c rite, n’eft jamais accompagnée d’aucun danger :
cependant le médecin doit prudemment attendre que
la fievre tende à fa fin, avant de dire fon fentiment
fur la nature de l’évenement, puifqu’ il peut être
trompé dans la connoiffance de la maladie, comme
il a été dit ci-deffus ; & s’il y a le moindre foupçon
de fievre intermittente, il faut encore plus fulpen-
dre fon jugement, pour ne pas compromettre fa réputation
& l’honneur de l’art. M. "Wanfwietem dit
qu’il a vu des perfonnes qui étoient fujetes à avoir
deux ou trois fois dans l’année un accès de fievre
éphémère, fans y donner occafion, mais vraiffembla-
blement par un amas de bile , dont l’évacuation
étant faite par un doux vomiffement, tout mouvement
& tout fymptome fébrile ceffoient, ils recou-
vroient la fanté.
Il fuit de ce qui a été dit jufqu’ici de la fievre
éphémère , qu’elle peut être regardée comme falu-
taire, & que la curation en eft facile : elle fe diflipe
même fouvent fans aucun fecours, & elle fe termine
promptement de fa nature, pourvû qu’elle n’en
change pas par un mauvais traitement, & qu’on ne
la fafle pas dégénérer en une autre efpece de fievre
de mauvaife qualité.
Il fuffit donc, pour la cure de cette fievre, que
le malade s’abftienne abfolument de manger, qu’il
ne prenne, pour toute nourriture pendant vingt-
quatre heures, que du bouillon de viande , très-le-
g e r , en petite quantité, & même qu’il fe borne à
boire beaucoup de tifanne d’orge ou de petit - lait,
pour délayer &c détremper la maife des humeurs ;
qu’il obferve de fe livrer au repos du corps & de
l ’efprit. La faignée eft très-rarement employée dans
cette efpece de fievre, & ce n’eft que dans le cas oit
les fymptomes font violens, où le malade fe plaint
beaucoup de douleur de tête ; mais alors il y a lieu
de craindre que la fievre ne devienne aiguë, & ne
fe termine pas aufli-tôt que la nature de Yéphémère
le comporte : c’eft ce dont on ne tarde pas à être
inftruit par la continuation de la fievre & les nouveaux
fymptomes qui furviennent, ou par une forte
de ceffation, qui annonce d’avance le retour de la
fievre par un accès prochain. Voye[ F i e v r e c o n t
i n u e , INTERM ITTENTE. (d)
EPHEMEREUTE, f. m. ( Hijl.anc.) prêtre des
Thérapeutes. Voye^ T hérapeutes.
ÉPHÉMÉRIDES, f. f. pl. (AJlronom.) tables calculées
par des aftronomes, qui marquent l’état pré-
fent du ciel pour chaque jour. Vyye^ Planete ,
Lieu & Table.
C ’eft par ces tables qu’on détermine les éclipfes,
les conjonctions & les afpeâs des planètes, l’heure
du lever & du coucher de la lune & du foleil pour
chaque jour, les nouvelles & pleines lunes , &c.
Nous avons des éphémérides de Képler, d’Argolus ,
de Mezzavaccha, de la Hire & de plufieurs autres.
Feu M. Defplaces, grand calculateur, a publié
depuis 1715 , de dix ans en dix ans, des éphémérides
céleftes qu’il a pouffées jufqu’en 1745. M. l’abbé de
la Caille, de l’Académie des Sciences, & profeffeur
de Mathématiques au collège Mazarin, en a donné
la continuation depuis 1745,, avec plufieurs additions
, dont on peut voir le détail dans l’Hiftoire de
l’Académie de 1743 : ces additions font précédées
d’une introduction qui en donne l’intelligence, &
qui met tout leCteur médiocrement inftruit en état
de s’en fervir.
