que nè1 pût jamais refliifcitef. Article de M. le Chevalier
.EpmrT HJA A LUA CMOEU, R T. ' ' • f. f. (Gravure,) Les Graveurs de
Hollande, comme on l’a dit dans l’article précédent}
appellent épithâlames certaines' eftàfnpes faites en
l’honneur de quelques nouveaux mariés » dans lef-
quelles on les rëprefente avec des attributs allégori-
queS ,/ct>nvé;nables à leur état & à leur qualité ; ôn
y joint'toujours quelques vers â-leur louange. Il n y
a que les perfonnes riches qui falTent cette dépenfe,
l’ohme tiré qu’un très-petit nombre de ces «Hampes,
pour les diftribuer aux parens & aux amis des
mariés. Quand ce nombre eft tiré, on dore la planche
, que i-’on met enfuite en'bordure, ce qui rend ces
fortes-depieces-fort rares."
Perfonne n’a mieux réufîi dans ce genre que Bernard
Picart. Ses épithalarnes font les morceaux les
plus gracieux & les plus eftimés de ce maître. Dicl.
de Peint.'
Cependant on a lieu'd'e-leur reprocher d’être quel“
quefois fi recherchés en allégôries, qu’ils font inintelligibles
; mais en général les penfées enfont;belles-
& pleines de riôblefle ; d’ailleurs la netteté & la propreté
du. travail caràftérifenï toujours ce' célébré
artifte. On ne fait plus aujourd’hui que recopier en
Hollande les eftampes de cet habile maître, avec
quelques logers-changemens dans les attributs, pour
fournir les épithalarnes de commande ; & encore la
mode en eft prefque paffée, parce que tout cë qui
eft de mode paffe très-vîte. Article de M. le Chtva-
lier DE J A U COU RT.
EPITHEME, f. m. ( Pharmac.) du grec UMnpu
j'applique, je mets dejjus , nom générique de tout
remede deftinc à être appliqué à la furface du corps.
L’ufage a exclu cependant les emplâtres & lés oh-
guens de la clafte des èpithèmes, qui ne comprend que
les remedes extérieurs appliqués fous forme liquide,
fous forme feche,& fous forme de bouillie. Les épithè-
mes des deux premières efpeces font beaucoup plus
connus fous le nom de fomentation, voye^ Fomentation
; & ceux de la derniere, fous celui de cata-
plafrhi. Voye£ CATAPLASME.
Les fomentations appliquées fur le coeur ou fur le
foie, font fpéeialement défignées par le mot d'épi-
thème, qui eft prefque oublié dans cette acception
même , comme l’emploi des fecours de ce genre,
Voye\_ T opique.
Le fachet, la cucuphe, & la demi - cucuphe, le
frontal, l’écuflbn, &c. font des efpeces d’épith'emes
fecs. Voye^ ces articles. (b )
EPITHETE, f. f. terme de Grammaire & de Rhétorique,
du grec tmd-tToç, adjeclitius, accefforius , impo-
Jîtitius x 'dont le neutre eft tmSvrov, epithetum : on
foufentend ovop-a., nomen; ainfi ce mot épithete pris
fubftantivement,'veut dire nom ajouté. Nos peres
plus voifins de la fource , faifoient ce mot mafeu-
lin ; mais enfin les femmes & les perfonnes fans études
voyant ce mot terminé par un e muet, l’ont fait
du genre féminin, & cet ufage a prévalu. Le peuple
abufe en plufieurs mots de ce que Ve muet eft fou-
vent le ligne du genre féminin, fur-tout dans les adjectifs
, fa in t , fdinte ; époitpc , époüfc; ouvrier, ouvrière,
&c.
Encore J î pour rimer, dans fa verve indiferete ,
Ma mufe au moins foujfrôit une froide épithete.
B od .S at.
M. l ’abbé Girard n’a point fait d’obfervation fur
la différence qu’il y a entre épithete & adjectif 11 fem-
ble que l’adjeâif loit deftiné à marquer les propriétés
phyfiques & communes des objets, & que Vépithete
défigne ce qu’il y a de particulier & de diftinftif
dans les perfonnes & dans lés chofes, foit en bien,
foit en mal : Louis le Begue, Philippe le Hardi, Louis
le Grand 3 &c. c’eft en partie de la liberté que nos
peres prénoient de donner dés épithètes aux perfonnes
, qu’eft venu l’ufage des noms propres de famille.
