
Ion de Délos. Tous les cinq ans on choififlbit pour
cela un ceitain nombre de citoyens qu'on appe-
loit Déliaftes. Cette députation partoit fur un
vailTeau dont la poupe étoit couronnée de laurier
par la main d’un Prêtre d’Apollon, & fur lequel
on portoit tout ce qui étôit néceflaire pour la tête
& pour les facrifices. Le navire étoit nomm£
Dclïade , & étoit regardé comme facré. Les Déliaftes
portoient des couronnes de laurier. Quand
îls étoient arrivés, ils offraient d’abord un facri-
fice à Apollon 3 après le facrifice, de jeunes filles
ex é eut oient autour de l’autel une danÇe appelée-
, dans laquelle, par leurs mouvemens
embarraffés, & par la manière dont elles figuraient
enfemble , elles repréfentoient les tours &
les détours du labyrinthe. Quand les Déliaftes revenaient
à Athènes, le peuple alloit au-devant " j
d’eux, & les recevoit avec des acclamations répé- j
tées & de grands cris de joie. Ils ne quittaient ;
point leur couronne que leur .commiffion ne fût
entièrenfent remplie , & alors ils la confacroient
à quelque Dieu dans fon temple. Tout Je temps
que duroit le yoyage de Délos , le retour a
Athènes, & la cérémonie elle-même, s’appeloient
les Délies. Pendant ces jours facrés , les loix dé-
fendoient d’exécuter aucun criminel 3 privilège
üngulier de cette fête d’Apollon , & que n’avoient
pas même cellésMe Jupiter 3 car Plutarque remarque
que ce fut dans un jour confacré à Jupiter
qu’on fit prendre à Phocion le poifon auquel il
avoit été condamné, & qu’on attendit, au contraire
, trente jours pour le donner à Socrate,
parce que c’étoit le temps des Délies.
Thücydide ( /. n i. p- 243. de la fécondé édition
d'Henri Etienne ) dit que ce fut pendant l’hiver
de la lixième année de la guerre du Péloponèfe ,
que les Athéniens célébrèrent les Délies après
avoir expié Tifle de Délos & en avoir ôté tous les
tombeaux. Us ordonnèrent aufli que perfonne n’y
naîtrait & n’y mourrait dans la fuite 3 mais .que
l’on tranfporteroit tous les moribonds dans une
petite ifle appelée Rkénie, qui touche prefque a
Délos. Long-temps avant cette époque les Ioniens
& les Infulaires voifins de l’Ionie célébraient des
efpèces de Délies, c’eft-à-dire, des fetes & des
jeux femblables aux Éphéfîes, qu’ils célébrèrent
dans la fuite. Il y avoit des combats gymnaftiques
& de poéfie ou de mufique. Thucydide à l’endroit
D É LO S , ifle de la mer É gée, fameufe dans
l’antiquité. Junon , furieufe de voir Latone prête
à mettre au monde le fruit de fes amours avec
Jupiter, obtint de la Terre qu’elle ne lui donnât
aucun afyle pour faire fes couches. Neptune, à la
prière de Jupiter, fit fortir d’un coup de trident
l’ifle de Délos, qui, pour n’appartenir en rien à ■
la Terre, demeura flottante fur la mer. Latone
s’y retira , 8c mit au monde Apollon & Diane *
qu’elle avoit eus de Jupiter- Apollon, en recon-
noiffance de ce qu’il y avoit reçu le jour, la rendit
immobile, de flottante qu’elle étoit auparavant f
& la fixa au milieu des Cyclades. La croyance ou
l ’on étoit qu’Apollon & Diane étoient nés dans
cette ifle, la rendit fi refpe&able, qu’il fut défendu
cité ci-deffus, en parle d’après Homère.
DELMATIÇUS, furnom de la famille CæÇ
I L I A .
DELMAT1US, neveu 3e Conftantin. f i+ n w
Julius Delmatius Cæsak.
