ment. Une trop grande quantité d'équipages eft fort
incommode & embarraffante dans les marches ; le
nombre des chevaux & mulets augmente aufli la con-
fommation du fourrage dans les camps ; ce qui oblige
le general d’envoyer promptement fourrager au
loin, au grand préjudice de fa cavalerie, & ce qui
l’oblige aufli fouvent à quitter un camp avantageux,
parce que la difette 6c l’éloignement des fourrages
ne lui permettent plus d’y fubfifter.
Les équipages de guerre lé divifent en gros 6c en petits.
Les gros comprennent les chariots & les charrettes
; 6c les petits, les chevaux de bât 6c les mulets.
Lorfquè le général a’deflein de combattre, il débar-
rafle Ion armée des gros équipages. On les envoyé
avec une efcorte fous le canon de quelque ville des
environs ou de quelque pofte fortifié. On s’en débar-
raflè encore dans les détachemens & dans les courfes
qu’on veut faire dans le pays ennemi, parce qu’ils
retarderoient la marche, & qu’ils ne pourroient pas.
pafler dans tous les chemins. On n’a donc dans ces
fortes d’expéditions que les menus équipages, c’eft-
à-dire des mulets 6c des chevaux de bât. Les gros
équipages, comme chariots & charrettes, font plus
commodes que les petits pour tranl'porter beaucoup
de bagages avec moins de chevaux, mais ils ont l’inconvénient
de ne pas pouvoir aller dans toutes fortes
de chemins. C’eft pourquoi les Romains ne fe fer-
voient guere que de bêtes de charge pour porter les
équipages de l’armée ; encore étoient - elles en petit
nombre, parce qu’il n’y avoit que les perfonnes d’un
rang diftingué qui euflent des valets.
Dans nos armées, le général peut avoir, félon
l ’ordonnance du 20 Juillet 1741, tel nombre de gros
équipages qu’il juge à-propos ; un lieutenant-général
ne doit avoir que trente chevaux ou mulets, y compris
ceux qui font employés aux attelages de trois
voitures à roues ; un maréchal de camp, vingt chevaux
, y compris les attelages de deux voitures à
roues ; 6c un brigadier, colonel ou meftre-de-camp,
feize chevaux, y compris une voiture à roues feulement.
Il eft défendu aux lieutenans-colonels, capitaines,
& autres officiers fubalternes, d’avoir aucune voiture
à roues, & un plus grand nombre de chevaux
de monture ou de bât, que celui pour lequel ils reçoivent
du fourrage.
Les officiers, qui, à caufe de leurs infirmités, ne
peuvent fe tenir à cheval ou en fupporter la fatigue,
obtiennent une permiflion du général pour avoir une
chaife roulante. Chaque bataillon peut avoir un chariot
ou une charrette pour un vivandier, qui campe
avec le bataillon. Il en eft de même pour un régiment
de cavalerie de deux ou trois efcadrons.
Les régimens de cavalerie, dragons, 6c infanterie
, peuvent aufli avoir une charrette pour un boulanger.
Il eft défendu aux colonels d’avoir ces charrettes
à la place des vivandiers 6c des boulangers,
auxquels elles font permifes pour les befoins du régiment
; elles doivent être attélées de quatre bons
chevaux. Voye{ fur ce fujet le code militaire de Briquet
, ou l’abrégé qu’en a donné M. d’Hericourt dans
le livre intitulé élémens de Vart militaire.
Il eft du devoir du général de veiller à la confer-
vation des équipages de fon armée , parce que leur
enlevement met les officiers qui les ont perdus dans
de grands embarras, & qu’il leur ôte d’ailleurs la
confiance qu’ils peuvent avoir au général ; attendu
que cet inconvénient ne peut arriver, félon M. de
Feuquiere , que par la faute du commandant, au
moins les enlevemens généraux ; car il en arrive
tous les jours de particuliers par la faute des valets
qui s’écartent de la colonne des équipages, 6c dont le
général ne peut être refponfable.
