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tiens fe fervoient de cochons pour labourer &
pour herfer les terres> car leur erreur, n’eft point
iï étonnante qu’elle paroït l ’être, dès que l ’onfup-
pofe que ces animaux voraces étoient introduits
dans Jes campagnes immédiatement après l’inondation,
pour y confommer les racines des plantes
aquatiques, le frai de grenouilles, & tout ce que
les Ibis ne pouvoient emporter en auffi peu de
temps qu’il s’en écouloit entre la retraite du Nil
imitant du premier labour, donné avec la
charrue, inftrument dont, on n’a jamais pu fe
palfer. »
cc J'ignore fi cette pratique a produit des effets
auflî avantageux pour là culture, qu’ori fe rétoit
perfuadé dans ces fiècles reculés dont il eft ici
queftion j car dans la fuite on l’abando'nna entièrement.
EtT alors cette tribu fi- déteftée, parce qu’elle
gardoit des animaux jugés utiles , & réputés immondes,
difparut au point qu’il n’en eft jamais
plus fait mention > mais on peut foupçonner , que
profitant des troubles furvenus par la révolté générale
contre les Perfans , elle s’aflfocia à d’autres
pâtres , & forma, cette célèbre république de vo-
lèurs Egyptiens , qui fe retranchèrent dans un
marais du Delta, à peu de diftance de la bouche
Héracléotique du N il, comme nous le voyons dans
He iodore (Æthiopiques, liv. i. p. 9 .) Quelques
palfages des Idylles de Théocrite ont fait croire
mal-à-propos que Ptolémée Thiladelphe parvint
à diffiper & à détruire enfin totalement la confédération
de ces brigands. (Idyl. xv & x r n . ) Mais
la vérité eft qu’elle fe fout'mt pendant plus de
quatre cent ans après la mort de Philadelphe 5 &
on voit dans la vie de l’Empereur Marc- Aurèle,
que ce fut fous fon règne que les Romains affaiblirent
cet état en y femant la difcorde , contre
laquelle aucune république n’a jamais réfifté , &
bien moins une république de voleurs. »
Athénée (liv . ix.-p. 375. ) rapporte, d’après'
Agathocle le Babylonien, que le cochon étoit
un animal facré chez les Cretois, parce qu’ils
croyoient que Jupiter avoit été allaité par une
truie. Ils avoient .pour cet animal une extrême
vénération. Les Praïfiens,. feuls entre les peuples
de Crète, immoloient des cochons j mais ce facri-
fice avoir été ordonné par les loix qui leur pref-
crivoient cette viétime.
On peut attribuer avec affez de vraifemblance
la répugnance qn’avoient. les Crétois pour les
facrifices des cochons, aux liaifons de commerce
& de religion qui fe formèrent de bonne heure
entre-eux & les Egyptiens. Quant aux autres
Grecs , fi l’on en croit Varrôn ( de lie Rufticay
Lib. il. £. 4* ) , le cochon fut la première des victimes
qu’ ils offrirent aux Dieux. Ovide (Méta. lib..
jc rO a chanté cette tradition :
. • • .. • . . . . . . E t prima putatur
Hoftia fus meruijfe neccm 3 quia femina pando
Mruerat roftro , fpemque interccpcrat anjii,.
C G C
On voit fur un autel d’HercuIe au capitoîe,
& fur quelques médailles d’Éleufis , dans l’Atti-
q u e , un cochon avec la malîue d’Hereule placée
au-deflus de cet animal. On immoloit un cochon
dans les petits myftères d’Eleufis > c’eft pourquoi
On regarde ce type comme une allufion à l’initiation
d’HercuIe aux petits myftères. Ils furent établis
par Eumolpus, pour dédommager Hercule,
q u i, n’étant pas citoyen de l’Attique, ne pou-
1 voit être admis aux grands myftères d’Eleufis.
On immoloit auffi le cochon à Y Hercules R u f
tiçus / qui étoit la même divinité que Sylvain.
• Les Argiens ( Atk. lib. n i . ) immoloient auffi
, des cochons à Vénus dans les hyftéries, fêtes qui
avoient un nom dérivé de celui des viétimes : h 3
défigne en grec .un cocfion.
