fon corps depuis Peftomac jufqu’au croupion a trois
pies de-long ; fa tête eft petite eu égard à fa taille ,
-elle éft dégarnie de plumes , & d’une couleur bleuâtre
; fes yeux font grands & très-vifs : au-defliis du
bec font deux ouvertures qui fervent de narines ; fur
.la tête eft une efpece dé couronne d’un jaune foncé
qui defcend jufque fur le bec ; il la perd tous les ans
avec fés plumes dans le tems de la mue. Le cou eft
garni de deux peaux rouges femblables à celles des
coqs-d’Iride ; fes cuiffes font charnues & couvertes
d’une peau écailleufe, les pattes font groffes & garnies
de cinq ergots couverts d’écailles très-dures ; il
reffemble affez à une autruche, de l’efpece de laquelle
il eft peut-être ; fes plumes font noires & rouges ,
on les prendtoit de loin pour des poils ; fes ailes font
cou rte sau fli ne lui ferverit-elles point pour voler,
mais feulement pour courir avec plus de rapidité ;
le croupion éft couvert de plumes plus longues ôc
plus forres que les autres ; il a plus de force dans les
pattes que dans le bec ; fes oeufs different de ceux
des autruches en ce qu’ils font plus petits, là coquille
en eft verdâtre ôc remplie d’une infinité de boffes ou
tubercules : les habitans du pays s’en nourriffent. Cet
oifeau avale tout ce qui fe préfente à lui, ôc rend
par-derriere ce qu’il n’a pu digérer. On prétend que
fa graiffe eft très-bonne pour les nerfs, émolliente,
maturative. Diciionn. univerf. de Hubner. Emeu, f. m. (Fauconnerie.') rendre fon émeu, c’eft
rendre fon excrement; l’oifeau eft en parfaite lanté
quand il rend bien fon émeu.
EMEUTER ou EMEUTIR, v . neut. (Fauconné)
fe dit des oifeauxde proie ; quand le faucon a rendu
fon excrément, on dit qu’il vient à* émeu ter.
EMINCIR , v. a#. ( Arts méchaniq. ) c’eft en général
ôtet k un corps de fon épaiffeur. On ;dit mieux
amiticer & amiriëi, qifémincir ôt-émincé. E'MTNEyf.'f. ('-QLcoîiomrTufliq.) Voye{ Hemine. •
EMINENCE , f. f. { Phyjiq. ) petite élévation ou
monticule au-deffus du niveau de la campagne. Voy.
MONTAGNEi
On dit : ce palais eft bâti fu r une éminence : Us ennemis
f e fon t faifis de cette éminence , par où ils nous commandent.
Eminence, f. f. en Anatomie , ce m offe dit principalement
en parlant decertaines éminences f e s «v, f
ôc on en peut diftingiiér de trois efpeces ; -ikv- &,
i ° . celles'qui1 fetyerft à la connexion des os: 2°. ce1-
les qui donnent attache à des parties molles : 3°.-cel-
les qui résultent'de la'conformàtion particulière de
l’os. Mais comme les unes font continues avec l’os,
& que d’autres né font que contiguës, c’eft-là ce qui
a donné lieu â la diftin#ion qu’on en a fait en apo-
phyfes ôc en épiphyfess K. Apophyse 6* Epiphyse.
C ’èft de la figtire , de la fituation, de-la connexion,
& des ufàgésdes éminences, qu’on a tiré les dif- *
■ férens noms qu’on leur a donné.
D e leur figure, on les appelle tête, lorfqu’elles font
convexes ôc arrondies en forme de globe ; tubèrofité,
îorfqu’elles font inégalës‘;& râboteufes; épine & épi-
neufe, quand elles font aiguës & en pointe, &c.
D e leur fituation, ellés' font appellées obliques, tranf-
vêrfes, fupérieure.s, inférieures, &c.
D e leur connexion , elles prennent le nom des parties
avec lefquelles elles font articulées ; telle eft l’a-
pophyfe malaire de l’os maxillaire, &c. Voye{ Maxillaire.
