7 4 ° E O L oans répandus çlan$ la principale, avoient donné lieu
a-ux prêtres d’en faire l’antre de Vulcain, & d’y placer
fes forges ; ce fut de-là qu’elle s’appella Vul-
canie.
ENVOYER, yoye[ Avoyer.
EOLIPYLE, f. m. (Phyf.) infiniment hydraulique
qui- confifte dans une bpide de métal creufe,ayant un
cou ou un tuyau. Cette boule étant re-mplie d’eau &
expofée au feu , il fort par le tuyau un vent violent.
Dèfcartes & d’autres fe font fer vis de cet infiniment
pour expliquer la caufe & la génération du vent ;
c’eft pourquoi il efl qppellé éolipyle, comme qui di-
ro\t pila Æ o lii boule d’Eole; parce que Eôle étoit
le dieu des vents. Qn voit la forme de cet infiniment
(PI. de Phyjiq. fig. z8 .) A efl la boule poféë fur des
charbons ardens B , C efl fon cou, par lequel fort
le vent ou la vapeur. On écrit ordinairement éoli-
pylc> comme on prononce; on devroit écrire oeoli-
pyle, fuivant l’étymologie : mais il vaut encore mieux
fe conformer à la prononciation.
Quelquefois le cou de YéolipyU efl joint à la boule
par une vis ; ce qui efl plus commode, parce qu’a-
lors.on a plus de facilité à remplir d’eau là cavité.
S’il n’y a pas de v is , on peut la remplir de la maniéré
fuivante : faites chauffer la boule jufqu’à ce qu’elle
foit rouge, & jettez-la dans un vaiffeau plein d’eau ;
Peau entrera par le tuyau, & remplira environ les
deux tiers de la cavité.
Si on met enfuite YéolipyU fur le feu, ou devant le
feu , enforte que Peau & le vaiffeau s’échauffent
beaucoup ; l’eau étant alors raréfiée & convertie en
vapeur , s’échappera avec beaucoup de bruit & de
violence, mais par bonds, & non pas d’une maniéré
égale & uniforme.
« En mettant YéolipyU fur un brafier bien allumé,
dit M. Formey, d’après la plupart des Phyficiens,
dans un article qu’il nous a communiqué fur ce fu-
je t; »le feu y dilate l’air, allant & venant au-tra-
» vers des pores de la boule, fans aucun accident
» fenfible ; parce que l’air qu’il chafle trouve à s’é-
9» chapper par la fortie du goulot. Si cette boule rou-
» gie par le feu efl plongée dans l’eau, l’air dilaté
y, qui y demeure fe refferre aux approches de celle-
>> ci. Le vafe fe trouve peu-à-peu rempli d’eau &
» d’air , par portions à-peu-près égales. Remettez
» pour lors YéolipyU fur les charbons en y enfonçant
» un peu le petit-bout, & en tournant a l’air l’ou-
» verture du goulot, que l’eau remplit par ce moyen
» fans s’écouler ; dès que le brafier fera vivement
» allumé, le feu qui fembloit ne pas agir fur l’inté-
» rieur de cette poire quand elle étoit fans eau, &
» que rien ne le retenoit, commence par y dilater
» l’air. L’air débande tous fes refforts contre l’eau
» qui l’enveloppe ; celle-ci, quoique naturellement
»> fans a&ivité, étant fortement pouffée en tout fens
» & en même tems refferrée de toutes parts par les
» parois du vaiffeau, ne trouve que l’iffue du goulot
y, yers laquelle fe tourne toute la furie du feu & de
» l’air, & par conféquent de l’eau. L ’eau en fort mal-
» gré la petiteffe de l’iffue, & malgré la réfiftance de
» l ’air extérieur, en s’élançant à quinze & à vingt
» piés de diftance. Ainfi le feu qui s’entretient paifi-
» blçment fous une maffe de cendre par la liberté que
» mille petits fentiers lui laiffentde s’échapper à l’air
*» & d’en tirer quelque fecours, vient-il à recevoir
» autour de lui quelques gouttes d’eau, il les étend,
» il les foûleve, & foûleve avec elles la braife & la
» w ; e. C ’eft par cette raifon que le feu foûterrein
» qui étant feul rouleroit autour ou au - travers d’un
» petit caillou fans le déplacer, fe joignant à l’air & à
» î’eau, foûleve des maffes énormes, ébranle les ré-
» gions, perce les terres, & fait voler les rochers.
