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E mporter as’ ) v. paff. (Manège?) terme uîité
jparmi nous pour défigner en général l’a&ion d’un
cheval que le cavalier ne peut arrêter, & qui fuit
■ avec fougue &: avec impétuofité malgré "tous les efforts
que Pon fait pour le retenir.
Ce défaut eft plus ou moins confidérable félon fes
■ eaufes & fa fource.
Il procédé fouvent de l’ignoTance d’une main dure
& cruelle, incapable de reconnaître & de fentir le
fond de la bouche de l’animal, & qui, par un appui
forcé 8c toûjours confiant dans le même degré, en
échauffe tellement toutes les parties qu’elle les prive
de toute fenfibilité (voye^ Ma i n). Il peut être
encore occafionné par tous les vices qui tendent à
égarer une bouche (voye^ Egarer) , par l’habitude
de forcer la main (voyc{ Fo r c e r ) , par la gaieté
du cheval qui s’émeut 8c s’excite lui-même à la vue
ou à l’oaie d’un autre cheval qui galope ; par fa timidité
, lorfqu’à l’occafion de quelque bruit il fuit
& s’échappe ; par de mauvaifes leçons ; par la facilité
avec laquelle le cavalier fe fera laiffe maîtrifer,
&c.I
l eft certain que ce n’eft qu’autant que toutes les
portions de la bouche, & principalement les barres,
n’auront point été véritablement endommagées, que
nous pourrons remédier à ce vice d’autant plus ef-
fentiel, que les fuites en peuvent être extrêmement
funeftes. Si ces mêmes portions font en effet dans
un état defefperé, & qu’il ne nous foit plus abfolu-
ment permis d’y rappeller par aucun moyen le fen-
timent qu’elles ont perdu , vainement tenterions-
nous d’en corriger l’animal. Ou cette aétion de fuir
efl tournée en habitude, ou elle n’eft que paffagere.
Dans le premier cas , il s’agira de travailler le
cheval lentement & au pas, 8c avec*toute l’attention
que demande une bouché fujette à s’échauffer;
du pas, on le conduira infenfiblement au trot, &
du trot on le* ramènera au pas pour le remettre au
trot, & fucceffivement au galop, en le ralentiffant
toujours 8c en entremêlant prudemment ces différentes
allures. Le galop étant inconteftablement la
plus vive 8c la plus prompte, eft auffi très-communément
celle dans laquelle fl s’anime davantage, &
où il eft le plus fujet a s'emporter; on ne l’y exercera
par conféquent que lorfque dans les autres il obéira
exactement à toutes les impreflions de la main, on
en augmentera aufli la rapidité, on en diminuera de
tems en tems la vîteffe ; 8c les arrêts multipliés félon
le befoin, ainfi que la répétition de la leçon du
reculer , étoufferont enfin en lu'i cette vivacité 8c
cette ardeur, ou du moins le remettront fous les
lois d’une entière obéiffance.
L’emportement n’eft-il que paffager ? n’a-t-il lieu
que dans la circonftance d’un autre cheval qui court
rapidement, ou à raifon de la furprife & de la crainte
que lui infpirent certains bruits auxquels fes oreilles
ne font point accoutumées ? n’eft-il, en un mot,
fufeité qu’à l’occafion des objets extérieurs dont il
eft frappé? on doit i° . néceffairement l’habituer au
fon & à la vûe de ces mêmes objets : i° . le retenir
8c le renfermer dans l’inftant même du premier effort
qu’il fait pour s’échapper, & rendre la main
dans l’inftant qui le fuit, fauf à le reprendre de nouveau
s’il témoigne encore le moindre défir dé fuir.
