U art. z g du tit. x iij, que nous avons déjà cité,
porte que tous greffiers , même des cours, & ceux
des feigneurs, font tenus de prononcer aux accufés
les arrêts, fentences & jugemens d’abfolution ou
d*èlargijfemtnt, le même jour qu’ils auront été rendus
; & s’il n’y a point d’appel par le procureur du
roi ou du feigneur dans les vingt-quatre heures, ils
doivent mettre les accufés hors des prifons, & l’écrire
fur le regiftre de la geôle.
On doit pareillement, aux termes dumême article,
élargir ceux qui n’auront été condamnés qu’en des
peines & réparations pécuniaires ; en consignant entre
les mains du greffier les femmes adjugées pour
amendes, aumônes, & intérêt civils ; fans que, faute
de payement d’épices;, ou d’avoir levé les arrêts,
fentences & jugemens,.les prononciations & les èlar-
gijfemens puiffent être différés.
Enfin Marticle xxx. défend aux geôliers, greffiers
des geôles,.guichetiers & cabaretiers ou autres,
d’empêcherYélargiffementàes prifonniers, pour frais,
nourriture, gîte, geolage, ou aucune autredépenfe.
Foye[ Prison , Prisonnier. ( A )
ÉLASTICITÉ f. f. ou FORCE ELASTIQUE,
trt Phyfique, propriété ou puiffance des corps naturels
, au moyen de laquelle ils fe rétabliffent dans la
figure & l’étendue que quelque avoit fait perdre. caufe extérieure leur Voye^ Elastique.
Cette propriété fe trouve à-un degré plus ou moins
grand dans prefque tous les corps, il y en a même
dont Y élafiicitéeft prefque parfaite, c’eft-à-dire qui
paroiffentreprendre exa&ement la même figure qu’ils
avoient avant la compreffion ; tels font l’ivoire,
l’acier trempé, le verre, &c. cependant il paroît pref-
qu’impoffible qu’il fe trouve des corps abfolument
doués d’une parfaite élafiicité. En effet, lorfqu’un
corps fe bande & fe débande, il faut de néceffité
que quelques-unes des parties folides qui fe touchent
mutuellement, fe repouffent & fe retirent, & qu’elles
fouffrent de cette maniéré un frotement confidé-
rable ; ce qui produit un très-grand obftacle au mouvement
, & doit néceffairement faire perdre une-
partie de la force. Foye^ D ensité.
Il femble que Vélafiicité foit différente, à proportion
que les parties des corps font plus ou moins
compares ; car plus on bat les métaux, plus ils deviennent
compares & élaftiques. L’acier trempé a
beaucoup plus <Yélafiicité que l’acier qui eff mou, il
eft auffi beaucoup plus compaûe ; car la pefanteur
de l’acier trempé eft à celle de l’acier non trempé,
comme 7809 à 7738.
Outre cela , un corps paroît avoir d’autant plus
d'élafiicité qu’il eft plus froid, apparemment parce
que fes parties font alors plus refferrées ; ainfi une
corde de violon retentit avec plus de force en hy-
ver qu’en été. L'élafiicité de tous les corps refte conf-
tamment la même clans le vuide que dans l’air, pourvu
feulement qu’on ait foin que ces corps ne de- j
viennent ni humides, ni fecs, ni froids, ni chauds.
Muffchenbr. ejfai de Phyfi § . 448. & fuiv.
On eft fort partagé fur la caufe de cette propriété
des Corps : les Cartéfiens la déduifent d’une matière
fubtile qui fait effort, félon eux, pour paffer à-tra-
vers des pores devenus plus étroits; ainfi, difent-
ils , en bandant ou comprimant un corps élaftique,
par exemple un a rc , fes particules s’éloignent l’une
de l’autre du côté convexe, & s’approchent du côté
concave, & par conféquent les pores fe retréciffent
du cote concave ; deforte que s’ils étoient ronds auparavant
, ils deviennent ovales ; & la matière du
fécond élément tâchant de fortir des pores ainfi rétrécis
, doit en mêmetems faire effort pour.rétablir
le corps dans l’état oii il étoit lorfque les pores
étoient plus ouverts & plus ronds , c’eft-à-dire avant
.que l’arç fut bandé, Voye^ Cartésianisme,
D ’autres philofophes expliqueufl’&ÿîiVife’ i.peH,-
près comme les Cartéfiens ;, mais avec cette legere
différence „qu’au lieu de la matière d,u fécond élément
desCartéfiens , ils fubftituent l’éther,, ou un
milieu très-fubtil qui traverfe librement les pores,
Voye^ Ether. .