On doit mettre au nombre des éphémérides l’ouvrage
intitulé connoiffance des tems, que l’académie
des Sciences publie régulièrement tous les ans depuis
le commencement de ce fiecle. On doit mettre
aufli de ce nombre l’ouvrage intitulé état du ciel,
publié en 1754 & 1755 par M. Pingré , chanoine
.de fainte G énevieve, &c. Cet ouvrage eft principalement
deftiné aux navigateurs, & leur fera très-
utile par le détail, l’exaClitude & l’intelligence avec
laquelle il eft fait. Le volume de 1755 eft fort fupé-
rieur au précédent, quoique celui-ci méritât déjà
beaucoup d’eftime. (O)
* ÉPHÉMÉRIES. f. f. çl. (Hiß. anc.') Les prêtres
des Juifs étoient diftribués en éphéméries : il y en
avoit huit, quatre des defeendans d’EIeazar, quatre
de ceux d’Ithamar. Cette divifion étoit celle de
Moyfe, félon quelques auteurs ; d’autres prétendent
qu’il en avoit inftitué feize, auxquelles David en
avoit ajouté huit. Ce qu’il y a de certain, c’eft qu’il
y avoit fous ce roi vingt-quatre éphéméries de prêtres
, feize de la poftérité d’Eleazar, huit de celle
d’Ithamar : chaque éphémérie vaquoit au fervice divin
pendant une femaine. L’éphémérie étoit fous-di-
vifée en fix familles ou maifons, qui avoient chacune
leur jour & leur rang, excepté le jour du fab-
bat, qui occupoit Yéphémérie entière. Un prêtre ,
pendant fa femaine de fervice, ne pouvoit coucher
avec fa femme, boire du v in , ou fe faire rafer, &c.
la famille ou maifon de fervice ne buvoit point de
v in , pas même pendant la nuit. Comme les prêtres
étoient répandus dans toute la contrée, ceux dont
la femaine approchoit fe mettoient en chemin pour
Jérufalem ; ils fe faifoient rafer en arrivant ; ils fe
baignoient enfuite : ceux qui demeuroient trop loin
reftoient chez eu x, ou ils s’occupoient à lire l’écriture
dans les fynagogues, à prier, à jeûner : leur ab-
fence ne caufoit aucun trouble dans le fervice divin
, parce qu’une éphémérie étoit fouvent de plus de
cinq mille hommes ; d’où l’on voit que fous David
le temple étoit deffervi par cent vingt mille hommes
& davantage. Ceux qui fe rendoient à Jerufalem entroient
dans le temple le foir que leur fervice com-
mençoit : lorfque l’holocaufte du foir étoit offert,
& que tout étoit difpofé pour le fervice du lendemain
, Y éphémérie en exercice fortoit & faifoit place
à la fuivante. Tout le corps des lévites étoit aufli
divifé en éphéméries , & Yéphémérie en familles ou
maifons : ces éphéméries faifoient le fervice divin
dans le même ordre que les prêtres ; & dans les grandes
folennités les fix maifons des lévites étoient occupées
ainfi que celles des prêtres.
* EPHEMERIUS, f. m. ( Hiß. anc. ) C ’eft ainfi
qu’on appelloit, dansl’églife greque, l’éccléfiaftique
qui veilloit à ce que les heures ruflent chantées régulièrement,
à ce que les jeunes choriftes fûffent
leur chant, & que tout fe fit en ordre.
On donnoit encore ce nom en quelques endroits
à ceux qui afliftoient les patriarches & les évêques,
qui ne les quittoient ni le jour ni la nuit, & qui, témoins
aflidus de leurs moeurs & de leur conduite,
pouvoient en répondre dans l’occafion.
EPHEMERUM, f. m. (Hiß. nat. Bot.') genre de
plante à fleurs liliacées, compofées de trois petales
& foûtenues par un calice divifé en trois parties.
Le piftil devient dans la fuite un fruit oblong, qui
eft partagé en trois loges, & qui renferme des fe-
mences femblables à des grains de froment. Tour-,
nefort, Inß. rei herb. Voye£ PLANTE. ( ! )
EPHÈSE, ( Géogr. & Hiß. anc. ) autrefois ville
maritime de l ’Afie mineure , nommée préfentement
Ajaßiloue par les Turcs, auxquels elle appartient.
Cette ville jadis fi célébré, dit M. de Tournefort
le plus exaft de tous les écrivains qui en ont parlé ;
cette ville fi fameufe par fon temple, qui y attiroit
des étrangers de toutes parts ; cette ville qui a produit
tant d’hommes illuftres & d’artiftes célébrés,
entr’autres , à ce qu’on croit, Parrhafius ; enfin
cette ville qui fe glorifioit d’être la métropole de
toute l’Afie , n’eft plus qu’un miférable village bâti
de boue, parmi de vieux marbrés cafles. Ce village
encore n’eft habité que par une trentaine de familles
greques, qui certainement, comme M. Spon le remarque
, ne font pas capables d’entendre les épîtres
que S. Paul leur a écrites.
