'très-incommodes ; là rougeur & là tenfion qui accompagnent
cette affe&ion, qui n’a lieu qu’en tems
froid, ne laiffe aucun doute fur la nature & la caufe
du mal.
Les engelures n’expofent ordinairement à aücüh
danger ; cependant, fi on n’y apporte promptement
remede, elles deviennent difficiles à guérir ; elles
exulcerent fouvent les parties oii elles ont leur fié-
ge ; elles peuvent même attirer la fuppuration, la
gangrené , 6c le fphacele , que l’on voit fouvent,
dans les pays du Nord, furvenir en très-peu de tems,
& la corruption fait des progrès fi rapides, qu’elles
tombent & fe détachent entièrement ; enforte que
les effets du froid fur le corps humain, dans ces cas,
font prefque femblables à ceux du feu aôuel qui les
détruit fubitement. Les engelures de cette malignité
font très-rares dans ces climats : celles qui fe voyent
ordinairement, qu’elles foient ulcérées ou nôn ulcérées
, difpofent les parties à en être affeûées tous
les hyvers ; ou plutôt les perfonnes qui en ont été
attaquées par une difpolition des humeurs , y deviennent
fujettes pendant prefque toute leur v ie ,
lorfque cette caufe prédifponente fubfifte toujours,
■ Tous ceux qui font dans ce ca s, ne doivent donc
pas moins chercher à fe préferver de cette incommodité
, qu’à s’en guérir lorfqu’elle a lieu : dans cette
vue on doit, s’expofer le moins qu’il eft poffible au
froid, 6c s’en garantir, pour ce qui regarde les piés,
par de bons chauffons de lin ou de laine humeûés
d’efprit-de-vin ; on peut auffi en porter de peaux de
lievre ou autres femblables : on peut encore appliquer
fur les parties un emplâtre défenfif, tel que celui
de diapalme, auquel on joint le bol, l’huile rofat,
& le vinaigre ; Turner dit s’en être bien trouvé pour
lui-même.
On doit obferver de ne pas fe préfenter tout-à-
coup à un grand feu, lorfqu’on fe fent les extrémités
affeûées d’un grand froid, parce qu’on met trop
tôt en mouvement les humeurs condenfées, qui ne
pouvant pas couler librement dans leurs vaiffeaux,
les engorgent davantage, caufent des douleurs violentes
, & accélèrent par-là l’inflammation 6c quelquefois
la mortification. 11 eff convenable dans ce
ca s, de ne réchauffer les parties froides que par degrés
, de les laver pour cet effet dans de l’eau tiede
pour détacher les folides, ouvrir les pores, détremper
les fluides.
On eft dans l’ufage parmi les habitans des pays
feptentrionaux, lorfqu’ils viennent de s’expofer au
froid, de ne pas entrer dans les étuves qu’on ne fe
foit froté les piés, les mains, le vifage, & les oreilles
avec de la neige ; cette pratique qui paffe pour
un fûr préfervatif contre les engelures , lembleroit
confirmer l’opinion des Phyficiens, qui attribuent
la gelée à quelque chofe de plus que l’abfence ou la
diminution des particules ignées, favoir à des cor-
pufcules aigus, qui pénètrent les fluides & fixent le
mouvement de raréfaction qui établit leur liquidité.
La neige employée dans ce cas, ne femble pouvoir
produire d’autre effet que d’attirer au-dehors ces aiguillons
frigorifiques, Voye{ fur cela ce qu’en dit le
baron ‘Wanfwieten , dans fon commentaire Jur les
aphorifmes de Boerhaave , dans le chapitre de La gangrené
: on trouve auffi dans les oeuvres de Guillaume
Fabrice, prax. lib. V.part, I. de très-belles obferva-
tions à ce fujet, qu’il feroit trop long de rapporter
ici.