» Quand le feu, fécondé de l’air, pouffe-devant lui
* des furfaçes d’élémens durs de maififs, comme le
E O L
» fel & l’eau, qui ne peuvent être reçus par les ou-
» vertures qui liyreroient paffage au fer, il fait alors
» des ravages épouvantables, & il renverfe, brifè ,
» ou difîipe par ce fecours ce qu’il auroit traverfé par
» un écoulement continuel étant feul. Ainfi quoique
» l’élafticité du feu ne foit pas toùjours fenfible, elle
» eft toùjours réelle, & c’eû de cette élafticité modi-
» fiée ou fécondée par les autres élémens , qu’on
» peut déduire les différentes aérons du feu ». M.
Formey cite ici le fpeclacle de la nature, tome IV.
Cette expérience de YéolipyU eft une des plus fortes
preuves que puiffent alléguer en faveur de leur
fentiment, ceux qui croyent que l’air eft la principale
caufe de l’ébullition des fluides. Il paroît vraif-
femblable au premier coup - d’oeil, que le vent de
YéolipyU eft produit par l’air renfermé dans l’eau.
Mais lorfqu’on remplit d’eau YéolipyU, il n’y avoit
prefque point d’air, &: l’eau qu’on a fait entrer ne
contient qu’une dixième partie d’air ; une fi petite
quantité d’air peut-elle être la matière de ce fouffle
impétueux ? De plus, lorfque le vent eft dans fa plus
grande force, plongez le cou de YéolipyU dans un
vaiffeau plein d’eau froide, on ne voit point paroî-
tre à la furface les bulles que ce vent devroit produire
, s’il étoit produit lui-même par l’air. D on c ,
conclut-on, la caufe du vent de YéolipyU eft la même
que celle de l’ébullition, la vapeur de l’eau dilatée
13 ou 14000 fois au-delà de fon état naturel.
Cette derniere raifon eft - elle bien convaincante?
car quand ce feroit la vapeur de l’eau qui produi-
roit le fouffle de YéolipyU, pourquoi cette vapeur
expofée dans l’eau froide ne produiroit-elle pas des
bulles d’air à la furface, comme on prétend qu’elle
en produit dans l'ébullition? Voyeç Ebullition,
& Us mém. acad, 1748. M. Muffchenbroeck, effais
de Phyf. art. 870 , paroît aufli attribuer le fouffle
de YéolipyU à la vapeur de l’eau. Quoi qu’il en foit,
voilà les raifons de part & d’autre, fur lefquelles on
peut juger, & fur lefquelles on fera peut-être encore
mieux de fufpendre Ion jugement.
La vapeur ou l’air qui fort de YéolipyU, a une
chaleur fenfible près de l’orifice ; mais à quelque diftance
de-là elle eft froide, comme nous l’obfervons
dans notre haleine. On ne convient pas de la caufe
de ce phénomène. Les partifans des corpufcules l’expliquent
en difant, que le feu qui eft contenu dans la
vapeur raréfiée, quoique fuffifant pour fe faire fentir
près de l’orifice, s’en débarraffe enfuite, & devient
infenfible avant que d’être vapeur. arrivé à l’extrémité de la Voye^ Feu.
Les philofophes méchaniciens d’un autre côté prétendent
que la vapeur en fortant de la boule, a une
forte de mouvement circulaire en quoi confifte proprement
la chaleur ; & qu’à mefure qu’elle s’éloigne
cle la boule, ce mouvement diminue de plus en plus
par la réaftion de l’air contigu, jufqu’à ce qu’enfin
la chaleur devient infenfible. Voy. Chaleur. Pour
nous, qui ne nous flatons pas de favoir en quoi confifte
la chaleur & le froid,.& qui croyons tous les Phy-.
ficiens aufli peu avancés que nous fur ce point, nous
avouons fans peine que. la caufe de ce phénomène
nous eft inconnue, ainfi que bien d’autres.
Quelques auteurs ont propofé différens ufages
de YéolipyU. i° . Ils-croyent qu’on pourroit l’employer
au lieu de foufflet pour fouffler le feu, lorfqu’on
a befoin d’une très - grande chaleur. z°. Si on
ajuftoit une trompette, un cor, ou quelque autre infi
trument fonore au cou de YéolipyU , il pourroit les
faire fonner. 30. Si le cou étoit tourné perpendiculairement
en-haut, tk. prolongé par le moyen d’un
tube ou cylindre creux qu’on y adapterait, & qu’on
mît une boule creufe fur l’orifice du tube ; cette boule
feroit élevée en l’air & y feroit foûtenue en voltigeant
, tantôt plus haut, tantôt plus bas , comme
E O L
dans un jet d’e'au. Voye^ F o n t a in e . 40 . éolipyle
étant rempli d’une eau de fenteur, au lieu d’eau fim-
ple , pourroit fervir à parfumer une chambre. Tous
ces ufages, comme l’on vo it, ne font pas fort importais
; quelques-uns feroient tout au plus curieux. (O)
EONES, vqy^EoNS.
