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le deffein, cette étoffe eft brillantée, cànnélee, luf-
trinée, farinée, réduite , non réduite ,& c . mais on
la diftribue fous deux dénominations générales ; le
droguet fatiné , & le drogua brillante. Dans lün &
l ’autre c’eft le poil qui fait la figure. La chaîne en
eft ordinairement de 40 à 50 portées ; il en eft de
même du poil. La chaîne fe diftribue communément
fur deux.enfuples; elle a été ourdie à deux fois, une
des parties ayant plus de longueur que 1 autre. La
partie la plus longue s’appelle le pivot. Cette chaîne
n’eft point paffée dans les maillons du corps ; elle eft
fur quatre liftes , avèc une armure en taffetas, de
maniéré que le pivot eft fiir deux liftes , & 1 autre
partie de chaîne fur deux autres. De fon cote, le
poil n’eft point paffé dans les liftes, mais feulement
dans le corps, à l’exception des droguas farinés, 011
il fe trouve fur cinq liftes ordinaires. Le drogua fe
travaille à deux marches : l’une pour le coup de
plein, l’autre pour le coup de tire. Dans les droguas
farinés, les cinq liftes font tirées par le bouton.
Comme l’armure de la chaîne ou du fond eft en
taffetas, on comprend fans peine qu’une marche fait
lever la chaîne, 8c l’autre le pivot. Le coup de plein
pafle fur la chaîne, & le coup de tire fur le pivot.
Cette précaution eft néceflaire , en ce que le coup
de tire grofliffant 8c augmentant la foie qui leve, par
l’union qui s’en fait avec les fils que la marche fait
lever; le tout levant enfêmble ; il arrive que la foie
de chaîne boit ou emboit davantage dans l’étoffé,
& que s’il n’y avoit point de pivot, mais que la chaîn
e fût toute fur un enfuple, la partie de foie qui le-
Veroit avec la tire du poil, leveroit plus que celle
qui leve feulé, 8c empêcheroit l’étoffe de ferrer.
Avant l’invention des pivots, ces ouvriers étoient
obligés de changer le mouvement des quatres liftes
de taffetas, à toutes les deux ou trois aunes d’étoffe
fabriquée, faifant lever tour-à-tour les deux liffes
dont la foie étoit plus tirante fur le coup de plein.
Mais cette attention né prévenoit pas toute défec-
tuofité', la mauvaife façon augmentoit même à me-
iùre que la moitié de la chaîne étoit plus tendue que
l’autre ; & fi le changement de liftes y remédioit, ce
ri’étoit pas du moins avec le même avantage que le
pivot' y remédié.
Outre les droguas de foie dont nous venons dé
parler, il y en a d’ôr & d’argent ; ce font des tifliis
courans, dont la dorure eft liée par la découpure ou
par la cofde. Dans ce genre d’étoffe lé deffein eft
communément petit, & l’armure la même qu’au ras
de Sicile',parée qu’il ne fe leve point de lifte au coup
de dorure,. de maniéré que quatre marches fuffifent
poiir cette étoffe, deux pour le fond, dêux pour l’ac-
cômpagnagê, qui doit être en taffetas ou gros de
Tours 9 généralement pour toute étoffe liée par la
Corde ou par la découpure.
‘ Il fè fabrique aufli dés droguas d’or brochés ; ils
font môntés 8c armés comme les précédens. Ils tien-
ftént leurs ;noms dû deffein, & leur qualité de l’armure
& du travail.
DROGUETIER, f. m. {Manüf. en laine.) nom
qu’ on donné dans les manufâftures en laine de la
Bourgogne', à des ouvriers fabriquans le. droguet.
D R O G U I E R , f. m. (Pharm: & Hlfl: tiât. med)
c ’efLainfi qu’on appelle une fuite d’échantillon de
drogües rangées dans un ordre méthodique.
LVCoïtnôiftance dés'drogués étant eflentièlle au
médecin (VqyeçMEiiEciN), celui qui fé delline à
exercer laMedecine, & qui'n’a pas la commodité
de voir b abituell entent les drogues en'grand chez
le droguifte ou chez l’apothicaire, doitfe'foïmer dé
bonne heure un b on droguiir, 8c le placer foiis les
yeux 8c fous la main; c’eft Un moyen sur d’acquérir
fans travail, 8c prefqüe fans s’en appercevoir,
'la connoiffance que nous venons de recommander.
