& la foie propre à brocher. Il y a des efpoiinsk deux
tuyaux : ees deux tuyau* portent la dorure.
ESPONCE, f. f. ( Jurifprud. ) fignifie le déguer»
piffement que le détenteur fait d’un héritage chargé
de cens, rente, ou autre devoir, pour en être déchargé
à l’avenir. Ce terme eft ufité dans les coutumes
d’Anjou & Maine, Tours, Lodunois 6c Poitou.
Le terme de quittance eit quelquefois joint à ce*
lui d’ejponce comme fynonyme, non pas qu’efponce
fignifie une quittance proprement dite, mais pour
dire que par Y efponce le détenteur quitte 6c abandonne
l’héritage. ( A )
ESPONCION, ( Jurifprud. ) eft la même chofe
efponce. Foye£ EsponCE. ( A )
ESPONDEILLAN, ( Géog. mod. ) petite ville du
Languedoc, en France, audiocèfe de Beziers.
ESPONTILLES, voye^ Epontilles.
ESPÔNTON, voyc{ Sponton.
ESPORTE, f. f. ( Jurifprud. ) dans la coûtume de
Bordeaux, art, 8z , 8 3 ,8 6 > 8 8 , §3 , & 9 4 , eft ce
que le vaffal donne ou offre à fon feigneur pour obtenir
de lnil’inveftiture de quelque fief, ou pour le
rélief dû à quelque mutation; ce mot vient du latin
fportula, qui fignifie don ou préfent, d’où on a
Fait par côntraâion ou corruption jporta , ou fportit-
la ,6c en françois efporte. Voye^ U Glojfaire de Ducan-
g e , au mot /porta. ( A )
ESPRIT, f. m. terme de Grammaire greque , Le mot
efprit, fpiritus, fignifie dans le fens propre un vent
fubùL, le vent de la refpiration, un foufle. En termes
de Grammaire greque , on appelle efprit, un ligne
particulier deftiné à marquer Pafpiration comme
dans l’article 0, le, », la. On prononce ho, hé, comme
dans hotte, héros, ce petit ' qu’on écrit fur la
lettre, eft appellé efprit rude.
L’efprit des Grecs répond parfaitement à notre H;
car comme nous avons une /z afpirée que l’on fait
fentir dans la prononciation, comme dans haine, héros
, 6c que de plus nous avons une h qu’on écrit,
mais qu’on appelle muette, parce qu’on ne la prononce
point, comme dans l’homme, Y heure, de.même
en grec il y a efprit rude qu’on prononce toujours, &
il y a efprit doux qu’on ne prononce jamais. Nous
avons dit que l’efprit rude eft marqué comme un petit
' qu’on écrit fur la lettre ; ajoutons que Y efprit doux
eft marqué par une petite virgule l ; ainfi Y efprit rude
eft tourné de gauche à droite ' , & le doux de droite à
gauche \
Que nos h foient afpirées ou qu’elles ne le foient
pas , il n’y a aucun ligne" qui les diftingilé ; on écrit
egalement par h le héros & Y héroïne, mais les Grecs
diftinguoient Y efprit rude de Y efprit doux : je trouve
que les Italiens font encore plus exaéls, car ils ne
prennent pas la peine d’écrire Y h qui ne marque aucune
afpiration ; homme, uomo ; les hommes, uomi-
ni ; philofophe, filofofo ; rhétorique, rettorica ; on
prononce les deux t.
Vefprit rude étoit marqué autrefois par h , eta ,
cjui eft le figne de la plus forte afpiration des Hébreux,
comme Yh en latin & en françois eft la marque de
l’afpiration. Ainfi ils écrivirent d’abord hekaton ,
dit la Méthode de Port ro y a l, &'dàns la fuite ils
ont écrit Îkcitùv en marquant Yefprit fur Ye.
La même méthode obferve ,page 23 , que les deux
efprits font des relies de h qui a été fendue en deux
horifontalement, en forte quu’ne partie c a fervi
pour marquer Y efprit rude, 6c l’autre 0 pour être le
figne de Yefprit doux.
Le mécanifme dés organes de la parole a fouvent
changé Y efprit rude , 6c même quelque fois le doux
én s ou en v. Aihfi de Cntp, dejfus, on à fait fuper •
de vtsro, déjfous, On a! fait fub ; de omç, viniirh ; de ïç ;
vis; de «Xç, f i l ; de -ôsnâ, feptem ; de , fex ; de
, femis ; d ferpo. (JF)
Espr it, mens, f. £ (Métaphyf) unêtrepenfant
6c intelligent. Voye^ Pensée, & c.