De tous les facrifices où l’on immoloit des co-
chons, ceux de Cérès étoient les plus célèbres j
& c’eft à cette Déeffe qu’ils furent immolés pour
la première fois, félon Ovide ( Fafi. 7„ 349. ) : •
Rrima Ceres avide gavifa eft Janguine porca ,
U Ica fuas mérita cade nocentis opes.
Nam [ata vere jiovo teneris laUentia fuccis
Eruta fetigera camperit ore fuis*
Le dégât que fait cet animal dans les moifïbns
n’étoit pas., difoient les Pontifes, la feule raifon
qui le faifoit facrifier à Cérès j ils en apportoiens
une fécondé plus myftérieufe , c’étoit la fituation
de fes yeux qui l’oblige de regarder toujours la
terre.
On immoloit une truie avec des cérémonies
particulières, lorfqu’on faifoit, des alliances &
lorfqu’on fe marioit. Voyer-en le détail au mot
T r u ie .
Cérès , Hercule & Sylvain «’étaient pas les
feules divinités que l’on honoroit par des facrifices
de cochons, ils étoient encore immolés aux
autels des Lares. Cette offrande étoit faite ordinale
rement par ceux qui vouloient guérir de quelque
folie ou manie, & par ceux qui en avoient été guéris.
Horace ( Sat. i l . 3, 164.) dit de celui qui n’elï
point fol
► ► ■ - . . ► Immolée &qv.is
Hic porcum laribus.. . .. .. >. ... . ..
Et Plaute , dans les Ménechmes ( i l. 2. ry. )' r
m i . A'dolejcens yquibus hic pretiïs porclveneunt
Sacres finceriï c y . N ummo.Mi. eum a me accise..
Jubé te piari de mea pecunia.
Nam ego quidem ïnfahum ejfte• te certb fcia,.
Les mots [acres ftneeri dans ces vers de Plaute,,
dé lignen t un cochon gras & fans défaut, le mémo:
c o c ÏG I
qui éft appelé mÿfticus dans.TibulIe. ( i . a . 16. ).
Hofiiaque e plena myfiica porcus hara..
Il étoit appelé auffi porcus fucer après le 14° jour
de fa naiflance', .parce qu'on ne pouvoir l'offrir aux
Dieux qu'à cette époque- ' - ,
C o c h o n de Troye. Il eft f a i t mention dans
Macrobe ( riI. 1 i . ) d'un mets appelé de .ce nom.
C’étoit un cochon rôti & rempli de pièces, de gi-
bier entières 3 comme le cheval de Troye .etoit
plein de gens armés.
COCLÈS , furnom de fe famille I I or a ti a . Il
déftgnoit un borgne , comme on lé voit dans ces
vers de Plaute ( Cure. u l.
De coclltum profupiu te tjfe arbitror:
Nam ii funt monoeuh.
Si l’onen croit Denys d’HalycarnafTe O p ■ 29 J-)'
le peuple Romain éleva une ftatue de bronze a
Horatius- Codés.
C O C Y T E , un des quatre fleuves des enfers.
C’étoit un fleuve d’Épire , ou plutôt de la Thef-.
protie qui en étoit une partie * il tomboit avec le
pyriphlégeton, dans le marais Acherufia. L étymologie
de, fon nom & fon voifinage. de.l’Achéron ,
Pont fait mettre par les poètes Grecs au nombre
des fleuves des enfers. En effet, cocyte veut dire
pleurs , gémiffemens , de jcukvuv , gémir. 11 a donne
fon nom aux fêtes cocytiennes qu’on célébroit en
l’honneur de Proferpine.