Sans cette ,précifion avec laquelle le cavalier faifit
le moment, l’animal fe dérobe toûjours pendant un
efpace plus ou moins confidérable de terrein ; 8c cette
efpece de viftoire qu’il remporte l’enhardit, pour
ainfi dire , 8c peut non-feulement le confirmer dans
ce leger défaut, mais occafionner ces mouvemens
fougueux auxquels on s’oppofe inutilement. Il eft
même très-à-propos de joindre quelquefois le châtiment
à l’a â ion, de. faifir lé tems ", afin de faire
fentir à l’animal renfermé 8c puni, que cette paf-
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lion immodérée d’une courfe que le cavalier ne fol*
licite point, eft une faute qui lui attire la correction
qu’il redoute ; ainfi ferrez vivement les deux talons
en mettant la main près de vous, rendez 8c reprenez
fur le champ, bientôt le cheval ne reconnoîtra
plus rien qui puiffe l’engager à s'emporter,
La plupart des hommes imaginent que la voie la
plus fure de retenir un cheval qui fuit, eft de s’attacher
à la main. Ils employent tout leur pouvoir
& toutes leurs forces dans Fefpérance de l’arrêter,
mais leurs efforts font toûjours fuperflus 8c fans fuc-
cès. La raifon en eft fimple ; d’une part, ces mêmes
•efforts exercés directement fur la bouche falfifient fi
■ confidérablement l’appui, que le cheval méconnoît
entièrement la main 8c tous les effets qui auroient
pû réfulter de celle qui n’auroit été que douce &:
legere. D ’un autre côté , en fuppofant qu’il puiffe
encore rencontrer un fentiment quelconque, il eft
certain que l’iiftpreflion de la main augmentera le
pli ou la flexion du derrière ;c a r telle eft l’efficacité
des renes mues 8c approchées de notre corps, qu’elles
furchargent l’arriere-main : or ce même arriere-
main chaffant, & ne pouvant que continuellement
chaffer l’animal au moyen de la flexion répétée de
fes parties, il s’enfuit que plus la tenfion des renes
eft confiante 8c augmentée, plus les forces de l’animal
qui Remporte font accrues & multipliées ; ainfi
bien loin de l’arrêter, on lui fournit les moyens de
réfifter avec plus d’empire. Il eft donc inconteftablement
affuré qu’on ne retient jamais plus aifément
& plus véritablement un cheval, qu’en rendant 8c
en ceffant, pour ainfi dire, de le retenir, pourvu
qu’on le reprenne dans la main fucceffivement 8c de
tems en tems. (e) Em p o r t e r , (Jardinage.) on dit qu'un arbre
Remporte, quand il pouffe avec trop de vivacité, 8c qu’il eft à craindre que le t avorter. rop de vivacité ne le faffe ( K )
EMPOTER, v. a£t. en terme de Cuijîne > c’eft mettre
une piece dans un pot ou dans une terrine avec
du bouillon, après l’avoir fait frire dans du beurre
ou dans du fain-doux. Empoter , (Jardinage.) eft un terme employé
par les Fleuriftes, pour lignifier qu’il eft néceffaire
de planter des fleurs ou arbriffeaux dans des pots.
Voye^ Pots. (K )
EMPOUILLES, f. f. (Jurifprud.) fe dit dans quelques
provinces pour exprimer les grains pendans par
les racines. Çe terme eft oppofé à dépouille, qui fi-
gnifie les grains feparés du fonds. (A )
EMPOULETTE, AMPOULETTE, f. f. (Marine.) c’eft une petite machine compofée de deux petites
bouteilles faites en poire , & jointes enfemble par
un col étroit ; leur jon&ion eft encore féparée par
un parchemin fin, au milieu duquel on fait un petit
trou propre à paffer un fable très-fin, qui coule de
la petite bouteille d’en-haut dan* celle d’en-bas, &
lu’onne denem mie-ht elau rqeu àa nptaitféfe qr.u ’il en faut pour employer Voye^ Horloge. (Z )
* EMPREINTE, f. f. (Gramm. & Arts méchan.)
il fe dit de l’image qu’un corps laiffe de lui-même
fur un autre auquel il a été appliqué ; fi le corps eft
en relief, l’empreinte eft en creux ; fi le corps eft
creux, l’empreinte eft en" relief; Y empreinte du corps
eft plane, fi la furface appliquée l’eft auffi : mais à
parler rigoureufement, ce dernier cas ne peut avoir
lieu, fi ce n’eft peut-être lorfque le corps qu’on applique
laiffe fon image tracée fur le corps auquel
il eft appliqué, par le moyen de quelqu’enduit qui
fe fepare de l ’un pour s’attacher à l’autre ; je dis peut-
être, parce qu’alors l’enduit n’étant pas abfolument
fans épaiffeur, on peut dire que Vempreinte eft de
reîiëf.î. Empreinte , f. f. en Anatomie, nom de petites
éminences fuperficielles, qui donnent attache à des
ligamens ou à des mufcles ; c’eft dans ce fens que
l'on dit empreinte mufculaire , empreinte ligamenteufe.