Les philofophes chrétiens reconnoiffent généralement
trois fortes à*efprits, Dieu, les anges, 6cl’e f
prit humain.
Car l’être penfant eft ou fini ou infini : s’il eft infini
, c’eft Dieu ; 6c s’il eft fini, ou bien il n’eft joint
à aucun corps, ou bien il eft joint à un corps : dans
le premier cas c’eft un ange, dans le fécond c’eft
une ame. Voye^ Dieu , Ange, & Ame.
On définit avec raifon Yefprit humain , une fub-
ftance penfante & raifonnable. Comme penfante ,
elle eft diftinguéé du corps, 6c comme raifonnable ,
ou plutôt railônnante, elle eft diftinguéé de Dieu 6c
des anges , qu’on fuppofe voir les chofes intuitivement
, c’eft-à-dire fans avoir befoin d’aucune déduc-:
tion ou raifonnement. Koye^ Raisonnement 6*
Jugement«
Esprit fignifie auffi un être incorporel. Dans ce
fens on dit Dieu eft un efprit, le démon eft un efprit
de ténèbres. Le pereMaïebranche remarque qu’il eft
extrêmement difficile de concevoir ce qui pourroit
faire la communication entre un corps & un efprit ;
ca r , dit-il, fi Yefprit n’a point de parties matérielles,
il ne peut pas mouvoir le corps : mais cet argument
eft faux par les conféquences qui en réfultent ; car
nous croyons que Dieu peut mouvoir les- corps, 6c
cependant nous n’admettons en lui aucunes parties
matérielles. Chambers. Voye^ Evidence.
Esprit , en Théologie. C ’eft le nom qu’on donne
par diftin&ion à la troifieme perfonne de la- fainte T riniré qu’on appelle Y Efprit , le Saint-Efprit. Fôye%
Tr inité, Personne.
Les Macédoniens ont nié la divinité du Saint-Efprit9
les Ariens ont foûtenu qu’il n’étoitpas égal au pereÿ
& les Sociniens nient fon exiftence. Mais l’Ecriture t
la tradition & les décifions de l’Eglife établiffent uni»
formément les trois dogmes contraires à ces erreurs;
Le Saint-Efprit procédé du pere & du fils comme
d’un feul & même principe , ainfi que l ’ont enfei*
gné les peres, & qu’il a été défini au concile géné«*
ral de Lyon fo>is.Grégoire X. contre les Grecs qui
nioient que le Saint-Efprit procédât du fils ; & c’étoit
un des prétextes de leur fchifme fous Michel Céru-
larius ; cependant ils reconnurent ce dogme dans la
réunion qui fe fit au concile de Florence.
Les Théologiens expliquent la maniéré avec laquelle
le Saint-Efprit eft produit de toute éternité par
la fpiration active du pere & du fils. C ’eft de-là que
lui vient le nom d’elprit, fpiritus quaft fpiratus,
V oyeç S p i r a t i o n .
Ils fe fervent auffi du mot efprit pour lignifier la
vertu & la puiffance divine, & la maniéré dont elle
fe communique aux hommes. C ’eft en ce fens qu’il
eft dit, Genefe , chap. j . ii 2 , que Yefprit étoit répandu
fur la lurface de l’abyfme, que les prophètes
ont été infpirés par Yefprit de Dieu. C ’eft auffi dans
ce fens qu’on dit que la providence divine eft cet
efprit univerfel par lequel Dieu fait agir toute la na^
ture, & que le corps de Jefus-Chrift a été.formé dans
le fein d’une vierge par l’opération du Saint-Efprit.