Nous avons peu de villes dont il refte autant
de médailles ; les unes nous apprennent qu'elle
fut une fois néocore de Diane, & trois fois néocore
des Céfars ; les autres , qu’elle fut bâtie à l ’occafion
d’un fangiier ; la plûpart repréfentent Diane, ou
chaffereffe, ou à plufieurs mammelles, ou parée de
fes attributs.
L’origine de cette ville, fes anciens noms, &
ceux de fes fondateurs, ne nous intéreffent guere
aujourd’hui ; mais il n’eft pas inutile de dire que
pendant les guerres des Athéniens & des Lacédémoniens
, Ephèfe avoit la fageffe de vivre en bon
accord avec les deux partis, & que le jour de la
naiflance d’Alexandre les devins de la cité fç mirent
à crier que le deftruûeur de l’Afie étoit venu au
monde.
On n’oublie point que ce deftruâeur fe rendit à
Ephèfe après la bataille du Granique, & qu’il y rétablit
la démocratie ; que la place fut prife par Lyfi-
machus, l’un de fes fùcceffeurs ; qu’enfuite Antigo-
nus eut l’âdreffe de s’en emparer, & qu’il y pilla les
thréfors de Polyfperchon.
On ne fauroit encore oublier qu’Annibal vint s’aboucher
à Ephèfe avec Antiochus, pour y prendre
enfemble des mefures contre les Romains ; que ce
fut dans cet endroit que fe commit le maffacre effroyable
des mêmes Romains, par les ordres de Mi-
thridate ; & que Scipion, beau-pere de Pompee ,
s’empara des tnréfors du temple, fans crainte & fans
fcrupule.
Perfonne n’ignore aufli quelle fut la magnificence
des fêtes que Lucullus y donna ; le voyage exprès
d’Augufte, de Pompée & de Cicéron dans cette
v ille ; fur-tout celui de Cicéron, qui mandoit à fes
amis qu’il ne faifoit aucun pas dans la Grèce fans y
trouver de nouveaux fujets d’admiration.
Enfin l’on fait que Tibere, pendant fon régné, fit
rebâtir cette métropole, & qu’avant lui on y avoit
dreffé des temples à Julès-Céfar & à la ville de Rome
; tous ces évenemens renouvellent les grandes
idées qu’on a fucées dans fa jeuneffe de l’hiftoire ancienne
: mais rien n’eft fi confolant pour ceux qui
font chrétiens, que de fuivre S. Paul & S. Jean à
• Ephèfe, d’y voir ce premier fonder l’églife dé Ephèfe,
& y établir Timothée pour évêque : il eft vrai que
cet établiffement ne fut pas de longue durée ; les
perfécutions fuccéderent, les Perfes pillèrent cette
ville dans le troifieme fiecle , & les Scythes ne l’é-
pargnerent pas quelque tems après.
Enfin au bout d’un grand nombre de révolutions,
Ephèfe s’eft vu tomber entre les mains de Mahomet
I. & elle eft reftée depuis ce tems-là foûmife à l’empire
ottoman. Son port, au fujet duquel on avoit
autrefois frappé tant de médailles, n’eft à préfent
qiu’une rade découverte que perfonne ne fréquente :
tout fon commerce a paffé tant à Smyrne qu’à Sca-
lanova. Plus de veftiges de cette ville & de f6n temple
; l’églife de S. Jean a été convertie en mofquée,
& les blocs de marbre cjui reftoient des ruines <YE-
phèfe, ont été tranfportes à Conftantinople pour fervir
à la conftru&ion des mofquées royales. Article
de M. le Chevalier DE J AU COURT. Ephèse (Templed’ ) Hift. anc. temple fuperbe à
l’honneur de D iane, bâti près à'Ephèfe, & qui a été
plufieurs fois détruit & réédifié. Traçons-enfuccinc-
tement l’hiftoire, dont la plûpart des écrivains modernes
ont confondu les faits.
Le premier temple que les Ephéfiens drefferent à
l’honneur de Diane, n’étoit qu’une efpece de niche
creufée dans le tronc d’un ormeau, où apparemment
la figure de la déeffe étoit placée. Ce n’eft pas fans
doute de cet ouvrage qu’entend parler Pindare ,
lorfqu’il avance que les Amazones firent édifier le
temple d'Ephèfe dans le tems qu’elles faifoient la guerre
à Théfée.