Ces explications vagues font bien éloignées de
nous apprendre d’une maniéré claire & diftinfre la
caufe de 1 élafiicité : car fi. les pores font rétrécis d’un
cote,, ils font élargis de l’autre, de l’aveu des Car-
tehen&j par conféquent la matière fubtile qui fort
' d:un cote, ira remplir les efpaces qui lui font pour
ainfi dire ouverts à la furface convexe ; & elles les
remplira avec d’autant plus de facilité, que cette
matière , félon les Cartéfiens, eft capable de prendre
toutes fortes de figures, & ne tend à en conferver
aucune.
C e ft pouiquoi le corps refleiadansl’êtat de corn*
preffioiuoii il a été mis, & dont la matierefuttile
ne peut avoirancune aftion.pour le tirer. D ’ailleurs
il parort difficile d'expliquer par l’aflion de cette mil.
tiere,les vibrations (ucceffives des corps diadiques s
car une corde de viril«*, par exemple , qui a été
frappee, ne fe retablitpas d’abord dans fon premier
état : quand elle eft. lâchée, non-fcuîcment clic le
débandé, mais elle fe jette du CQtéoppofé, ofcelle
forme une. nouvelle courbure, & .revient enfuite ,
eh pa-ffant au - delà de fon état de repos, poùr former
une nouvelle courbe : or comment par le lim-
ple écoulement d un liquide , tin corps peut-il faire
autre chofe que de fe remettre dans la filtration où il
etoit}
D ’autres philofophes, à la tête defquejs eft le P.
Malebranehe, ont attribué l’ééÿ&ù. à de petits louti
[ billeris dé matière, dont ils.ont fuppofé que tous les
corps,etoient remplis.. Ces tourbillons, lêlon eux
font applatis par la compreffion , & changent leur
fignrêfphérique en un* figure ovale : alojs leur force
centrifuge les rétablit dans leur premier état, auffi-
bien que les parties des corps, dans lefqueiles ils font '
engagés. Mais fur quoi eft fondéei’exiftence de ces
petits tourbillons ? elle n’eft pas appuyée fur des
fondemens plus folides que celle des grands tourbib
Ions de Defcartesj. Vry<% Toubbillon. D'ailleurs.;
pourquoi l ’aâion de ces tourbillons n’eft-elle pas la
même dans tous les corps , & pourquoi tous les
corps dans ce fyfteme ne font-ils pas élaftiques } i
D ’autres philofophes ont attribué Vclafthité à l’action
de l’a» j mais ce fentknent tombe de lui-même
pmfque Vèlajlkiti iubfifte dans la machine du vuide!
D autres ont crû que la matière fubtile ou l’éther,
etoit lui-même élaftique; mais ce n’eft pas
là une explication : car on demandera de nouveau
d ou peut provenir Vélafiicité de l ’éther, & la difficulté
reliera toujours la même.
D autres enfin abandonnant la fuppofition gratuite
de la matière fubtile, déduifent la caufe de IV-
Lafiicitéde l’attradion, cette grande loi de la nature
q&u id eefst c, oférplosn d euursx. , la caufe de la cohéfion des folides Voye^ Cohésion.
Supposons1 difent-ils, qu’un corps‘dur foit frappé
ou bande de façon que les parties compofantesfortent
un peu de leur place, & s’éloignent un peu les unes
des autres , mais fans fe quitter tout-à-fait, & fans
fe rompre ou fe féparer affez pour fortir de la fphere-
de cette force attra&ive qui les fait adhérer les unes
aux autres ; alors il faudra néceffairement, lorfque
la caufe extérieure ceffera d’agir, que toutes ces parties
retournent à leur état naturel. Foyer At t r a c tion.