On donne encore le nom d’efprit aux fubftances
créées & immatérielles connues fous celui d’anges
& de démons. Les premiers font appellés efprits çé*
lefles, efprits bienheureux, on appelle les autres les
efprits de ténèbres. (G)
. .Esprit Particulier , fpiritusprivatus , terme
célébré dans les difoutes de religioU- dês deux derniers
fiecies. Il fignifie lé fentiment particulier & la
notion que chacun a furies dogmes de la foi & fur
le fens des écritures, fuivant ce qui.lui eft fuggéré
par fes propres penfées & par la perfilafion dans laquelle
il eft par rapport à ces matières«
Les premiers réformateurs niant qu’il y eût aucun
E S P
interprète infaillible des Ecritures ni aucun juge des
controverfes ; foûtinrent que chacun pouvoir interpréter
& porter, fon jugement des vérités révélées ,
en fuivant fes propres lumières affiliées de la grâce
de Dieu ; & c’eft ce qu’ils appellent efprit ou jugement
particulier. C’étoit lâcher la bride au fanatif-
me : auffi fans parler des variations innombrables
que cette Opinion a introduites parmi les préten-
dus-reformés , elle a donné naiffance au Socinia-
nifme & à plufieurs feétes. également dangereufes,
aufquelles les reformés ont fourni des armes dont ils
ne peuvent eux-mêmes parer les coups. En effet, de
quelle autorité Calvin faifoit-il brûler Servet à Ge-
neve, fi Yefprit particulier étoit le feul interprète des.
Ecritures ? quelle certitude a voit-il de les entendre
mieux que cet anti-trinitaire ? Foye^ T olérance.
Les Catholiques au, contraire prétendent que les
vérités révélées étant unes & les mêmes pour tous
les fideles, la regle que Dieu nous a.donnée pour en
juger doit nous les repréfenter d’une maniéré uniforme
, ce qui ne fe peut faire que par la voie d’autorité
qui r éfide dans l’Eglife ; au lieu que Yefprit particulier
fur le même point de doétrine infpire Luther
d’une façon; & Calvin d’une autre. Il divifeCEcolam-
pade, Bucer, Ofiandre, &c. la do&rine qu’il découvre
aux partifans de la confeffion d’Augsbourg,
eft diamétralement oppofée à celle qu’il enfeigne a'ux
Anabaptiftes, auxMennonites, &c. fur le même paf-
fage de l’écriture. C ’eft un argument ad hominem auquel
les proteftans n’ont jamais répondu rien de fo-
lide. (JG) Es p r it , (Saint-) Ordre du Saint-Esprit,
( Hiß. mod. ) eft un ordre militaire établi en France
fous lé nom dû ordre 6* milice du Saint-Efprit, le 31
Décembre 1578 , par Henri III. en mémoire de trois
grands évenemens arrivés le jour de la Pentecôte &
qui le touchoient perfonnellement ; favoir fa naif-
lance , fon ëleélion à la couronne de Pologne, &
fon avenement à celle de France. L 'ordre dit Saint-
Efprit doit n’être compofé que de cent chevaliers,
qui font obligés pour y être admis de faire preuve
de trois races.
Le roi eft grand - maître de cet ordre, & prête en
cette qualité ferment le jour de fon facre,de maintenir
toûjours Y ordre du Saint-Efprit ; de ne point fouf-
frir, autant qu’il fera en fon pouvoir, qu’il tombe, ou
diminue, ou qu’il reçoive la moindre altération dans
aucun de fes principaux ftatuts.
Tous" les chevaliers portoient autrefois une croix
d’or au cou, pendant à un ruban de couleur bleu cé-
lefte : maintenant elle eft attachée fur la hanche au bas
d’un large cordon bleu en baudrier. Tous les officiers
& commandeurs portent toûjoursia croix-coufue fur
le côté gauche de leurs manteaux, robes, & autres
habillemens de deffus.
• Avant que de recevoir Y ordre du S. Efprit, ils reçoivent
celui de S. Michel ; ce qui fait que leurs armes
font entourées de deux colliers; l’un de S. Michel,
compofé d\S\j & de coquilles entrelacées ; l’autre du S. Efprit, qui eft formé dé fleurs-de-lis d’or, d’où naif-
fent des flammes & des bouillons de feu, & d’HH
Couronnées avec des feftons &c des trophées d’armes.
