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pioche le forum romain, où fe tenoient ordinairement
les Comices par curies. Il n étoit , félon
toute apparence, fermé que d’un mur percé de
deux portes , par une defquelles une curie fortoit,
tandis que la curie fuivante entroit par l’autre ,
félon l'ordre gardé dans les ovilia ou fepta, au
champ de Mars. 11 ne fut couvert qu’en 545. On
v fit auffi des portiques , & on y éleva des ftatuesj
c’étoit-là qu’étoit le puteal libonis 3 l’autel où les
magiftrats prêtoient ferment > le figuier fauvage
fous lequel la louve avoir allaité Rémus 8c Ro-
mulus j la grande pierre noire que Romulus choifît
de fon vivant pour fa tombe, &c. On y jugeoit
certaines caufes. On y punifloit les malfaiteurs ;
oa y fouettoit à mort ceux qui avoient corrompu
des veftales. On croit en voir aujourd’hui les reftes
entre les églifes de Stê Marie la Libératrice & de
S. Théodore.
COMICES. C’eft ainfi qu’on appeloit les affem-
blées du peuple Romain , qui avoient pour objets
les affaires de l’État, comitia, Elles étoient convoquées
& dirigées, ou par un des deux^Confuls ,
ou dans la vacance des Confuls par l’Interrex ,
par un Préteur, un Dictateur, un Tribun du peup
le , un fouverain Pontife (ce qui n’étoit pas ordinaire
) un Décemvir ou un Edile.
Les Comices fe tenoient pour l’élection d’un
magiftrat, pour quelque innovation dans les loix ,
pour une réfolution de guerre , l’éledion d’un
gouverneur, la dépofition d’un général, ou pour
le jugement d’un citoyen. On s’affembloit dans
le champ de Mars ou dans le forum, à l’endroit
appelé comitium, ou dans le capitole. Les citoyens
habitans de Rome, ou des autres parties de l’empire
Romain , y étoient indiftin&ement admis.
On n affembloit point de Comices les jours de
fêtes, les jours de foires, ni les jours malheureux.
De forte qu’il n’y avoit dans l’année que
184 jours de Comices, marqués par un C dans le
calendrier de Jules-Céfar , & appelés comitiaux.
Ils étoient remis quand il tonnoit ou quand il £ai-
foit mauvais temps , jove tonante , fulgurante ,
comitia populi habere nefas ; lorfque les augures
ne pouyoient commencer ou continuer leurs ob-
fervations. La liberté dés affemblées Romaines
fut très-gênée fous Jules-Céfar, moins fous Au-
gufte, plus ou moins dans la fuite, félon le caractère
des Empereurs.
La diftin&ion des Comices fuivit la diftfiburion
du peuple Romain. Le peuple Romain étoit divifé
en centuries, en curies & en tribus : il y eut dose,
fur-tout dans les commencemens, les Comices appelées
comitia tributa , les curiata 8c les centuriata.
Ils prirent aufli des noms différens, fuivant les
magiftratures auxquelles ils dévoient pourvoir 5 &
il y eut les Comices confularia , pr&toria , sdilitta ,
cer.foria , pontifeia , proconfularia , propratoria 8c
tribunitia, fans compter d’autres Comices, dont
l’objet étant particulier , le nom f étoit ajiffi, tels
eue les calata.
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Comices dits adilitia, affemblées où l’on éîifoit
les Édiles Curules & Plébéiens 5 elles étoient quelquefois
convoquées.par les Tribuns du peuple,
quelquefois par les Édiles 5 le peuple y étoit dif-
tribué par tribus.
Comices dits calata ; le peuple y étoit diftribué
par curies ou par centuries. C'étoit un Lideur qui
appeloit les curies ; c’ étoit un CoriÜceA qui appeloit
les centuries ; elles étoient demandées par le
collège des Prêtres, & convoquées par les Coit-
fuls } on élifoit dans les centuries un rex facrifr
culus, & dans les curies un famine ; on n’appe-
loit que dix-fept tribus : ce n’ étoient donc pas
proprement des affemblées qu’on pût nommer co-
mitia, mais confilia ; on y faifoit les a êtes appelés
adrogations ou adoptions de ceux qui étoient leurs
maîtres , fut juris ; on y paffoit les tettamens appelés
de ce nom, teftamenta calata , on y traitoit
de la cérémonie appelée tefiatio facrorum , ou de
l’accompliffement des legs deftinés aux ckofes
facrées , félon quelques-uns, ou de la confécra-
tion des édifices félon d’autres.