Les équipages de gue'rre de Charles XII, roi de Suede,
ne dévoient point être fort confidérables : « fon
» l i t , dit M. de Folard, qui l’avoit vu en Scanie,
» confiftoit en deux bottes de paille, 6c une peau
» d’ours par-deflus. Il côuchoit tout habillé comme
» le moindre de fes foldats. Le comte de la Marck
» ambafladeur de France, que ce prince eftimoit in-
» finiment, lui perfuada de coucher dans un lit pour
» la première fois depuis la guerre ; mais quel étoit
» ce lit ! un feul matelas, des draps, 6c une couver-
» ture, fans rideaux. . . . Toute fa vaiflelle étoit de
» fer battu, jufqu’à fon gobelet ». Note fur Polybe ,
tome V. p. 484.
L’ufage de la vaiflelle d’argent pour les généraux
n’eft pas ancien dans nos armées. On prétend que le
comte d’Harcourt ( Henri de Lorraine mort le 25 Juillet
1666 ) , qui commandoit les armées du teins de
Louis XIII. 6c dans la minorité de Louis XIV. eft le
premier qui s’en foit fervi. Suivant l’ordonnance du
8 Avril 173 5, les colonels, capitaines, officiers fubalternes
ou volontaires , ne peuvent avoir dans leur
équipage d’autre vaiflelle d’argent que des cuillères ,
des fourchettes, 6c des’gobeïets. M. le marquis de
Sanéta-Crux ayant prouvé dans fes réflexions militaires,
tom. l.p . 41 y. 6*fuiv. les inconvéniens des équipages
trop nombreux, obferve que leur excès vient
de la diverfité des mets, que de cette diverfité naît
l’intempérance , 6c que de l’intempérance viennent
les maladies. « Les trop grands équipages, dit
» ce favant 6c illuftre officier, font des fuites des
» foins honteux qu’on fe donne pour contenter fa
» bouche. Peut-on fans indignation, ajoute-t-il, en-
» tendre des généraux de certaines nations, qui ne
» parlent jamais que de faufles & de ragoûts, & font
» de leurs entretiens une conyerfation de cuifiniers >,
» Combien de fois arrive-t-il qu’un général occupe
» fon imagination des plats qu’on doit fervir fur fa
» table, quand il ne devroit penfer qu’aux devoirs
» importans du fervice de fon prince »? (Q )
E q u i p a g e d’un V a i s s e a u , (Marine.) On
entend par ce mot le nombre des officiers , foldats
6c matelots qui font embarqués fur un vaifleau, pour
fon fervice 6c fa manoeuvre pendant le cours de la
campagne. Les vaifleaux de guerre ont un équipage
bien plus fort & plus nombreux que les vaifleaux
marchands : un vaifleau de 80 pièces de canon en à
davantage qvi’un vaifleau de 50.
L’ordonnance de la Marine , de 1689, réglé fe
nombre d’hommes qui compofent l'équipage d’un
vaifleau, félon fon rang. Ceux du premier rang, premier
, fécond & troifieme ordre, ont 800, 700 6c
600 hommes d’équipage.
Ceux du fécond rang, premier, fécond 6c troifieme
ordre, ont 500, 450 & 400 hommes.
Ceux du troifieme & quatrième rang ont 3 50 & 300
hommes.
Aujourd’hui les équipages font plus forts que dans
ces tems-là; cependant en 1704, au cômbat de
Malaga, le vaifleau leFoudroyant, de 104 canons,
avoit 950 hommes d'équipage. Le vaifleau du R o i,
l’Efpérance, de 78 pièces de canon, armé en 1740 ,
avoit 660 hommes d'équipage. On comprend dans
l’équipage l’état-major , les officiers-mariniers , les
matelots, les foldats, 6c les moufles.
Dans un vaifleau oîi il y a 8 à 900 hommes d’équipage',
l’état-major eft à-peu-près de 15 à 20 perfonnes.
