300 E C L deux cercles étoient écartés,l’un de l ’autre autant
qu’il eft poffible. Diodore de Sicile rapporte que les
Chaldëens comptoient 403000 ans depuis leurs premières
obfervations jufqu’au tems où Alexandre fit
ion entrée dans Babylone. Ce calcul peut avoir quelque
fondement, en fuppofant que les Chaldéens ont
compté fur la diminution de l’obliquité de l'écliptique
d’une minute tous les cent ans. M. de Louville prenant
cette obliquité telle qu’elle, doit avoir été au
tems qu’Alexandre fit fon entrée dans Babylone ; &
remontant, dans cette fuppofition, au tems OùTV-
diptique -doit avoir été perpendiculaire à l’équateur,
il trouve a&uellement 402941 années égyptiennes
ou chaldéennes, ce qui n’eft que de 5 8 ans plus court
que la première époque.
En général, on ne peut pas rendre raifon de l’antiquité
fabuleufe des Egyptiens, des Chaldéens, &c.
d’une maniéré plus probable , qu’en fuppofant des
périodes céleftes parcourues d’un mouvement très-
lent, dont ils avoient obfervé une petite partie, &
d’où ils calculoient le commencement de la pétiode,
en ne donnant à leur propre nation d’autre commencement
que celui du monde. Si le fyftème de M. de
Lou ville eft v ra i, dans 140000 ans l’écliptique & l’équateur
ne feront qu’un feul & même cercle.
Nous croyons ne pouvoir mieux faire que de rapporter
ce que dit fur cette'queftion M. le Monnier dans fes
Inftitnt. aflroti. Les Arabes ayant déterminé vers l’an
820 l’obliquité de 23d 33', le calife Almamoun fit
encore conftruire un plus grand inftrument pour
cette recherche, avec lequel Ali fils d’Ifa , habile
méchanicien, &: quelques-uns de ceux qui avoient
travaillé à-la mefurede la Terre, obferverent-à Damas
l’obliquité 'de- 23d 33' 52", la même année que
le calife mourut en condùifant fon armée contre les
Grecs. En:i269 Naffir Oddin l’obferva fort exactement
proche deTauris, de 23d 30'. En 1437 on a
trouvé à Sarmakand , avec un inftrument dont le
rayon furpaflbit 100 piés, conftruit par ordre d’U-
lugBeigh princeTartare, l ’obliquité de 29«* 30' 17".
Enfin dans le fiecle précédent la plupart des aftro-
nomes ont fait l’obliquité de Y écliptique de 23d 31'
ou 30' ; enfuite ayant égard aux tables de réfraction
& de parallaxe pour corriger les diftances apparentes
du Soleil au zénith, & les réduire aux véritables,
ils ont établi cette obliquité de 23d 29', ou
23d 28' ko" : dans ces derniers tems on l’a obfervée
de 23d 2a 30" ou 20" ; ce qui a fait imaginer à quelques
aftronomes qu’elle diminuoit, fans examiner
quelle pouvoit être la précifion à laquelle on tâchoit1
de parvenir il y a foixante ans dans une recherche
aulfi délicate. D ’ailleurs ils ont adopté les obferva-
tions faites avec des gnomons, ne confidérant pas
que ces fortes d’inftrumens ne doivent guere être
employés que pour obferver les latitudes géographiques
, puifqu’il eft confiant qu’avec les plus grands
gnomons, comme de 60 à 80 piés de hauteur perpendiculaire,
on ne fauroit répondre d’un tiers de
minute vers le folftice d’été ; au lieu qu’avec les
quarts de cercle garnis de lunettes, on peut connoî-
tre les hauteurs abfolues à 2"^ ou 5" au plus, parce
que le difqué du Soleil eft terminé dans la lunette,
ce qui n’arrive jamais aux gnomons; en effet, la
pénombre y rend toujours l’image confiife vers les
bords, & par cette raifon l’obfervation de la hauteur
trop incertaine. M. le Monnier traite cette matière
encore plus au long & avec plus de détail ^
dans la préface de l’ouvrage que nous venons de
citer.