EONIENS, f. m. pl. (Hifl.ecclY) on appella ainfi
dans le xij. fiecle les fe&ateurs d’Eon de l'Etoile ;
gentilhomme breton , qui abufant de la maniéré
dont on prononçoit alors ces paroles,per eum ( on
prononçoit eon) qui venturus ejl judicare vivos & mor*
tuos, &c. prétendoit qu’il étoit le Fils de Dieu, devant
juger un jour les vivans & les morts. Cette hé-
réfie, ou plûtôt cette ridicule extravagance, ne mérite
de place dans l’hiftoire que par le trouble cjli’elle
caufa. Plufieurs feélateurs de cet Eon fe laiflèrent
brûler v ifs , plûtôt que de renoncer à une fi étrange
folie. O miferas hominum mentes ! Mais notre fiecle
que nous croyons fi éclairé, ell-il plus fage ? V?ye^
C o n v u l s io n n a ir e s . ( O )
EONS ou EONES, ( Théologie.) mot tiré du grec
àiûv, qui lignifieJitclt, éternité. Voye^ SiECLE.
Quelques anciens hérétiques ont attaché une autre
idée au mot ceon ; & partant des principes de la
philofophie de Platon, qu’ils entendoient mal, ils
donnèrent de la réalité aux idées que ce philofophe
avoit imaginées en D ieu ; c*eft-à-dire qu’ils les per-
fonnifierent, & les diftinguerent de Dieu même,
prétendant qu’il les avoit produites les unes mâles
& les autres femelles. Voyei I d é e & P l a t o n is m e .
Ils appelloient ces idées éons ou éonts ; & de leur
affemblage complet ils formoient la Divinité, qu’ils
nommoient ^rKupâ/xa., c’ell-à-dire plénitude.
A commencer dès Simon le Magicien , tous les
hérétiques des premiers fiecles trouvant la doctrine
de l’Eglife trop fimple, & à force de vouloir relever
plus haut le Dieu qu’ils reconnoiffoient pour
fouverain, avoient ainfi confondu les idées corporelles
avec les fpirituelles, & formé tme fcience
myftérieufe qu’ils appelloient Gnofe , qui leur fit
donner à tous en général le nom de Gnojliques, c’eft-
à-dire plus parfaits ou plus éclairés que U commun des
hommes.
« L’héréfiarque Valentin qui parut vers l’an 134
» de J. C. rafinant, dit M. Fleury, fur ceux qui l’a-
» voient précédé, déduifoit une longue généalogie
» de plufieurs Eones ou Aiones ; il en faifoit des per-
» fonnes. Le premier & le plus parfait étoit dans
» une profondeur invifible & inexplicable, & il le
» nommoit Proon, préexiftant, & de plufieurs au-
» très noms ; mais plus ordinairement Bythos, c’eft-
» à-dire profondeur. Il étoit demeuré plufieurs fiecles
» inconnu en filence & en repos, ayant avec lui
» feulement Ennoïa , c’eft-à-dire la penfée, que Va-
» lentin nommoit aufli Charte , grâce, ou Sigé, fi-
» lence, & dont il faifoit la femme. Enfin Bythos
» avoit voulu produire le principe de toutes chofes,
& avec Sigé il avoit engendré Nous , fon fils uni-
» que, femblable & égal à lui, feul capable de le
»> comprendre. Ce fils étoit le pere & le principe de
» toutes chofes. N»ç en grec fignifie intelligence, mais
» il eft du genre mafeulin, c’eft pourquoi les Vàlen-
» tiniens en faifoient un fils ; & quoiqu’il fût uni-
» que, ils lui donnoient une foeur Aletheia, c’eft-à-
» dire la vérité. Ces deux premiers couples , Bythos
» & Sigé, Nous & Aletheia , formoient un quarré
» qui étoit comme la ra'cine & le fondement de tout
» le fyftème : car Nous avoit engendré deux autres
» perfonnages ou Eones, Logos & Zoe, le verbe'&
» la v ie, & ces deux en avoient encore produit deux
» autres, Anthropos & Ecclefia, l’homme & l’églife.