P'oye^ Ligament & Musclé. (L ) Empreinte , f. f. (Gravûre.) Empreindre, c’eft
graver, c’eft imprimer une chofe fur une autre pour
lui en donner la figure. Empreinte, eft donc la gravure
, l’impreffion même ; 8c la chofe gravée ou exprimée
reçoit auffi le notai à!empreinte.
On tire des empreintes de médailles, de mortnoies,
de cachets, de pierres gravées, c’eft-à-dire on en
prend artiftement la repréfentation femblable à l’o-
nginal, par le moyen d’un corps mou. Cependant
comme d’un côté on n’y fauroit parvenir fans en fa-
voir la manoeuvre, 8c que de l’autre il eft auffi utile
que fatisfaifant pour un vrai curieux, d’avoir en fa
poffeffion le plus grand nombre qu’il eft poffible
d5empreintes tirées fur les plus belles pierres gravées
8c les autres ouvrages de l’art, on fera bien aife de
favoir la maniéré de les faire. Je vais l’apprendre
aux leéleurs d’après M. Mariette.
•' Cette pratique n’a rien de difficile dans lès gra-
vûres en creux, toute perfonne, pour peu qu’elle
ait d’adreffe, en eft capable ; les matières qu’on em-.
ployé le plus ordinairement pour cette opération,
font la cire d’Efpagne, le foufre, 8c le plâtre.
La première a cet avantage, que les empreintes fe
font fur le champ fans beaucoup de préparation ,
& que la matière encore liquide s’infinuant exactement
dans toutes les cavités de la gravûre, le relief
qui fort eft prefque toûjours très-complet 8c très-
net ; il s’agit feulement d’avoir de la meilleure cire
de Graveur.
Au lieu de cartes à joiier -, il faut fe férvir d’une
fimple feuille de papier bien uni pour y appliquer la
cire : mais pour le faire avec foin & avec proprété,
on aura une affiette d’argent qù’on mettra fur un réchaut
rempli de feu; 8c lorfqu’elle fera fuffifamment
échauffée., l’on y pofera dans le fond un morceau de
papier bien fec, fur lequel on répandra la cire qu’on
aura fait fondre en l’expofant au feu , & non en la
préfentant à la flamme d’une bougie ; on évite par
ce moyen que la fumée ne s’attache, comme il eft
ordinaire, au bâton de cire & n’en altéré la couleur.
On tiendra pendant quelque tems la cire en fufion,
on la remuera ; 8c quand on verra qu’elle eft bien
unie 8c bien liée, on y imprimera le cachet, & il eft
comme indubitable qu’il en fortira une bonne empreinte.
Mais comme toutes ces précautions n’empêchent
point la cire d’être une matière caftante, qui fe fend;
d’un rien , M. Mariette feroit d’avis qu’on renonçât
aux empreintes de cette efpece , à moins qu’une, né-
ceffité n’y obligeât, je veux dire qu’il n’y eût aucune
efpérance de retrouver l’occafiôn de tirer autrement
l’empreinte d’une belle pierre gravée qui fe pré-:
lente ; & qu’il fallût abfolument la faire fur le champ.
On trouve encore un autre défaut aux empreintes
en cire d’Efpagne ; elles ont un luifant qui ne permet
pas de joüir de la gravûre, 8c ôte le repos qui doit
y regner ; c’eft pourquoi les connoiffeurs préfèrent
les empreintes qui fe font avec le plâtre : la difficulté
eft de trouver du plâtre affez fin, & peut-être vau-
droit-il mieux prendre des morceaux de ta lc , les
faire calciner foi-même dans un feu ardent, & quand
ils feroient refroidis, les broyer dans un mortier en
poudre la plus fine qu’il feroit poffible. Enfuite on
paffera plufieurs fois cette poufliere au tamis, & on
î’employera comme on fait Je plâtre, en la coulant
un peu claire fur la furface de la pierre gravée; qu’on
à eu la précaution d’entourer d’une carte ou d’une
petite lame de plomb, pour contenir le plâtre 8c empêcher
qii’il ne fe répande au-dehors.
