aufli établi que la prefcription n’a lieu centre Véglife
que par 40 ans, ce qui s’entend pour le fends; car
les profits & revenus fe prescrivent par 30 ans contre
le titulaire.
Une églife peut pareillement prefcrire contre une
autre églife , des biens &c droits qui en dépendent*
WeÊm Prescription.
Pour ce qui concerne la conftru&ion des édifices
matériels des églifes chrétiennes, l’ufage en eft pref-
que aufli ancien que le chriftianifme. On prétend que
V eglife de Glaftenbury en Angleterre, eft la première
églife chrétienne qui ait été bâtie dans le monde, 31
ans après la mort de Notre-Seigneur.
II eft du moins certain qu’il y en eut de bâties dans
les villes dès l’an 110, & qu’en 400 on commença à
en bâtir dans les villages.
Sixte II. ordonna en 264.de conftruire les églifes
& les autels vers l’orient; en 314 commença la coutume
de les bénir, & en 483 celle de les dédier.
Quand une églife eft polluée par effufion de fang
ou par quelqu’autre fcandale, l’évêque l ’interdit jul-
qu’à ce qu’elle foit réconciliée par une nouvelle bénéd
ic tion. V . POLLUT ION 6* RÉ CO N C IL IA T IO N .
On tient communément que jufque vers l’an 1000,
la plûpart des églifes n’étoient que de bois : on en
trouve une preuve dans la chronique de Reginon,
où il eft dit que du tems de Charles le Chauve, les
Normans pourfuivis par Robert gouverneur d’Anjou
& par Robert comte de Poitiers, fe retirèrent dans
une grande églife bâtie de pierre. Suivant une charte
de l’an 932, Pierre I. évêque de Poitiers donna à l’abbaye
de S. Cyprien, alodumfuum cum ecclejia lignea.
Uéglife cathédrale de Chartres étoit aufli originairement
de bois ; ce fut Yves de Chartres qui la fit re-
conftruire en pierre : il ne faut pas s’étonner après
cela, s’il ne fe trouve point d'églife plus ancienne
que le xe fiecle.
Ceux qui fondent des églifes, ont ordinairement
foin de les doter ; cet ufage paroît avoir été prati-
qué dès le ve fiecle, tant par nos rois que par leurs
vaffaux, & par les fimples propriétaires de terres,
gaulois ou romains.
Le patronage d’une églife s’acquiert par l’une de
ces trois voies, dos, oedificatio 3 fundus ; c’eft-à-dire
ou en donnant le fonds fur lequel eft conftruite IV-
glife, ou en la faifant conftruire à fes dépens, ou en
la dotant. Ceux qui ont! donné quelque chofe à Véglife
depuis la première dotation ne font pas patrons,
mais feulement bienfaiteurs. Voye[ Patron , Patr
on age.
Quand une églife tombe en ruine par vétufté ou
accident, il n’eft pas permis d’en employer les matériaux
à des ufages profanes , ainfi que cela fut défendu
par le pape Hyginus.
Les réparations & reconftruétions des églifes doivent
être faites fur les revenus qui y font attachés :
à l’égard des églifes paroifliales, les réparations ÔC
reconftruCtions de la nef fe font fur les revenus de
la fabrique ; ou s’ils ne font pas fuffifans, on oblige
les paroifliens de contribuer à la dépenfe.
La tranflation des églifes d’un lieu dans un autre,
c’eft-à-dire du titre de Véglife & du bénéfice, & de
l’office qui s’y faifoit, ne peut être valable fans-l’autorité
du,fupérieur eccléfiàftique ; il faut aufli le concours
de la puiffance temporelle, attendu que Véglife
iï’â point de territoire.
La puiffance qu’elle tient.de Jefus-Chrift eft purement
fpirituelle, elle ne s’étend que fur les âmes, &
pour fe faire obéir elle ne peut employer d’autres
armes que les cenfures & les excommunications.
L'églife n’a donc par elle-même aucune jurifdiCtion
proprement dite ; mais les princes chrétiens par ref-
pe£t pour Véglife, lui ont permis de connoître de certaines
affaires qui concernent les eccléfiaftiques.
