io6 D R A dentelles, rarement employent-ils les prologues,
& pg connoiffent nullement les autres qui etoient
éri tifage dans l’antiquité. _
On divifoit encore l’ancien drame, félon Voffius,
en dialogue & en choeiu- ; le dialogue comprenant
toits les difcours que tenoient les perfonnages de
l’aérion pendant le cours de la piece, & le choeur
confinant dans les chants que le choeur récitoit dans
les intermèdes, & dans quelques parties de difcours
qu’il adreffoit aux afteurs dans certaines fcenes. Voff.
indit, poetic. lib. II. cap. v. ( G )
* DRANET, f. m. ( Pêche.) efpece de petit co-
l'eret qui fe traîne au col ; c’eft un diminutif de la
feinne. Le dra.net eft plus ferré ; fes mailles n’ont que
dix lignes ail plus en quarré. Voye^ C o l e r e t &
Se in n e . On tire quelquefois le dranet à la fuite du
grand coleret, pour que le poiffon qui s’eft échappé
à travers les grandes mailles de l’un, retombant
dans l’autre, y foit retenu par fes mailles plus petites.
* DRANGUELLE ou DRIGUELLE, f. f. (Pêche.)
ç ’eft une efpece de chauffe à l’ufage des pêcheurs
flamands Sc picards. Mais la dranguelle eft beaucoup
plus large & plus ouverte que la chauffe proprement
dite. Lapremiere aneuf braffesd’entrée,& jul-
qu’à lix de fond ; ce qui lui donne la forme à peu-
près d’un grand guide ou d’une groffe chauffe quar-
rée dont on auroit coupé la queue. La partie inférieure
de l’ouverture efl percée. Ses pierres font
rondes, plates & percées, lorfqu’elles tiennent lieu
du plomb. Elles font couler bas le filet, dont la tête
eft tenue ouverte par des flottes de liège. Il faut
deux bateaux & deux hommes dans chacun pour
pêcher à la dranguelle. La tête & le bas du filet ont
de chaque côté une manoeuvre ou un cordage d’environ
la groffeur d’un pouce ; & amarré à chaque
hateau. On pêche en le laiffant aller au courant ;
lorfqu’on a dérivé environ deux cents pas, lés bateaux
qui ont tiré chacun de leur côté, lé rejoignent
pour relever le filet, en ôter ce qui eft pris, le jet-
ter derechef ,& continuer la pêche. Il y a deux
fortes de dranguelle, là claire & Fepaiffe ou ferrée.
Les mailles de celle-là ont un pouce en quarré ; les
mailles dé celle-ci n’ont que cinq lignes au plus.
* DRANSES, f. m. pl. (Géogr. ancienne.) anciens
peuples de Thrace. On dit qu’ils s’affligeoient fur la
naiffance des enfans , & qu’ils & réjouiffoient de la
mort des hommes ; la naiffance étoit, félon eux, le
commencement de la mifere, & là mort ert étoit la
fin. Il étoit bien difficile que les Dranfes, qui regar-
doient la vie comme, un mal , fe .cruffent obligés de
remercier les dieux dècè prelent. Quoi qu’il en foit,
l’opinion générale d’un peuple fur le malheur de la
vie eû moins une injure faite à la providence, qu’un
jugement très-féverë dé la maniéré dont ce peuple
eft gouverné. Ce n’eft pas la nature, c’eft la tyrannie
qui impofe fur la tête, des hommes un poids qui
les fait gémir & déteftèr leur condition; S’il y avoit
fur la furface de la terré un lieu où les hommes re-
doutaflent le mariage, & où les hommes mariés fe
refufaffent à cette impùlfion fi puifl’ante & fi douce
qui nous, convie à la propagation de l’efpece & à la
produérion de notre, fembîable, pour fe porter à des
actions, illicites & peu nafurell'és, de peur d’augmenter
le nopibre. des. malheureux;, c’ëft-là que le gouvernement
feroit auffi mauvais qu’il eft poffiblë qu’il
le foit.-
* D ffA P , f. m. ( Manufacture en laine.) c’éft une
étoffe réfiftante, quelquefois toute laine, d’autres
fois moitié laine, moitié fil f mêlée .auffi .d’autres
matières propres à l’ourdiffage ; éroiféé ; de, toute
qualité, & d’une infinité dé largeurs & de'longueurs
différentes,. Voye{ ce quiconeerne le travail1 dés draps
à l ’article Laine , &Manufactuf£ en Laine.