Mais les empreints qui fe font en foufre méritent
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encore la préférence, parce qu’il eft plus aife d’y
reuffir, 8c que la diverfité des couleurs qu’on leur
peut donner, en rend l’afpeél plus agréable. Voici
comme il faut y procéder.
On fera fondre dans une cuillère de fe r , fur un
feu modéré, autant de foufre qu’on aura deffein d’en
employer ; 8c lorfque ce foufre fera liquéfié, ôn le
jettera dans la couleur dont on le voudra colorier.
Sur une once de foufre on ne peut mettre moins d’une
demi-once de couleur, autrement les foufres feroient
trop pâles. Le cinnabre ou le vermillon, là
tèrre verte, l’ocre jaune , le mafficot, ainfi que le
noîr de fumée, font de toutes les couleurs celles qui
s’incorporent le mieux avec le foufre; mais fi la jon-
élion de ce dernier minéral fe faifoit moins difficilement
avec la mine de plomb pulvérifée très-fin, ce
feroit Une des teintes des plus flateufes à la vûe.
Celle que donne le vermillon eft auffi fort bonne ;
& quand on veut qu’il ait plus de brillant, on frote'
à fec avec un pinceau & un peu de carmin la furface
de V'empreinte.
La couleur jettée dans le foufre, on aura attention
de tenir la cuiller dans une agitation continuelle,
tant afin que le foufre ne s’attache point à la cuiller,
& ne fe brûle point, que pour faciliter l’incorpora-'
tion de la couleur. Pendant ce tems-là il fe formé-
fur la furface du foufre une efpece de craffe ou d’écume
, qu’il en faut féparer & enlever avec une fpa-
tule ou le tranchant d’un couteau. Au bout d’un demi
- quart d’heure, la cuiller, étant toûjours reliée '
fur lé feu, pour empêcher le foufre de figer, on verfe
le foufre par indinaifon , ou fur une feuille de papier
huilée , ou fur une feuille de fer-blanc bien pla- ■
née, & on l’y laiffe refroidir : le foufre en fort ayant
la forme: d’un gateau. Cetté première préparation
eft pour le colorier, 8c le purifier de fes ordures les
plus groffieres.
Veut-ôn faire des empreintes? on coupe un morceau
de ce gateau de foufre ; On le fait fondre une
fécondé fois dans la cuiller de fer, toûjours fur un
feu modéré ; on la remue pour l’empêcher dé brûler
; on en enleve encore là craffe , en cas qu’il en
paroiffe , 8c l’on en verfe doucement fur la pierre'
gravée qu’on a préparée pour recevoir, ce foufre
liquéfié. On l’a enveloppée, ou plûtôt on l’a environnée
d’un morceau de carte fine ou d’ün papier
fort, qui étant affujetti avec un fil de laiton, 8c replié
fous la pierre , de façon que le foufre ne pouvant
échapper par aucune ouverture, prend la figure
d’un petit godet : ou bien l’on y met autour une
petite lame de plomb mince, qui embraffe exactement
la pierre. Ces différens moyens réuffiffent également,
ort choifira celui qui conviendra le mieux.
A peine le foufre aura-t-il été verfé dans cette efpece
de petit moule, qu’il commencera à figer; mais
fans lui en donner le tems, 8c lorfqu’on jugera qu’if
fe fera déjà formé fur la furface de la pierre une legere
couche de foufre figé, qui, comme une peau,
s’y fera étendue 8c la couvrira toute entière, on fur-»
vuidera promptement dans la cuiller le foufre encore
liquide, pour le reverfer tout de fuite & en remplir
le même moule, jufqu’à ce qu’il y en ait affez pour
donner du corps à l’empreinte. C ’eft ainfi qu’on évité
lès foufflures.
Quelque tems après, le foufre étant figé, on Votera
de deffus la pierre gravée, qui s’en détachera aifé-
ment & fans le moindre effort ; 8c il ne faut point
douter, fi l’on a ufé de toutesdes précautions qu’oi>
vient d’indiquer, que l’empreinte ne foit exa£le &
parfaite : mais pour peu qu’elle manque en quelqu’-
endroit, on ne doit pas balancer d’en recommencer
une féconde; le même foufre refervira.& l’opération
n’eft ni affez coûteufe ni affez fatigante pour craindre
de la répéter.
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