L es d iv ers m o rceau x q u i com p o fèn t le drôgiiiér\
d o iv e n t ê tre ren ferm és dans des p o u d riers o u dan s
des b o u teilles de v e rre blan c,afin q u ’o n puiffe le v o ir
com m o d ém en t fans le d ép lacer ; 8c ces vàiffeaiut
d o iv e n t ê tre ferm és pliis o u m o in s fo ig n e u fem e n t,
félo n q u e l’ex ig e la co n fe rv atio n d e ch aq u e d ro g u e.
Voye^ C o n s e r v a t io n . ( b )
DROGUISTE, f. m. nom que l’on doftne à ceux
d’entre les épiciers qui vendent des drogues propres
pour la pharmacie , la teinture, & les Arts.
DROGUEURS, ( g r a n d s ) ou GONDOLES, ter*
me de Pêche ufité dans le reffort de l’amirauté de Fé-
camp.
D R O IT , adj. fe dit, en Géométrie > de ce qui né
fe fléchit oii ne s’incline d’aucun côté.
Ainfi une ligne droite eft celle qui va d’un point à
un autre par le plus court chemin, fans fe fléchir.
Droit pris dans ce premier fens,eft oppofé à courbe.
V. C o u r b e , oii nous avons fait des réflexions fut
les définitions des mots ligne droite 8c ligne courbe.
L’angle droit eft celui qui eft formé par deux li-
gnes perpendiculaires l’une à l’autre, c’eft-à-dire qui
ne s'inclinent d’aucun côté. V. P e r p e n d ic u l a ir e *
La mefure d’un angle droit eft le quart de la circonférence
, c’eft-à-dire 90 degrés ; par confequent
tous les angles droits font égaux. V>yei A n g l e .
Le mot droit pris dans ce fécond fens, eft oppofé
à oblique. Voye^ OBLIQUE. *
On dit d’une figure qu’elle eft rettangle, lorfqüe
fes côtés font à angles droits, c’eft-à-dire perpendiculaires
les uns fur les autres. Voye^ F i g u r e .
Quelquefois une figure eft entièrement reôangle j
c’eft-à-dire a tous fes angles droits, comme le quarré
& le parallélogramme : quelquefois elle n’eft reûan»
gle qu’en partie feulement, comme le triangle rectangle.
Cône droit, voye£ CONE»
S inus droit, voye{ Sin u s . C e m o t fe rt à diftinguef
le finiis droit d u finus verfe. ‘ |
La fphere droite eft celle oîi l’équateur coupe l’ho-
rifon à angles droits, o u , ce qui eft la même chofe,
celle qui a les pôles à l’horifon, & l’équateur au zé-*-
nith. Voyei Sp h e r e .
La fphere eft droite pour tous les peuples qui habitent
précifément fous l’équateur ; d’oti il fuit que ces
peuples n’ont aucune latitude ou élévation de pôle;
Ils peuvent voir les deux pôles du monde à la fois à
leur horifon, 8c toutes les étoiles fe lever, paffer pair
leur méridien, & fe coucher. Le Soleil leur paroît
toujours monter 8c defeendre fur l’horifon à angles
droits: enfin toutes leurs nuits font égales àleurs jours.
V. L a*t i t u d e , É t o i l e , L e v e r , J o u r , N u i t , & c.
Dans la fphere droite l’horifon eft un méridien ; 6t
fi ohfuppofe que la fphere .tourne fur fon axe, tous
les méridiens deviennent fucceflivement horifon l’un
après l’autre. Voye^ H o r is o n .
L’afcenfion droite du Soleil ou d’une étoile, eft lè
point de l’équateuir, qui fe leve avec le Soleil ou
l ’étoile, pour ceux qui ont la fphere droite. Les degrés
d’afeerifion droite fe comptent depuis le premier
point d'Anes ; c’eft.proprement la diftance entre le
Ier point d’Aries, & lé point oùle méridien qui paffe
par l’aftre, coupe l’équateur. Voyei A s c e n s io n .
Defcenfion droite, vdye^ D e s c e n s io n .
On appelle cercle droit dans la proje&ion ftéréo*-
graphique de la fphere, un cercle qui tombe à angles
droits fur le plan de projeftion, ou qui paffeipar
l’oeil du fpettateur. Ce cercle fe projette par une
ligne droite. Voye.1 St é r é o g r a p h iq u e .