Par rapport a Vttfage, on donne le nom de-trochanter à âëùx tûbérofités de los de là cuiffe, quiJdonnent
attache aux mufcles qui- la font' tourner. (X )
. '-*iÊMÏNÊN'GEf. f.-{Hiftrniird.) titre qu’Ôn donne
aux cardinaux, aux trqis électeurs eçcléfiaftiques ,
ôc au grand-maître de^Malte ; felon unè bülie d’Urbain
VIII,qu i nè difpenfe qiîë iesTois & les papes
de le leur accorder, ôc qui défend à tous autres de
le prendre. Le pape leur dit votra fignoria ; le roi dë
France, coufin; l’empereur, reverendapaternitas; les
rois de Pologne ôc de Portugal, ôc la république de
Venife, fignoria illuftriffima. Au refte cette épithetè
honorifique, éminence, avoit été donnée par Grégoire
le Grand à des évêques , long-tems avant qu’Ur-
bain l’attachât lpécialement au cardinalat. La bulle
d’Urbain VIII. qui éminentifie les cardinaux , eft dé
1630.
ÈM IÔ N lT E , f. f. ( Hift. fiat. bot.) hemionitis
genre de plante, dont les feuilles ont de larges oreilles
à leur bafe, foit qu’elles foient fimples, foit qu’elles
foient compofées* Tournefort, Inftit. rei herbX
Voye^ Plante. (/)
EMIR, fubft. m. (Hift. mod.) titre de dignité, ou
qualité chez les Turcs ou Sarrafins, qu’on donne à
ceux qui font parens ou defeendus du grand prophète
Mahomet.
Ce mot eft arabe, & dans cette langue il fignifie
prince■ ; il eft formé de amar, qui eft originairement
hébreu, ôc qui dans les deux langues lignifie dire ôc
: commander. Voyt{ Amiral.
Les émirs font en grande vénération, & ont fetils
le droit de porter un turban verd. Il y a fur les côtes
de la Terre-fainte, des émirs qui font des princes fou-
verains, comme Y émir de Gaza, Y émir de Terabée;'
fur lefquelles le grand-feigneur n’a que peu d’auto*.
; rité.
Ce titre ne fe donnoit d’abord qu’aux califes. Oit
les appelloit aufli en Perfe émir {adeh, fils du prince ;
& par abbréviation dé émir on fit mir, ÔC dé émir {adeh,
■ mir^a, Voye{ C a l if e . Dans la fuite, les califes
ayant pris le titre defultans, celui déémir demeura à
: leurs enfans, comme celui de céfar chez les Romains?
Ce titre dé émir, par fucceflion de tems, a été donné
à tous ceux qui font cenfés defeendre de Mahomet
par fa fille Fatima, & qui portent le turban verdi
y°ye{ Turban.
Ces émirs étoient autrefois uniquement deftinés
au miniftere de la religion, ôc l’état leur payoit une
penfion annuelle; aujourd’hui on les voit répandus
dans tous les emplois de l’empire ; aucun magiftràt^
par refpeû pour le fang de Mahomet, n’oferôit les
punir. Ce privilège eft refervé à Yémir bachi leur
chef, qui a fous lui des officiers & des fergens, avec
pouvoir de vie & de mort fur ceux qui lui font fournis;
màis pour l’honneur du corps, il né fait jamais
punir les coupables ni exécuter les criminels en public.
Leur defcendance de la fille de Mahomet eft une
chofe fi incertaine, que la plupart des TurCs mêmes
ne font pas fort crédules fur cet article, & battent
fouvent les vénérables enfans du prophète, en prenant
toutefois la précaution de leur ôter le turban
verd, & de le pofer à terre avant que de les frapper ;
mais un chrétien qui les auroit maltraités feroit brûlé
vif.E
mir eft aufli un titre, qui, joint à quelqu’autre
mot, défigne fouvent quelque charge ou emploi -,
comme émir al ornera, le commandant des comman-
dans. C ’étoit d i tems des califes le chef de leurs coi>
feils & d'e leurs armées.
Les Turcs donnent aufli ce nom à tous les vifirs
ou bachas des provinces (yoyt{ Bacha , &c.) : ajoû-
tez à cela que Yémir akhor, vulgairement imrahod,
eft grand-écuyer du grand-feigneur.
lYémir alem, vulgairement mir aient, porte-enfêî-
gne de l’ëmpire, eft dire&eur de tous les intendans ,
& fait porter devant lui une cornette mi-partie de
blanc & de'Verd.
