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ont à cet'effet la précaution d’employer une efpece
de botte affez dcfagréable à la vu e , incommode pour
les chevaux dans les commencemens, mais qui néanmoins
eft d’une réelle utilité, (e)
ENTRETENU, adj. ternie de Blafon , .il Te dit de
plufieurs clés & autres-chofes. liées enfemblepar leurs
anneaux. ,j
-Clugny, en Bourgogne, d’azur à deux clés d’or,
adoffées en-pals, & entretenues, par le bas.
ENTRETOISE, f. £.(Ckàrpent.) il fed iten général
d’une piece de bois placée entre deux autres.,
& eft.aflemblée avec elles à. tenon 8c mortoife.
Uentretoifc forme chaffis, & produit de même effet
dans les ouvrages de charpente, que ce qu’orj appelle
traverfe dans les ouvrages de menuiferie., Koye^ l’arEticle Traverse. ntretoise, terme de Charron.; c’eft un morceau
de bois-qui furmonte les deux moutons de derrière.,
t&ie nqtu ei ny é etaft enchâffé par des mortoifes, 8c qui les t. Foye^ Usfigures, de la Planche du Sellier.
ENTREVAL, f. m. (' Jurifprud.) quafi inurvalïum,
terme ancien qui fe trouve dans quelques coutumes
pour exprimer l’efpace qui eft; entre deux maifons.
Foye{ la coutume de S. S.eyer} tit. de bâtir maifons, article
2. (A )
ENTURE, f. f. Voyei les articles Enter & Bas
AU MÉTIER. Entures, (Carrier.') c’eft ainfi qu’on appelle les
différentes pièces de bois dont l’échelle des Carriers
eft compofée. Le nombre des entures eft d’autant plus
grand, que la carrière eft plus profonde ; la première
des entures eft la plus grande, elle a dix piés ; les autres
font moins hautes..
ENVELOPPE, f. f. ( Gram. ) fe dit en général de
tout ce qui fert de couverture artificielle à quelque
chofe ; ainfi le papier ou la toile qui fert à empaqueter
& à couvrir des marchandifes, en eft une enveloppe.
On appelle même papier d'enveloppe & toile
fi'enveloppe , certaines fortes de papier 8c de toile qui
fervent à cet ufage. Enveloppe : les arbres, les graines ont plufieurs
enveloppes qui changent de dénomination.. Enveloppe , parmi les Bourfiers, eft le morceau
de cuir qui couvre le bois d’une cartouche.
ENVELOPPÉE, f. f. ou SlLLON, terme de Fortification
, par lequel on exprime une efpece d’ouvrage
conftruit dans le foffé, pour en diminuer la largeur.
Voye^ Sillon. (Q)
ENVELOPPEMENT, ( Comm.) aftion d’envelopper.
Ce terme n’eft guerè en ufage.
* ENVELOPPER, v. aft. c ’eft couvrir une chofe
d’une autre qui s’applique exactement fur la première
, en conféquence de fa flexibilité. Il fe dit au Ample
8c au figuré. Envelopper , (Gramm.) c’eft couvrir d’une enveloppe
de papier, de toile ou de carton, pour con-
ferver ou mettre en paquet.
ENVERCER, v. aft. che^lesB oijfeliers; c’eft garnir
les foufflets de plufieurs verges ou baguettes de bois,
qui font courbées félon la forme des foufflets, & fur
lefquelles s’applique le cuir qui les couvre.
E n V E R G ER , dans les Manufactures de foie; c’eft faire
croifer les fils de foie fur fes doigts, de maniéré que
l’un ne puifle pas pafler devant l’autre, pour les dif-
pofer enfuite fur des chevilles.
On enverge aufli les femples., le rame, le corps, &c.
8c le terme enverger n’a pas une acception autre, que
quand il s’agit des fils de foie, Enverger une Corde, terme de Riviere; c’eft
la porter au-defîus d’un pont, pour le paflage d’un
bateau. Il y a un officier envergeur de corde au pont-
royal.
ENVERGEURE d'un oifeau, (Hijl. nat. ) c’eft la
longueur qu’occupent fes ailes déployées.