Quand le fimple adje&if ajouté à un nom commun
ou appellatif le fait devenir nom propre, alors
cet adjeôif eft un épithete : ùrbs , ville , eft un nom
commun : mais quand on difoit magna urbs, on en-
tendoit la ville de Rome.
Te canit agricola , ihagnâ cùm venetit urbe.
Tibul. 1 . 1. cl. y '.
Tous les adjeôifs qui font pris en un fens figuré,
font des èpithetes; la paie mort, une verte vieillejfe ,
" '• ' 1 ’ • ‘ :
Les adje&ifs patronymiques, c’eft-à-dire tirés du
nom du père ou de quelqu’un des ayeux, font des
èpithetes ; Telamonius A ja x , Ajax fils de Té la mon. Il
en eft de même des adjeétifs tirés du nom de la patrie.:
c’eft ainfi que Pindare eft fouvent appelle le
poète thébain , poeta thebanus ; Dyoh Jyracufamis ,
Dyon de Syraeufe , Souvent-les noms patronymiques
font employés fubftantivement par antono-
m a f e xafci , per excellentiam. C ’eft ainfi que
par le philofophe on entend Arijiote, & par le poète, on
àèÇip\<i-Homerc ; mais alors philofophe & poète n’étant
point joints à des noms propres,font pris lubllantive-
ment, & par eonféquent ne font point des epithetes.
On doit ufer avec art des èpithetes ou adjeétifs;
on ne doit jamais ajouter au liibftantifune idée ac-
ceffoire, déplacée, vaine, qui ne dit rien de marqué.
Les èpithetes doivent rendre le difeours plus énergique.
M. dé Fénelon ne fe contente pas de dire, que
l’orateur, comme le poète , doit employer des figures, des
images, & des traits ; il dit qù 'il doit employer des figurDesI
SO RNÉES, des images vIVES , & des traits HAR,
iorfqite le fujet le demande.
Les èpithetes qui ne fe présentent pas naturellement
, & qui font tirées de loin, rendent le difeours
froid^ & ennuyeux. On ne doit jamais fe fervir d'èpithetes
oftentation ; on n’en doit faire ufage que
pour appuyer fur les objets fur lefquels on veut arrêter
l’attentioni fE )
* EPITHRICADIES, adj. f. pris fubft. (.Hifl. anc.)
fêtes inftituées en l’honneur d’Apollon. Il ne nous en
eft refté que le nom.
EPITHYME, (Pharm. Botan. & Mat. méd.j Voyeç Cuscute.
EPITIE, f. m. (Marine.) e’efl: un petit retranchement
de planches fait le long du côté du vaifl’eau,
pour mettre les boulets. Il porte ce nom, quoiqu’on
le faffe en quelqu’autre endroit du vaiffeau. (Z )
* EPITOGE, f. f. (Hijl. anc.y efpece de manteau
qui fe mettoit fur la toge. Voye^ T oge.
L 'épitoge ne nous eft pas inconnu. C’eft ainfi qu’on
appelloit le chaperon que les préfidens-à-mortier &
le greffier en chef du parlement, portoient autrefois
fur la tête dans les grandes cérémonies, & qu’ils ne
portent plus que fur l’épaule.
EPITOIR, f. m. infiniment de fer, pointu & quar-
r é , qui fert à ouvrir l’extrémité d’une cheville de
bois, lorfqu’il s’agit de la renfler par un coin qu’on
appelle èpite.
EP1TOME, f. m. (Belles - Lettres.') abrégé ou réduction
des principales matières d’un grand ouvrage
, refferrées dans un beaucoup moindre volume.
On reproche fouvent aux auteurs d'épitome, que
leur travail occafionne la perte des originaux. Ainfi
on attribue à Vèpitomt de Juftin, la perte de l’hiftoire
univerfelle de Trogne Pompée ; & à l’abregé de Flo-
rus, celle d’une grande partie des décades deTite-
Live. Voyeç les raifons fur lefquelles eft fondé ce reproche,
au mot Abrégé. (G)
EPITRE, f. f. (Belles-Lettres.) ce mot vient du
grec *7ri, fur, & du verbe f envoyé.
