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claie pour en ôter les pierres, & enfuiteles palier
au rateau fin. (A)
* EPIEU, f. m. ( Chaffe. ) arme faite d’un long
morceau de bois garni à l’une de fes extrémités d’un
fer large & pointu : le bois s’appelloit la hampe. On
s’en fervoit beaucoup dans les tems oii l’on le pi-
quoit de faire la chaffe aux animaux les plus dangereux
& les plus féroces.
EPIGASTRE, f. m. tmyttç-povf en Anatomie, la
partie moyenne de la région épigaftrique. Voye^ Epigastrique.
Ce mot eft formé de *Vî ,fur, & de y*<?»p » ventre.
m ■
EPIGASTRIQUE, (AnatY) région épigaftrique; nom qu’on donne à la partie fupérieure de l'abdomen
, & qui s’étend depuisje cartilage xiphoïde juf-
qu’auprès du nombril. Voye^ Région.
On la divife ordinairement en deux parties ; les
côtés ou la partie latérale, qu’on appelle hypocondre;
& le milieu , qu’on appelle épigaftre. Voye{ ABDOMEN.
Il y a auffi des . veines & des arteres épigaftriques.
Les arteres font des branches des arteres iliaques externes.
Les veines fe déchargent dans les veines iliaques
externes. Chambtrs. (Z) Epigastrique, ( région) Phy/zolog. Cette partie
du corps humain lituée entre la partie inférieure de
la cavité de la poitrine &c l’eftomac, a été regardée
par plufieurs auteurs , & entr’autres par celui d’un
ouvrage intitulé Specimen nova Medicina confpeclus
(à Paris, chez Guérin, 175 l) , comme un point de
réunion &c comme un centre d’oii les forces organiques
femblent partir pour s’y réunir de nouveau.
C ’eft le diaphragme qui joue le principal rôle dans
cette région. L’auteur le confidere comme un balancier,
qui donne, pour ainfi dire, le branle à tous les
vifeeres, & dont l’empire paroît s’étendre à toutes
les parties du corps. Il leur communique la force fen-
litive, c’eft-à-dire la tenfion, la mobilité, Raâivité,
le ton qu’excitent les fenfations & les affe&ions de
l ’ame. Mais il a une correfpondance plus particulière
avec les membranes du cerveau ; l’auteur en allégué
pour preuve différentes obfervations pratiques :
il s’appuie fur des faits anatomiques : il cite en fa
faveur une remarque de M. Petit, qui mettoit dans
la région épigajlrique l’origine du nerf intercoftal
(mém. de Vacad. des Scienc. 1727); mais fans recourir
à des expériences conteftées , il auroit pû auffi fe
prévaloir de la quantité prodigieufe de nerfs qui fe
difhibuent au diaphragme , enforte qu’il communique
par leur moyen avec tous les vifeeres.
D ’ailleurs l’auteur remarque avec raifon, qu’on
peut regarder cet organe comme le vrai centre du
fyftëme nerveux & aponévrotique ; fon tiffu, fa fi-
tuation , fa mobilité, fon union avec le péricarde,
fa communication fenfible avec la plevre & le péritoine
, & par le moyen de ces deux membranes qui
enveloppent tous les vifeeres du tronc avec tout le
genre aponévrotique ; fon aétion, principalement
fur l’eftomac & fur les inteftins, dont l’auteur croit
qu’il détermine le mouvement périftaltique ; enfin
l ’étendue de fes productions, qu’Albinus a pourfui-
vies plus loin que perfonne, & qui vont peut - être
beaucoup au-delà : tout cela paroît confpirer à rendre
cet organe propre à exercer une réciprocation
avec toutes les parties, & fur-tout avec le fyftème
aponévrotique , qui enveloppe & pénétré toutes les
parties du corps. L’auteur ajoûte que cette réciprocation du diaphragme
eft confidérablement excitée par les différentes
fenfations que nous font éprouver nos befoins
fucceffifs, &c par l’inquiétude avec laquelle nous
cherchons à y pourvoir.
