
cet .infiniment, ils le .tenoient en forte que
ion -Verni inférieur étoit engagé-dans la main , &
foutenu par les quatre doigts recourbés en devant û
pendant que fa furface poftérieure étoit appuyée
contre le pouce , la paume de la main & une partie
4 e l'avant- bras. Lorfqu’ils vouloient poufler le
difque, ils prenoient la pofture la plus propre
à favori fer cette impulfion , c'eft-à-dire., qu'ils
avançoient un de leurs pieds fur lequel ils.cour-
boient tout le corps 5 enfuite balançant lé bras
chargé du difque,.ils lui faifoient faire plufîeurs
tours prëfque horizontalement, pour lé chaffer
avec plus de force; après quoi ils le poulïoient
de la main , du bras , 8c pour ainfi dire de tout
Je corps, qui fuivoit en quelque- forte la même
ïmpreflion ; & le difque échappé s'approchait de
l'extrémité de la carrière , eh décrivant une ligne
plus ou moins courbe , fuivant la détermination
qu'il avoit reçue en partant de la main du Difco-
lole. Properce peint ce mouvement du difque en
l ’air, quand il dit ( Eleg. 11. lib. I I I .)
Mijfile nunc difci pondus in orbe rotat,
J'oubliois d'avertir que les athlètes àvoient foin
de frotter de fable 011 dé pouffière le palet & la
main qui lé foutenoit, & cela en vue de le rendre
moins gliffant & de le tenir plift ferme.
Les peintres 8c les fculpteurs les plus fameux
de l'antiquité , s’étudièrent à représenter au naturel
l'attitude des Difcoboles ^ pour biffer à la
poftérité divers chef-d'oeuvrés de l’art. Le peintre
Taurifque, au rapport de .Pline, &.les fculpteurs
Naucydes & Myron fe fignaîèrent par, ces fortes
d'ouvrages. Quintilien (/iv. II. ch. X IA .) vante
extrêmement l’habileté* de ce dernier dans l'exécution
d'une ftatue de .ce genre. On connoît la
belle ftatue du lanceur de difque -, qui appartient
au Grand-Duc de i ôfcanej mais on ignore le
nom du ftatuaire. Au refte, on ne peut douter
qu'il n'entrât beaucoup de dextérité dans là
manière de lancer le difque ,: püifqu'on tournoit
en ridicule ceux'qui s’ en acquittoient mal, &
qu'il leur arrivoît fréquemment de bleffer les
fpeélateurs par leur mal-adreffe.
Pindare nous a confervé le nom de l'athlète
qui le premier mérita je prix du .difque dans les
jeux» olympiques : ce fut- Lincée. Mais dans la
fuite, quand les exercices athlétiques furent rétablis
en Grèce dans la XVIII. olympiade, on
n’y couronna plus que les athlètes qui réunifiaient
les talens néceffaires , pour fe diftinguer dans les
cinq fortes d'exercices qui compofoient ce que
les grecs appelaient le pentathle ; fa voir la lutte,
la courfe, le faut, l’exercice du difque, & celui
du javelot.
On preferivoit aux Difcoboles, dans les jeux publics,
certaines règles auxquelles ils dévoient
s'affuj.ettir .pour gagner le prix ; enfuite'celui-là
le remportoitj qui jettoit fon difque par-delà
ceux de fes concurrens : c'eft de quoi les deferip*
tions de ce jeu qui fe lifent dans Homère, dans
Stace, dans Lucien 8c ailleurs, ne nous permettent
pas de doutera Omregardoit la portée d’un
difque, poulfé par une main robufte, comipe une
mefure fuffifammenc connue > & l'on défignoit
parr-ià ïüne; cért^ine diftance, de même qu'en
François nous en exprimons une autre par une
portée de moufquet. .
