font des a étions ou des
imitations d’aétiôn.
Un drame, ou comme on dit communément ùrië
piece dé théâtre, eft un ouvrage en profe ou en
vers, qui né confifte pas dans Un fimple récit comme
le poeme épique, mais dans la repréfëntation
d’une action. Nous difonsouvragé, 8tnOnpaspoème-
car il y a d’excellentes comédies en profe, qui, fi
on lés confidere relativement à l’ordonnânce de la
fable, aux caraûeres, à l’unité des tems, dë lieu
& d’adtion, font exactement conformes àlix réglés y
auxquelles cependant ort n’a pas donné le nom dé
poème, parce qu’elles ne font pas écrites en vers.'
Les anciens comprenoient fous le nom de drame *
ïâ tragédie, la comédie, & la fatyre, efpece de fpe-
âacle moitié férieux moitié boufon. Foye{ C o m é d
i e , Sa t y r è , G T r a g é d ie .
Parmi nôiis les différentes efpeces de drame font
la tragédie , la comédie, la paftorale, les opéra ,
foit tragédie foit ballet, & la farce. On nommeroit
peut-être plus exactement ces deux dernieres efpeces
fpectacles,car lès véritables réglés du drame y font
pour l’ordinaire ou violées ou négligées. Voy. T r a g
é d i e , C o m é d ie , F a r c e , O p é r a , & c.
Quelques critiques ont voulu reftraindre le nom
de drame à la tragédie feule ; mais on a démontré
contr’eux, que ce titre ne convenoit pas moins à lé
comédie, qui eft aufli-bien que la première la repré-
fentation d’une aCtion ; toute la différence naît du
choix des fujets, dü but que fe propofent l’une &
l’autre, & de là diCtion, qui doit être plus noble
dans la tragédie ; dü réfte, ordonnance, unité » intrigue,
épifodé, dénouement, tout leur eft commun.'
Le cantique des cantiques & le livre de Job ont
été regardés par quèlqüès auteurs comme des drames';
mais outre qu’il n’eft rien moins que certain
que les Hébreux ayent connu cette efpece de poème
, cës ouvrages tiennent moins de la nature du
drame que dé celle du fimple dialogue.
Les principales parties du drame félon la divifiori
des: anciens', font la prbtàfe, l ’épitafe, la cataftafe,
& la cataftrophe ; & ils comptoient pour parties ac-~
ceffoires l ’argument ou le fornmaire, le choeur, le
mime, la fatyre ou l’atellane, qui étoient comme la
petite piece , & enfin l’épilogue où un aCleur mar--
quoit aux fpe&ateurs le fruit qü’ils dévoient retirer
de là pièce , ou leur donhoit quelqu’autre avertiffe-
ment de la part de l’auteur. Les modernes divifent
les pièces de théâtre, quant aux parties effentielles ,
en éxpofitiôn du fujet, qui répond à la protafe des
anciens; intrigue, c’eft l’épitafe ; noeud, qui équi-
vaiit à la cataftafe, & qui n’eft point diftinâ de l*m-
trigue, püifque c’eft lui qui la conftitue; & dé-
nouemçiit ou cataftrophe. Quant aux parties accri