II y a aufli des juftices purement temporelles attachées
à certaines églifes, à caufe des fiefs qu’elles pof-
fedent. Voye^ Temporalités.
Chaque évêque a droit de vifite fur les églifes de
fon diocèfe, excepté celles qui font exemptes de l’ordinaire.
Voye^ Evêque, Exemption £ Visite.
Nos rois comme protecteurs de Véglife ont fait divers
réglemens, tant par rapport au temporel des
églifes, que pour la manutention de la difcipline ec-
cléfiaftique, & pour faire obferver le refpeCt qui eft
dû dans les églifes. Il y a aufli plufieurs réglemens au fujet des droits
honorifiques & préféances que certaines perfonnes
peuvent prétendre dans les églifes. Voye[ Droits
HONORIFIQUES & PRÉSÉANCE. ( A ) Eglise Abbatiale , eft celle qui a pour chef un
abbé, & qui eft attachée à une abbaye.
Eglise d’Afrique , c’étoit le corps des églifes
de cette partie du monde ; elle faifoit partie de IV-
glife latine. Eglise Anglica^ j.;, ne s’entend que de Véglife
hérétique & fchifinatiq^e d’Angleterre, depuis que
Henri VIII.' s’en déclara le chef; auparavant lorf-
qu’elle étoit catholique^, on difoit Véglife d’Angle*
terre. Eglise-Annexe , eft celle qui eft jointe à une
autre. Voye^ Annexe 6* Succursale.
Eglise Archiépiscopale, eft celle qui forme
le fiége d’un archevêché.
Eglise Archipresbyterale , c’eft une églife
paroifliale, dont le curé a le titre d'archiprêtre du
diocèfe, ou de la v ille , ou d’un des doyennés de la
campagne. Il y a à Paris deux églifes archipresbytérelles;
favoir, la Madeleine en la cité, & S, Severin en
l’univerfité. Eglise Cardinale, c’eft le nom que l’on don-
noit autrefois aux églifes paroifliales dans lefquelles
il y a un curé & des prêtres pour adminiftrer les
facremens au peuple.
Eglise Cathédrale. Voye[ Cathédrale.
Eglise Catholique ou Universelle : Théo-
dofe attribua ce nom par un édit aux églifes qui Envoient
le concile de Nicée, à l’exclufion de toutes les
autres ; préfentement ce terme ne défigne point aucune
églife en particulier , mais la foi & la religion
romaine, & l’univerfalité de Véglife répandue chez
toutes les nations de la terré. Eg l ise Collégiale. Voye^ Collégiale & Chapitre.
Eglise-Cure , ce titre eft commun aux paroiffes
& aux autres églifes oii l’on fait les fondions curiales
comme les annexes, fuccurfales, & les églifes enclavées
dans des lieux exceptés de l’ordinaire. Eglises Episcopales , c’eft ainfi que l’on appelait
autrefois celles qui étoient le fiége d’un évêque
; on les appelle aujourd’hui cathédrales. Voyeç Cathédrale.
Eglise fille d’une autre Eglise : on appelle
ainfi certaines églifes, qui font comme des colonies
émanées d’une autre églife fupérieure de laquelle
elles dépendent d’une maniéré plus particulière
que les autres églifes, comme à Paris les filles
de M. l’archevêque, qui font S. M arcel, S. Honoré,
Ste. Opportune : le chapitre de S. Germain de l’Au-
xerrois, à préfent réuni à Notre-Dame , étoit une
quatrième fille de M. l’archevêque. Les quatre filles
de Notre-Dame font S. Etienne des grès, S. Benoît,
S. Merry, & le Sepulchre : Véglife abbatiale de Cî-
teaux a aufli fes quatre filles, qui font quatre abbayçs
fubordonnées à celle de Cîteaux, favoir Clairvau*,
la Ferté, Pontigny, & Morimon. Eglise Gallicane , c’eft Véglife de France, à
laquelle on donna ce nom dès le premier établiffe-
ment du Chriftianifme dans les Gaules ; elle fait partie
tiè de Véglife latine ou d’occident : Véglife gallicane
a les libertés, dont il fera parlé au mot Liberté.
