684 E N G des fluides trop abondans ou trop épais pour pouvoir
y couler avec facilité. U engorgement a lieu dans
toute forte d’obftru étions. / ^ .O bstruction. (d )
ENGORGEMENT, ( J a r d in a g e .dit quand il
fe fait des obftruâions dans la nourriture d’un arbre
par furabondance d’humeurs ; alors la fève s’engorge,
elle s’arrête, & eft interceptée dans fon cours, foit
par quelque vice qui lui eft particulier, foit par trop
fie plénitude dans les conduits, ce qui arrive quand
on ne, coupe point par-derriere la ligature de la greffe.
Cet accident caufe alors un engorgement, une obf-
truétion , & c’eft ce qu’on appelle firangulation ou
étranglement , qui fait périr la greffe .en peu de tems.
( * ) • : Engorgement, (Hydré) fe dit d’une conduite
oit il eft entré aflez d’ordures pour la boucher. On
y remçdie en ôtant les tampons, les robinets, & lâchant
toute l’eau qui entraîne ces ordures. (K')
ENGORGER, en termes.d'Artificiers, c’eft remplir
de compofition le trou vuide , ou l’ame qu’on a laif-
fée à l’orifice d’un je t, ou tel autre artifice. Dict. de
Trévoux:
ENGOULÉ , adj. terme de Blafon, qui fe dit des
bandes , croix, fautoirs, & autres pièces, dont les
extrémités entrent dans la gueule d’un lion , d’un
léopard, d’un dragon, &c. comme les armoiries de
Guichenon. Il y a aufli des mufles de lions qui en-
goulent le cafque, comme dans les anciennes armoiries
des ducs de Savoie.
Touar en Efpagne, d’azur à la bande d’or engoulée
de deux têtes de lion de même.
ENGOURDISSEMENT, fub.m. (Medecine,) ce
terme eft employé pour lignifier la diminution de la
faculté d’exercer le fentiment attaché à toute la fur-
face .du corps ; dans ce fens 1’engourdijfement eft particulièrement
une léfion du taft, torpa.
IJ peut être caufé par le froid, qui relferre tellement
la peau & les houppes nerveufes, que le fluide
qui coule dans les nerfs des parties affeftées, ne peut
pas parvenir jufqu’à leurs extrémités, enforte que
le taél femble fe faire avec l’interpofition d’un corps
étranger. L’engourdijfement de cette efpece eft aufli
quelquefois l’effet de la comprefîion des nerfs qui fe
diftribuent à un membre, comme dans le cas où on
eft aflis fur une cuifle dans une lituation genée ; elle
empêche le cours libre du fluide dans ces nerfs, d’où
doit réfulter néceflairement le défaut, ou au moins
la diminution du fentiment & même du mouvement
de cette partie. C’eft par cette raifon que l’inflammation
des reins caufe aufli quelquefois l’engourdijfement
des cuiffes.
Si l’engourdijfement eft général, & que l’exercice
du fentiment & du mouvement ne puiffe fe faire que
très-imparfaitement, c’eft alors l’effet d’un vice dans
le cerveau, qui diminue la diftribution du fluide nerveux
; c’eft fouvent un avant-coureur de l’apoplexie
dans les perfonnes qui n’étoient pas malades auparavant.
Hippocrate , v ÿ . coac. prof. fcB .x . Poye^ Apoplexie. Ce peut être aufli une paralyfie imparfaite.
Poye{ Paralysie.
Vengourdijfement & la furdité qui furviennent dans
les maladies aiguës, font un très-mauvais ligne, félon
l’auteur des préfages de cos, à moins qu’ils ne
foient caufés par un dépôt critique de la matière
morbifique fur le principe des nerfs, & dans ce cas-
là même c’eft un fymptome fâcheux.
L’engourdiffement, torpor, peut aufli être accompagné
d’une forte de fentiment douloureux, comme
on l’éprouve par l’attouchement d’un corps élaftique
actuellement agité par de très-promptes & très-nom-
breufes vibrations : l’effet que l’on attribue à la torpille
eft aufli de cette nature, & provient vraiffem-
blablement d’une caufe approchante. Voye^ Torpille.