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ENVERGEURE, terme de la Fabrique des ; étoffes de
foie. Les envergeures font de petits .bouts .de ficelle;
très-fine ôc très-douce,- qui fervent à enverger les*
chaînes ayant de les lever de deflus l’ourffiflpir. •
Le même mot fe dit aufli des ficelles,de foie ou,
de fil qu’on pafle dans les deux féparatjons des. fils.
de foie, &c. quand on les a ënvergés. (x^
ENVERGUER UNE VOILE o# ENVERGUER
LES VOILES , (Marine.) c’jeft attacher &.placerles,
voiles. Envergue tout.proche de la vergue ; fans laijfer
•de jour entre deux, X Z ) : ;i. v . .
ENVERGURE , fvm. (Marine.) c’eft la pofition-,
ou l’aflortiment des Vergues avec les, mats. & les
voiles. Ce mot fe dit aufli de la largeur des voiles ;
ce qui s’entend par navire qui a beauçpup fit envergure,
8c navire qui a peu d'envergure. (Z )
* ENVERS, f. m. (Gramm.) ,On donne généralement
ce nom à la face la moins belle ou Ta moins
commode dans tout ouvrage oii l’pn diftingue deux
faces, dont l’une eft ou plus belle ou plus commode
•que l’autre ; ainfi le drap a fon envers, dont le côté
■ oppofé s’appelle ¥ endroit. S’il arrive que l’ouvrage,,
foit aufli beau ou aufli .commode à ¥ envers qu’à l’endroit
, alors on dit qu’il a deux envers. On diroit.
plus exactement qu’il eft fans envers, ou qu’il a deux
■ endroits.
ENVERSAIN, f. m. (Manufact. en drap.) étoffes-
qu’on nomme autrement cordillats de Crejl. Foyeç.
CORDILLATS.
E N V IE , f . f. (Morale.) inquiétude de l’ame,,
caufée par la confidération d’un bien que nous délirons
, & dont joiiit une autre perfonne.
Il réfulte de cette définition de M. Locke., que
¥ envie peut avoir plufieurs degrés ; qu’elle peut être,
plus ou moins malheureufe, & plus ou moins, blâ-r.
mable.( En général elle a quelque chofe de bas, car.
d’ordinaire cette fombre rivale du mérite, ne cherche,
qu’à le rabaifler, au lieu de t.âçher de s’élever juf-
qu’à lui : froide & feche fur les vertus d’autrui
elle les nie, pu leur refùfe les loiianges qui leur font
dues. ,
Si elle fe joint à la haine, toutes deux fe fortifient,
l’une l’autre, & n e font reconnoiflables entr’elles,
qu’en ce que la derniere s’attache à la perfonne, &
la première à l’éta t, à la condition , à la fortune ,
aux lumières ou au génie. Toutes deux multiplient
les objets, 8c les rendent plus grands qu’ils ne font ;
mais ¥ envie eft en outre un vice pufillanime , plus
digne de mépris que de reflentiment.
Sans raffembler ici ce que lés auteurs ont dit d’excellent
fur cette paflion, il fuffiroit pour fe preferver
de fa viôlence, de confidérer l’envieux dans fes chagrins
, fes reflources, & fes délices.
Les objets qui donnent le plus de fatisfaâion aux
âmes bien nées, lui caufent les plus vifs déplaifirs,
8c les bonnes qualités de ceux de fon efpece lui deviennent
ameres : la jeunefle, la beauté, la valeur, '
les talens, le favoir, &c. excitent fa douleur. Trifte
état, d’être blefle de ce que l’on ne peùt^’empêcher
de goûter & d’eftimer intérieurement !
Les reflources de ¥ envie fe bornent à ces petites,
taches & à ces légers défauts qui fe découvrent dans
les perfonnes les plus illuftres.
Sa joie 8c fes délices font à-peu-près femblables à
celles d’un géant de roman, qui met fa gloire à tuer,
des hommes, pour orner de leurs membres les murailles
de fon palais.
On ne fauroit trop préfenter les malheureux effets
de l'envie, lorfqu’elle porte les gens en, place à-
regarder comme leurs rivaux 8c comme leurs ennemis
, ceux dont les confeils penirroient les aider à
remplir leur ambition. Agéfilas, en mettant Lyfan-
dre à la tête de fes amis, fournit un .exemple fcnfiblc
de fa fagefle.