Tous les Médecins fayent, dit-il encore, que la
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plupart des malades qui meurent d’une gangrené
dans quelque partie inférieure au diaphragme, fen-
tent très - diftin&ement & par intervalles , comme
une maffe qui monte peu-à-peu ; & dès que ce poids
eft parvenu à la région cpigajlrique, le malade tombe
dans une fyncope qui eft bientôt fuivie de la mort.
On peut trouver plufieurs exemples de cas appro-
chans dans les anciens médecins. Hippocrate dit dans
les prénotions de Cos , que les plaies du diaphragme
font toujours mortelles. Les épileptiques fentent
quelquefois à l’approche de l’accès, des vapeurs qui
s’élèvent peu-à-peu des extrémités inférieures ; &c
ils perdent connoiffance dès qu’elles font arrivées à la
région du diaphragme, comme Galien l’a obfervé,
de loc. affect, lib. III.
Vanhelmont eft rempli d’obfervations femblables^
Il rapporte dans fon traité du Jiége de l'ame, qu’un
écolier & un cocher étoient morts fubitement d’un
coup qu’ils avoient reçû vers l’orifice fupérieur de l’e-
ftomae : il obferve auffi que les goutteux fentent les
approches de l’accès par une agitation qu’ils éprouvent
dans cette partie ; il l’a vue quelquefois fi fenfible,
qu’on ne pouvoit y fouffrir l’application de la
main. Tout le monde fait que le chagrin , la triftef-
fe , & même le plaifir & la joie, font une impreffion
fenfible vers le creux de l’eftomac ; Vanhelmont l’a-
voit très-bien remarqué, mais il fe trompe par rapport
au principe , en ce qu'il rapporte cette fenfa-
tion , ainfi que toutes celles dont il fait mention à
ce fujet, à l’orifice fupérieur de l’eftomac , tandis
qu’il eft certain que c’eft la partie tendineufe du diaphragme
qui eft alors affe&ée. Ceux qui feront curieux
de voir un plus grand détail fur cette matière,.
& un plus grand nombre d’obfervations du genre de
celles qui viennent d’être rapportées, n’auront qu’à
confulter l’ouvrage même. Extrait du Journal des
Sav. Septembre i j 5i . (d}
EP1GENÊME, f. m. (Médecine.') ce terme eft tiré
d’Ukiyiivoputi, fupervenio , il lignifie un fymptome ,
qui, dans une maladie avancée dans fon cours, fur-
vient & fe joint aux fymptomes qui étoient déjà établis
; c’eft la même chofe qu’épiphénomène, Voyeç Epiphénomène. (</)
* EPIGENEUM, ( Hift. ancé) infiniment de Mu-
lique, dont nous favons feulement qu’il étoit à cordes
, & qu’il en avoit quarante.
EPIGEONNER, v. aét. (Maçonnerie.) c’eft employer
le plâtre un peu ferré, fans le plaquer ni le
jetter, mais en le levant doucement avec, la main
& la truelle par pigeons, c’eft-à-dire par poignées ,
comme lorfqu’on fait les tuyaux & languettes de
cheminée qui font de plâtre pur. (P )
* EPIGIES , f. m. pl. (Mythol.) ou nymphes de
la terre. Il y avoit auffi les nymphes uranies ou du
ciel. Epigie eft formé de étal, fur, & y», terre.
E P IG LO T T E , f. f. t7nyhoTTi( , en Anatomie , la
couverture ou le couvercle du larynx. Voyeç Larynx.
Ce mot eft formé de l'an, fur , & yxlrea., ou bien
yXoHet, langue.
L’épiglotte eft un cartilage mince, mobile, de la
forme d’une feuille de lierre ou d’une petite langue,
& qu’on appelle en conféquence lingula.
Il fert à couvrir la fente du larynx, qu’on appelle
glotte. Voye{ GLOTTE 6* VOIX.
Galien croit que M épiglotte eft le principal organe
de la vo ix , & qu’elle fert à la varier, à la moduler,
& à la rendre harmonieufe. Sa bafe qui eft allez large
, eft fituée dans la partie fupérieure du cartilage
feutiforme, & fa partie large & mince eft tournée
vers le palais ; elle ne fe ferme que par la pefanteur
des morceaux qu’on avale, mais ce n’eft pas fi exactement
que quelque goutte de la boifton ne fe fourvoyé
voye quelquefois, & n’entre dans la trachée-artere.