Pour ce qui eft de la curation des engelures; lorsqu'elles
font formées & que la peau n’eft cependant
ni ulcerée ni ouverte , la première attention qu’on
doit avoir eft d’employer les remedes convenables
pour refoudre ou donner iffue, par les voies de la
tranfpiration, à l’humeur arrêtée : on fe fert pour
cet effet d’une fomentation appropriée | appliquée
fui* la partie affefrée avec des morceaux de flanelle,'
Quelques auteurs confeillent la faurtiure de boeuf,
ou de cochon, ou Peau falée Amplement ; le jus ou
la décofrion de navets, qu’ils regardent prefque comme
un fpécifique contre le mal dont il s’agit. La pulpe
de rave cuite fotis la bràife & appliquée chaude*
ment, produit le même-effet que le remede précédent
: l’huile de pétrole, dont on frote la partie malade
, peut fervir auffi de remede, tant pour préferver
que pour guérir : l’encens formé en Uniment avec
la graiffe de porc, eft aufli fort recommandé.,
Lorfque les engelures viennent à s’ouvrir, s’ulcérer
, on doit les panfer avec l’onguent pompholix ou
l’onguent blanc de Rhafis : mais de quelque remede
qu’on fe ferve dans ce cas, il y a certaines engelures
( fur-tout celles des eiifaiis qui ne peuvent s’empêcher
de marcher, de courir, ) qui ne peuvent être
guéries avant le retour de la faifon où la chaleur
commence à fe faire fentir.
Si la gangrené fuccede à l’exulcération , elle doit
être traitée feloft les réglés prefcrites dans,les cas de
gangrené en général. Voye{ Gangrené.
Si elle furvient fubitement après que l’engelure eft
formée, 6c qu’elle foit confidérable , le commentateur
de Boernaave ci-deffus cité recommande très-
fort de ne pas fe prefler d’employer des remedes fpi-
ritueux, qui rendraient le mal plus confidérable en
hâtant le fphacele : toûjours fondé fur l’expérience
des peuples du Nord, il confeille de froter la partie
gangrenée avec de la neige, ou de la plonger dans
l’eau froide pour en tirer les corpufcules frigorifiques
, & d’employer enfuite les moyens propres à
rétablir la circulation des humeurs & la chaleur dans
la partie affefrée, tels que les fri&ions douces, les
fomentations avec le lait dans lequel on ait fait une
décoûion de plantes aromatiques, & de faire ufer
enfuite au malade, tenu chaudement dans le lit, de
quelques légers fudorifiques, tels que l’infufion du
bois faffafras prife en grande quaniité, &c. Voye{
Sennert, Turner fur les autres différens remedes qui
peuvent convenir dans cette maladie. (d)
ENGEN, (Géog. mod.) ville de Suabe, en Allemagne
; elle appartient au comte de Furftemberg :
elle eft fituée fur un ruiffeau.
ENGENCEMENT, f. m. en Peinture, fe dit des
draperies ou autres ajuftemens, ou d’un affemblage
d’objets qui fe trouvent rarement réunis, 6c dont la
compofition eft à la fois finguliere & piquante. On
dit : ces chofes font belles, üngulierement engencées;
Yengencement des draperies, des draperies bien engencées
, üngulierement engencées. (R )
ENGENDRER, v. aâ. (Phyjîq.) défigne l’a&ion
de produire fon femblable par voie de génération.
Voyc^ Génération.
Ce terme s’applique auffi à d’autres produ£Kons
de la nature ; c’eft ainfi qu’on dit que les météores
font engendrés dans la moyenne région de l’air. Voye^ Météores , &c. Voyez auffi. Corruption.
En Géométrie on fe fert du mot engendré, pour dé-
figner une ligne produite par le mouvement d’un point,
une furface produite par le mouvement d’une ligne ,
un folide produit par le mouvement d’une fur face ,
ou bien encore pour défigner une ligne courbe produite
dans une furface courbe par la fefrion d’un plan.
Ainfi on dit que les feâions coniques font engendrées
dans le cône. Voyeç Coniques g* Génération.
On dit auffi qu’une courbe èft engendrée par le développement
d’une autre. Voye^D éveloppée. On
a propofé à cette occafion de trouver les courbes
qui s’engendrent elles-mêmes par leur développement.