Nous apprennons encore d'Homère 8c de Stace,
qu'on avoir foin de marquer exactement chaque
coup de difque, en y plantant un piquet, une
fléché, ou quelque, chofe d'équivalent 5 ce qui
prouve qu'il n’y avoit .qu’un feul palet‘-potir tous
les antagonilles , :•& c'elt Minerve elle même,
fous la figure d’un homme; qui chez les Phéa-
cicns rend ce fervice à Ulyffe., dont la marque
fe trouve fort au-delà de toutes celles des autres
Difcoboles. Enfin , Stace nous fournit une autre
circonftance fingulière touchant cet exercice, &
qui ne fe rencontre point ailleurs; : .c’eft qu'tffi
athlète à qui'le difque gliffoit de la main-, dans
lé moment qu'il fe mettoit en devoir de le lancer,
étoit hors.de combat par cet accident, & ri’avoic
plus de droit.au prix.
. On-demande fi les Difcoboles 3 pour difputer
ce prix yésptent.nuds , ainfi que lesautres athlètes,
& l’affirmative paraît très-vraifemblable. En effets
il femble d'abord-que l'on peut inférer :la nudité,
des Difcoboles de la manière dbnt Homère,
dans l'Odyffée , s'explique à ce. fujet 5 car en?
difant qu'Ulyffe,- fans, quitter fes habits, fauta
dans le ftade, prit un difque des plus pefans-Sc
le pouffa plus/ldin que n'avoient fait fes anta-
goniftes ; ce .poète fait affez entendre q'ùe -lesautres
étoient n u d s . . en ^relevant .par cette circdnf?:
tance la force & l'adreffe dé fon héros». D e plus ,
i’exereicèv; du difque n’ayànt lieu- dânS les »-flux
publics que comme faifant partie du pêntathle,
ou les athlètes combattoient abfolument nuds,
il eft à préfumer que pour lancer le palet iis
demeuroient dans le même; état, qui leur étoit
d'ajlleurs plus, commqde; que tout autre. Enfin,
ils faifoient ufage des -onélions. ^ordinaires aux
autres athlètes, pour augmenter la force la
foüpleffe de leurs mufcles, d'où dépendoit leur
victoire; or ces onctions euffent été Incompatibles
avec toute efpèce dé vêtemens.
Ovide, qui fans doute, n’ignoroit pas les cir-
conftances effendeiles des combats gymniques,
décrivant la manière dont Apollon & Hyacinthe
fe préparent à l’exercice du difque, les fait
dépouiller
dépouiller l’un 8c l’autre de leurs habits, 8c fe
frotter d’huile avant le combat.
Corpora vefle levant., & fuccopinguis olivi
Splendefcunt, latique ineunt certamina difei.
Faber , qui n’eft pas de l’ avis que nous em*-
bradons , & qui penfe que les Difcoboles étoient
toujours vêtus de tuniques , ou portoient' du
moins par bienféance une efpèce de caleçon , de
tablier ou d’écharpe, allègue pour preuve de
fon opinion , les Difcoboles repréfentés fur une
médaillé de l’empereur Marc-Aurèle , frappée
da.ns la ville d’Apollonie, & produite par Mer-
curia! , dans fon traité de fart gymmaflique y mais
i°» cette médaille eft très-fufpe die, parce qu’on
ne la trouve dans aucun des cabinets & des recueils
que nous connoiffôns : i ° . quelque vraie
qû on la fuppofe , elle ne peut détruire ni la
vraifemblance, ni les autorités formelles que nous
avons rapportées en faveur dès Difcôboles nuds,
& elle prouverait tout au< plus que dans quelques
occafions particulières, dans certains lieux ,
8c dans certains temps, on à pu déroger à la
coutume générale.
On fe propofoit différens avantages de l’exercice
du difque ; il fervoit à rendre le foldat laborieux
8c robufte. Auffi lifons nous qu’Achille
irrite contre Agamemnon, 8c ( féparé de l’ar-
mee des Grecs avec fes myrmidons, les exer-
ç o it , fur le bord de la mer, à lancer le difque
& le dard , pour' les empêcher de tomber dans
l’oifiveté, qui ne manque jamais de faifîr, pendant
la paix les perfonnes accoutumées aux travaux
de la guerre. Animés par la gloire , par l’honneur
ou par la récompenfe, ils fôrtifioient leurs
corps en s’amufant, & fe rendoient redoutables
aux ennemis. Un bras accoutumé infenfiblement
& par degrés à manier & à lancer un fardeau
aum pefant que ferait le difque, ne rencontroit,
dans les combats , rien qui pût réfifter à fes coups ,
d où il paroît que l’art militaire tiroit un fecours
très-importanttrès-férieux , de ce qui, dans
fon origine , n’étoit qu’un fimple divertiffement;
c ’eft ce dont tous les auteurs conviennent. Enfin
Galien , Aëtius & Paul Êginete-, comptoient auffi
le difque entre les exercices utiles pour la con-
lervation de la fanté. ( Article du chevalier de
Jaucourt). Voyeç Disque.