E N G Engourdissement, fe dit aufli de l’efprit, fiupor,
& dans ce fens il peut prefque lignifier la même cho-
fe que Yanafiene de Boerhaave, in f it. med.fymptoma-
tolog. § . é’ic). il en eft comme le premier degré. C ’eft
une affeftion au fenforium commune, qui le rend moins
■ propre à recevoir les impreflions qui conftituent les
fenfations internes, ou à les tranfmettre à l’ame les
ayant reçues ; l’engourdijfement de l’efprit eft aufli un
fymptome très-funefte dans les maladies aiguës, félon
Hippocrate dans les coaques, 3 y4. d’autant plus
qu’elles deviennent mortelles, fans qu’on s’en ap-
perçoive pour ainfi dire, le malade paroiflant Amplement
être dans un état tranquille. Voye^ Sens a-
t io n . (d~)
ENGRAINER un Cheval. ( Manege , Marèchall. )
C ’eft ajoûter à fa nourriture ordinaire, des alimens
confiftant dans les grains des végétaux qui lui font
propres. On ne fauroit être trop circonfpeCt eu égard
à la quantité de grains , quand il s’agit de l’entretien
des poulains, du rétabliflement des chevaux qui ont
été malades & qui en ont été privés pendant quelque
tems, &c. Voye^Nourriture, (e)
ENGRAIS, f. m. ( (Econ. rufiique.) On comprend
fous ce nom toutes les chofes qui, répandues fur la
terre, fervent à la féconder, comme font les fumiers,
les terres, &o.
Les engrais font en général la plus grande reffource
qu’ait l’Agriculture. Ils fuppléent, julqu’à un certain
point, aux défauts des labours, & corrigent même
l’intempérie dès faifons. C ’eft un objet de dépenfe ;
mais ce qu’il en coûte eft pour le cultivateur un fonds
placé au plus haut intérêt ; ufure honnête que les lois
& les moeurs devroient encourager de concert.
Quelques écrivains qui ont traité de l ’Agriculture,
ont paru vouloir affoiblir la néceflité des engrais. Ils
difent que les plantes fe nourriflant des parties les
plus déliées de la terre, il fuffit de les atténuer pour
rendre celle-ci féconde. Ils ajoûtent que le fumier le
fait parfermentation,maisqu’on y parvient beaucoup
plus fûrement par la fréquence des labours ; que la
charrue brife méchaniquement les molécules à une
plus grande profondeur & beaucoup mieux. Nous
connoiflons dans toute fon étendue l’utilité des labours
; & nous favons que la divifion des molécules
de la terre eft néceflaire à fa fécondité : mais cette divifion
qu’opèrent les labours ne peut être que momentanée
; une pluie longue & violente l’anéantit.
Quelque,bien labourée qu’ait été une terre, fi l’on y
feme du blé fans l’avoir fumée, onl a trouvera totalement
affâiffée à la fin de l’hyver, & ordinairement
les racines du blé feront à la fuperficie. Un engrais,
par fa fermentation continuelle , l’auroit défendu de
l’affaiffement. Il eft difficile de fe perfuader qu’une
divifion faite méchaniquement puifle fournir aux
plantes aflez de parties déliées pour leur nourriture.
Une produ&ion continuelle doit épuifer ces parties,
& les engrais en réparent l’épuifement : on doit attendre
d’autant plus fûrement ce bien de ceux qu’on
employé le plus, comme font les fumiers, qu’eux-
mêmes ne font que les parties un peu altérées des
plantes, qu’ils aident à reproduire. Ils contiennent
des fels & des huiles qui fûrement, indépendamment
de leur aCtion, concourent, avec la terre proprement
dite , à la nourriture des plantes.
Parmi les engrais que l’expérience a mis en ufage,
il en eft dont l ’effet dure un grand nombre d’années.
Nous ne connoiflons en France que la marne qui
foit de ce genre.Les Anglois ont de plus leurs glaifes,
dont l’effet eft excellent, & que peut-être nous pourrions
avoir comme eux. Nousofons même aflurer,
fans avoir fait là-deffus d’expériences directes, que
le mélange de certaines glaifes réufliroit dans nos terres
legeres & chaudes. Tout mélange de terres de différente
nature a toûjours,eudes effets fi heureux, que
E N G le fuccés de eélui-là paroît démontré : il n’èft quef-
tion que d’éprouver fi nous avons ici, comme en Angleterre
, des mines de glaife à portée des terres auxquelles
elles conviendroient. L’éloignement rendroit
la dépenfe exceflive. Voye^ Culture. 1
La marne eft une efpece de terre blanchâtre.& crétacée
, qui fe trouve quelquefois prefque à la fiiperfi-
c ie , mais plus fouvent à une aflez grande profondeur.
