3 5© ECG La dofe des écorces te détermine toujours par le
poids. Fayei Ecorce du Pérou au mot Quinquina.
(b) .
Ecorce de W in ter, ( Bot. txotiq. ) c eft une
grofle écorce roulée en tuyaux, de couleur de cendres,
molle, fongueufe, inégale, & ayant plufieurs
petites crevaffes à fôn extérieur ; intérieurement
elle eft folide, denfe, roufsâtre, d’un goût âcre,
aromatique, piquant, brûlant, & d’une odeur très-
pénétrante.
Le capitaine Winter qui s’embarqua avec François
Drake en 1578, & qui fit le tour du monde
avec ce grand homme de mer, dont l’Angleterre
n’oubliera jamais les belles expéditions, rapporta
du détroit de Magellan l’an 1580, une écorce aromatique
qui avoit été fort utile à tous ceux qui
étoient fur fon vaiffeau ; elle leur avoit fervi d’épices
pour leurs mets -, & d’excellent remede contre
le feorbut. Clufius ayant reçu de cette écorce ,
lui donna le nom du capitaine qui l’avoit fait con-
noître en Europe ; il l’appella cortex Winteranus, &
dénomma l’arbre Magellanica aromatica arbor. Voy.
Clujii exoticor. pag. y5. Gafpard Bauhin l’a nommée
laurifolia Magellanica, cortice acri. Enfuite Se-
bald de Weert s’étant trouvé fur un des vaiffeaux
hollandois, qui firent voile pour le détroit de Magellan
en 1599, a appellé cet arbre lauro jimilis arbor
, licet procerior, cortice piperis modo , acri & mor-
denti.
Enfin M. Georges Handyfide, qui eft revenu de
ce pays-là dans notre fiecle , a non-feulement décrit
cet arbre très-exàâement, mais il a même apporté
de fa graine en Angleterre, avec un échantillon
de fes feuilles & de fes fleurs fur une petite branche
, à l’infpeétion defquelles le chevalier Hans-
Sloane range le cannelier de Winter fous la claffe
despereclymenum, & l’appellepereclymenum rectum,
foliis laurienis, cortice acri, aromatico.
Suivant M. Handyfide, c’eft un arbre d’une grandeur
médiocre, approchant en quelque maniéré du
pommier, plus touffu qu’il n’eft haut, & jettant des
racines qui s’étendent beaucoup. Son écorce eft grof-
f e , cendrée en-dehors, de couleur de rouille de fer
en-dedans. Ses feuilles font longues d’un pouce &
demi, larges d’un pouce dans le milieu, pointues
des deux côtés, obtufes à l’extrémité qui eft comme
partagée en deux ; elles font en - deffus d’un verd
clair , & foûtenues fur une queue d’un demi-pouce
de longueur. Il s’élève des ailes des feuilles, deux,
trois, quatre fleurs, & même davantage, attachées
à un pédicule commun d’un pouce de long: elles
font très-blanches, à cinq petales, femblables en
quelque façon aux fleurs du pereclymenum, & d’une
odeur agréable de jafmin. Lorfque les fleurs font
tombées, il leur fuccede un fruit oval çompofé de
deux, trois, ou plufieurs pépins attachés à un pédicule
commun, & ramaffés enfemble; d’un verd pâle
, marquetés de noir. Ce fruit contient des graines
noires, aromatiques, inégales, & un peu lèmbla-
bles aux pépins de raifin. Cet arbre croît dans les
contrées fituées vers le milieu du détroit de Magellan.
Voyt{ phil. Tranf. n°. 204.
M. Handyfide a rapporté au chevalier Hans-Sloa-
n e , qu’on fe fervoit avec fuccès des feuilles de cet
arbre jointes à d’autres herbes en fomentations, dans
différentes maladies ; mais rien ne le frappa davanta-
gê que l’énergie de fon écorce, prife avec quelques
femences carminatives , pour le feorbut. Il ordonna
le même remede à plufieurs perfonnes qui avoient
mangé imprudemment d’un veau marin vénéneux,
& cependant fort commun dans lé détroit, où on
l’appelle le lion marin. Quoique ce mets les eût
rendu malades au point que la plûpart perdoient la
peau qui fe.levoit peu-à-peu de deffus leur corps par
E C O
lambeaux:, cependant elles fe trouvèrent fort bien
de fon remede.
