î 8î D Y S ■ xlire&es ; qui tantôt de la part de la mere, tantôt par
le foetus . par le délivre, ou par toutes ces choies
réunies , rendent les accouchemens difficües, laborieux
, ou impoffibles, & requièrent pour y remédier
les connoiflances-, .la main, 8c les inftrumens
d’un homme eonfommé dans cette fcience.
Cependant que l’affemblage de ces phénomènes
ceffe de nous allarmer ! le nombre infini d’accouche-
mens naturels & favorables comparé à ceux qui ne
le font pas ; les exemples de tant de perfonnes qui
fortent tous les jours heureufement des couches les
plus dangereuses ; l’expérience de tous les lieux &
de tous les tems ; les fecours d’un art éclairé fur cette
matière dans les cas de péril, & d’un art dont on
peut étendre les progrès : toutes ces réflexions doivent
eonfoler le beau fexe, ou du moins calmer fes
frayeurs. En un mot les femmes font faites pour ac-
toueher-,- & la Nature toujours attentive à la conservation
de l’efpece, fait les porter par des lois invariables
8c par une force invincible, à concourir
& fes fins. Article de M. le Chevalier de J au cou R T.
DYSURIE y f, f, (Medecine.) en latin dyfuria, de
D Y S fvç~9 difficilement, & de Zpov, urine. La moindre teinture
du grec donne l’intelligence de tous les mots de
l’art qui commencent par dyf
La dyfurie eft une excrétion douloureufe & pénible
de l ’urine, o u , pour me fervir des termes vulgaires
, c’eft l’a&ion de piffer avec difficulté & avec
une certaine ienfation incommode de chaleur 8c de
douleur.
Quand cette a&ion ne s’opère que goutte à goutt
e , on Rappelle firangurie, qui n’eft à proprement
parler qu’un degré plus violent de dyfurie, fans aucune
différence pour les caufes ni pour les remedes;
Voye^ Strangurie.
Mais fi la fuppreffion d’urine eft totale, elle prend
le nom d'ifehurie, dernier période du mal, qui met
la vie dans le plus grand danger. C ’eft pourquoi nous
parlerons de l’ifchurie à fon rang, conformément à
l’attention qu’elle mérite : l ’amour de l’humanité &
l’ordre encyclopédique demandent cjue nous fui-
vions une méthode auffi fenfée, qui s accorde d’ailleurs
entièrement au but & au plan de cet ouvrage.'
Article de M , leChevalier d e J a u c o u r t ^
183
E
, E , e , f. m. c’eft la cinquième
lettre de la plûpart des alphabets,
& la fécondé des voyelles. Vty.
les articl. A l p h a b e t , L e t t r e ,
& V o y e l l e .
Les anciens Grecs s’étant ap-
perçus qu’en certaines fyllabes
de leurs mots Ve étoit moins long
& moins ouvert qu’il ne l’étoit en d’autres fyllabes,
trouvèrent à-propos de marquer par des caractères
particuliers cette différence, qui étoit fi fenfible dans
la prononciation. Ils défignerent Ve bref par ce caractère
e , «, 8c l’appellerent , epfilon, c’eft-à-dire
petit e; il répond à notre e commun, qui n’eft ni Ve
tout-à-fait fermé, ni Ve tout-à-fait ouvert : nous en
parlerons dans la fuite.
Les Grecs marquèrent Ve long & plus ouvert par
ce cara&ere H, », ha; il répond à notre e ouvert
long. H | ' .
Avant cette diftin&ion quand 1 e etoit long 8c ouvert,
on écrivoit deux e de fuite ; ç’eft ainfi que nos
peres écrivoient aage par deux a, pour faire connoî-
tre que Va eft long en ce mot : c’eft de ces deux E
rapprochés ou tournés l’un vis-à-vis de l’autre qu’eft
venue la figure H; ce caraftere a été long-tems, en
grec & en latin, le ligne de l’afpiration. Ce nom ha
vient du vieux fyriaque hetha , ou de hetk , qui eft
le figne de la plus forte afpiration des Hébreux ; 8c
c ’eft de-là que les Latins prirent leur figne d’afpira-
tion H , en quoi nous les avons fuivis.
La prononciation de Veta a varié : les Grecs modernes
prononcent ita ; & il y a des lâvans qui ont
adopté cette prononciation, en lifant les livres des
anciens.
L’univerfité de Paris fait prononcer êta. Voyei les
preuves que la méthode de P. R. donne pour faire
voir que c’eft ainfi qu’il faut prononcer ; 8c fur-tout
lifez ce que dit fur ce point le P. Giraudeau jefuite,
dans fon introduction à la langue greque ; ouvrage tres-
méthodique 8c très-propre à faciliter 1 etude de cette
langue favante, dont l’intelligence eft fi néceffaire à
un homme de lettres.
Le P. Giraudeau, dis-je, s’explique en ces termes,
pag. 4. « Veta fe prononce comme un ƒ long 8c ou-
„ v ert, ainfi que nous prononçons l’e dans procès :
» non-feulement cette prononciation eft 1 ancienne,
» pourfult - i l , mais elle eft encore effentielle pour
» l’ordre & l’oeconomie de toute la langue greque».