Elle contient beaucoup de fels : de leur quantité
dépend en partie la durée de fon effet ; mais elle
dépend aufli de la qualité de la terre. Les Laboureurs
difent de certaines terres, qu’elles ufent leur
marne plus promptement que d’autres. La durée la
plus ordinaire eft entre dix-huit & vingt-cinq ans ;
il eft rare que cette impreflion de fécondité fe fafle
fentir jufqu’à trente. La marne convient à toutes les
terres froides, & elle eft fur-tout excellente dans les
terres appellées blanches, qui font très - communes.
La chaleur & i’aCtivité qu’elle leur communique les
rend aufli propres à rapporter du b lé , qu’aucune
terre que ce foit. Il n’eft pas poflible de déterminer
d’une maniéré précife la quantité de marne dont un
arpent a befoin, puifque cela dépend & de fa qualité
& de celle de la terre : cependant on peut l’eva-?
luer à peu près à quatre cents minots, mefùre de Paris
, pour un arpent à 20 piés pour perche ; c’eft une
quantité moyenne fur laquelle on peut fe regler, mais
en confultant toûjours l’expérience pour chaque enr
droit. Les deux excès doivent être évités avec le
plus grand foin ; ne pas marner aflez , c ’eft s’expo-
ler à recommencer bien-tôt une dépenfe confidéra-
ble. Il y auroit encore plus de danger à marner trop.
L ’effet de cet engrais eft d’échaufler; il brûleroit, fi
l ’on paffoit certaines bornes.
Pendant les deux premières années après qu’une
Terre eft marnée, on doit y-'femer de l’avoine ; les
récoltés de ce grain équivalent alors; à des. récoltés
ordinaires de blé, foit par leur abondance,
foit par le peu de frais qu’exige la culture : d’ailleurs
le blé n’y réufliroit pas dans ces premiers mo-
mens du feu de la marne. La fermentation qu’elle excite
le laifferoit trop long-tems verd ; il mûriroittard,
& par-là feroit expofé à la rouille, qui eft un des
plus grands maux que le bled ait à craindre. L’avoine
au contraire court moins de rifque à proportion de
ce qu’elle mûrit plus tard. Après deux récoltés de ce
dernier grain, on peut en faire deux très-bonnes de
bled , fans qu’il foit befoin d’employer d’autre engrais.
Cependant quelques laboureurs, qu’on ne
peut qu’approuver, craignant d’épuifer trop tôt leurs
terres, y répandent du fumier en petite quantité, &
du fumier le moins chaud, pour tempérer un peu le
feu de la marne : quatre ou cinq années étant paffées,
on reprend le cours de la culture ordinaire, & une
terre marnée devient alors dans le cas de toutes cefc
les qüi n’ont jamais eu befoin de l’être. Le bon effet
de la marne fe fait fentir, comme nous l’avons dit,
pendant un tems plus ou moins long ; mais un inconvénient
auquel il faut s’attendre, c’eft que la
terre devient plus ftérile à la fin que fi on ne l’avoit
pas contrainte à cet effort de fécondité : il eft peut-
être dans la nature qu’une fermentation extraordinaire
foit fuivie d’un repos proportionné. Quoi qu’il
en foit, il eft aifé de diftinguer une terre marnée trop
anciennement : fon afpeCt eft trifte ; la pluie qui
femble ouvrir toutes les autres terres, bat celle-ci,
& en rapproche toutes les parties ; le Soleil la durcit
plus qu’il ne l’échauffe ; les mauvaifes herbes ,
& fur-tout le pavot fauvage, y dominent ; le grain
y jaunit. Il n’eft pas poflible de la méconnoître à ces
marques de ftérilité. Le remede fe trouve dans la
marne même ; & alors elle devient abfolument néceflaire
: cela fait dire à quelques laboureurs, qu’elle
enrichit le pere & ruine les enfans. On peut dire aufli
E N G £8* qu’éllë paye d’avance avec ufure ce qu’il èn coûte
pour la renouveller. Nous-devons ajoûter ici qu’avec
l’aide des fumiers, on prolonge pendant plufieurs
années l’effet de la marne ; mais illa u tn ep a s les
épargner, & fa voir s’exécuter fur la dépenfe : cette
prolongation eft même utile à la terre, & la pratir
que en eft-à confeiller. Enfin lorfqu’on renouvelle
la marne , ce ne doit pas: être fans y apporter dès
précautions: elle feroit p o u r u n e terre ainfièpuifée,
ce que font certains remedes àCtifs pour un eftomac
ufé; ils ne le raniment d’abord, que pour lelaiffer
bien-tôt plus languiffant. 11 eft donc prefque nécef-
faire de donner du repos à la terre, avant de la marner
une fécondé fois : mais afin que ce tems de repos
ne foit pas perdu, on peut y femer de la luzerne
, du fain - foin, &c. comme nous le dirons ci-
deflbus, en parlant des terres fatiguées de rapporter
du grain.