U écorce de Winter fe preferit en poudre jufqu’à
deux dragmes ; en infufion ou endécoftion, jufqu’à
une once ; elle donne dans la diftillation une huile
effentielle, pefante, comme les autres fubftances
végétales exotiques : c’eft de-là que dépendent fes
bons effets dans le feorbut acide & muriatique, Sc
dans les cas où il s’agit de fortifier la débilité de l’ef-
tomac. On peut donc lui attribuer avec raifon une
vertu ftimulante, fubaftringente, corroborative, &
réfolutive.
Mais on trouve très-rarement dans les boutiques
cette écorce, & l’on fournit toûjours fous fon nom la
canelle blanche. Quoique leurs arbres, les lieux où
ils croiffent, & leur forme extérieure, n’ayent pref-
que rien de commun ; cependant comme les deux
ecorces s’accordent à avoir à-peu-près la même odeur
& le même goîit, l’ufage reçu & pour ainfi dire convenu
entre le médecin & l’apothicaire, eft la fubfti-
tution de la canelle blanche qui eft commune, à l’écorce
de Winter qui eft très-rare. Voilà un petit fe-
cret que je ne me fais point fcrupule de ré vêler
de M. le Chevalier DE J AU COU RT.
* ECORCER, v. ad. (Econ. rujt.) c’eft enlever
l’écorce. On pratique cette opération aux arbres
dont l’écorce eft utile, & le bois découvert s’appelle
bois pelard. On choifit pour écorcer le tems le
plus fort de la feve.
* ÉCORCHÉ, adj. il fe dit en général de tout
trait inégal, & dont les bords font en feie, qui défigure
la furface d’un corps. On accorde plus ou moins
de largeur à l’écorchure. Elle fe prend même quelquefois
pour la féparation entière de la peau du corps de
l’animal : ainfi on dit un cheval écorché, un écorcheur.
L’écorchure, fans cette exception, feroit en général
l’impreflion faite à la furface d’un corps , par
l’aâion ou la preflion violente d’un autre qui en détache
des parties.
Ecorch é , terme de Blafon, qui fe dit des loups
de gueule, ou de couleur rouge.
ECORCHER, v. aft. ( Jard. ) on fe fert de ce
mot pour marquer que les racines font bleffées, &
on dit qu’elles font écorchées. (K)
E corcher , (Stuccateur.) on dit écorcher une figure
de terre ou de cire qui doit fervir de noyau ,
lorfqu’on la ratifie pour la diminuer & lui ôter de
fa groffeur.
ECORCHURE, f. f. (Med.') dépouillement de la
furpeau par une caufe externe. Le remede eft d’oindre
la partie écorchée de quelque doux balfamique
huileux, couvert d’un bandage pour éviter le frottement
& les injures de l’air. Voye^ de plus grands détails
au mot EXCORIATION. Article de M. le Chevak
lier DE J AU COU RT.
* Ecorch ure, (Manu/, en foie.) on appelle ainfi
l’endroit d’un fil d’organfin, où il manque un brin.
On dit changer une écorchure , pour tordre par-
devant un bout de la jointe au fil écorché éntrè le
corps & le remiffe ; d’où il arrive que le fil fe trouve
paffé par-tout où il doit l ’être. On change aufli
des écorchures fur la longueur.
ECORCIER, f. m. ( Tannerie. ) c’eft près d’un
moulin à tan un bâtiment fervant de magafin pour
contenir les écorces de chêne.
ECORE, f. f. terme de Marine & de Riviere , il fe
dit d’une côte qui eft efearpée & prefque coupée
à pic. On remarque qu’auprès des côtes ècores &
élevées, on trouve prefque toûjours beaucoup de
fond. ;
Le bord ou les extrémités d’un banc de fable, ou
de tout autre danger, s’appellent les ècores, & on les
diftingue en ècores de l’eft & de l ’oiieft , du nord ou
du fud. Le banc de Terre-neuve a fes ècores deJ’eft,
E C O
lôrfqu’on vient de France pour entrer fur ce banc ;
& tes ècores de l’oiieft, lorfqu’on l’a traverfé pour
aller à l’île de Terre-neuve, ou à l’île royale. (Z ) E c o r e s , (Marine.) ce font aufli des étaies
qui foûtiennent un navire, lorfqu’on le conftruit,
où qu’on y fait des réparations. Voye^ Accores.