D R A
D r a p d ë C u r é e , (Vénerie.) c’eft u n e to ile fur
laquelle o n éten d la m o u ée qu ’o n d o n n e a u x ch ien s,
q u an d o n le u r fa it la cu rée d e la b ê te qu ’ils o n t
prife. Voye^l'article CERF.
* DRAPADES, f. f. (Commerce.) étoffes ou plutôt
ferges qui fe fabriquent à Sommieres. Il y en a de
deux elpeces ; les fines, qui ont trente-huit portées
de quarante fils chacune, paffées au feize , quatre
pans de large en toile, & trois pans au fortir du foulon
; & les communes, qui ont trente-fix portées de
quarante fils chacune, paffées au feize, trois pans
deux tiers de large en toile, & deux pans & demi au
fortir du foulon. V?ye{ les règlemens du commerce.
* DRAPANS, f. m. (Commerce.) nom par lequel
on diftingue les ouvriers fabriquans les draps des
marchands qui les vendent ; on appelle les premiers
drapiers-drapans, & les féconds marchans-drapiers.
D r a p a i t , terme de Papeterie; c ’eft u n e efpece d e
plan ch e q u a rré e fur laq u elle o n co u ch e les feuilles
d e p a p ie r les u n es fur les a u tre s , à m efure qu ’on le s
lev e de deffus les feu tres p o u r les m e ttre line fécondé
fois en preffe.
Le drapant eft appuyé fur une efpece de chevalet
de la hauteur d’environ deux piés, & fait à-peu-près
comme un chevalet de peintre. Voye^ nos Planches
de Papeterie.
Il y a encore dans les papeteries un autre drapant
qu’on appelle le drapant de la chaudière ; c’eft une
planche pofée au bord de la chaudière, fur laquelle
l’ouvrier fabriquant gliffe la forme qu’il vient de
couvrir de pâte, d’où elle eft prife par l’ouvrier coucheur
, qui remet à fa place la forme dont il a ôté le
papier nouvellement fabriqué. Voye^ P a p e t e r i e .
DRAPÉ & DRAPER, ('Mantifaci. en laine.) c’eft
fouler, tondre & apprêter, comme on apprête le
drap.
DRAPEAU, f. m . (Hift. & Art milité) figne o u
en feigne m ilita ire , fou s laq u elle les fold ats s’affem -
b le n t p o u r c o m b a ttre , & p o u r les a u tres fo n d io n s
m ilitaires. Voye^ E n s e ig n e .
L’enfeigne ou le drapeau chez les Romains, n’é-
toit d’abord qu’une botte de foin ; on le fit enfuite
de drap, d’où vient peut-être, dit d’Ablancourt, le
mot de drapeau. Dans les différens royaumes de l’Europe
il eft de taffetas, attaché à une efpece de lance
ou de pique d’environ dix piés de longueur. Le drapeau
eft beaucoup plus grand que l’étendard, qui n’a
guère qu’un pié & demi quarré (yoy. E t e n d a r d ) ;
& , fuivant le P. Daniel, on ne remarque cette différence
que depuis Louis XII. Les drapeaux ne fervent
que dans l’infanterie, la cavalerie a des étendards.
Ces drapeaux font portés par des officiers appelles
enfeignes. Chaque compagnie avoit autrefois
l’on drapeau ou fon enfeigne, & l’on comptait alors
les compagnies d’infanterie par enfeignes : on di-
foit, par exemple, qu’il y avoit dix enfeignes en
garnifon dans une place, pour dire qu’il y avoit dix
compagnies d’infanterie. Toutes les compagnies
d’infanterie, excepté celles du régiment des gardes
françoifes & fuiffes, n’ont pas chacune un drapeau;
il y en avoit trois par bataillon d’infanterie françoife
avant la derniere paix d’Aix-la-Chapelle : on lès %
depuis réduits à deux.