Le temple de Pindare n’étoit pas non plus cette
merveille du monde*, ce fuperbe édifice dont Cher-
fiphron fut l’architeâe, ôc qui fut conftruit aux dépens
des plus puiffantes villes d’Afie : Pline remarque
que la première invention de mettre des colonnes
fur un pié d’eftal, & de les orner.de chapiteaux
& de vafes , fut pratiquée dans ce temple.
Il avoit 425 piés de long fur n opiésdq large : oii
y voyoit 127 colonnes, dont les rois d’Afie avoient
fait la dépenfe, & ces colonnes portoient chacune
60 piés de haut : il y en avoit trente-fix couvertes
de bas-reliefs, & parmi celles-ci il s’en trouvoit
une de la main de Scopas. Les portes étoient de cy près
toujours luifant & poli ; la charpente étoit de
cedre, & la ftatue de Diane étoit d’or , fi l’on en
croit Xénophon. Les richeflës & les ornemens de
ce magnifique édifice étoient fans nombre : on le
venoit voir de fort loin , & les étrangers tâchoient
à l’envi d’en emporter des modèles.
Voilà le temple déEphèfe ou de Diane, car c’eft la
même chofe, qui fut brûlé par l’infenfé Eroftrate ,
le jour de la naiflance d’Alexandre , l’an du monde
3648. Ce grand prince, comme on fa it, fit dire
aux Ephéfiens , qu’il feroit volontiers la dépenfe
de fa réconftrucHon, pourvû qu’on mît fon nom fur
le frontifpice ; mais ils répondirent avec beaucoup
de fageffe, « qu’il ne convenoit pas à un dieu de
» dreffer des temples à d’autres divinités ».
Avides de rebâtir eux-mêmes leur temple, fi mal-
heureuferr^ent confirmé , ils en vendirent les colonnes
, convertirent en argent tous les bijoux des
dames de la ville, raffemblerent des fonds de toutes
parts, & employèrent toutes ces fommes à faire,
s’il étoit poflîble, un édifice aufli magnifique que
celui qui avoit péri par les flammes. Cheiromocrate
en fut l’architefte : les plus fameux fculpteurs de
Grece l’ornerent de leurs ouvrages : l’autel étoit
prefque tout de la main de Praxitèle. Outre les bas-
reliefs & les ftatues des plus grands maîtres, ce temple
fut, félon les apparences , embelli des tableaux
admirables de là main de Parrhafius & de plufieurs
autres illuftres artiftes. Strabon en parle pour l’avoir
vû du tems d’Augufte : ainfi le temple que Pline
a décrit étoit le même que celui que Strabon
avoit vû.
Nous avons plufieurs médailles , fur le revers
defquelles il eft repréfenté avec un frontifpice,
tantôt à deux colonnes, à quatre, à fix, & même
jufque à huit, aux têtes des empereurs Domitien ,
Adrien, Antonin P ie, Marc-Aurele, Lucius VeruS ,
Septime Severe, Caracalla , Macrin, Eiiogabale ,
Alexandre Severe, Maximin.
Néron, qui étoit né pour defoler le monde, en
emporta les plus grandes richeffes ; les Scythés le
dépouillèrent enfuite, & le brûlèrent en 263 ; les
Goths en pillèrent les reftes fous l’Empereur Galien :
enfin il eft vraiffemblable qu’il fut entièrement démoli
fous Conftantin, en conféquence de l’édit par
lequel il ordorina de renverfer tous les temples du
paganifme. Quoi qu’il en foit, ce dernier temple de
Diane a difparu comme les autres, de manière qu’il
ne refte autour de fes ruines que des débris’ de maifons,
jadis bâties de briques , dans lefquelles lo-
geoient peut-être les prêtres de Diane, ou les vierges
prêtreffes confiées à leurs foins. Article de M. le
Chevalier DE J A V COURT.
* EPHESIES, adj. pris (ubft.(Hift.anc.) fêtes qu’on
célébroit à Ephèfe en l’honneur de Diane. De toutes
les circonftances de cette folennité, il ne nous
en refte que celle-ci ; c’eft que les hommes s’en