S14 E P O
teinte de gris cendre. Voye{ E l'article P o L Y P T E R. ponge , {Pharmacie. Matière médicale.') On fait
en Pharmacie deux différentes préparations de 17-
ponge; l’une eft connue fous le nom d’éponge brûlée, l’autre fous celui $ éponge préparée. ^
Pour faire Y éponge brûlée, on prend des épongés fines
qu’on lave bien ; & defquelles on fépare des
petites pierres -qui s’y trouvent ordinairement, on
faitfecher les épongés, on les met dans un pot de
-terre, on les calcine à feu ouvert pendant une heure
, après quoi on les pulverife, & on les garde dans
-un bocal pour s’en lervir au befoin.
L'éponge connue dans l’art fous le nom d épongé
préparée, fe prépare de la maniéré fuivante : on choisit
de gros morceaux d éponge fine, on en fepare
-exaftement toutes les petites pierres ou coquilles ,
& on les trempe dans de la cire jaune fondue ; &
ütôt qu’ils en font bien imbibés, on les met un à un,
ou féparés les uns des autres, dans une preffe entre
deux plaques d’étain que l’on a fait chauffer : on
ferre la preffe au point d’exprimer le plus de cire
qu’il eft poftible ; par ce moyen un gros morceau
6!éponge fe réduit en un très-petit volume. [■ -,
On attribuoit autrefois beaucoup de vertus à IV-
ponge brûlée : Duchêne, plus connu fous le nomade
Quercetan, dit que les médecins de fon tems s en
fervoient avec beaucoup de fucces pour guérir le
bronchocèle ou gouètre ; ils la faifoient prendre dans
du vin blanc pendant un mois lunaire.
On l ’employe encore aujourd’hui quelquefois
dans le même c a s , tuais apparemment fans fucces.
Voyt^ Charbon. Véponge préparée avec la cire, fournit un fecours
commode pour empêcher la cicatrice de certaines
plaies dont on ménagé l’ouverture à deffein de procurer
par cette iffue l’écoulement de certaines matières.
Voye^ T ente.. .. ' 1 j
On fe fert d’une éponge entière pour appliquer des ..
fomentations. Voye^ Fomentation.
L’analyfe chymique de Y éponge confirme la de-
couverte des Naturaliftes modernes, qui rangent
cette produûion marine dans la claffe des fubftan-
ces animales. ( 0 _r Eponge de rofierfauvage , d'eglantur. Voye{ E-
GLEApNoTnIEgRe. , {Manège, Marèchall. ) nom par lequel
nous défignons l’extrémité de chaque branche d un
ferE de cheval. Voyc{ Fer , Ferrure, Forger. ponge, {Manège, Marèchall.) maladie, tumeur
fituée à la tête ou à la pointe du coude , qui tire fa
dénomination de la caufe même qui la produit ; nous
l’appelions en effet éponge, parce qu’elle n’eft occa-
fionnéeque par le contait violent & réitéré des éponges
de fer qui appuient contre cette partie lorfque
les chevaux fe couchent en vaches, c’eft-à-dire lorf-
qu’étant couchés ils plient les jambes, de maniéré
que leurs talons répondent au coude, & foûtien-
nënt ainfi prefque tout le poids de l’avant-main de
l’animaL . . ~
Ce contait violent eft fuivi d une compreilion qui ;
non-feulement meurtrit la peau, mais qui fait perdre
aux fibres & aux vaiffeaux leur reffort naturel.
Ce reffort naturel perdu, ils ne peuvent plus contribuer
à la circulation qui fe fait dans cette partie :
les humeurs s’y accumulent donc , principalement
la lymphe, dont le mouvement eft plus lent, & qui
d’ailleurs eft renfermée dans des canaux dont le tiffu
eft infiniment plus foible que celui des vaiffeaux fan-
cuins. Cette humeur arrêtée, & l’abord de celte qui
y furvient fans ceffe, tout contribuera à dilater les
petits tuyaux ; la, partie la plus fubtile fe difîipera,
ou en s’échappant à l’obftacle pour fe foûmettre aux
lois de la circulation, ou en paffant & en le faifant
jour à-travers les pores, tandis que la partie la plus
E P O
groffiere de cettë même humeur fe durcira par fon
féjour. De-là les progrès de la tumeur, qui fera de
là nature de celles que nous appelions loupes : elle
-augmentera plus ou moins en volume & en dureté ,
félon la difpofition ,de la lymphe, félon le plus ou
moins de force des vaiffeaux, ou enfin félon la durée
ou la force du, contait ou de la compreffxon;
mais la lenteur de fort accroiffement préfervera la
partie fur laquelle, elle a établi fon fiege, de la dour
leur, de l’inflammation & de tous les autres acci-
dens qui accompagnent en général les tumeurs dont
la formation eft prompte foudaine.