Navigation droite 3 voye^ NAViG'ATioNv.flîzrm 8c
■ Chambers. (O )
D r o i t , en Anatomie , eft le nom qù e l’o n d onne
à plufieurs m u fc le s, à caufè d e le u r direction parallèle
a u p lan que l’o n im ag in e diYÎfer le co rps en deux
S gi
i rifii
parties égales fymmétriques. Ils reçoiverit plufieurs
dénominations des parties auxquelles ils fervent
, comme droit de l’abdomen, drôit de la cuiffe,
droit latéral de la tête, grand droit poftérieur, petit
droit poftérieur, grand droit antérieur long, droit
antérieur court, droit de l’oe il, <S*c»
. Le droit de l’abdomen eft un mufcle du bas-ventre
qui eft attaché au fternum 9 à l’extrémité des deux
dernierés côtes, 8c va s’inférer en droite ligne à l’os
pubis. Poyei Ab d o m e n , A n a t o m ie , & nos Planches
anatomiques.
Il a trois ou quatre, 8c rarement cinq énervations
ou coarftations tendineufes de fes fibres charnues
, qui divifent fon corps comme en autant de
mufcles féparés.
. Le droit antérieur de la jambe eft un mufcle qui
lortant de l’épine inférieure 8c antérieure des os des
îles 8c du rebord de la cavité cotyloïde ; 8c paffant
entre les deux vaftes, va s’inférer à la rotule. Voye^
FÉMUR, & nos Planches anatomiques.
Droits la té ra u x de la tê te ; ce fo n t d e u x m ufcles
épais 8c ch arn us q u i forten t d e la p a rtie fu p érieu re
d e l’ap o p h y fe tran fv erfale de la p rem ière v e rte b re
d u c o u , 8c v o n t s’inférer à l’o c c ip u t. Voyeç T ê t e .
Le grand droit poftérieur de la tête ; c’ eft une
paire de mufcles de la tête, qui naît tendineufe 8c
charnue de la partie fupérieure de l’apophyfe épi—
neufe de la fécondé vertebre du cou , d’où il monte
un peu obliquement en-dehors, 8c s’attache à la partie
poftérieure de la ligne tranfverfale inférieure de
l’os occipital, à quelque diftance de la crête ou
épine de cet os.
Le petit droit poftérieur de ia tête ; il fort de la
partie poftérieure de la première vertebre du cou ,
8c va s’inférer à la partie moyenne de l’os occipital.
Le grand droit antérieur de la tête, ou le long ,
vient de la partie antérieure des apophyfes tranfver-
fes des cinq ou fix premières vertebresdu cou, 8c và
s’inférer fous l’apophyfe cunéiforme de l’occipital.
, Le petit droit antérieur naît de la partie antérieure
de la i ere vertebre du cou , 8c va s’inférer devant la
racine de l’appendice de l’apophyfe condyloïde de
l’occipital, immédiatement au-deflous du premier.
Les mufcles droits de l’oeil prennent leur attache
au fond de l’orbite, proche le trou optique ; ils viennent
de-là tous charnus , jufqu’à la plus grande circonférence
de la convexité de l ’oeil ; 8c s’élargiffant
par des tendons fort plats, ils fe prolongent jufqu’à
la cornée tranfparente, où ils fe terminent. Ils forment
par leur union depuis la grande circonférence
jufqu’à la cornée, une efpece de membrane circulaire,
à laquelle on a donné le nom de membrane al-
buginée. Voye{ AlbugINÉE.
Les mufcles droits de l’oeil font diftingués les uns
des autres, par rapport à leur fituation, en fupérieur,
inférieur, latéral interne, latéral externe ; par rapport
à leur ufage, en releveur, abaiffeur, adducteur
8c abdufteur ; enfin par rapport aux pallions, en
fuperbe, humble, lifeur ou buveur, 8c dédaigneur.
Le droit antérieur de la cuiffe vient de l’épine an-
' terieure- inférieure de l’os des iles de la mentbrane
capfulaire, 8c va fe terminer, en s’uniffant intimement
avec les vaftes & le crural, à la rotule. {L)
* D r o i t n a t u r e l , {Morale) L’ufage de ce mot
eft fi familier, qu’il n’y a prefque perfonne qui ne
foit convaincu au-dedans de foi-meme que la chofe
lui eft évidemment connue. Ce fentiment intérieur
eft commun au philofophe 8c à l’homme qui n’a point
réfléchi ; avec cette feule différence qu’à la queftion,
qu'eft-ce que le droit ? celui-ci manquant aufli-tôt 8c
de termes 8c d’idées, vous renvoyé au tribunal de
la confcience 8c refte muet ; 8c que le premier n’eft
téduit au filence 8c à des réflexions plus profondes,
qu’après avoir tourné dans un cercle vicieux qui le
Tome V.