» Le Verbe & la Vie, continue le même auteur ,
» voulant glorifier le pere, avoient encore produit
*> dix autres éonts , c’eft-à-dire cinq couples, car ils
E P A 7 4 1
» étoîent toujours deux à deux. L’Homme & PEglife
» avoient produit douze autres cônes, entre lefquel-
» les etoit le paraclet, la fo i, I’efpérance, la chari-
» te. Les deux derniers étoient Teletos, le parfait,
» &c Sophia , la fageffe. Voilà les trente eones, qui
» tous enfemble faifoient le pleroma oü plénitude in-
» vifible & fpirituelle ». Hiß. eccléf. tom. I. liv. I IE
Pag- 443- & 444-
Ces hérétiques croyoient trouver clairement tout
cela dans quelques paffages de l ’Ecriture, auxquels
ils donnoient des explications allégoriques & forcées.
En voilà plus qu’il n’en faut fur ces extravagances.
((r)
* EORIES, adj. pris fubft. (Myth.) fêtes que les
Athéniens célébroient en l’honneur d’Erigone, qui
avoit attiré par fes prières une fâcheufe malédiction
fur les filles des Athéniens ; parce qu’ils avoient négligé
de. vanger la mort d’Icare fon pere. Le ciel permit
que.les filles des Athéniens devinffent amoureu-
fes d’hommes qui ne répondirent point à leur paf-
fion , & qu’elles s’en pendiffent de defefpoir. On
confulta là-deffus l’oracle d’Apollon, qui ordonna
les fêtes éories aux mânes d’Erigone ; & les filles des
Athéniens continuèrent apparemment d’aimer, &
quelquefois de n’être point aimées, mais ne s’en pendirent
plus.
E P
* K P A CH T E S , anc.) &tes que les
Athéniens célébroient en l’honneur de Cérès, &.en
commémoration de la douleur qu’elle reffentit de
l’enlevement de Proferpine fa fille. Le mot épachtes
eft compofé de l-m, fu r , & * , douleur.
E P A C T E , f. f. en Chronologie , eft proprement
l’excès dü mois folaire fur le mois fynodique lunaire,
ou de l’année folaire fur l’année lunaire de douze
mois fynodiques, ou de plufieurs mois folaires fur
autant de mois fynodiques, & de plufieurs années
folaires fur autant de douzaines de mois fynodiques.
Les èpacles font donc ou annuelles, ou menftruel-
les. Les épacles menflruelles font les excès du mois civil
, ou du mois du calendrier fur le mois lunaire.
Voye^ Mois.
Suppofons par exemple qu’il y ait nouvelle Lune
le premier de Janvier ; puifque le mois lunaire eft de
2.9! n h 44/ 1" 9 & que le mois de Janvier contient
3 11, Yépatle menflruelle eft donc de iJ 1 i h 15' 57".
Les épacles annuelles font l’excès de l’année folaire
fur la lunaire. Voye[ An.
Ainfi comme l’année julienne eft de 365) 6h, &
que l’année lunaire eft de 3 541 8h 48' 38", Ycpacle
annuelle eft de ioi 21h 1 1/ 22", c’eft- à-dire de près
de 11 i ; & par conféquent Yépacle de deux ans fera de
2 zi ; celle de trois ans de 3 ÿ , ou plûtôt de trois, puïf-
que trente jours font un mois embolifmique ou intercalaire.
Voyei Embolismique. Par la même raifon
Yépacle de quatre ans fera de 141, & ainfi des autres ;
& par conféquent Yépacle de chaque dix-neuvième
année deviendra trente ou zéro. D ’où il s’enfuit que
la vingtième.épaâe fera encore 11., & qu’ainfi le cycle
des épacles expire avec le nombre d’or, ou le cy-
.cle lunaire de dix-neuf ans, & recommence encore
dans le même tems, comme on le voit dans.la table
fuivante.
Nombre Epacles. Nombre
d’or.
Epacles.
do/.
Epacles. |
1 XJ: 7 x v i j . *3 x x i i j .
2 x x t j . 8 XX Vil]. 14 j v .
3 u j. ■ 9 j x . *5 XV.
4 x j v . 1 0 XX. 1 6 XX v j .
5 XXV. 1 1 j- U V11J.
6 v j . X lj. 18 x j x .
J 9 XXX.