De'tous les engrais , les fumiers font ceux dont
l’ufage eft le plus généralement reçu ; mais tous ne
font pas indifféremment propres à toutes fortes de
terres; Le fumier de mouton, fur-tout celui qui eft
ramaffé dans le fond de la bergerie, doit être refer-
vé pour les terres froides & médiocrement fortes;
Le fumier de cheval, pour les terres froides & fortes
en même tems. Le,fumier de vache eft le meilleur
engrais des terres chaudes & legeres : ces dif-
férens fumiers mêlés & confommés enfemble conviennent
aux terres d’une qualité moyenne entre
celles-là ; & -c e font les plus communes. Le plus
chaud de tous les fumiers, eft celui que donnent les
pigeons ; mais il n’eft jamais poflible de s’en procurer
beaucoup : il ne convient non plus qu’aux terres
extrêmement froides. Loin d’en couvrir la terre ,
comme on doit faire des autres fumiers, on le fente
legerement avec la main ; fa chaleur en rendroit la
quantité dangerèufe.
Le parcage des moutons a cela d’avanfageux,qué
Vengrais eft porté fur lés terrés par ces animaux me-
mes; Par cette raifon, il eft à préférer à tous les.autres
pour tous lés endroits éloignés de la ferme, & où
la dépenfe des charrois feroit grande. Dans quelques
provinces, les laboureurs intelligens empruntent les
moutons de ceux qui ne le font pas. Ils achètent le
droit de les faire vivre pendant un certain tems fur
leurs terres ; & l’abondance des récoltés eft toûjours
le fruit de cette location.
Une terre fum é e habituellement conferve plus
long-tems le principe de fa fécondité que celle qui
ne l’eft qu’en paffant ; mais en générai on ne peut
guere évaluer qu’à deux ou trois ans la durée des eft
fets du fumier. On fume ordinairement fur la jachère
; on en recueille le premier fruit par.une abondante
moiffon de blé : celle d’avoine ou d’orge qui
la fuit fe fent encore des bons effets de Y engrais.
Après cela on laifle une année de repos à la terre ,
pour la façonner & la fumer de nouveau, avant de
lui redemander une récolte de blé. C ’eft là le train
commun.de la culture pour la plus grande partie des
terres ; mais cette année que l’on voit perdue, peut
être employée dans les terres grafles par elles-mêmes
, ou dans celles qui ont été bien engraiflees ; on
peut, on doit même y femer des pois ou de la vef-
ce , qui donnent un fourrage excellent : ces plantes
extirpent l’herbe, rendent la terre legere , fans Té—
puifer beaucoup , & la difpofent, peut-être mieux
que les labours, à recevoir lafemence du blé. Les
pois ou la vefee étant recueillis, un feul labour, avec
un leger engrais, devient une préparation fuffifante.
Une attention néceflaire dans ce cas là , & toutes les
fois que l’on fume fur le dernier labour d’une jachère
, c’eft de n’employer que du fumier prefqu’entie-
rement confommé : s’il étoit trop crud, il tiendroit
d’abord foulevées les parties de la terre; elle s’af