La ftatue de bronze de Miron, qui portoit la
denomination du Difcobole 3 a été célébrée par
les anciens écrivains. On voit au palais Maffimi,
ome > une ftatue de marbre trouvée dans la
villa Palombara fur le mont Efquilin, que l’on a
Py.fe d’abord pour une copie du Difcobole de
Miron.' Cette opinion a été clairement prouvée
Far“: d’ une cornaline antique de M. Byres,
ecoffois, publiée par M. Vifconti à la fin du
Antiquités i Tome I I .
tome I. du Mufeum Pio-Clementin. On y voit une
figure d’un travail éçrufque, qui reffembîe par-
. faitement à-la ftatue du palais Maffimi, & qui
tient un grand difque de la main droite. Mais
elle ne reffembîe en rien au prétendu Difcobole
ou Gladiateur Borghèfe. Voye^ G l a d i a t e u r .
Borgh'efe.
On voit plufîeurs Difcoboles dans la coIJe&ioti
des pierres gravées du baron de Stofch ( claffe V .
n° 2.1 & fuivans ). C e qui ne, doit pas paroître.
étonnant, puifqu’on leur érigeôit des ftatues en.
Grèce j les Athéniens ( Athen. Deipn. I. p. 19. A. ) .
en élevèrent une à l’honneur d’Ariftonique de
Caryfte.
D IS C O R D E , divinité malfaifante, à laquelle,
ori attribuoit non-feulenfent les guerres, mais
auffi les querelles entre les particuliers, les brouil-
leries dans les ménages , les diffenfions dans les
familles. La difeorde, foeur & compagne de Mars,
dit Homère, dès qu’elle commence à paroître ,
s’élève infenfiblement, & bientôt, quoiqu'elle
marché fur la‘ terre, elle porte fa tête orgueil-,
leufe jufqué dans les cieux. Pétrone la dépeint
les cheveux épars & en défordre, la bouche
enfanglantée , les- yeux battus & fondanten larmes
, grinçant des dents qu'elle avoit toutenoi-,
res, diftillant dé fa langue une liqueur infeélée
& puante, la tête, hériffée de ferpens, portant
un habit tout déchiré , 8c agitant une torche de
fa maïn^ fanglante. Virgile ‘dit auffi que fa chevelure
étoit compofée de ferpens. C ’eft elle qui,
aux noces de Pçlée & de Thétis, jetta dans
l'affemblée des dieux la fatale pomme, qui occa-
fionna entre les déeffes la fameufe conteftation
dont Paris fut je juge : les dieux ayant refufè de
l’être, de crainte d'entrer eux-mêmes, par des
fentimens de partialité , dans les débats & les
altercations qui font toujours les fuites de la
difeorde. Voye%_ A t é , P a r i s .
On ne.trouve fur aucun monument cette divinité
que les grecs appelaient Ép/?, & elle n'eft
connue que par les deferiptions poétiques.
DISCUSSEURS , officiers des empereurs
qui recevoient les comptes des colleéteurs des
tribus. Ils jugeoient toutes les petites conteftations
relatives à ce t objet : dans les grandes, on en
appélloit au gouverneur de la province.
DISDIA PA SON . Le difdiapafon eft prefque
la plus grande étendue que puiffent parcourir les
voix humaines fans fe forcer ; il y en a même
affez peu qui l'entonnent bien pleinement. C'eft
pourquoi les grecs avoient borné chacun de leurs
modes à cette étendue , & lui donnoient le nom
de fyftême pqrfait. Voyej M ode, G en r e , SYSTEME,
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