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Venvie eft particulièrement la ruine des républiques.
Tandis que les Achéens ne portèrent point
d'envie à celui qui étoit le premier en mérite, 8c
qu’ils lui obéirent, non-feulement ils fe maintinrent
libres au milieu de tant de grandes villes, de tant de
grandes puiflances , & de tant de tyrans , mais de
plus par cette fage conduite ils affranchirent 8c fau-
verent la plûpart des villes greques.
Quoi qu’il en foit des effets de ¥envie contre les
gens vertueux dans toutes fortes de gouvernemens ,
Pindare dit avec rail’on que pour l’appaifer il ne faut
pas abandonner la vertu; ce feroit acheter trop cher
la paix avec cette paflion lâche 8c maligne, d’autant
plus qu’elle illuftre fon objet, lorfqu’elle travaille à
l’obfcurcir : car à mefure qu’elle s’acharne fur le mérite
fupérieur qui la blefle , elle rehauffe l’éclat de
l ’hommage involontaire qu’elle lui rend , 8c mani-
fefte davantage la baffeffe de l’ame qu’elle domine.
C ’eft ce qui'faifoit dire à Thémiftocle qu’il n’envioit
point le fort de qui ne fait point d’envieux ; & à Cicéron
, qu’il avoit toujours été dans ce fentiment,
que ¥envie acquife par la vertu, étoit de la gloire.
Article de M. le Chevalier DE J AU COU RT. Envie , (Medec.) tp&ôyoç. Cette affeétion de l’ame,
qui confifte dans une maligne triftefle que l’on ref-
fent en confidérant les avantages d’autrui, foit par
rapport aux qualités de l’efprit, foit par rapport à la
fortune, cette baffe 8c vile paflion, qui rend l’humeur
chagrine , 8c n’occupe que de chofes qui paroiffent
très-defagréables 8c très-fâcheufes , relativement à
fon ob je t, peut être tellement exceflive, qu’elle
conftitue une forte de délire mélancolique, 8c qu’elle
peut produire les mêmes effets que cette maladie,
& fur-tout la maigreur, l’atrophie ; parce que les
envieux font rêveurs , éprouvent des ennuis mortels
, des agitations continuelles, des infomnies ;
perdent l’appétit, 8c tombent dans un état de langueur
qui eft le plus fouvent accompagné de fievre
lente, &c. C’eft ce que donne à entendre fort judi-
cieufement la defeription que font les poètes de l’«x-
vie. Entr’autres traits qui la caraélérifent ,• félon eux,
c ’eft un ferpent qui lui ronge le fein. Ils donnent à
entendre par-là que fi elle fait du mal, elle n’en ref-
fent pas moins , 8c qu’elle porte renfermé en elle-
même le fupplice de fa méchanceté.
Lorfque l'envie eft pouflee à ce degré qui la rend
fi nuifible à l’économie animale, qu’elle peut être
regardée comme une vraie maladie, il faut la traiter
comme l’affeétion hypocondriaque. Les bains dç>-
meftiques, les eaux minérales, le laitage, les ano-
dyns, peuvent produire de bons effets ; mais à ces
remedes phyfiques il convient de joindre les reme-
des moraux, que la philofophie & la religion fbur-
niffent, pour tâcher de guérir l’e/priten même tems
que l’on travaille à changer la difpofition du corps :
fans ceux-ci, ceux-là font ordinairement inefficaces.
Foyei Mélancolie, Manie, 8c autres affections
fpirituelles. Envie , en fous-entendant déréglée, eft aufli le
nom que l’on donne communément à la dépravation
du fentiment, qui porte naturellement l’homme à
manger, à ufer des chofes qui doivent fervir à fa
nourriture. Cette dépravation confifte dans un defir
immodéré de prendre des alimens folides ou fluides
d’une efpece particulière, de bonne ou de mauvaife
qualité, qui ne font pas d’ufage ou de faifon, préférablement
à tous autres ; ou d’employer comme alimens
, des matières abfurdes, nuifibles par elles-mêmes
, par la difpofition des perfonnes qui en ufent.
Cet appétit dépravé a reçu indiftin&ement de quelques
auteurs, tels que Riviere, le nom de pica , 8c
celui de malacia.