Pour remédier au défaut principal des gnomons,
il a placé en 1744, dans le plan même du gnomon
de Uéglife de S. Sulpice, un peu au-deffous de l’ouverture
du trou par où paffent les rayons du Soleil,
un Yerre objëétif de 80 piés de foyer. Par la difpo-
E C L
fition & la grandeur de ce verre , il a transformé
fon gnomon en une efpece de grande lunette , qui
doit donner à-peu-près la même précifion que les
lunettes garnies de quarts de.cercle, & qui à plu-
fieurs autres égards eft infiniment plus avantageufe,
parce que le verre eft placé dans un mur inébranlable
f & qu’on peut compter avec affez de certitude
fur fon immobilité , & fur celle du marbre qui doit
recevoir l’image du Soleil au folftice (voyeç Mérid
ie n n e ) . Il a marqué foigneufement fur ce marbre
les termes de l’image au folftice d’été de l’année
1745 ; & i l efpere qu’en comparant dans la fuite le
lieu de l’image du Soleil au terme fixe auquel cette
image eft parvenue au folftice d’été de l’année 1745,
on pourra reconnoître par-là fi l ’obliquité de Yécliptique
eft fujette en effet à quelques variations : en
attendant il nous avertit que le terme où le Soleil
étoit parvenu l’année précédente, a paru le même
que celui qu’on a fait graver fur le marbre au mois
de Juin 1745.
Au refte, quand l’obliquité de Y écliptique ne dimi-
nueroit pas conftamment, il eft certain qu’elle a un
mouvement de nutation que M. Bradley a obfervé
le premier. Voyé^ N u t a t io n , & mes recherches fur
la prècejjion des équinoxes ; voye^ aujji P r É CESSION ,
Z o d i a q u e , & c.
Enfin il eft bon de remarquer encore cjue IV-
cliptique, c’eft-à-dire l’orbite que la Terre décrit au*
tour dù Soleil, n’eft pas parfaitement plane ; l’aâion
de la Lune fur la Terre écarte la Terre de ce plan,
tantôt en:deffus, tantôt en-deffous, de la valeur
d’environ 13//. (ycye^ mes recherches fur le fyflhme du
mondes 1J. part. ch. ij. art. 201 &fuiv.') Il eft vrai
que ces 13" font très-difficiles à obferver ; & qu’en
fuppofant même les obfervations aftronomiques encore
plus exaftes, on trouveroit une quantité beaucoup
moindre pour la variation de la Terre en latitude,
parce que le centre de gravité de la Terre &
de la Lune décrit très-fenfiblement une ellipfe dans
un même plan autour du Soleil; que la Terre ne s’é,-
carte de ce dernier plan que d’environ 1", & que par
la nature des obfervations aftronomiques, ce plan
doit prefque toûjours être confondu avec Y écliptique.
Mais il n’en eft pas moins vrai que la Terre peut
s’écarter du plan réel de Y écliptique d’environ 13"*
Je traiterai plus en détail cette queftion dans une
troifieme partie de mon ouvrage , que je me prépare
à publier ; & je ne fais ici cette remarque d’avance
, que pour répondre à une objèâion très-plau-
fible qui m’a été faite fur ce fujet. (O)
E c l i p t i q u e , en Géographie, Sec. c’eft un grand
cercle du globe, qui coupe l’équateur fous un angle
d’environ 23e1 29' (voye^ G l o b e ) ; c ’eft pourquoi
Y écliptique terreftre eft dans le plan deTécliptique cé-
lefte : elle a comme elle fes points équino&iaux &
folftitiaux, & elle eft terminée par les tropiques^
Voye^ E q u a t e u r , S o l s t it ia l , E q u i n o c t i a l ,
T r o p iq u e , & c. (O ).
ECLISSES , f. f. en Chirurgie, font des morceaux
de bois dont on fe fert pour affujettir des membres
calî’és : on les nomme aulfi attelles.
Les éclijfes s’appellent en latin ferulce, parce qu’ons
employoit autrefois l’écorce de la férule pour en faire
: Hippocrate s’en eft fervi, comme on peut le
voir dans fon livre des fractures.
La matière des éclijfes eft différente, fuivant les
praticiens : le bois fuivant les uns, eft une fubftanr
ce trop dure, qui ne fe prête point affez à la configuration
des parties ; on en fait cependant des petites
planchettes legeres & flexibles , telles que les
Fourbiffeurs en employent pour les fourreaux d’épées.