Cette explication ne paroît guere plus fondée
que les précédentes à bien des philofophes ; car, difent
ils, il faudroit d’abord prouver l’exiftencede
cette attraction entre les particules des corps terrefires %
Voyeur At t r a c t io n ., Il faudroit prouver de plus
que cette attra&ion produit l’adhérence des parties.
F o y e i Adhérence , C ohésion , & D ureté.
P ailleurs, en attribuant Ÿélafiicité à l’attradion des
parties, U refteroit à faire voir comment l’attra&ion
ne produit l’élafiicité que dans certains corps. Rien
fi’eft fi contraire à l’avancement de la Phyfique, que
les explications vagues & fans précifion. Il faut lavoir
douter & fufpendre notre jugement dans les ef-
- Éets dont nous ne connoiffons point les caufe § , &
l’élafiicité paroît être de ce nombre.
Ce que nous venons de dire ne s’adreffe qu’aux
philofophes audacieux, qui prenant les phantômes
4e leur imagination pour les fçcrets de la nature,
eroyent rendre raifon des phénomènes par deshiyp.o-
theles hafardées & fans fondement, qu’ils regardent
comme des démonftratipns. Il n’en eft pas de même
de ceux qui portant dans l’étude de la nature la fa-
gacité & la fageffe de l’efprit obfervateur, ont la
modeftie de ne donner que pour de fimples conjectures
, des vues fouvent heureufes & fécondes. Telles
font celle? que proppfe M. Diderot fur la caufe 4e Vélafiicité, dan.s fes Penfées fur l ’interprétation de la
Nature, ouvrage plein de réflexions p r o f i t e s &
philofophiques.
M. Diderot remarque d’abord que quand on frappe
une corde d’inftrument divifée en deux parties par un
leger obftacle, il s’y forme dés ventres & des noeuds.
Il penfe qu’il en eft de même de tout corps élaftique ;
que ce phénomène a plus pu moins lieu dans toute
pereuffion ; que les parties ofcillantes & les noeuds
font les caufes du frémiffeinent qu’on éprouve au
toucher dans un corps élaftique frappé ; que ce fré-
ipiffement, ainfi que celui des cordes frappées, eft
plus, ou moins fort, fuivant la violence du coup,
mais toujours ifochrone ; qu’ainfi on devroit appliquer
au choc des corps élaftiques, les lois de? v ibrations
des cordes. Foye1 C orde & Percussion.
De plus, imaginons que*des molécules de matière
qui agiffent les unes fur les autres par attra&ion,
c ’eft-à-dire en général par quelque caufe inconnue
(car M. Diderot ne confidere ici l’attraôion que fous
ce point de vue) , fe difppfent entr’elles d’une certaine
maniéré par leur aâion mutuelle ; il eft vifible
que fi on dérange ces particules, elles tendront à fe
remettre dans leur premier état, o.u du moins à fe j
coordonner entr’elles relativement à la loi de leur I
afrion, & à celle de la force perturbatrice. Le fyftè- ;
me formé de telles particules, & que M. Diderot
appelle A , eft un corps élaftique ; & en ce fens, ’
dit-il, l’univers en feroit un : idée neuye , & qu’on !
peut adopter à bien des égards. Le fyftème A d,ans
le vuide f era indeftruftible , dans l’univers une infinité
de caufes tendront à l’altérer. Un corps élafti- j
que plié fe rompra, quand les parties qui le confti- :
tuent feront écartées par la force perturbatrice au- 1
delà de la fphere de leur afrion ; il fe rétablira quand
l ’écartement fera moins fo r t , & permettra à i ’afrion
mutuelle des particules de produire un effet.
■ SHes particules font de différente matière, de différente
figure, & agiffent fuivant différentes lois, il
en réfultera.une infinité de corps élaftiques mixtes
c’eft-à-dire des fyftèmes compofés de deux ou plu-
fieurs fyftèmes de particules différentes par leurs
qualités & leur attion. Si on chaffe de ce compofé
un ou plufieurs fyftèmes, ou qu’on y en ajoute un
nouveau, la nature du corps changera; ainfi le
plomb diminuera d’élafiicité, fi on le met ,en fufion ,•
c’eft-à-dire fi on coordonne entre fes particules un
autre fyftème compofédemolécules d’air.& de feu,
qui le conftituent plomb fondu. Foye[ dans l’ouvrage
cité, l ’explication détaillée des conjeftures de M.