Les affeftions défignées par ces différens termes ,
ne different, félon eux, que par l’intenfité 8c la du-
ENV- 735
rée. D ’autres font d’avis avècSennert , qu’il convient
de diftinguer deux efpeces de dépravations de
l’appétit ; d’appeller pica celle qui excite ceux qui
en font atfeâés, tant hommes que femmes, à manger
des chofes d’une nature abfolument différente ,
8c contraire même à celle des alimens, comme de la
craie, des charbpns, des excrémens, &c. & de donner
le nom de nfalacia à celle qui affeûe plus particulièrement
les femmes grofles, 8c ne leur fait fou-
haiter de manger que des chofes ordinaires 8c de
bonne qualité ; mais avec une ardeur & une impatience
à fe les procurer, qui tiennent de la paflion,
& qui font quelquefois fi demefurées, que celles qui
éprouvent ces fentimens, tombent dans la langueur
8c dans l’abattement de corps 8c d’efprit, qui dégénéré
en une vraie mélancolie ; ou qu’elles font agitées
par ce violent defir, au point de faire une fauffe
couche fi elles ne font pas fatisfaites.
La dépravation d’appétit de la première efpece
eft commune parmi les filles & les femmes ; les en-
fans des deux fexes y font fort fujets : les hommes en
font très-rarement affeftés. Il ne confte prefque par
aucun exemple que les vieillards ayent éprouvé cette
forte d’indifpofition. On ne voit guere que les femmes
grofles qui ayent des envies paflionnées pour
certains alimens plutôt que pour d’autres, ce qui leur
arrive ordinairement pendant les premiers mois de la
groffefle ; mais elles ne font pas, moins fujetes au vice
a’appétit de la première efpece, pour lequel elles
ont une difpofition qui leur eft commune avec toutes
les perfonnes de leur fexe.
Le fentiment naturel qui nous porte à prendre la
nourriture convenable pour corriger le vice que contrarient
nos humeurs , lorfqu’elles ne font pas re-
nouvellées, 8c pour réparer les pertes qui fe font par
l’aftion de la vie , tant des parties folides que des
parties fluides de notre corps ; ce fentiment qui fert
le plus à exciter nos fens pour la confervation de
notre individu , nous fait avoir naturellement en
horreur tout ce qui eft connu de nature à pouvoir
nuire à l’économie animale, étant pris en forme d’a-
limens ; 8c il nous fait aufli répugner à manger des
chofes qui ne font pas d’ufage, dans la crainte qu’elles
ne foient pas falutaires : ainfi le fentiment contraire
, qui porte à faire ufage des chofes abfurdes ,
de mauvaife qualité, ou de celles que l’on n’employe
pas ordinairement pour fe nourrir, ne peut pas être
produit par une difpofition naturelle des organes,
dont la fonélion eft d’exciter à manger. On ne peut
pas même attribuer la caufe prochaine de la dépravation
de l’appétit, au vice des humeurs falivaires,
ftomacales, 8c autres de telle ou de telle nature,
parce qu’il eft certain que ce vice fuppofé, de quelque
nature qu’il puifle etre, ne peut fuflire pour déterminer
par lui-même cette dépravation, telle que
l’obfervation l’a fait connoître, fans qu’il s’y joigne
une autre condition effentielle pour l’établir.
Lorfqu’il s’eft pafle un certain tems depuis que
l’on a pris de la nourriture, on fe fent porté à en
prendre de nouveau. L’homme le plus appliqué à
l’étude , occupé des plus profondes méditations ,
peut à la vérité s’abftenir de manger pendant un tems
confidérable ; mais il éprouve enfin , même contre
fon gré , & quelque réfolution qu’ il ait formée dé
prolonger encore l’abftinence, l’aiguillon de la faim
qui le preffe , l’inquiete, l’importune par quelque
caufe que ce fo it , jufqu’à ce qu’il ait pris des alimens.
Le corps, la machine ont des droits dont il
n’eft pas au pouvoir de la volonté de les fruftrer.
Foyei Faim.
Cependant, quel que. puifle être le vice des organes
ou des fucs digeftifs, foit dans la bouche, foit
dans l’eftomac , qui concourent à exciter ce fentiment
falutaire, il pourra bien former une caufe déu