' C e terme n’eft prefque plus en ufage que pour
les lettres écrites en vers, & pour les dédicaces des
livres.
Quand on parle des lettres écrites par des auteurs
modernes, ou dans les langues vivantes, & fur-tout
en profe, on ne fe fert point du mot èpître : ainfi l’on
dit, les lettres du cardinal d'OJfat, de Balzac, de Voi-
ture, de madame de Scvigné , & non pas les épîtres du
cardinal d’Offat, de Balzac, &c.
Au contraire, on fe fert du mot èpître , en parlant
des lettres écrites par des anciens, ou dans une langue
ancienne : ainfi l’on dit les épîtres de Cicéron, de
Sèneque, &c. Il eft pourtant vrai que les modernes,
fe font fervis du terme de lettres , en parlant de celles,
de Cicéron & de Pline.
Le mot èpître paroît encore plus particulièrement
reftraint aux écrits de ce genre, en matière de religion
: ainfi l’on dit les épîtres de S. Paul, de S. Pierre ,
de S. Jean , & non les lettres de S. Paul, &c. (Gj
On attache aujourd’hui à Vèpître l’idée de la. réflexion
& du travail, & on ne lui permet point les négligences
de la lettre. Le ftyle de la lettre eft libre,
fimple, familier. L'èpître n’a point de ftyle déterminé
; elle prend le ton de fon fujet, & s’élève ou s’a-
baifte fuivant le caractère des perfonnes. L'èpître d.e
Boileau à fon jardinier, exigeoit le ftyle le plus naturel
; ainfi ces vers y font déplacés, fuppofé même
qu’ils ne foient pas mauvais par-tout.
Sans cejfc pourfuivant ces fugitives fées ,
On. voit fous les lauriers haleter les Orphées.
Boileau avoit oublié en les compofant, qu’Antoine
devoir les entendre.
L'épure au roi fur le paflage du Rhin, exigeoit le
ftyle le plus héroïque : ainfi l’image grorefque du fleuve
effuyantfa barbe, y choque la décence. Virgile à
dit d’un genre de poéfie encore moins noble, fylvoe
Jint confule dignes.
Si dans un ouvrage adreffé à une perfonne illuftre
on doit annoblir les petites chofes, à plus forte rai-
fon n’y doit-on pas avilir les grandes ; & c ’eft ce
que fait à tout moment dans les épîtres de Boileau,
le mélange de Cotin avec Louis leGrarid, du fucre &
de la canèlle avec la gloire de ce héros. Un bon mot
eft placé dans une èpître familière ; dans une èpître fé-
rièufe & noble, il eft du plus mauvais goût.
Boileau n’étôit pas de cet avis; il lui en coûta de
retrancher la fable de l’huitré, qu’il avoit mife à la
fin de fa première èpître au roi, pour délafier, difoit-
i l , des lecteurs qu'un fublime trop fèrieux peut enfin fatiguer.
Il ne fallut pas moins que le grand Condé
pour vaincre la répugnance du poëte à facrifier ce
morceau. ; a
En général, les défauts dominans des épîtres de
Boileau font la fécherefle & la ftérilité, des plaifan-
teries parafites , des idées fuperficielles , des vues
courtes, & de petits deffeins. On lui a appliqué ce
vers :
Dans fon génie étroit il eft toujours captif
: Son mérite eft dans le choix.heureux des termes
& des tours. Il fe piquoit fur-tout de rendre avec
grâce & avec nobleflè des idées communes, qui n’a-
voient point encore été rendues en Poéfie. Une des
chofes par exemple qui le flatoient le plus, comme
il l’avoue lui - même, étoit d avoir exprime poétiquement
fa perruque.
Au contraire, la baffeffe & la bigarrure du ftyle
défigurent la plupart des épîtres de Rouffeau. Autant
il s’eft élevé au-deffus de Boileau par fes odes, alitant
il s’eft mis au-de flous de lui par fes épîtres.
Dans Vèpître philofophique, la partie dominante
doit être la jufteffe & la profondeur du raifonne-
ment. C ’eft un préjugé dangereux pour les Poètes &
injurieux pour la Poéfie, de croire quelle n’exige ni
une vérité rigoureufe, ni une progreflxon méthodique
dans les idées. Nous ferons voir ailleurs que les
écarts même de l’enthoufiafine ne font que la marche
régulière de la raifon. V. Ode & Enthousiasme.