E glise Greque ou Eglise d’Or ient, on comprend
fous ce nom toutes les églifes des pays qui ont
été foûmis à l’empire des Grecs, & où ils avoient
porté leur langue : elle eft oppofée hVéglife latine.
Tout le monde chrétien eft de Véglife greque ou de
1 eglife latine ; ces deux églifes n’ont cependant qu’un
meme chef & une même Croyance, fi ce n’eft depuis
le fchifme desGrecs, qui commença en 867 du tems
de Photius patriarche dè Conftantinople, à l’occa-
lion de la prefeance qu’il prétendoit avoir. L’empe-
reur Baudouin ayant fait élire un patriarche latin ,
reunit l’églife d’orient à celle d’occident, mais cela
ne dura que 55ans comme l’empire latin; Michel
Paleologue ayant repris Conftantinople en 1261
fe fepara de Rome : ce fchifme dura jufqu’au concile
de Florence en 1439. Cette réunion faite par le be-
fom que l’empereur avoit du pape, fut même defa-
vouee par l’empire 8c n’eut guere d’effet ; ce fut le
dernier état de la religion ri-Ax l'églife greque, & elle
■ en fut totalement bannie In 1453 , lorfque Mahomet
II. s’empara de Conftantinople.
Eglise Latine : on co‘ îprend fous ce nom toutes
les eglifes d’Italie, de France, d’Efpagne, d’Allemagne,
d’Angleterre, de tout le Nord, d’Afrique,
& de tous les pays où les Romains avoient établi
leur langue. On l’appelle aufli églife d'Occident. Voye.?
xi-devant Eglise G reque.
Eglise-Matrice ou Mere-Eglise, eft celle
dont d’autres font émanées, & à laquelle elles obéif-
lent. Viyei ci-devant Eglise-Fille , &c.
Eglise-Mere. Voyei ci-dev. Eglise-Matrice.
Eglise Mé t r o po l it a in e , eft celle qui eft le
fiege de l ’archevêque ou métropolitain, & de laquelle
plufieurs autres évêques font fuffragans.
Eglise d O c c id e n t , eft la même choie que IV-
glife latine.
Eglise d’Or ient, eft la même que Véglife greque.
jjj Eglise Paroissiale , eft celle qui eft érigée en
titre de paroiffe, & qui a un territoire dont les habi-
tans doivent remplir dans cette églife leur devoir de
paroifliens. Voye{ Paroisse.
Eglise Pr im a t ial e , eft celle qui forme le fiége
du primat, comme Véglife cathédrale de Lyon.
.Eglise Pr im it iv e , fe prend quelquefois pour
les premiers chrétiens qui vivoient à la naiffance de
VEglife. On entend aufli quelquefois par-là une églife
plus ancienne qu’une autre qui en dépend, & qui a
retenu fur cette églife à elle fubordonnée les droits
de primitive, c ’eft-à-dire quelques honneurs & rétributions
en reconnoiffance de fa fupériorité.
Eglise Pr in cipa le , eft celle qui eft la plus con-
fidérable d’une v ille , comme la cathédrale, s’il y
en a une, ou une collégiale, ou à défaut de collégiale
, la plus ancienne paroiffe, &c.
Eglise Priorale , eft celle à laquelle eft attaché
le titre de prieuré.
Eglise Régulière , eft celle qui eft affeCtée à
des réguliers, foit religieux ou chanoines réguliers.
E glise R omaine , ne s’entend pas feulement de
la cathédrale de Rome , mais de tout le corps des
églifes qui font de la même communion que Véglife
romaine.
Eglise Sécularisée , eft celle qui a été autrefois
régulière.
Eglise Séculière des eccléfiaftiques féculi,e resf.t celle qui eft affeétée à
Eglise Sch ism at iq ue, eft celle oii l’on ne re-
connoît point le pape pour chef de VEglife.
Eglise Succursale , eft celle qui fert d’aide à
une églife paroifliale lorfque fon territoire fe trouve
jrop étendu. Voye[ Succursale.