ramené au point même d’où il étoit parti, ou le jette
dans quelqu’autre queftion non moins difficile à
refoudre que celle dont il fe croyoit débarraffé par
fa définition*
Le philofophe interrogé dit, le droit efl le fondement
ou la raifon première de la juflice. Mais qu’eft-ce
que la juftice ? c'efl l'obligation de rendre à chacun, ce
qui lui appartient. Mais qii’eft-ce qui appartient a l’uri
plûtôt qu’à l’autre dans un état de choies où tout fe-*
roit à tous, 8c où peut-être l’idée diftin&e d’obligation
n’exifteroit pas encore ? 8c que devroit aux autres
celui qui leur permettroit tout, 8c ne leur demande-»
roit rien } C ’eft ici que le philofophe commence à
fentir que de toutes les notions de la Morale, celle
du droit naturel eft une des plus importantes 8c des.
plus difficiles à déterminer? Aufli croirions-nous
avoir fait beaucoup dans cet article, fi nous réuffif-
fions à établir clairement quelques principes à l’aide
defque.ls on pût réfoudre les difficultés les plus con-
fidérables qufon a coûtume de propofer contre la
notion du droit naturel. Pour cet effet il eft néceflaire
de reprendre les chofes de haut, 8c de ne rien avancer
qui ne foit évident, du moins de cette évidence
dont les queftions morales font fufceptibles, 8c qui
fatisfait tout homme fenfé.
I. Il eft évident que fi l’homme n’eft pas libre, oû^
que fi fes déterminations inftantanées, ou même fes,
ofcillations, naiflant. de quelque chofe de matériel
qui foit extérieur à fon ame, fon choix n’eft point
l’ade pur d’une fubftance incorporelle 8c d\me faculté
fimple de. cette fubftance ; il n’y aura ni bonté
ni méchanceté raifonnées, quoiqu’il puiffe y avoir
bonté 8c méchanceté animales ; il n’y aura ni bien
ni mal moral, ni jufte ni injufte, ni obligation ni
droit. D ’où l’on voit, pour le dire en paffant, combien
il importe d’établir folidement la réalité, je ne
dis pas du volontaire, mais dé la liberté qu’on ne confond
que trop ordinairement avec,le volontaire. Voy»
les articles V o l o n t é & L ib e r t é .
II. Nous exilions d’une exifience pauvre, conteri-
tieufe, inquiété. Nous avons des pafîions & des be-
foins. Nous voulons être heureux ; 8c à tout mo-,
ment l’homme injufte 8c paflionné fe fent porter â
faire à autrui ce qu’il ne voudroit pas qu’on lui fît à;
lui-même. C’eft un jugement qu’il prononce au fond
de fon ame , 8c qu’il ne peut fe dérober. Il voit fa
méchanceté, 8c il faut qu’il fe l’avoue, ou qu’il accorde
à chacun la même autorité qu’il s’arrôge.
III. Mais quels reproches pourrons-nous faire à
l’homme tourmenté par des pallions fi violentes,
que la vie même lui devient un poids onéreux, s’il
ne les fatisfait, & qui, pour acquérir le droit de dif-
pofer de l’exiftence des autres,,leur abandonne là
fienne ? Que lui répondrons-nous, s’il dit intrépidement:
« Je fens que je porte l’épouvante 8c le troii-
» ble au milieu de l’efpece humaine ; mais il faut ou
» que je fois malheureux, ou que je faffe le malheur
» des autres; & perfonne ne m’eft plus cher que je
» me le fuis à moi-même.Qu’on ne me reproche point
» cette abominable prédileftion; elle n’eft pas libre.
» C ’eft la voix de la nature qui ne s’explique jamais
» plus fortement en moi que quand elle me parle en
» ma faveur. Mais n’eft-ce que dans mon coeur qu’-
» elle fe fait entendre avec la même violence ? O hom-
» mes, c’eft à vous que j’en appelle ! Quel eft celui
» d’entre vous qui fur le point de mourir, ne rachete-
» roit pas fa vie aux dépens de la plus grande partie
» du genre humain, s’il étoit sûr de l’impunité 8c du
» fecret» ? Mais, continuera-t-il, «je fuis équitable
» 8c fincere. Si mon bonheur demande que je me dé-
» faffe de toutes les exiftences qui me feront impor-
» tunes ; il faut aufli qu’un individu, quel qu’il foit,
» puiffe fe défaire de la mienne, s’il en eft importu-
» né, La raifon le veut, 8c j’y fouferis. Je ne fuis pas