Voici une folution bien fimple de ce problème.
i°. Soit que la courbe développée s * engendre elle-
même dans une fituation directe ou dans une fitua-
tion renverfée, il eft évident que la développée de
la développée fera précifément fituée de la même
maniéré que la développante. 2°. Le petit côté de
la développante fera parallèle au petit côté qui lui
correfpond dans la développée de la développée
(que j’appelle fous-développée) ; une figure très-fim-
ple peut aifément le faire voir. Donc, puifque la développante
6c la fous-développée font femblables 6c
égales (hyp. ) , & qu’outre cela leurs petits côtés cor-
refpondans font parallèles, il eft aifé d’en conclure
que ces petits, côtés font égaux ; or nommant d s le
petit côté de la développante ou courbe cherchée,
6c R le rayon de la développée, il eft aifé de voir
que le rayon ofculateur de cette développée fera
IjT : favoir fi la courbe fe développe dans
une fituation renverfée, & + fi elle fe développe
dans une fituation direfte. Donc, puifque le petit côté
de la fous-développée eft égal à d s } & que ce
petit côté eft égal à la différence du rayon ofculateur,
on aura d ( + + R dR = : sd s +
a d S y 6 c + R R = s s+ _ za s +_b b; c’eft l’équation
générale des courbes qui s’engendrent elles-mêmes par
leur développement. Voye£ le rejle au mot OsGULÂ-
teur.
Si l’on vouloit que la courbe génératrice fût non
pas égale, mais femblable à la courbe engendrée, en
ce cas la différence de + devroit être en raifon
confiante avec ds. Cela fe prouve comme dans le
cas précédent. On aura donc Ip R R = ms s+_e s jh
ü .
ENGERBER , v. a£l. (’ Agricult.) il fe dit du blé
après qu’il a été moiffonné ; c’eft mettre les javelles
en gerbe : il fe dit auffi des muids ou tonneaux vui-
des ; les engerbery c’eft les mettre les uns fur les autres
, comme on voit les gerbes dans une grange.
ENGHIEN ou ANGUIEN, ( Géog.) ville du comté
de Hainaut, dans les Pays-Bas. Long, 21,40. latit.
60. 40.
ENGIA, (Géog. mod.') ville de G rece, fituée dans
une île de même nom. Cette île a cinq lieues de long
fur trois lieues de large. Il y a le golfe d'Angia, Long.
41.44. lat. 3 7 .4 5 .
ENGIN, f. m. (Méchaniq.) machine compofee,
dans laquelle il en entre plufieurs autres fimples,
comme des roues, des vis, des leviers, &c. combinés
enfemble, & qui fert à enlever, à lancer, ou à foûtenir un poids, ou à produire quelqu’autre effet
confidérable, en épargnant ou du tems ou de la force.
Voyei Machine.
Il y a des engins d’une infinité de fortes : les uns
font propres à la guerre, comme autrefois les ballif-
te s , les catapultes, les feorpions, les béliers, &c.
■ Ces machines étoient fort en ufage parmi les anciens,
6c elles avoient beaucoup de force ; on ne
s’en fert plus aujourd’hui depuis l’invention de la
poudre. D ’autres fervent dans les Arts, comme des
moulins, des grues, des preffoirs. Voyeç,Moulin ,
Roue , Pressoir , Pompe , &c.
Le mot à!engin n’eft plus guere en ufage, du moins
dans le fens qu’on vient de lui donner, c’eft-à-dire
de machine compofée : celui de machine tout court
a*pris fa place, 6c on ne fe fert guere du mot engin
que pour défigner des machines finjples, comme le
levier, encore s’en fert-on rarement. (O ) Engin, (Artsméchaniq.) il fe dit en général de
toute machine qui fert à enlever, à porter, à traîner.
En Pêche , il fe dit de toutes fortes de filets.
En Chaffie, il fe dit de l’équipage néceffaire en filets
& autres outils pour la prife de quelques oifeaux.
Dans les Mines, il fe dit de toutes les machines
employées à vuider les eaux, à enlever les matières
hors de la mine, &c, Voye{ l'article Ardoise.
Tome V,
En g in , en Architecture, machine en triangle ,
compofée d’un arbre foûtenu de fes arcs-boutans ,
6c potencé d’un fauconneau par le haut, laquelle
par le moyen d’un treuil à bras qui dévide un cable
, enleve les fardeaux. Le gruau n’eft différent
de Yengin , que par fa piece de bois d’en-haut ap-
pellée gruau, qui eft pofée en rampant pour avoir
plus de volée. Voici les pièces de Yengin.