Comices dits cenforia, aflemblées où 1 on elîfoit
les Cenfeurs : le peuple y étoit diftribué par centuries
, un des Confuls y prélidoit j le Cenfeur
élu entroit en charge immédiatement après l’ élection
, à moins qu’il n’y eût quelque caufe de
nullité.
Comices dits centuriata, affemblees où le peuple
étoit diftribué en 193 centuries : on y déçidoit
les affaires à la pluralité des voix des centuries 5
on en fait remonter l’ inftitution jufques fous le
Roi Servius Tullius ; on y élifoit, au temps de la
république , les Confuls , les Préteurs, les Cenfeurs,
quelquefois les Pro confuls, le rex facrorum;
on y délibéroit des loix , des traités de paix, des
déclarations de guerres , du jugement d'un citoyen
in crimine perduellienis. Les Confuls y pré-
fidoient, en leur abfence c étoient les Dictateurs ,
les Tribuns militaires qui avoient puiffance con-
fulaire , les Décemvirs appelés legibus feribendis ,
Yinterrex ; on les annonçoit au peuple par des
crieurs ou par des affiches ou publications faites
dans trois marchés confécutifs y on ne les tenoit
point dans la ville , parce qu’une partie du peuple
s’y trouvoit en armes : c’étoit au champ de Mars.
Quand les Quefteurs ou Tribuns du peuple pré-
fidoient, il ne s:agiffoit' que du jugement d’un
citoyen ; cependant il falloit que lé Comice, fut
autorifé par le confentement d’un Conful. L o r f
que l’objet de l’affemblée étoit ou la publication
d’une lo i , ou le jugement d’un citoyen , elle
n’avoit point de jour fixe ; s’il s’agiffoit de l ’élection
d’un magiftrat, elle fe faifoit néceffairement
avant que le temps de la fonction de cette magistrature
fût expiré. Il n’y eut cependant de jour
fixe qu’ en 6005 ce fut le premier Janvier.
Tl falloit toujours l’agrément du Sénat ; 8c il
dependoit de lui d’infirmer ou de confirmer la der
libération du Comice, Ces a6t.es du defpotifme pa*
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tricien déplaifoient au peuple 5 8c Quintus Pu?’-
blius Philo parvint à les réprimer, en faifant pro-
pofer au peuple les fujets de deliberation 8c des
opinions du Sénat, par le Sénat même 5 ce qu’on
appeloit dutores fie ri. Le peuple devint ainfi juge
des délibérations du Sénat, au-lieu que le Sénat
avoir été jufqu’alors juge des tiennes. Quand le
Sénat vouloit des Comices , on les publioit comme
b o u s avons dit > le jour venu , on confultoit les
Augures, on facrifiôitj 8c s’ il ne furvenoit aucun
obftacle , le Préfident conduifoit le peuple au
champ de‘ Mars. L à , i l propofoit le fujet de la
délibération , l’avis du Sénat, 8c difoit au peuple
: Rogo vos , quirïtes , velïtis , jubeatis, &c.
Aulfitdt chaqûe citoyen fe rangeoit dans fa claffe
& dans fà centurie > on commençoit à prendre les
voix par la première claffe, & dans cette claffe
par les dix-huit centuries de chevaliers 5 on paffoit
enfuite aux quatre-vingt autres centuries.
Quand le confentement étoit unanime , l’affaire
étoit prefque terminée. Si les fentimens étoient
partagés, on prenoit des voix delà fécondé claffe > •
en cas de parcage des voix , on prenoit celles de
l&trotfième; & ainfi de fuite jufqu’à la quatre-
vingt-dix-feptième. En cas d’égalité de voix dans
les cinq premières claffes, oü dans les 192* centuries
qui les compofoient, la fixième claffe dé-
cidoit. On alloit rarement jufqu’ à la quatrième oii
cinquième claffe. Sous la république on mettoit
tous les noms des centuries dans un vafe, 8c Ton
en. droit au fort le rang de voter. La première
centurie tirée s’appeloit centuria pr&rogativa. Les
autres centuries adhéroient ordinairement à fon
avis, 8c cette centurie à d’avis de celui qui votoit
le premier. Les Candidats ne négligeoient donc
pas de s’affurer de cette première voix. Les centuries
qui donnoient leurs voix après la première,
félon que le fort en avoit ordonné, s’appeloient
jura vocata. Il importoit encore beaucoup de
s’affurer de la voix du premier de chaque jure
vocata
Ces Comices par curies repréfentèrent dans la
fuite les Comités par tribus ; au-lieu qu’ ancien-
nemen.t oti n’entroit point en charge fans avoir
été' élu par les Comices , appelés tributaria é? cen-
tùriata. Alors le peuple votoit à haute voix j
comme cela n’étoit pas fans inconvénient, il fut
arrêté en 6 1 1 , fur les repréfentations du Tribun
Gabinius , que les voix fe prendroient autrement.