Le cocyte des poètes Latins étoit le ruifleau de
ce nom qui couloit en Italie, près, du lac d’Avérne,
& fe déchargeoit dans le lac Lucrin, lequel fut
enfin prefque comblé par une montagne de cén- -
dre s qu’on vit s’ élever du fond de ce lac dans un
tremblement de terre arrivé le 29 Septembre
1 5 3 8 . , . '
Ce n’eft donc pas feulement de I’Epire que les
poètes ont tiré l’idée des fleuves de l’enfer > le lac
d’Avertie d’Italie, & les.fontaines d’eaux chaudes
qui étoient aux environs, y ont également donne
lieu. Tous ces endroits étoient fi couverts de bois
depuis Bayes & P ou zzo l, que les eaux y crou-
piifant, paffoient pour être dès plus mal-faines j
& les vapeitrsqui fortoiènt des mines de foufrê &
de bitume, qui y font en grand nombre, ne pouvoient
pas s’exhaler aifément.
Agrippa, favori d’Augûfte, rempli d’amour du
bien public , fit couper ces bois, & nétoyer fi
bien les lieux voifins, que depuis les eaux devinrent
claires & nettes, au rapport deStrabon. Mais
c’eft pour cela même que les poètes ornèrent
.leurs écrits des anciennes idées qu’on avoit du
cocyte. Horace ( ode x iv . liv. i l . v.18. ) & Virgile
( Æneid. liv. r i. v. 323. ) en donnèrent
: l’exemple.
Le premier, dans cette ode à Pofthume, où la
c o D
morale eft fi bien cachée, où la verfification eft
fi belle, rappelle poétiquement à fon ami la ne-
celfité de mourir.
Vifendiis aîer ftumine languido
■ Cocytus èrratis.
COCYTHUS , médecin ,_difciple de Chiron ,
qui guérit la bleffu-ve d’ Adonis j ce qui fit dire que
le Cocyte &ts enfers avoit rendu le jeune Prince
à la lumière du jour. Équivoque des noms, fondement
d’un grand nombre de fables!
CODE TANU S. Voyei C h am p .
CODEX. Ce mot avoit chez les Romains plu-
fieurs. lignifications. La plus commune étoit celle
de défigner un cahier de feuilles de parchemin ou
de papyrus, différent du rouleau , volumen , en ce.
que lç.s feuilles étoient collées ou liées enfemble
par un fëul côté , comme nos reliures modernes'.
On en voit de femblables fur plufieurs monu-
! mens antiques, & en particulier fur le bas-relief
du n°. 184 des monumenti inediti de Winkelmann,
& fur la pierre gravée _N°. 170 du même recueil.
Les barques ou navires faits de planches affem-
blées, furent appelés par analogie naves codicaria
ou cqudiçariA. Quelques philologues nè recon*
noiffent ici que de fimples radeaux. Leurs patrons
ou pilotes étoient-appelés codicarii.
Co d e x défignoit auffi un madrier ou tronc de
bois auquel on enchaînoit les efclaves pour les
punir. Properce en fait mention. ( iv. 7*40. ) f ;
Codicis immundi vincuia fentit anus.
Juvénal en parle auffi, lorfqu’ ii décrit la vengeance
que-les dames Romaines tlroient des efclaves
qui avoient favorifé les amours de leurs
maris ( i l . 57. ) :
Horrida quale facit refidens in codicepellex.
CODICARIAE. \ y . V(iy rnTiFY
CODICARII. f royet C odex.
CQDIC ILL I ; c’ étoient de petits codex, & la
forme quarrée leur étoit particulièrement affeftée.
Les codicilli étoient des tablettes ou-des lettres. ‘
Sur le bas-relief d’ un tombeau qui eft au palais
Accoramboni de Rome, & qui repréfente Orefte
& Pylade près d’être facrifiés par Iphigénie, on
voit ail bas du piédeftàl de la ftatue de Diane Tau-
fîq ue , une tablette quarrée garnie d’une petite
bordure, pour défigner les codicilli ou la lettre
par laquelle O relie fe fit reconnoître à fa foeur.
La nourrice de Phèdre préfente à Hippolite^ les
codicilli quarrés, ou la lettre dans laquelle Phèdre
déclaroit fon amour à çe héros infortuné, fur un
bas-relief de la Villa Âlbani, publié fous le n9.
102 des monumenti, inediti de Winkelmann, ou fe
trouve auffi le bas-relief précédent fous le n9. 149*