Émir bü{ar, eft le prévôt qui a l’intendance fur
les marchés, qui regle lè prix des denrées.
L’émir hadge , prince bu conduéfeur dés pèlerins
de la Mecque, eft ordinairement bacha de Jérufalem.
Emir al mojltmin ou émir al rtioumeflin9 ç’çâ.-k-àkç
■ le commandant des fideles ou des crôyans, c’eft un
titre qu’ont pris les Almoravides & les Almohades
qui ont régné en Afrique & en Efpagne. Diction, de
■ Trév. Morery, & Chambers. (G )
EMISSAIRE, f. m. (H'fi- mod.) perfonne de confiance
, adroite & capable, qu’on envoie fourdement
pour fonder les fentimens ou les deffeins d’autrui,
ou lui faire quelque propofition ou ouverture, fe-
mer des bruits, épier les aâions & la contenance
d’un ennemi, d’un parti contraire, pour tirer avantage
de tout cela.
Ce mot eft formé du latin e, & mitto, qui fignifie
f envoie dehors•
Les chefs de partis o'nt plufieurs émijfaires qui s’em-
ployent pour leurs intérêts, qui leur rapportent tout
ce qui fe paffe dans le monde, pour prendre la-def-
fus leurs mefures ; en conféquence on dit que le pape
& le prétendant ont leurs émijfaires en Angleterre.
Voye{ le Diciionn. de Trév. & Chambers. {G )
EMISSION, f. f. on appelle ainfi, en Phyfique,
l’aftion par laquelle un corps lance ou fait fortir hors
de lui des corpufcules. Voye{ Emanation , Exhalaison,
&c.
C’eft une grande queftion que de favoir fi la lumière
fe fait parpreffion ou par emijfion, c’eft-à-dire fi
elle fe communique à nos y,eux par l’aftion du corps •
lumineux fur un fluide environnant, ou par des corpufcules
qui s’élancent du corps lumineux jufqu’à
l’organe. En attendant que nous traitions cette queftion
plus en détail au mot Lumière, nous croyons
devoir faire ici quelques réflexions fur une preuve
que des philofophes modernes ont crue très-favorable
au fyftème de Yémijfion. Les obfervations de Roë-
mer, difent-ils, fur les éclipfes des fatellites (yoye{ Satellite & Lumière), prouvent que la lumière,
foit par prefiion foit par émiffion, vient du foleil à
nous en huit minutes & demie ; les obfervations de
l’aberration prouvent que la vîteffe, foit a&uelle foit
de tendance, que les corpufcules de la lumière ou
de l’éther ont en parvenant à nos y e u x , eft préci-
fément celle qu’il leur faut pour parcourir en huit
minutes & demie la diftance du foleil à nos yeux :
n’eft-il donc pas bien vraisemblable qu’en effet les
corpufcules lumineux viennent du foleil à nous par
un mouvement de tranfport? Voy. les mem. del acad.
Pour apprétier le degré de force de ce raifonne-
ment, j’ai confidéré une fuite de petites boules éla-
ftiques égales, rangées en ligne droite, & j ’ai comparé
le tems qu’une de ces boules mettroit à parcourir
un efpace donné, avec le tems qu’il faudroit pour
que le mouvement de la première boule fe communiquât
à la derniere. Prenons d’abord deux boules
égales & à reffort, dont le diamètre foit d, & dont
l ’une foit en repos & foit choquée par l’autre avec
la vîteffe V. Soit a l’efpace qui eft entre l’extrémite
antérieure de la boule choquante & l’extrémité postérieure
de la boule choquée ; V étant la vîteffe de
la boule choquante , il eft vifible, i°. que l’extrémité
antérieure de cette boule parcourra l’efpace a
dans le tems y , ôc qu’ajors elle atteindra l’autre
boule ; 20. dans ce moment, comme on le prouvera
à Y article Percussion , l’extrémité antérieure de la
boule choquante & l’extrémité poftérieure de la
boule choquée, qui forment le point de conta# fur
lequel fe fait la compreflion, auront la vîteffe commune^
; c’eft-à-dire que l’une qui avoit la vîteffe V ,
perdra la vîteffe \ , ôc que l’autre qui étoit en repos
recevra la vîteffe j ; ôc fi on nomme * l’efpace