De quelque maniéré que les compagnies d’un bataillon
foient difperfées, les drapeaux qui lui appartiennent
doivent relier enfemble. Quand le régiment
n’eft pas campé, les drapeaux (ont portés chez l’officier
qui: le commande ; ils font toujours efcottés par un
détachement du régiment, avec un officier major à
la tête. Chaque régiment a un drapeau blanc : c’étoit
autrefois celui de la compagnie colonelle ; mais comme
depuis la paix d’Aix-la-Chapel'le , en 1748 , les
colonels n’ont plus de compagnies, non plus que les
lieutenans-colonels, le drapeau blanc eft attaché à là
D R À
felus ancienne compagnie du régiment. Ce drapeau
ne fe porte jamais dans aucune garde, à moins que
le colonel ne la monte lui-même pour le Roi ou pour
monfeigneur le Dauphin : alors il eft d’ufagë dé
joindre au drapeau blanc un autre drapeau dè couleur.
- . M
Les enfeignes & les fous-lieutenans , lorfqu il y
en a , portent les drapeaux de leurs compagnies, &
en leur abfence les moins anciens du bataillon ; on
en excepte les fous-lieutenans attachés aux compagnies
des grenadiers. La même réglé s’obferve entre
les lieutenans, lorfque les enfeignes & les fous-lieutenans
font abfens, ou qu’il n’y en a point : s’il n y a
point de lieutenant, le dernier capitaine porte le
drapeau blanc lorfqu’on marche à l’ennemi. L’enfeigne,
ou celui qui porte le drapeau, ne doit jamais
l’abandonner. Le malheur avenant dlun defavantage,
dit l’aùteur de l’alphabet militaire, le taffetas lui doit
fervir de linceueil pour Uenfevelir.
Il eft d’ufage de bénir les drapeaux neufs que l’on
donne aux régimens Vcyeç l'article fuiv. (Q)
* D r a p e a u x , (bénédiction des) Hifl. eccléjiajl. &
ccrlm. relig. Cette cérémonie fe fait avec beaucoup
d’éclat, au bruit des tambours, des trompettes, &
même de la moufqueterie des troupes qui font
fous les armes. Si la bénédiérion a lieu dans une
ville, elles fe rendent en corps en l’églife cathédrale,
ou du moins à la plus considérable du lieu : là l’évêque
ou quelqu’eccléfiaftique de marque bénit & consacre
les drapeaux , qui y ont été portés pliés , par
des prières, des lignes de croix, & l’afperfion de
l’eau benite : alors on les déploie, & les troupes les
remportent en cérémonie. Voye^ le détail dans les
ilemens de l'art militaire, par M. d’Héricourt.
D r a p e a u , (Medec.) m alad ie des y e u x , e n latin
pannictilus.
Le drapeau eft une elpece d’ongle ou d’excroif-
fance variqueufe fur l’oeil, entrelacée de veines &
d’arteres gonflées d’un fang épais, & accompagnée
-«l’inflammation, d’ulcération, de prurit & de douleur.
C ’eft proprement le febet des Arabes, & le
plus fâcheux des trois efpeces d’ongles. Voye^ On-
(GLE.
Il provient ordinairement d’inflammation fur les
y e u x , de quelqu’épanchement de fang entre les
membranes du blanc de l’oe il, d’un ulcéré, ou d’autres
femblables maladies du grand angle , qui par la
rupture des vaiffeaux capillaires, ont donné occasion
au fang de s’amaffer infenfiblement dans les
vaiffeaux voifins ; de les gonfler par fon féjour, &
de les rendre variqueux.
Si ce mal eft récent, & qu’il n’ait aucune malignité
, ce qui eft affez rare, on l’extirpera de la même
maniéré que l’ongle ordinaire ; mais quand il eft accompagné
d’une cuiffon & d’une demangeaifon incommode
, d’inflammation , de croûte, d’ulcere ,
ïlux de larmes acres ; quand les vaiffeaux font gros
& durs, rouges ou noirs ; quand le drapeau eft fort
'4levé, que la cornée tranfparente eft trouble, que
les paupières font tuméfiées, que le malade ref-
fent une grande douleur à l’oe il, & qu’il ne peut
fouffrir le jour ; foit que tous ces fymptomes fe rencontrent
en même tems, ou feulement en partie, il
.vaut mieux alors ne point entreprendre l’opération,
& fe contenter d’employer les collyres rafraîchiffans
& anodins , pour apparier ou pour adoucir la violence
des fymptomes, pendant qu’on travaillera par
les remedes généraux à corriger la maffe du fang,
& à détourner l’humeur qui fe jette fur les yeux.
Voilà les feuls fecours de l’àrt dans ce trifte état.
Heureux ceux qui y joindront les reffources de la
patience ! Art. de M. lt Chevalier DE J a u c o u r t .