Voyez Trachée , Larynx , V o ix . (L )
* EPIGONES, f. m. pl. (Mythé) c’eft ainfi qu’on
appelle les enfans des fept capitaines qui affiégerent
en vain la ville de Thebes. Les épigones, dix ans après
l’expédition malheureufe de leurs, peres, marcher
rent contre Thebes fous la conduite d’Alcméon, vengèrent
la mort de leurs parens & la honte de la première
expédition ; prirent Thebes ; firent un butin
donfidérable, & emmenerent l’aveugle Tiréfias avec
fa fille Manto, à qui ils confièrent l’adminiftration
du temple de Delphes.
EPI GRAMME, f. f. (Belles-Lettres.) petit poème
ou piece de vers courte, qui n’a qu’un objet, & qui
finit par quelque penfée v iv e , ingénieufe, & Paillante.
f lH H
D ’autres définiffent Yépigramme une penfée înte-
reffante, préfentée heureufement & en peu de mots ;
ce qui comprend les divers genres dY épigrammes, telles
que les anciens les ont traitées, & telles qu’elles
ont été connues par les latins & par les modernes.
Les épigrammes , dans leur origine, étoient la même
chofe que ce que nous appelions aujourd’hui inf-
triptions. On les gravoit fur les frontifpices des temples,
des arcs de triomphe, fur les pié-d’eftaux des
ftatues, les tombeaux, & autres monumens. publics.
Elles fe réduifoient quelquefois au monogramme : on
leur donna peu-à -peu plus d’étendue ; on les tourna
en vers pour les rendre plus faciles à être retenues
par mémoire. Hérodote & d’autres nous en ont con-
ler vé plufieurs.
On s’en fervit depuis à raconter brièvement quelque
fa it, ou à peindre le caraétere des perfonnes ;
& quoiqu’elles euffent changé d’objet, elles confer-
verent le même nom.
Les Grecs les renfermoient ordinairement dans
des bornes affez étroites ; car quoique l’Anthologie
en renferme quelques-unes affez longues, elles ne
paffent pas communément fix ou aii plus huit vers.
Les Latins n’ont pas été fi fcrupuleux àôbferver ces
bornes , & les modernes fe font donnés encore plus
de licence. On peut pourtant dire en général que 17-
pigramme n’étant qu’une feule penfée, il eft difficile
qu’elle communique ce qu’elle a de piquant à un
grand nombre de vers. ; , ^ .
M. le Brun, dans là préface qu’il a mife à la tête
de fes épigrammes, définit Yépigramme un petit poème
fufceptible de toutes fortes de fujets, qui doit
finir par une penfée v iv e , jufte, & inattendue. ; ces
trois qualités, félon lui, font effentielles à Yépigramme
, mais fur-tout la brièveté & le bon mot. Pour
être courte , Yépigramme ne doit fe propofer qu’un
feul objet, & le traiter dans les termes les plus concis
; c’étoit le fentiment de M. Defpreaux:
Z ’épi gramme plus libre, en fan tour plus borné,
N*ejl fouvent qu'un bon mot de deux rimes orné.
On eft divifé fur l’étendue qu’on peut donner à
Yépigramme ; quelques-uns la fixent depuis deux juf-
qu’à vingt vers, quoique les anciens & les modernes
en fourniffent qui vont bièn au-delà de ce dernier
nombre ; mais on convient que les plus courtes
font fouvent les meilleures & les plus parfaites. Les
fentimens font auffi partagés fiir là penfée qui doit
terminer Yépigramme: les uns veulent qu’elle fo.it
faillante, inattendue comme dans celles de Martial^
tout le refte, difent-ils, n’étant que préparatoire.;
d’autres prétendent que les periféOs doivent être répandues
& fë, foûtenir dans toute Yépigramme , . &
c’eft la maniéré de Catulle; d’autres enfin adoptent
également ces deux genres. , k, f l
Si l’on confulte l’Anthologie , ',les épigrammes gre-
ques ne nous offriront guer;ê 'de-’ce qu’on appelle
bons mois ; elles ont feulement un certain air d’in-
Tome V,
génuité & de fimplicité accompagné de Vérité & dé
jufteffe, tel que feroit le difeours d’un homme de
bon fens ou d’un enfant qui auroit de l’efprit. Elles
n’ont point le fel piquant de Martial, mais une certaine
douceur qui plaît au bon goût ; ce qui n’a pas
empêché qu’on ne donnât le nom <Yépigramme grequi
à toute épigramme fade ou infipide : mais nous ne
fournies pas dans le point de vue convenable pour
juger du véritable mérite des épigrammes dé l’Anthologie
; il faut fi peu de chofé pour défigurer un bon
mot ; en connoît-on toute la fineffe * les rapports, &ct
à 2000 ans d’intervalle ?