Les officiers-mariniers montent au moins à 100 ,
canonniers environ 50, matelots 450, foldats 250 j
mais ceci eft fufceptible de beaucoup de variétés ,
fuivant les circonftances 6c la deftination de l’arme»
ment. (Z )
Equipage d’Attelier , (Marine.) fedit dans le
port, de toutes les machines 6c outils qui fervent
pour la conftru&ion. (Z )
Equipage de Pompe, (Mar). Il fe dit de toutes
les pièces 6c garnitures qui font néceflaires pour la
mettre en état de fervir. (Z )
EQUIPAGE , ( Hydraul.) On dit l’équipage d'une
pompe, ce qui renferme feulement les corps, les
piftons, les fourches, les tringles, 6c les.moifes qui
les attachent à des chaflis qui font à coulifles, 6c qui
fe peuvent glifler dans les rainures des dormans ou
bâtis de charpente fcellés dans les puits 6c citernes
où on conftruit des pompes. (K)
Equipage : on nomme ainfi , dans le Commerce
de terre, tout ce qui fert à conduire les charrettes,
chariots & autres voitures par terre ; ce qui çoni-
.prend les chevaux, leurs felles, traits 6c attelages :
on le dit aufli des chevaux, mulets & autres animaux
de charge des meflagers 6c voituriers.
Les chevaux 6c équipages des voituriers & autres
perfonnes qui veulent faire entrer ou fortir des mar-
chandifes en fraude des droits du ro i, ou celles qui
font cenfées de contrebande, font fujets à confifca-
tion par les ordonnances du roi pour les cinq grofl'es
fermes, aides 6c gabelles. Diclionn. de Commerce, de
Trévoux, & Chambers.
Eq u ipag e , (.Architecture.) fe dit dans un attelier,
tant des grues , griians , chèvres > vindas , chariots
6c autres machines , que des échelles , baliveaux,
riofles, cordages, 6c tout ce qui fert pour la çonf-
tru&ion & pour le tranfport des matériaux. (P )
EQUIPE, f. f. terme de Riviere; c’eft une fuite de
bateaux attachés à la fuite les uns des autres, & air
lant à la voile, quand le vent eft favorable ; ou tirés
par des hommes , quand le vent eft contraire. Ce
terme eft fur-tout ufité fur la Loire.
ÉQUIPÉ, adj. en Blafon : il fe dit d’un cavalier
armé de toutes pièces. Il fe dit aufli d’un vaifleau qui
a fes voiles & fes cordages.
La Nauve, de gueules à la nef équipée d’argent,
furmontée de trois étoiles d’or.
EQUIPEMENT ou ARMEMENT, f. m. ( Mar.)
c’eft l’aflemblage de tout ce qui eft néceflaire, tant
pour la manoeuvre du vaifleau, que pour la fubfif-
tance & armement des équipages, (Z )
EQUIPER UN VAISSEAU , (Marine.) c’eft l’armer
, 6c y mettre toutes les munitions, agrez & apparaux
néceflaires pour la campagne, dé même que
le nombre de matelots & de foldats. (Z )
EQUIPOLÉ, adj. terme de Blafon, qui fe dit de
neuf quarrés mis en forme d’échiquier, dont cinq,
favoir ceux des quatre coins & du milieu, font d’un
métal different de celui des quatre autres.
Saint-Prieft en Forés, cinq points d’or équipolés à
quatre d’azur.
EQUIPOLLENCE, f. f. adjeft. terme de Logique,.
Lorfque deux ou plufieurs ejepreflions ou propofitions
lignifient une feule & même chofe, ces expreflions ou
ces propofitions font dites équipollentes ; 6c la propriété
qu’elles ont d’exprimer la même chofe de différentes
façons, fe nomme équipollence. Voye{ Sy nonyme
& Equivalent.
EQUIPOLLENT, adj. (Jurifprudi) fe dit d’une
chofe qui équivaut à une autre ; ainfi l’en dit que le
feigneur peut prendre un droit de mutation pour tous
les contrats de vente, 6c autres équipolfcns à vente,
c’eft-à-dire pour tops les aftes qui, quoique non qualifiés
de vente, opèrent le même effet.
Equipollent étoit aufli un droit qui fe Ievoit fur les
chofes mobüiaires du tems de Charles V I . pour les
frais de la guerre, au lieu de 12 deniers pour livre
qui fe levoient ailleurs. Voye^ Equivalent.
Equipollent fe dit aufli quelquefois en Languedoc,
pour équivalent, qui eft un fubfide qui fe paye au roi.
Poye^ ci-après ÉQUIVALENT. (A )
* EQUIRIES, f. f. (Hifl. anc.) fêtes inftituées par
Ronuilu? en l’honneur du dieu Mars ; on les çglé-
Totnt V%
broit le 27 de Février dans le champ de Mars, par
des courfes à cheval.