Quelquefois anfli la même caufe produit des effets
différens ; car, au lieu de donner lieu à une tumeur
en forme de loupe , elle n’ocçafionne qu une
callofité, qui n’eft autre chofe qu’un deflechement
des vaiffeaux comprimés ; defféchement qui n’arrive
que cbnféquèmment au contait, qui affaiffant les
vaiffeaux, les oblitéré & ferme tout p^ffage aux liqueurs
qui circulent.
La callofité fe diftingue de la loupe, en ce que le
volume n’en eft jamais aufli confiderablc, & en ce
qu’elle ne s’étend point au-delà de l’endroit comprimé:
du refte l’une & l’autre ne préfentent rien de
dangereux, & la callofité ne mérité meme aucune
attention.
Pour ce qui concerne la loupe, il fera bon de tenter
de réfoudre l’humeur avant qu’elle foit entièrement
concrète ; on employera pour cet effet les
emplâtres réfolutifs :• celui de v ig o , en triplant la
dofe de mercure , m’a toujours paru véritablement
le plus eflïcace ; mais fi fonimpuiflànce ne nous laiffe
aucun efpoir de procurer la réfolution, il conviendra
d’extirper la tumeur : cette opération, dont les
fuites ne fauroient être fâcheufes, peut fe pratiquer
de deux maniérés. *
( Si la loupe eft dans le corps même du tégument,'
on l’emportera avec la peau, car il feroit impoflible
de l’en dégager : fi au contraire elle eft au-deffous,
& que le tégument foit mobile & vacillant au-def-
fus, on y fera une incifion proportionnée au volume
de la tumeur, c’eft-à-dire que cette incifion fera
Amplement longitudinale ou cruciale , félon ce vo lume.
On difféquera enfuite les lambeaux des tégu-
mens ; après quoi on foûlevera la loupe avec une
errigne, & on la difféquera elle-même dans toute fa
circonférence, à l’effet de l’emporter entièrement:
l’extirpation en étant faite, on réunira les lambeaux,
on les affujettira, s’il eft néceffaire , par des points
de future * & on panfera le tout comme une plaie
fimple. Ce procédé demande plus de pratique &
d’adreffe que le premier ; mais on a l’avantage de
terminer la cure beaucoup plutôt : la plaie circulaire
faite conféquemment à l’autre moyen eft toujours
avec déperdition de fubftance, & demande pour fe
cicatrifer un efpace de tems affez confidérable. Au
refte on ne doit pas oublier que la première attention
dans le traitement de cette maladie, eft de garantir
l’animal du contait qui l’a occafionné ; & pour
cet effet on peut matelaffer Y éponge du fe r , en y attachant
un petit couffmet rembouré, de façon que la
partie contufe porte fur ce couflinet lorfque l’animal
fe couche.
Il eft fans doute inutile de parler de Y éponge dont
fe fervent les palefreniers pour laver les crins &c les.
extrémités de l’animal, puifqu’elle ne différé point
des éponges communes. Voye^ Panser, («) Eponges. (terme de Plombier.) Ce font les deux,
bordures qui environnent dans fa longueur la table
ou moule fur laquelle les Plombiers verfent leur
plomb. Voyc^ la figure i . Pl. du Plombier,
Lerable qui fert à pouffer le métal fondu jufqu’au
bout du moule, & à donner une jufte epaiffeur à la
table de plomb, eft appuyé par les deux boiits fur
ces
E P O
Ces éponges , oii il eft comme enchâffé par deux rainures
qui l’affujettiffent & l’empêchent de fe détourner
quand le plombier le pouffe jufqu’au bout de la
table ou moule. Voye^ Plombier , ôclesfig. /. &
/o. Pl. I. du Plombier. Eponges , pl. {Vener.) c’eft ce qui forme le talon
des bêtes. EPONGER, v. ait. en terme de Pain-d'épicier, c èft
paffer une éponge imbibée d’une compofition de jaunes
d’oeufs battus enfemble, pour donner de la couleur
au pain-d’épice.