que lé point de conta# parcourt pendant que le reffort
fe bande & débande, le point de conta# parcourra
cet efpace x avec la vîteffe ^ pendant le tems
Alors la première boule refte en repos, Ôc l’extrémité
antérieure de la boule choquée parcourt un
efpace quelconque c avec la^îteffe V dans le tems
p. L’efpace qui fe trouve alonrentre le lieu qu’occù-
poit avant le choc l’extrémité antérieure de la boulp
choquante, ôc le lieu qu’occupe a#uellement l’extré-
niite antérieure de la choquée, eft évidemment égal
à a -J- x c + d ; or l’extrémité antérieure de la boule
choquante, fi elle n’eût point rencontré d’obftacle,
auroit parcouru cet efpace dans un tems égal à
a - Xy - - -. Donc en fuppofant feulement deux boules,
la différence du tems par émiffion ou tranfport,
& du tems par preffion, eft = ; s’il y a trois boules
, cette différence fera 2 p- , ôc ainfi de fuite ; &
file nombre n des boules eft très-confidérable,elle fera
fenfiblement = — ^ . Donc le premier tems fera
égal, plus grand, ou plus court que le fécond, félon
que d fera égal, plus grand ou plus petit que x.,
c’eft-à-dire félon que le diamètre d’une des boules
fera égal, plus grand ou plus petit que l’efpace parcouru
par le point de conta# durant le bandement
& le débandement du reffort. Il n’y a donc qu’un cas
pour l’égalité des deux tems, & une infinité pour
leur inégalité : c’eft pourquoi la preuve alléguée ci-
deffus a d£ la force ; mais elle n’eft pas rigoureufo-
ment démonftrative.
Quoique la lumière, fi elle fe propage par preffion,
ne fe propage peut-être pas exa#ement de la
même maniéré que le mouvement ou la tendance au
mouvement dans une fuite de boules elaftiques, j ai
crû que la théorie précédente pouvoit fervir au
moins à nous éclairer jufqu’à un certain point fur la
queftipn propofée. v
Il eft bon de remarquer au refte, pour prévenir
toute difficulté fur ce fujet, que l’accord de la théor
rie de l’aberration avec le fy ftème de Y émiffion de la
lumière, ne fuppofe pas qu’on connoiffe la vraie distance
;de la terre au foleil ; il fuppofe feulemen;
qu’un arc de.20'' dans l’orbite terreftre foit parcouru
par la terre en 8'^, ce qui eft vrai. Voye{ Aberration
, & les,inftitut. aftron.page c)5 & 301. (O).
Emission , (Phyfiolé) eft un terme employé pour
exprimer le fentiment de Pythagore & de fes fe#a-
teurs fur la vifion ; ils imaginoient qu’il fort des objets
certaines efpeces vifibles, qui font fort grandes lorsqu’elles
font encore proches de ces objets, mais qui
deviennent plus petites lorfqu’elles s’en éloignent davantage,
jufqu’à ce" qu’elles foient enfin réduites à une
telle petiteffe , qu’elles puiffent entrer dans l’oeil ôc
fe faire alors appercevoir à l’ame. L’a#ion par laquelle
ces efpeces fortent des objets, eft çé que ces
philofophes appellent émiffion. C’eft dans le même
fens que les Platoniciens fe fervent aufli de ce terme
pour exprimer l’a#ion par laquelle ils ^rétendoient
qu’il fort de l’objet ôc dé l’oeil certains écoulemens ,
qui fe rencontrent & s’embraffent les uns les autres
à mi-chemin, d’oii ils retournent enfuite dans l’oe il,
&c portent par-là dans notre ame l’idée des objets. s
Si ces fentimens étoient fondés , ne devrions-nous
pas appercevoir dans l’obfcurité les objets, de la
même maniéré que nous les voyons loriqu’ils font
expofés à la lumière ? Mais on voudroit bien favoir
; quelle eft la nature de ces efpeces, ou de ces écou»
lemens prétendus ; comment ils fortent de l’objet, ou
de l’oe il, ou de tous les deux enfemble ; quelle eft la,
caufe de Yémijfion qui s’en fait, & par qui ils font produits?
Muffch. ejfai de phyfique. Voye{ ESPECES, (d) Emission de voeux, (Junfpr.) eft la profeffioa