Parmi les chevaliers font compris neuf prélats,
qui font cardinaux, archevêques, évêques , ou abbés
, du nombre defquels eft toûjours le grand-aumônier,
& ilS'font nommés commandeurs de ßordre du
Saint-Efprit. Henri III. avoit auffi projétté d’attribuer
à chacun des chevaliers des commanderies ;
mais fon deflein n’ayant pas eu d’exécution, il affi-
gna à chacun d’eux une penfion de mille écus d’or ,
réduite depuis à 3000 liv. qui font payées fur le pro-*
duit du droit du marc d’or affeôé à l’ordre. (G)
Esprit , (Saint-) Ordre du Saint-Esprit dü
PrqiT'D esir ,■ (Hiß. mod.) ordre de çhevalerie in-
E S P 9 7 5
ftitue a Naples dans le château de l’CEuf en 13 52, par
Louis d’Anjou dit de Tarente, prince du fang de France
, roi de Jérufalem & de Sicile, & époux de Jeanne
Iere.reine de^Naples. Les conftitutions de cet ordre
etoient en vingt-cinq chapitres, dont voici le préambule
dans le ftyle de ce tems - là : « Nous L oys, par
>> la grâce de Dieu roi de Jérufalem & de Sicile, al-
» lonneur du Saint-Efprit ; lequel jour par la grâce
» nous fumes couronnés de nos royaumes, en effau-
» cernent de chevalerie & accroiffement d’onneur,
» avons ordonné de faire une compagnie de cheva-
» fiers qui feront appellés les chevaliers du Saint-Ef-
» prit du droit dejîr, & les dits chevaliers feront au
» nombre de trois cents , defquels nous , comme
» trouveur & fondeur de cette compagnie, ferons
» princeps, & auffi doivent être tous nos fucceffeurs,'
» rois de Jérufalem & de Sicile, &c. »
Mais la mort de ce prince fans laiffer d’enfans, &
les révolutions qui la fui virent, firent périr cet ordre
prefque dès fa naiffance. On ne fait comment les conftitutions
en tombèrent entre les mains de la république
de Venife, qui en fit préfent à Henri ÏI1. lorfqu’il
s’en retournoit de Pologne en France. On dit que ce
prince en tira l’idée & les ftatuts de l’ordre, qu’il imj
ftitua enfuite fous le nom du Saint-Efprit ; & que
pour ne pas perdre le mérite de l’invention, il remit
ces conftitutions du roi Louis d’Anjou au fieur de
Chiverni, avec ordre de les brûler ; ce que celui-ci
ayant cru pouvoir négliger fans préjudice de l’obéifi
fance dûe â fon fouverain, elles le font confervées
dans fa famille, d’où elles avoient paffé dans le cabinet
du préfident de Maifons, & M. le Laboureur
les a données au public dans fes additions aux mémoires
de Caftelnau. Mais en comparant ces ftatuts
avec ceux qu’Henri III. fit dreffer pour fon nouvelOr-
dre du Saint-Efprit, on n’y trouve aucune conformité
qui prouve que ceux-ci foient une copie des premiers.
(G)
ESPRIT, (Saint-) terme de Blafon : Croix du Saint-
Efprit, eft une croix d’or à huit raies émaillées, chaque
rayon pommeté d’or, une fleur-de-lis dans chacun
des angles de la croix,& dans le milieu un Saint-
Efprit ou colombe d’argent d’un côté, & de l’autre
un Saint-Michel. La croix des prélats-commandeurs
porte la colombe des deux côtés ; parce qu’ils n’ont
que l’ordre du Saint-Efprit, & non celui de Saint-
Michel. (G)
Esprit , (Philof. & Belles-Lettr.) ce m ot, en tant
qu’il fignifie une qualité de l’amç, eft un de ces termes
vagues, auxquels tous ceux qui les prononcent
attachent prefque toujours des fens différens. Il exprime
autre chofe que jugement, génie, goût, talent
pénétration, étendue, grâce, fineffe ; 6c il doit tenir
de tous ces mérites : on pourroit le définir, raifon in-
génieufe. •
C ’eft un mot générique qui a toûjours befoin d’un
autre mot qui le détermine ; & quand on dit, voilà un
ouvrage plein d'efprit, un homme qui a de l ’efprit, on a
grande raifon de demander duquel, U efprit fitblime
de Corneille n’eft ni Yefprit exaél de Boileau, ni l 'efprit
naïf de Lafontaine ; 6cYefprit de la Bruyere, qui
eft l’art de peindre fingulierement, n’eft point celui
de Malebranche, qui eft de l ’imagination avec de la
profondeur. •
Quand on dit qu’un homme a un efprit judicieux ,
on entend moins qu’il a ce qu’on appelle de Yefprit,
qu’une raifon épurée. Un ejprit ferme, mâle ,.courà-
geuxb grand, petit , foibie', leger, doipc, emporté,
&c. fignifie le caractère & la trempe de l ’ame, & n’a
point de rapport à ce. qu’on entend dans la fociété
par cette expreffion, avoir de Vefprit.
U efprit , dans l’acception ordinaire de ce mot,
tient beaucoup du bef efprit, & cependant ne fignifie
pas précifément la même chofe : car jamais- ce terme