* EPONIME, f. m. {Hiß. anc.) c’étoitle chef des
Archontes. Voye^ Archontes.
EPONTILLER, v. ad. c’eft, parmi les Tondeurs, éter avec des pinces la bourre ou la paille qui le font
introduites dans le drap en l’ourdiffant. Voy. Laine.
EPONTILLES , SPONTILLES, f. m. pl. {Mar.)
ce font des étais ou pièces de bois pofées perpendiculairement
de deux en deux bancs pour fortifier les
ponts & les gaillards. Celles qui font voifines du
grand & du petit cabeftan font à charnière, pour
qu’on puiffe les ôter quand il faut virer, mais aufli-
tôt après on les remet à leur place : on met une forte
epontille fous le mât d’artimon, & dans tous les endroits
où les ponts font chargés d’un grand poids.
Voye{ PL IV. de Marine fig. i , les èpontilles ou étan-
cesdes gaillards, n° 13 5, & celles d’entre deux ponts,
n ° „ o . ( Z )
EPOPEE, f. f. {Belles-Leur es.) c’eft l’imitation,
en réc it, d’une aôion intéreffante & mémorable.
Ainfi Y épopée différé de l’hiftoire, qui raconte fans
imiter; du poëme dramatique, qui peint en aûion;
du poëme didaltique, qui eft un tiffu de préceptes ;
des faites en vers, de l’apologue, du poëme pafto-
r a l, en un mot de tout ce qui manque d’unité, d’intérêt
, ou de nobleffe.
Nous ne traitons point ici de l’origine & des progrès
de ce genre de poéfie : la partie hiftorique en a
été développée par l’auteur de la Henriade, dans un
effai qui n’eft fufceptible ni d’extrait, ni de critique.
Nous ne reveillerons point la fameufe difpute fur
Homere : les ouvrages que cette difpute a produits
font dans les mains de tout le monde. Ceux qui admirent
une érudition pédantefque, peuvent lire les
préfaces & les remarques de madame Dacier, & fon
effai fur les caufes de la décadence du goût. Ceux
qui fe laiffent perfuader par un brillant enthoufiafme
& par une ingenieufe déclamation, goûteront la préface
poétique de l’Homere anglois de Pope. Ceux
qui veulent pefer le génie lui-même dans la balance
de la Philofophie & de la Nature, confulteront les
réflexions fur la critique par la Motte , & la differtation
fur l’Iliade par l’abbé Terraffon.
Pour nous, fans difputer à Homere le titre de génie
par excellence, de pere de la Poéfie & des dieux ;
fans examiner s’il ne doit fes idées qu’à lui-même, ou
s’il a pû les puifer dans les poëtes nombreux qui l'ont
précédé, comme Virgile a pris de Pifandre & d’Apollonius
l’aventure de Sinon, le fac de T ro y e , & les
amours de Didon & d ’Enée; enfin fans nous.attacher
à des perfonnalités inutiles, même à l’égard des vi-
vans, & à plus forte raifon à l’égard dès morts, flous
attribuerons, fi l’on veut, tous les défauts d’Honiere
à fon fiè'cle , & toutes » fes beautés à lui feul : mais
après cette diftinltion nous croyons pouvoir partir
de ce principe ; qu’il n’eft pas plus raifqnnable de
donner pour modele en Poéfie le plus ancien poëme
connu, qu’il le feroit de donner pour modele en Horlogerie
la première machine à rouage &c à reffort ;
quelque mérité qu’on doive attribuer aux inventeurs
de l’un & de l’autre. D ’après ce principe, nous nous
propofons de rechercher dans la nature même de 17-
popée, ce que les réglés qu’on lui a prefçrites ont d’el-
Tome V,
E P O
fentiel Ou d’arbitraire. Les unes regardent le choix
du fujet, les autres la compofition.