D ’ailleurs on ne met point ces férules à nud ;
on les garnit de linge, & le membre eft lui-même
déjà couvert de compreffes & d’une fuite de circonr
E C L
vôlütiôns de la première bande, lorfqü’ôn les appliqué;
Quelques praticiens font des attelles de fer-
blanc,“ qui font fort légèrement cambrées pour s’accommoder
à la partie : d’autres mettent un carton
mince dans la comprëffe : enfin il y en a qui n’era-
Çlôyent qiie des .compreffeS. lohguéttes , & àfféz
épaiffes pour fervir d'eclijfès,; elles doivent avoir la
longtiéùr dé là partie principale du membre : fi l’p$
eft frafturé vers fon milieu', on en mêt trois ou quatre
pour entourer la circonférence de la partie, il y
à des iraifons anatomiques. & chirurgicales pour en
régler la pofition. On ne doit point appliquer une
écliffetiir le trajet dès vaiffeaux ; elle.nuiroit a la circulation
du fang, & féroit une caufe d’accidens qui
pourraient devenir fuheftes. Oh met une attelle de
chaque-côté du cordon des principaux vaiffeaux;
ainfi à l’intention de maintenir les extrémités fracturées
dé l ’çs dans leur n iveau, fe joindra celle d’empêcher
que le bandage, qui doit être médiocrement
ferré, n’agiffe avec autant de force fur les vaiffeaux
que fur les autres parties. Dans les fraCtures compliquées
de plaie, on a l ’attention de ne point mettre
d'èclïffe vis-à-vis de la plaie, & fi la difpofition du
membre l’exigeoit, comme, par exemple , dans la
fraCture de la jambe, fi la plaie étoit fur ia furface
interne du tibia, il faudroit pofer une compreffe longuette
& épaiffe le long de cette furface interne, auT
deffus de la plaie, & une autre au-deffous ; Yéclijfe
qu’on poferoit enfuite , porteroit à faux à l’endroit
de la plaie. L’exercice de la Chirurgie exige dans
prefque tous les appareils, des petites variations
que 1 induftrie fuggere dans l’occafion aux praticiens,
attentifs & éclaires par les lumières de l’Anatomie,
& qui ont du jugement ; mais la Chirurgie fuppofe
ce jugement, & ne le donne point. Foyer Fracture.
( T )
ECLISSES, (Manège,Maréch.^ en latin ferulce, parce
qu’anciennement on employoit à cet effet l’écorce
de la férule. Je ne fai fi c’eft de cette efpecè de
férule dont Pline rapporte que le bois étoit fi ferme
& en même tems fi leger, que les vieillards s’en fer-
voient en forme de canne ou de bâton, par préférence
à tout autre.
Quoi qu’il en foit, nous appelions éclijfes dans la
Maréchallerie , ce que dans la Chirurgie on appelle
de ce nom & de celui à?attelles. La feule différence
des éclijfes du chirurgien & de celles du maréchal,
naît en général du moins de flexibilité & de foupleffe
des dernieres. Celles-ci font en effet communément
plus épaiffes, d’un bois moins pliant, & elles font
même le plus fouvent faites avec de la tôle ; un bois
mince & délié, des écorces d’arbres, des lames
dé fer-blanc, du carton, n’auroientpas affez de force
& de foûtien pour remplir nos vues. '
Nous en faiïons un ufage d’autant plus fréquent,
que nous contenons toûjours par leur moyen , les
appareils que nous fommes obligés de fixer fur la
foie, c’eft-à-dire fous le pié de l’animal.
Nous les plaçons ordinairement de deux manières
, en plein bu en X : en .plein, lorfque les ingré-
diens qui entrent dans la compofition du topique
appliqué, & que nous couvrons avec des étoupes,
ont trop de fluidité, & ne font point affez liés ; en
X ou en croix, lorfqu’ils ont une certaine confif-
tance. •
Si dans le premier cas nous ufons des éclijfes qui
font faites avec de la tôle, nous n’én prendrons que
deux ; l’une d’elles garnira toute la partie, & aura
par conféquent la figure d’une ovale tronquée. Nous
rengagerons en frappant legerement avec le bro-
choir, enforte qu’elle fera arrêtée par fes côtés &
par fon extrémité antérieure, entre les branches,
îa voûte du fer, & le pié. La fécondé, dont la forme
ne différera point des éclijfes ordinaires , fera intro-
E C L 301
duite en talon entre l’eponge & les quartiers, & fera
' pouffée le plus près qu’il fera poffible de l’étampiere
voifine, afin de maintenir très-folidement la pre-
'miere, fur laquelle elle fera pofée tranfverfalement ;
car nous ne nous fervons jamais ici dé bandage : on
obfervera qu’elle ne déborde point lé fè f , attendu
que l’animal en marchant pôurroit fe bleffer, fe couper
ou s’entre-tâilîef.