D r a p e a u x , terme de Papeterie ; ce fon t les drilles
o u v ieu x m o rceau x d e to ile d e ch an v re o u d e lin
Tome V.
D R À Î07
que le s chiffonniers ram a ffë n t, ôc d o n t o n fab riq u e
le p ap ier. Voye{ P a p ie r .
D r a p e a u , terme de Doreur-relieur de livres ; c’eft
un linge avec lequel on effuie le dos & les bords, ou
les parties où l’on a mis de l’or fur la couverture.
D r a p e a u , en terme de Tireur d'or; eft un petit
morceau de drap que le batteur tient entre fes doigts
pour y faire paffer le battu. .
DRAPERIE, f. f. terme de Peinture. Dans l’art de
la Peinture, dont le but eft d’imiter tous les corps
qui tombent fous le fens de la vue-, l’objet le plus
noble & le plus intéreffant eft la repréfentation de
l’homme. L’homme, par un fentiment,qui naît ou
de la néceffité ou de l’amour propre, a, l’ufage de
couvrir différentes parties de fon corps ; l’imitation
des différens moyens qu’il employé pour cela, eft
ce qu’on défigne plus ordinairèment par le mot draperie
: mais comme les Peintres qui choififfent la figure
humaine pour le terme de leurs imitations,
font divifés en plufieurs claffes, l’art de draper me
paroît fufceptible d’une divifion par laquelle je vais
commencer.
Peindre la figure eft une façon générale de s’exprimer,
qui s’applique à tous ceux qui s’exercent à
peindre le corps humain. Les uns entreprennent
d’imiter particulièrement les traits du vifage & l’habitude
du corps, qui noirs font diftinguer les uns des
autres, & cela s’appelle faire le portrait. Les autres
s’attachent à imiter les avions des hommes, plutôt
que le détail exaft de leurs traits différens ; mais ces
aérions font de plufieurs genres : elles font ou nobles
ou communes, ou véritables & hiftoriques, ou fa-
buleufes & chimériques, ce qui exige des différences
dans la maniéré de draper. Les draperies doivent donc
en premier lieu être convenables au genre qu’on
traite ; & cette loi de convenance qui, en contribuant
à la perfeérion des beaux-arts, eft deftinée à
retenir chaque genre dans des bornes raifonnables ,
ne peut être trop recommandée aujourd'hui à ecux
qui les exercent. Il feroit à fouhaiter que gravée
dans l’efprit du peintre de portrait, elle le fût auffi
dans l’efprit de ceux qui fe font peindre : ces derniers
choififfant un vêtement convenable à l’état qu’ils
exercent, éviteroient des inconféquences & des contraires
bifarres & ridicules, tandis que le peintre af-
fortifiant les étoffes, les couleurs & l ’habillement à
l’âge:, au tempérament & à la profeffion de ceux
qu’il repréfente , ajoûteroit une plus grande perfection
à fes ouvrages, par cet enfemble fur lequel il
doit fonder leur fuccès.
Le fécond genre dont j’ai parlé, & qui s’exerce à
repréfenter des aérions communes, mais vraies, fe
fous-divife en une infinité de branches qu’il eft inutile
de parcourir. En général les peintres de cette
claffe doivent conformer leurs draperies aux modes
régnantes , en donnant aux vêtemens qui font à l’ufage
des aéteurs qu’ils font agir, toute la grâce dont
ils font fufceptibles, & la vérité qui peut en indi-,
quer les différentes parties.
Je paffe à l’ordre le plus diftingué : c’eft celui des
artiftes qui repréfentent des aérions nobles, vraies
ou fabuleufes ; On les appelle peintres d'hijloire^
Cette loi de convenance que j’ai recommandée, les
oblige à s’inftruire dans la fcience du cojlume. Cette
exaâitude hiftorique fera honneur à leurs lumières
& rejaillira fur leur talent ; car fans entrer dans une
trop longue digreffion, je dois dire à l’avantage des
artiftes qui fe foûmettent à la févérité du cojlume ,
que très-fouvent la gêne qu’il leur prefcrit, s’étend
fur l’ordonnance de leur compofition : le génie feul
eft capable de furmonter cette difficulté , en alliant
l’exaélitude de certains habillemens peu favorables
aux figures, avec la grâce qu’on eft toûjours en
droit d’exiger dans les objets imités.