Eglise Universelle , c’eft la même chofe que
Tonie n
^,eS'jfe romaine, c’eft-à-dire le corps de toutes les
egufes catholiques, apoftoliques, & romaines. (A ) Eglise ( Etatd' ) , Géog, mod. contrée de l’Italie,
que le pape poffede en fouveraineté. Elle a environ
9° lieues de long, fur 44 de large. Elle eft au midi
de 1 état de Vemfe, à l’occident du royaume de Naples
& du golfe de Venife, au nord de la mer de Tof-
cane, a 1 orient de laTofcane, & duchés de Modene,
de la Mirandole, & de Mantoue ; elle fe divife dans
les douze provinces fuivantes, la campagne de Rome
, la Sabine, le patrimoine de S. Pierre, le duché
de Caftro, l’Orviétan, le Perugin, les duchés de
Spolete & d’Urbin, la marche d’Ancone, la Roma-
gne, le Boulonnois, & le Ferrarois. Eglises (les cinq), Géog. mod. ville de la baffe
Hongrie, à 10 lieues du Danube. Long. 36". 3 J. Ut.
4G. G.
EGLISOU ou EGLISAU, (Géog. mod.) ville du
canton de Zurich, en Suiffe, fur la rive droite du
Rhin. Long. 2G. tS. lat. 47. 43.
EGLOGUE, f. f. ( Belles-Lettres. ) poéfie bucolique,
poefie^paftorale, trois termes différens qui ne
fignifient qu’une même chofe, Vimitation, la peinture
des moeurs champêtres.
, Cette peinture noble, Ample, & bien faite, plaît
egalement aux philofophes & aux grands : aux premiers
, parce qu’ils connoiffent le prix du repos &
des avantages de la vie champêtre ; aux derniers ,
par l’idée que ce genre de poéfie leur donne d’une
certaine tranquillité dont ils ne joiiiffent point, qu’ils
recherchent cependant avec ardeur, & qu’on leur
préfente dans la condition des bergers.
C ’eft la peinture de cette condition, que les Poètes
toujours occupés à plaire, ont faifi pour un objet
de leur imitation, en l’annobliffant avec cet art qui
fait tout embellir. Ils ont jugé avec raifon qu’ils
ne manqueroient point de réumr par de petites pièces
dramatiques, dans lefquelles introduifant pour
aûeurs des bergers, ils en feroient voir l’innocence
& la naiyeté , foit que ces perfonnages chantaffent
leurs plaifirs, foit qu’ils exprimaffent les mouvemens
de leurs paflions.
Cette forte de poéfie eft pleine de charmes ; elle
ne rappelle point à l ’efprit les imagés terribles de la
guerre &c des combats ; elle ne remue point les pafi*
fions trilles par des objets de terreur; elle ne frappe
& ne faifit point notre malignité naturelle par une
imitation étudiée du ridicule : mais elle rappelle les
hommes au bonheur d’une vie tranquille, après laquelle
ils foupirent vainement.
Rien n’eft pins propre que ce genre de poéfie à
calmer leurs inquiétudes & leurs ennuis, parce que
rien n’a plus de proportion avec l’état qui peut faire
leur félicité. C ’eft pour cette raifon que les anciens,'
voulant aflïgner un lieu où la vertu fut couronnée
dans une autre v ie , ont imaginé, non des palais fu-
perbes & eclatans par l’or & par les pierreries, mais
Amplement des campagnes délicieufes entrecoupées
de ruiffeaux, mais l’obfcurité & la fraîcheur des bois-
en un mot, ils ont feint que les hommes vertueux au-
roient pour récompenfe, fous un foleil différent, ce
que la plûpart des hommes méprifent fous celui-ci :
Nulli certa domus : lucis habitamus opacis,
Riparumque toros , & prata recentia rivis
Incolimus:
dit Anchife à fon fils Enée dans le VI. liv. de l’Eneid;
vers Gy3.
Développons donc avec Fabbé Fraguier, le caractère
de ce genre de poème paftoral dont nous venons
de faire l’éloge, le lieu de la feene, les aCteurs,
les chofes qu’ils doivent dire, & la maniéré dont ils
doivent les dire. Je ferai court autant que cette matière
un peu approfondie pourra le permettre i & je,
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