Si hos éclijfes font de bois, notis éh employerÔns
quatre ; trois d’entr’elles feront taillées de mâniefe
qu’étartt unies elles repréfenteront la même ovale figurée par la grande èclijfe de tôle : on les éngâgéra
pareillement l’une après l ’autre , après quoi bn’ies
fixera par lé mbyén de la quatrième , ainfi que je
l’ai,' dit ci-deffuS.
Quelques perfonnes prétendent qii’on devroit au
lieu d*éclijfes avôir récours à un fer entièrement couvert
; mais elles ne prévoyent pas fans doute les in-
convéniens qUi fuivroient l’obligation de déferrer &
de ferrer continuellement l’animal, fuf-tout dans
des circônftanceS Où il peut être atteint de douleurs
violentes , & où “nous fommes contraints de réitérer
fouvent les panfêiîiens : j'e conviens qu’on n ’attache
alors le fer qu’avec quatre clous, mais ces inconvé-
niens ne fubfiftént pas moins.
Il n’eft pas difficile de concevoir, au furplus,'
comment nous maintenons les éclijfes en X ou en
croix. Celle qui eft engagée dans le côté droit de la
voûte du fer, eft prife par fon autre extrémité dans
l’éponge gauche, tandis que celle qui eft engagée
dans le côté gauche de cette même Voûte, eft arrê-,
tée par fon autre bout dans l’éponge droite : l’une
& l’autre font pofées diâgonalement.
Il eft encore des Occafions où des éclijfes plus longues
& plus fortes nous font néceffaires. Voy. Fr a c t
u r é s . (e)
E c l is s e , en terme de Boijfelier; c’eft une planche
legere dont ils fe fervent pour leurs divers ouvrages.
ECLISSES , (■ Luth.j ce font dans lesfoufflets de POrgue,
lés pièces triangulaires E E ,fig. 24. PI. d’Orgue ,
qui font les plis des côtéVdes foufflets. Ce font des
planches d’un quart de pouce d’épaiffeur, léfquelles
font doublées de parchemin du côté qui regarde l’intérieur
du foufflet, & qui font affemblées les unes avec
les autres avec dès bandes de peau de mouton parée
, & avec les têtieres par les aines & demi-aines.
Elles doivent toûjoiirs être de chaque côté du foufflet
en nombre pairement pair. Voye^ l'art. S o u f f
l e t s d ’O r g u e .
* E c l i s s e , ( OEconom. rufiq.)^ petit panier fait
d’ofîer, fur lequel on place les fromages nouvellement
faits, à-travers lefqnels ils s’égouttent. Les
éclijfes de terre, de fayence & d’étain (car il y en a
de cette forte), font trouées par le fond & par les côtés
: il faut tenir ces vaiffeaux propres, & en avoir
de toutes grandeurs.
E c Li s s e , c’eft parmi les Vanniers, une baguette
d’ofièr fendue en deux ou plufieurs branches fort
minces. .
ÉCLOPÉS, adj. pl. (Art milit.') c’eft ainfi qu’oit
appelle à la guerre les foldats & les cavaliers incommodés
qui fuivent l’armée.
On appelle auffi de ce même nom les cavaliers
dont lés; chevaux ne peuvent marcher avec la troupe
& porter le cavalier, à caufe de quelque maladie.
Les cavaliers mènent ces chevaux tranquillement à
pié par la bridé :• on les fait partir à part après l ’armée
, lôrfqu’elle marche vers l’ennemi ; & auparavant
, lorfqu’elle s’en éloigne. Il y a un officier nommé
pour commander les éclopés, & les faire marcher
en ordre. (Q )
E c l o p é , en ’termes de B lof on, fe dit d’une partition
dont une piece paroît comme rompue.
ECLUSE, du mot latin excludere, empêcher, en