Selon quelques modernes^ c’ eft le bon mot qiii ca-
ra c te rife Yépigramme, & qui la diftinguê du m a d rig
a l. Le P. Mourgues dit que c’eft par le nombre des
vers & par le bon mot, que ces deux e fp e c e sd e petits
poèmes font diftingués entr’eux dans la verfifîcation
moderne ; que dans Yépigramme le nombre des vers
ne doit être ni au-deffus de huit ni au-deffoiis de fix ,
mais rien n’eft moins fondé que cette réglé ; ce qu’il
ajoûte eft plus vrai, que la fin de Yépigramme doit
avoir quelque chofe de plus v if & de plus recherché
que la penfée qui termine le madrigal. Voye^. Madrigal.
L’épigramme eft encore regardée comme le dernier
& le moins confidérable de tous les ouvrages de poé-
fie ; & quelqu’un qui n’y réuffiffoit apparemment pas,
dit que les bonnes épigrammes font plutôt un coup de
bonheur qu’un effet du génie. Le P. Bouhours a prétendu
qu’elles tiroient leur principal mérite de l’équivoque
. Mais confidérer Yépigramme par fes rapports
, c’eft faire le procès à fes défauts fans rendre
juftice aux beautés réelles qu’elle peut renfermer, &
l’on en pourroit citer un grand nombre de ce genre
tant anciennes que modernes*
Selon quelques autres une des plus grandes beautés
de Yépigramme , eft de laiffer au leéteur quelque
chofe à fuppléer ou à deviner, parce que rien ne
plaît tant à L’efprit que de trouver dequoi s’exercer
dans les chofes qu’on lui préfente. Mais d’un autre
côté on demande pour lé moins avec autant de fondement
, fi un e épigramme peut être louche, & fi c’eft
là même chofe qu’une énigme.
La matière de Yépigramme eft d’une grande éten-»
.due ; elle exprime ce qu’il y a de plus grand & dei
plus noble dans tous les genres, elle s’abaiffe- à ce
qu’il y a de plus petit, elle loue la vertu eenfure
le vice, peint & fronde les ridicules. 11 femble pourtant
qu’elle fe trouve mieux dans les genres fimples
ou médiocres que dans le genre élevé, parce que
fon caraétere eft la liberté & l’aifance. flj
Comme Yépigramme ne roule que fur une penfée
il feroit.ridicule d’y multiplier les vers ; elle doit
avoir une forte d’unité comme le drame ; c’eft-à-
dire ne tendre qu’à une penfée principale, de même
que le drame ne doit embraffer qu’une aftion. Néan-
moinsrellè a néceffairement deux parties ; l ’une qui
eft l’expofition du fujet, de la chofe qui a produit ou
occafionné la penfée ; & l’autre, qui eft la penfée
même ou ce qu’on appelle le bon mot. L’expofitiou
doit être fimple, aifée, claire, libre par elle-même
& par la maniéré dont elle eft tournée.
Sans parler de la malignité & dé l’obfcénité, que
la raifon feule reprouve, les défauts qu’on doit éviter
dans Yépigramme, font la fauffe'té des penfées,
les équivoques tirées de trop loin, les hyperboles ,
les penfées baffes & triviales* ( G )
Une des meilleures épigrammes modernes , eft
Celle de M. Piron contre le Zôïle de notre fiecle ;
puiffe-t-elle fervir de leçon à fes femblables 1 Une
anecdote très-plaifante à ce fujet, c’eft qüè M. Piron
l’a fait écrire en fa préfence par le Zoïle même : la
voici ; elle eft à deux tranchans.
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