EQUITATION, f. f. (Hifl. anc. & mod.) c’eft
l’art de monter à cheval.
De Vancienneté de l'équitation, & de l'ufage des chevaux
dans les armées. L’art de monter à cheval femble
être aufli ancien que le monde. L’Auteur de la Nature
, en donnant au cheval les qualités que nous lui
connoiflons, avoit trop fenfiblement marqué fa deftination
, pour qu’elle pût être long - tems ignorée.
L’homme ayant fû , par un jugement fur 6c prompt,
difeerner, dans la multitude infinie d’êtres diffçrens
qui l’environnoient, ceux qui étoient particulièrement
deftînés à fon ufage, en auroit-il négligé un
fi capable de lui rendre les fervices les plus utiles ?
La même, lumière qui dirigeoit fon choix lorfqu’il
foûmettoit à fon domainela brebis, la chevre,le taureau
, l’éclaira fans doute fur les avantages qu’il de-
voit retirer du cheval, foit pour pafler rapidement
d’un lieu .dans un autre , foit pour le tranfport des
fardeaux, foit pour la facilité du Commerce.
Il y a beaucoup d’apparence que le cheval ne fer-
vit d’abord qu’à foulager fon maître dans Je cours
de fes occupations paifibles. Ce fëroit trop préfümer
que de croire qu’il fut employé dans les-premières
guerres que les hommes le firent entr’eux : au commencement,
ceux-ci n’agirent point par principes ;
ils n’eurent pour guide qu’un emportement aveuglé,
6c ne connurent d’autres armes que les dents , les
ongles, les mains, les pierres, les bâtons (a). L’airain
& le fer fervirent enfuite leur fureur ; mais la
découverte de ces métaux ayant facilité le triomphe
del’injuftice 6ç de la violence, les hommes, qui for-
moient alors des fociétés naiflantes, apprirent, par
une funefte expérience , qu’inutilement ils compte-
roiënt fur la paix 6c fur lé repos , tant qu’ils né feraient
point en état de repoufler la force par la force
: il fallut donc réduire en art un métier deftruc-
teur, 6c inventer des moyens pour le pratiquer avec
plus d’avantage.
On péut compter parmi ces. moyens , celui de
combattre à cheval ; aufli l’hiftoire nous attefte-t-
elle que l’hoinnie ne tarda point à le découvrir & à
le mettre en pratique : l ’antiquité la plus reculée en
offre des témpignages certains.
Les inclination? guerrières de cet animal, là vigueur,
fa docilité, fon attachement, n’échapperent
point aux yeux de l’homme, 6c lui méritèrent l’honneur
de devenir le compagnon de fes dangers 6c de
fa gloire.
Le cheval'pâroît né pour la guerre ; fi l’on pouvoir
en douter, cette belle delcription qu’on voit
dans le livre de Job (ch. x x x jx . v. 19.) fuffiroit poûr
le prouver : c’eft Dieu qui parle, & qui interroge le
faint patriarche.
« Eft-ce de vous, lui demande-t-il, que le cheval
» tient fon courage 6c fon intrépidité ? vous doit-il
» fon fier henniffement, 6c ce fouffle ardent qui fort
» de fes narines, 6c qui infpire la terreur ? Il frappe
» du pié la terre, 6c la réduit en poudre ; il s’élance
» avec audace, & fe précipite au-travers des hom-
» mes armés : inacceflîble à la crainte , le tran-
» chant des épées, le fifflement des fléchés, le bril—
» lant éclat des lames 6c des dards , rien ne l’étonne,
» rien ne l’arrête. Son ardeur s’allume aux pre-
» miers fons de la trompette ; il frémit, il écume ,
» il ne peut demeurer en place : d’impatience il man-
» ge la terre, Entend - il fonner la charge ? il dit,
» allons : il reconnoît l’approche du combat, il dif-
» tingue voix des chefs qui encouragent leurs fol-
» dats : les cris confus des armées prêtes à combat-
(<j) Arma antiqua manus, unguts, dentefque fucrunt,
Et lapides , & item fylvarum fragmind rami, &c.
Lucreciuç , de rerum naturâ , lib. V.
T T 1 1 1 ij