Du choix du fujet. Le P. le Boffu veut que le fujet
du poëme épique foit une vérité morale, préfentée
fous le voile de l’allégorie ; enforte qu’on n’invente
la fable qu’après avoir choifi la moralité, & qu’on
ne choififfe les perfonnages qu’après avoir inventé la
fable : cette idée creufe, préfentée comme une réglé
générale, ne mérite pas même d’être combattue.
L’abbé Terraffon veut que fans avoir égard à la
moralité, on prenne pour fujet de Y épopée l’exécution
d’un grand deffein, & en conféquence il condamne
le lujet de l’Iliade, qu’il appelle une inaction.
Mais la colere d’Achille ne produit-elle pas fon effet
, & l’effet le plus terrible, par l’inaâion même de
ce héros ? Cè n’eft pas la première fois qu’on a confondu
, en Poéfie, l’aûion avec le mouvement. Voy. Tragédie.
Il n’y a point de réglé exclufive fur le choix du
fujet. Un voyage, une conquêre, une guerre civile ,
un devoir, un projet, une paffion, rien de tout cela
ne fe reffemble, & tous ces fujets ont produit de
beaux poëmes : pourquoi ? parce qu’ils réunifient
les deux grands points qu’exige Horace ; l’importance
& l’intérêt, l’agrément & l ’utilité.
L’aétion d’un poëme eft une, lorfque du commencement
à la fin, de l’entreprifeà l’évenement, c’eft
toûjours la même caufe qui tend au même effet. La
colere d’Achille fatale aux Grecs , Itaque délivrée
par le retour d’Ulyffe, l’établiflement des T royens
dans l’Aufonie, la liberté romaine défendue par Pompée
& fuccombant avec lu i, toutes ces allions ont
le cara&ere d’unité qui convient à Y épopée; & fi les
Poëtes l’ont altéré dans la compofition, c’eft le vice
de l’art, non du fujet.
Ces exemples ont fait regarder l’unité d’aftion
comme une réglé invariable; cependant on a pris
quelquefois pour fujet d’un poëme épique tout le
cours de la vie d’un homme, comme dans l’Achil-
léïde, l’Heracléxde, la Théféïde, &c.
M. de la Motte prétend même que l’unité de per-
fonnage fuffit à Y épopée , par la raifon, dit-il, qu’elle
fuffit à l’intérêt : mais c’eft-là ce qui refte à examiner.
Voye^ Intérêt.
Quoi qu’il en foit, l’unité de l’aûion n’en détermine
ni la durée ni l’étendue. Ceux qui ont voulu
lui preferire un tems, n’ont pas fait attention qu’on
peut franchir des années en un feul vers, & que les
évenemens de quelques jours peuvent remplir un
long poëme. Quant au nombre des incidens,on peut
les multiplier fans crainte; ils formeront un tout régulier
, pourvû qu’ils naiffent les uns des autres, &
qu’ils s’enchaînent mutuellement. Ainfi quoiqu’Ho-
mere pour éviter la confufion, n’ait pris pour fujet
de l’Iliâde que l’incident de la colere d’Achille, l’en-
levement d’Helene vengé par la ruine de Troye
n’en feroit pas moins une altion unique, & telle que
l’admet Y épopée dans fa plus grande fimplicité.
Une a&ion vafte a l’avantage de la fécondité, d’où
réfulte celui du choix : elle laiffe à l’homme de goût
& de génie la liberté de reculer dans l’enfoncement
du tableau ce qui n’a rien d’intéreffant, & de: pré-
fenter fur les premiers plans, les objets çapables-d’é-
mouvôir-l’ame. Si Homere avoit embraffé dân,s l’Iliade
l’enlevement d’Helene vengé par la ruine de
Troye, il n’auroit eu ni le loifir ni la penfée de décrire
des tapis, des cafques, des boucliers,l&c. Achille
dans la cour de Déidamie,. Philolfetèi Lemnos ,
& tant d’autres incidens pleins de nobleffe & d’iftté-
rêts , parties effentielles .de fon a&ion , l’aiiroient
fuffifamment remplie ; peut-être mêmejn’auroit-il
pas trouvé place pour fes dieux, & il yauroit perdu
peu de choie.
Le poëme épique n’èft pas borné comme la tragé-
............................... ........ M M.m m m