ï° . La folle. 20. La fourchette. 30. Le poinçon.’
4°. La jambette. 50. Les moifes. 6°. Le treuil ou tour.
70. Les bras. 8°. Le ranchet ou efealier. 90. Les ran-
ches ou chevilles. io°. La fellette. u ° . Les liens.
120. Le fauconneau ou étourneau. 130. Les poulies.
140. Le chable. 150. Piece de bois à monter. 160. Le
hallement. 170. Le verboquet. Voyeç les figures de la
Pl. du Charpentier. Voyeç Grue , &c. Engin, en terme d'Aiguillier & de Cloutier d'épingle;
il fe dit d’une planche couverte de clous d’épingles
plus ou moins forts, 6c plantés de diftance en
diftance, entre lefquels on tire le fil-de-fer pour le
redreffer. Voye^ T 1 r er. Voye^ Planche de l'Aiguillier
Bonnetier 3 fig. 1.
ENGISOME, f. m. ( Chirurgie.) efpece de fraélure
du crâne , dans laquelle l’une des deux extrémités
de l’os fraéluré avance intérieurement fur la dure-
mere, 6c l’autre extrémité s’élève extérieurement
faifant le pont-le-vis. Dans ce cas fi l’on a pû avec
des pincettes convenables faire l’extrafrion de la
piece d’os, on traite le trépan accidentel comme s’il
étoit artificiel, ayant foin d’emporter avec le couteau
lenticulaire toutes les inégalités contre lefquelles
la dure-mere pourroit heurter dans les mouve-
mens que le cerveau lui imprime : fi au contraire la
portion d’os engagée fous le crâne, & preffant la
dure-mere, formoit une embarrure, il faudroit appliquer
une couronne dç trépan, 6c même en multiplier
l ’application, s’il étoit néceffaire, pour dégager
cette piece d’os 6c en permettre l’extraélion.
Voye{ Embarrure & Trépan. (T )
ENGLANTÉ, adj. en termes de Blafon, fe dit d’un
écu chargé d’un chêne, dont le gland eft d’un autre
émail que l’arbre.
Miffirinen en Bretagne, d’argent au chêne de fy-
nople, englanté d’o r , au canton dextre de gueules
chargé de deux haches d’armes adoffées d’argent.
ENGLECERIE, f. f. (Hiß.) terme fort fignificatif
chez les anciens Anglois, quoiqu’à préfent il ne foit
guere en ufage : il fignifioit proprement la qualité
qu’un homme avoit d’être Anglois.
Autrefois quand un homme étoit tué ou affaffiné
en fecret, on le réputoit francigent (ce qui compre-
noit toutes fortes d’étrangers, 6c particulièrement
les Danois); cette imputation fubfiftoit jufqu’à ce
que l’on eût prouvé fon ehglecerie , c’eft-à-dire jufqu’à
ce que l’on eût démontré qu’on étoit naturel
Anglois.
Voici l’origine de cette coûtume. Le roi Canut
ayant conquis l’Angleterre, renvoya, à la requête
des nobles, fon armée en Danemark, 6c ne réferva
qu’une garde de Danois pour fa perfonne : il fit une
loi qui portoit que, fi un Anglois tuoit un Danois,
on lui feroit fon procès comme à un meurtrier ; ou
s’il arrivoit que le meurtrier prît la fuite, le village
où fe feroit commis le meurtre feroit obligé de payer
à l’échiquier 66 marcs. Suivant cette lo i, toutes les
fois qu’il fe commettoit quelque meurtre, il falloit
prouver que l’homme affaffiné étoit Anglois, afin
que le village ne fut pas chargé de l’amende des 6<S
marcs. Chambers. (G)
ENGONASIS, en Afironomie, eft le nom qu’on
donne à Hercule, l’une des conftellations boréales.
Voyei Hercule. (O )
ENGORGEMENT, f. m. fe dit, en Medecine, des
vaiffeaux du corps humain remplis, diftendus par
R R r r ij