En latin, & dans la plûpart des langues , Ve eft
prononcé comme notre e ouvert commun au milieu
des mots, lorfqu’il eft fuivi d’une confonne avec laquelle
il ne fait qu’une même fyllabe, coe-lèbs , mtl,
per, pa-trèm , omnipo-tèn-tèm , pès, èt, 8cc. mais félon
notre maniéré de prononcer le latin, Ve eft ferme
quand il finit le mot, mare, cubile, pâtre, 8cc. Dans
nos provinces d’au-delà de la Loire, on prononce
Ve final latin comme un e ouvert ; c’eft une faute.
Il y a beaucoup d’analogie entré IV fermé 8c l’i ;
ç’eft pour cela que l’on trouve fouvent l’une de ces
lettres au lieu de l’autre, herè, herï ; c eft par la mente
raifon que l’ablatif de plufieurs mots latins eft en
e ou en i 9 prudente 8c prudenti.
Mais paffons à notre e françois. J’obferverai d’abord
que plufieurs de nos grammairiens difent que
nous avons quatre fortes dV. La méthode de P. R.
au traité des lettres, p. G z z , dit que ces quatre prononciations
différentes de IV, fe peuvent remarquer
en ce feul mot détèrrement ; mais il eft aifé de voir
E
qu’aujourd’hui IV de la derniere fyllabe ment n’eft
« que dans l’écriture.
La. prononciation de nos mots a varié. L’écriture
n’a été inventée que pour indiquer la prononciation,
mais elle ne fauroit en fuivre tous les écarts, je veux
dire tous les divers changemens : les enfans s’éloignent
infenfiblement de la prononciation de leurs
peres ; ainfi l’ortographe ne peut fe conformer à fa
deftination que de loin en loin. Elle a d’abord été
liée dans les livres au gré des premiers inventeurs :
chaque figne ne fignifioit d’abord que le fon pour lequel
il avoit été inventé, le figne a marquoit le fon
a , le figne é le fon é, & c . C ’eft ce que nous voyons
encore aujourd’hui dans la langue greque, dans la
latine, 8c même dans l’italienne 8c dans l’efpagnole;
ces deux dernieres, quoique langues vivantes, font
moins fujettes aux variations que la nôtre.
Parmi nous, nos yeux s’accoutument dès l’enfance
à la maniéré dont nos peres écrivoient un mot,
conformément à leur maniéré de le prononcer ; de
forte que quand la prononciation eft venue à changer.
les yeux accoutumés à la maniéré d’écrire de
nos peres, fe font oppofés au concert que la raifon
auroit voulu introduire entre la prononciation 8c i’or-
tographe félon la première deftination des caractères
; ainfi il y a eu alors parmi nous la langue qui
parle à l’oreille, & qui feule eft la véritable langue
, & il y a eu la maniéré de la repréfenter aux
yeux, non telle que nous l’articulons, mais telle que
110s peres la prononçoient, enforte que nous avons
à reconnoître un moderne fous un habillement antique.
Nous faifons alors une double faute ; celle d’e-
crire un mot autrement que nous ne le prononçons , 8c celle de le prononcer enfuite autrement qu il n eft
écrit. Nous-prononçons a 8c nous écrivons e , uniquement
parce que nos peres prononçoient & écrivoient
e. Voye^ O r t o g r a p h e .
Cette maniéré d’ortographier eft fujette à des variations
continuelles , au point que, félon le prote
de Poitiers 8c M. Reftaut, à peine trouve-t-on deux
livres où l’ortographe foit femblable (.traité de VOr-
togr. franç. p. 1.) Quoi qu’il en foit, il eft évident’
que IV écrit 8c pronpnee a , ne doit être regardé que
comme une preuve de l’ancienne prononciation, 8c
non comme une efpece particulière dV. Le premier c
dans les mots empereur, enfant, femme, 8cc. fait voir
feulement que l’on prononçoit empereur, enfant, f i nie,
& c’eft ainfi que ces mots font prononcés dans
quelques-unes de nos provinces ; mais cela ne fait
pas une quatrième forte dV.
Nous n’avons proprement que trois fortes dV,* ce
qui les diftingue, c’eft la maniéré de prononcer IV ,
ou en un tems plus ou moins long, ou en ouvrant
plus ou moins la bouche. Ces trois fortes d e font 19
ouvert, IV fermé, 8c Ve muet : on les trouve tous
trois en plufieurs mots, fermeté, honnêteté, évêquex
févère, échelle, 8cc.
Le premier e àefèrmeté eft ouvert, c’eft pourquoi
il eft marqué d’un accent grave ; la fécondé fyllabe
me n’a point d’accent, parce que IV y eft muet; ti
eft marqué de l’accent aigu, c’eft le figne de IV
fermé.
Ces trois fortes dV font encore fufeepumes de
plus & de moins.
LV ouvert eft de trois fortes ; 1. le ouvert commun
, IL IV plus ouvert, III. IV très-ouvert.
I. LV ouvert commun : c’eft IV de prefque toutes
les langues; c’eft IV que nous prononçons dans les