Diderot, que nous expofons ici dans un raccourci
qui leur fait tort.
Lpis de Vélafiicité. Pour venir à bout de. découvrir
la nature & les lois de Y élafiicité, nous en çonfidé*
rerons les phénomènes. Nous fpppoferons dope d’abord
que tous les corps dans îefquels on pbferve cettç
puiffance, foient compofés ou puiffent être conçu?
çoinpofes de petites cordes ou fibres qui par leur
union conftituent ces corps ; & pour confidérer IV-
Lafiicite dans le cas le plus fimple , nous prendrons
pour exemple les cordes de mufique.
, fibres n’ont d’élafiicité qu’mutant qu’elles font
etendues par quelque force, comme on voit par les
cordes lâches , qu’on peut faire changer facilement
de pofition, fans qu’elles puiffent reprendre la pre-
miere qu’elles avoient, quoique cependant on n’ait
pas encore déterminé exactement par expérience,
quel eft le degré de tenfipn néceffaire pour faire ap-
percevoir Y élafiicité.
, eft trop tendue , elle perd fon
elajliçite. Quoiqu’on nç çpiinoiffe pas non plus le degré
de tenfton qu’il faudroit pour détruire Y élafiicité,
eft certain ap moins que Y élafiicité dépend de la
tenfion, & que cette tenfion a des limites où Yélafli-
cite commence & où elk çeffe.
Si cette, ofifervation ne nous fait pas connoître la
capfe propre & adéquate de Y élafiicité, elle nous fait
yoir au moins la différence qu’il y a entre les corps
élaftiques &ç les corps non-élaftiques ; comment il
arrive qu’un corps perd fon élafiicité, & comment
un corps deftitué de cette force, vient à l ’acquérir.
Ainfi une plaque de métal devient élaftique à forcç
d’être battue ; & fi on la fait chauffer, elle perd cette
propriété.
Entre les limites de tenfipn qui font les termes de
Y élafiicité, on peut compter différens degré? de force
néceffaires ppur donner différens degrés de fen-
fion, & pour tendre les çprdes à telle ou telle Ion*
gueur. Mais quelle eft la proportion de ces fprçes par
rapport aux longueurs des cordes ? c’eft ce qu’on ne
Suroît déterminer que par des expériences frites
avec des cordes de métal ; & comme les allonger
mens de ces cordes font à peine" fenfibles, il s’enfuit
de-là qu’on ne fauroit mefurer direûement ces proportion?
» mais qu’il faut pour cela fe fervir d’un
moyen particulier & indireâ. Gravefande s’eft donné
beaucoup de peine pour déterminer ces lois ;
voici le réfidtat des expériences qu’il a faites pour
cela.
i°. Les poids qu’il faut pour augmenter une fibre
par la tenfion jufqu’à un certain degré , font dans
différens degrés de tenfion, çpmrne la tenfion même.
S i, par exemple, nous fuppofons trois fibres de me-
me longueur & de même épaiffeur, dopt les tenfions
foient cojnfne 1 > % » 3 9 des poids qui feront dans la
même proportion les tendront également,
z°. Les plus p.etits allongemens des mêmes fibres
feront entr’eux à-peu-près comme les forces qui les
allongent ; proportion qu’on peut appliquer auffi à
leur inflexion.
3°- Dans les cordes de même genre , de même
épaiffeur & également tendues, mais de différentes
longueurs, les allongemens produits en ajoutant des
poids égaux, font les uns aux autres comme les longueurs
des cordes ; ce qui vient de ce que la corde
s’allonge dans toutes fes parties, & que par conféquent
l’allongement d’une corde totale eft double de
rallongement de fa moitié S ou de l’allongement d’une
corde foûdpuble.
40. On peut comparer de la même maniéré les fo
bres de même efpeçe, mais de différente épaiffeur,
en comparant,d’abord un plus ou m°ins grand nombre
de fibres déliées de la même épaiffeur ; & prenait
enfuite le nombre total dps fibres, en raifon de la fç*
lidité des cordes ., c’eft-à-dire comme les quarrés des
diamètres des cordes, ou comme leur poids, lorfque