On employa, des tablettes. S’ il s’agiffoit de loix,
on mettoit fur la tablette les lettres V . R. uti
rogas, ou la lettre A. antiquo , j’abroge. Pour
Péleérion-d’un Magiftrat, on mettoit fur la tablette
là première lettre de fon nom. Ces tablettes
étant diftribuées au peuple par les Diribiteurs,
la centurie dite prarogativa appelée par un
crieur approchoit & entroit dans une enceinte >
on en recevoit les tablettes fur le pont à mefure-
qu-’elle- paffoit,. on les jetoi’t dans dés urnes,
gardée parle&cù^WeÆ^pour empêches-la fraude^
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Quand les tablettes étoient toutes reçues, les
euftodes ou gardiens les tiroienedes urnes, & fé-
paroient celles qui étoient pour 8c contre, ce
qui s’appeloit dirimere fujfragia ; ils marquaient
les fuffrages différens par le moyen des points^:
ainfi des autres centuries. Lorfqu’il y avoïc
égalité de voix , 8c que par conféquent la différence
étoit nulle , on n’annonçoit point cette
centurie, & on la paffoit fans mot dire, excepté
dans les affaires capitales,, ou quand il s’agiffoit
dîemploi 5 alors on faifoit tirer au fort les Candidats.
Pour le confulat, il falloit avoir non-feulement
l’avantage des fuffrages fur fés compétiteurs
, mais réunir plus de la moitié des fuffrages
de chaque centurie. Alors que l’eleélion etoit valable,
celui qui tenoît les Comices , difoit : Quo,d
mihi , mqgifiratuique meo , populo , plebique Ro-
mana berie atque feleciter eveniat, L. Muranam
. confulem renuntio. Cela fa it, les Comices fe fepa-
roient on accompagnoit l’élu jufques chezdui ,
avec des acclamations , 8c l’on rendoit les memes
honneurs à celui qui fortort de charge.
Comices c.onfulaires ; le- peuple y étoit diftribué
par centuries 5 on y élifoit les Confuls. Les premiers
fe tinrent en 245 par Sp. Lueretius,. in~
\ terrex pour lors , & on y nomma Confuls M.
Jun. Brutus & Tarquinius Col latin us. On; créa
fouvent un inter rex pour préfider a ces Comices 3.
quand l’ élection des Confuls ne fe pouvoir faire-
au temps marqué. Vinterrex fous lequel l’éleérian.
des Confuls fe commençoit, n’en voyoit pas ordinairement
la conclufion, fon règne n étant que
de cinq jours ; on en créoit donc un fécond. Ce
fut dans la fuite à un Conful à tenir les Comicest
consulaires. Au défaut d’Exconful, on créoit uni
Di&ateur. Ils fe tenoient à la fin du mois de Juillec
’ ou au commencement d’Août. Lorfque les féances
■ étoient interrompues, l’éleélion duroit jufqu’ aïs
mois cfüdobre. Cependant les Candidats ou pré-
tendans au Confulat s’appeloient Confuls déftgnés „
Conful es defignati ; la fon&ion des Didateurs;
ne finiffoit qu’au premier Janvier ; & avant qu’oru
! eût fixé le premier Janvier, qu’aux premiers jours
de Mars. Alors- les Confuls défignés entroient cru
I exercice. Voye% les Comices Centuriata..
Comices dits curiata ; affemblées où le peuple
étoit diftribué dans fes trente curies, 8c où Fora
terminoit les affaires félon le- plus grand nombre
de voix des curies. On en fait remonter l'origine
jufques fous Romulus. On dit même q u ’a la more
d’un Roi , on en élifoit un autre par curies r c’ érofe
alors un interrex qui tenoit les Comices ; dans lai
fuite ce furent les Confuls, les Préteurs, l’es-Dictateurs,
les Interrex, les-. fouverains. Pontifes Æ
auxquels cependant les hiftoriens u attribuent pas*
ce droit unanimement. On délibéra1 dans ces to -
miccs des loix & des affaires-capitales des citoyens 5
on y procéda, à l’éleétion des premiers Magiftrats,,
jufqu à-, ee que' Setvius Tullius inftituât \cy Cbmi--
ta* dits» centuriata „ & y." trans&tâî.. fesi aùsiiïss Ihs