(Z)É
CORE, terme de riviere, piece de bois que l’on
appuie d’un bout contre le plat bord d’un bateau,
& l’autre contre la berge, pour empêcher qu’il ne
fe brife. A Vauterre, c ’eft une efpece d’étrecillon. Ecorer un bateau, terme de riviere , c’eft mettre
des ècores le long du plat bord.
* ECORNURE, f. f. (Architect.) l’on donne ce
nom aiix éclats qui fe détachent par accident aux
arrêtes des pierres, foit en les taillant, foit après
qu’elles font taillées.
ECOSSE^Geog'.) royaume d’Europe dans File
de la grande Bretagne, de laquelle il occupe la partie
feptentrionale. Il eft connu par les anciens fous
le nom de Calédonie & de Pietés. Il eft féparé de l’Angleterre
par les rivières deTwed, d’Esk, & de Sol-
lwa y , & par les montagnes de Chieviot. Le plus
grand jour y eft de dix-huit heures deux minutes,
& le plus court de cinq heures quarante-cinq minutes
; ce qui fait que dans les plus grands jours d’été,
il n’y a point de nuit, mais un crépufcule très-lumineux
entre le coucher & le lever du Soleil. L’Ecojfe
a environ cinquante-cinq lieues marines de long,
fur vingt de large ; elle a un grand nombre de lacs,
de rivières, de montagnes, & d e forêts ; on n’y manque
point d’eaux minérales ; elle abonde en oifeaux
faiivages ôc domeftiques ; on y trouve quelques mines
de fer, de plomb, d’étain, & de cuivre. On voit
dans le prodrome de l’hiftoire naturelle à’Ecojfe du
chevalier Sibbald, que ce pays produit un grand
nombre de pierres précieufes & de cryftaux. La religion
dominante eft la Proteftante , fur le modèle
de celle de Geneve. On divife cet état én trente-cinq
petites provinces, que l’on diftingue en méridionales
& feptentrionales, par rapport auTay qui les fé-
pare. Edinbourg en eft la capitale.
VEcoJ/e a eu fes rois particuliers jufqu’en 1603 ,
que Jacques Stuart VI. fuccéda aux couronnes d’Angleterre
& d’Irlande, auxquelles fous le nom de Jacques
I. il joignit celle d’Ecoffe, & prit alors la qualité
de roi de la grande Bretagne. Ses fucceffeurs ont
poffédé ces trois couronnes, dont l’union eft devenue
encore plus .intime fous le régné d’Anne I. qui
en 1707, a mis l’Angleterre & VEcojfe fous un meme
parlement. Par cette union., VEcojfe envoyé au parlement
de la grande Bretagne un certain nombre de
députés, félon la proportion qu’elle a avec l’Angleterre
, laquelle eft réduite à feize'pairs & quarante-
cinq .membres pour la, chambre des communes. Les
revenus du royaume dVEcojfe furent évalués, par le
traité d’union, à . 160000 livres fterlings, qui eft à-
peu-près la quarantième partie des fubfides des deux
royaumes. Elle a été redoutable tant qu’elle n’a pas
été incorporée avec l’Angleterre ; mais comme dit
M. de Voltaire, un état pauvre, voifin d’un riche,
devient vénal à la longue, & c’eft aufli le malheur
que VEcojfe éprouve. Article de M. le Chevalier DE
J AU COU RT. Ecosse nouvelle, (Gèog.mod.) Voye^ Ac a die.
> ,
ECOSSER, v. a&. (Jard.) c’eft tirer un légume
de fon coffat, de fa gouffe, 6‘c. On écoffe les pois,
les.feves, &c.
* E C O T , f. m. (Eaux & forêts & Blafon.) c’eft
ainfi qu’on appelle des groffes branches qui n’ont
pas été dépouillées de leurs rameaux, affez ras ; en-
forte qu’il refte fur leurs longueurs des bouts ex-
cédens de ces rameaux, qui leur donnent une fi-
E C O 351
gure hériflee & épineufe. Ecot a la même acception
dans le Blafon.