Il eft encore plus inconteftable , que dans l'èpître
philofophique on doit pouvoir preffer les idées fans
y trouver le vuide, & les creufer fans arriver au
faux. Que feroit-ce en effet qu’un ouvrage raifon-
né, oii l’on ne feroit qu’effleurer l’apparence fuper-
ficielle des chofes ? Un fophifme revêtu d’une-ex-
preftion brillante , n’eft qu’une figure bien peinte &
mal deffinée ; prétendre que la Poéfie n’a pas befoin
de l’exaditude philofophique, c ’eft donc vouloirque
la Peinture puifTe fe paffer de la corre&ion du deffein.
Or qu’on mette à l’épreuve de l’application de ce
principe & les épîtres de Boileau, & celles de Rouffeau
, & celles de Pope lui-même. Boileau, dans fon
èpître à M. Arnaud, attribue tous les maux de .l’humanité
d la honte du bien. La mauvaife honte ou plutôt
la foibleflê en général, produit de grands maux :
Tyran qui cede au crime & détruit les vertus.
Henriade.
Voilà le vrai. Mais quand on ajoûte, pour le prouver
, qu 'Adam, par exemple, n'a été malheureux que
pour n avoir ofè foupçonner fa femme ; voilà de la déclamation.
Ledefir de la loiiange&la crainte du blâme
produifent tour à tour des hommes timides bu
courageux dans le bien, foibles ou audacieux dans
le mal ; les grands crimes & les grandes vertus émanent
fouvent de la même fource: quand? & comment
? & pourquoi? voilà ce qui feroit de la philofb“
phie.
Dans Vèpître à M. de Seignelai, la plus eftimée de
celles de Boileau, pour démafquer la flaterie le poëte
la fuppofe ftupide & groffiere, abfurde & choquante
au point de loiier un général d’armée fur fa défaite,
& un miniftre d’état fur fes exploits militaires ; efi>
ce là préfenter le miroir aux flateurs ? Il ajoute que
rien n’éft beau que le vrai ; mais confondant l’homme
qui fe corrige avec l’homme qui fe déguife, il
conclut qu’il faut fuivre la nature.
C'ejl elle feule en tout qu'on admire & qu'on aime.
Un efprit né chagrin , plaît par fon chagrin même,
Sur ce principe vague, un homme né groflîer plaira
donc par fa grofliéreté ? un impudent par fon impudence
? &c.
Qu’auroit fait un poëte philofophe ? qu’auroitfait
par exemple, l’auteur des difeours Jur T égalité des conditions^
& fur la modération dans lesdejirs? Il auroit pris
le naturel inculte & brute , comme il l’eft toujours;
il l’auroit comparé à l’arbre qu’il faut tailler, émonder,
diriger, cultiver enfin, pour le rendre plus
beau, plus fécond, & plus utile. 11 eut dit à l’homme. :
« ne veuillez jamais paroître ce que vous n’êtes pas ,
» mais tâchez de devenir ce que vous voulez paroî-
» tre : quel que foit votre caraâere, il eft voifin d’un
» certain nombre de bonnes & de mauvaifes quali-
» tés ; fi la nature, a pû vous incliner aux mauvaifes ,
» ce qui eft du moins très - douteux, ne vous décou-
» ragez point, & oppofez à ce penchant la contention
» de l’habitude. Socrate n’étoit pas né fage, & fon
» naturel en fe redrejfant ne s’étoit pas efiropiè ».
On n’a befoin que d’un peu de philofophie pour
n’en trouver aucune dans les épîtres de Rouffeau.
Dans, celle à Clément Marot il avoit à développer
& à prouver ce principe des Stoïciens , que l'erreur
efi la fource de tous les vices, c’eft-à-dire qu’on n'eji
méchant que par un intérêt mal entendu. Que fait le
poète ? il établit qu’«« vaurien eft toujours un Jot
fous le mafqiu • & au lieu .de citer au tribunal de la
raifon un Afiftophane , un Catilina , un Narciffe ,
qu’il auroit eu. bien de la peine à faire paffer pour
d’honnêtes gens , ou pour des. lots ; il prend un fa t ,