ECOTARD ou PORTE-HAUBAN, voye^ Porte
hauban.
ECOTÉ, adj. terme de Blafon : il fe dit des troncs
& des branches d’arbres dont on a coupé les mêmes
branches. On appelle croix écotée , celle dont le montant
& les branches ont plufieurs chicots ou noeuds.’
On le dit aufli d’un cheval, dont l ’écot d’une fou-,
che a parié le pié. Ménétr. Trév. & Chambers. ■
Lecheraine en Savoie , • d’azur à la bande écotée
d’or.
* ECOÜANNE, outil commun à un grand nombre
d’ouvriers. Les Arquebufiers ont leur écoüanne
ou écoüaine ; c ’eft un morceau de fer ou d’acier trempé
, dont la queue fait coude j avec le refte qui eft
emmanché, qui a le deffus cannelé en large, où les
cannelures font un peu élevées les unes au-deffus
des autres, & un peu tranchantes. Les Arquebufiers
s’en fervent pour râper & raboter les moulures fur
du bois. Ils en ont de plates & de convexes, de plus
grandes & de plus petites. Les Fa&eurs ou Luthiers
ont leurs éco'ùannes. Les Menuifiers s’en fervent pour
pouffer des moulures. C ’eft à la monnoie une des
limes des ajufteurs, pour diminuer le flanc quand il
eft trop fort de poids.
Celle du Potier-d’Etain eft un morceau de fer de
deux piés à deux piés & demi de long , & environ
un pouce de large fur un peu moins d’epaiffeur, garni
de dents de deux côtés, faites à la lime, diftantes
de deux lignes l’une de l’autre. Il s’en fert pour râper
ou limer les inégalités que font lés gouttes d’étain
furlafuperficie des pièces où on a rebouché des
trous, & dont on a épilé les jets avant que de les
tourner ou réparer. Son écoüanne pour les pots eft
ordinairement droite, & a d’un côté les dents plates,
& de l’autre demi-rondes ; & celle pour la vaiffelle
eft plus large & plus courbée.
Il a d’autres éco 'ùannes plus petites, dont les dents
font plus ferrées ; il leur donne le nom de râpe : elles
fervent plus fouvent à achever qu’à apprêter, & à
réparer. Voyeç ces mots.
L ’écoüanne du Tabletier-Cornetier eft une efpece
de lime dont les dents, même dans les plus petites ,
font plus groffes que celles des plus groffes limes. Il
en a de plates, de triangulaires, &c. Celle des autres
Tabletiers & des ouvriers en Marqueterie eft la même.
Voyelles Planches de ces différehs arts ; vous y
trouverez leurs éco'ùannes. Les ouvriers que nous
venons de nommer ne font pas les feuls qui fe fervent
de cet outil ; mais il n’a rien de particiilier dans
leurs boutiques : il n’y varie que par la longueur &
la largeur, & par la petitefle ou la force des dents.
Ce n’eft que la matière à écoiianner qui occafionne
ces différences.
ECOUANETTE, f. (. en terme de Tabletier-Cornetier,
eft une plaque de fer à groffes dents, montée à
plat fur un manchè un peu recourbé en-deffus. L’é-
coüanette fert à planeter les morceaux de corne dont
on veut faire des peignes. .
ECQUETS , ECOITS, voyeç Couets.
ECOULEMENT, f. m. (Gramm.) terme qui fe
dit du mouvement d’un fluide en général, qui paffe
ou s’échappe d’un lieu où il étoit ramaffé. Ecoulement fe dit., en Phyjîque, des corpufcu-
les infenfibles qui s’échappent d’un corps. Voye{ EmEanation. coulemens , (Hydraul.) L’eau s’écoule ordinairement
par des ouvertures circulaires, quand on
l’a amaffée dans un regard de prife ou château d’eau ;
& alors on la mefure, pour en connoître la quantité,
au pouce & à la. ligne circulaire , qui font percées*
dans la jauge, lefquelles mefures font toûjours plus
petites que les quarrées.