Ses médailles font :
RRRR. en or. Cette pièce eft au cabinet du
Roi. 0 . en argent. Du moins on ne croit pas qu’il
en ait, quoique le P« Banduri eu ait cité,
R, en P. B.
d’y inhumer perfonne, comme étant une
terre facrée 3 & les Perfes, qui ravagèrent toutes
les ifles de la Grèce , ayant touché à Délos avec
leur flotte de mille vaiffeaux, n’osèrent y faire le
moindre dégât. Le nom de Délos peut avoir été
donné à cette ifle, ou parce qn’on ne la connoif-
foit pas, fuppofé qu’elle exiftât, ou parce qu’en
effet elle fortit de la mer, par l’effet de quelque
tremblement de terre 5 comme on a vu de nos
jours fe former dans la même mer la nouvelle ifle
de Santorin. C’eft peut-être d’ailleurs fur fon
nom qu’eft fondé tout ce qu’en racontent les
Poètes 5 AîjXtç veut dire apparent.
Apollon , difoit-on , paffoit les fix mois d’été à
Délos3 où il avoit un Oracle célèbres pendant les
autres mois de l’année il habitoit Patare en Lycie.
Il y avoit à Délos un autel fait avec des cornes,
qui paffoit dans l’antiquité pour une des fept merveilles.
V.oye^ A u tel.
Les Perfes témoignèrent eux - mêmes , quoi-
qu’étrangers , le refpeét que cette tradition leur
infpiroit pour l’ ifle ae Délos. Le chef de la flotte
de Darius, fuivant Hérodote ( lib. vi. c. 97. ) ,
rappela les habitans de cette ifle, qui fuyoient devant
luis il leur fit favoir qu’il n’avoit aucun def-
fein de leur nuire , & que le Roi avoit défendit
que l’on f ît aucun dommage dans un pays qui
avoit donné naiffance à deux grandes Divinités.
Des médailles frappées dans Tille de Délos confirment
l’opinion de fes habitans 3 il y en a qui
repréfentent le foleil & la lune avec la légende
AHAior d’un côté , 8c a h a i a s de l’autre 5 & on,
en voit avec les têtes d’Apollon & de Diane accolées
, fe la légende ©e&n a a eA<K2N. C’çlf
pour cela que les Poètes donnent à Diane Pépl-
thète de Délia, & celle de Cynthia prife d’une
montagne de l’ifle de Délos, & que Ton avoit
élevé dans cette ifle un temple fameux , nommé
Artemifion.
D elos , ifle ah .
Les médailles autonomes de .cette ville fout ;
RRR. en argent.. . . . . . Pelhrin.
RRR. en bronze........... Hunter.
O. en or. Leur type ordinaire cft une lyre*
DELPHES ( Temple de). Iln’y a perfonne,
dit le Chevalier de Jaucourt, qui n’ait oui parler
du Temple de Delphes 3 de fes richeffes, des
révolutions qu’il a effuyées, des oracles qui fe
rèr.doient dans fon fanétuaire, enfin du nombre
prodigieux de gens deftinés au fervice de ce
temple. Empruntons ici les lumières des favans,
pour raffembler avec ordre fous un point-de-vue
tous ces faits célébrés par les poètes, 8c trop
difperfés dans Thifioire.
Le premier temple d’Apollon à Delphes, fi
Ton en croit les anciens, fut conftruit de branches
de laurier entrelacées , qu’on apporta de
la vallée de Tempé. Ce temple avoit précifé-
ment la forme d’une cabane , & le laurier étoit
particulièrement confacré à. Apollon 3 il fé l’appropria
lorfque Daphné, fes premières amours ,
fut métamorphofée en cet arbre.
Ce temple ruftique ayant#été détruit, des
abeilles, félon la tradition populaire, en for-
hièrent un autre avec leur cire 8c des plumes
d’oifeaiix. Quelques favans aiment mieux fuppo-
fer que ce fécond temple avoit été conftruit
d’une plante appelée zrrépisy efpèce de fougère 5
& je préférerais à cette opinion Celle des auteurs
qui ont écrit que ce temple avoit été
l’ouvrage d’un habitant de Delphes , nommé
Ptéras 3 qu’il avoit porté le nom de fon fondateur^
& je crois que fur l’équivoque du mot
ptéra, qui fignifie des ailes, on avoit feint que
les abeilles Tavoient conftruit avec des ailes d’oi-
feaux.
Le troifième temple fe reffent bien encore
du récit fabuleux. Il étoit, dii-on , l’ouvrage de
Vulcain , qui , pour le rendre plus durable,
l’avoit fait d’airain , 8c avoir placé fur Ton fron-
tifpice un groupe de figures d’or qui chnrmoient
les oreilles par d’agréables concerts. Paufinias fe
déclare contre cette tradition, & obferye que ce
ne ferait pas grande merveille qu’Apollon eût eu
un temple d’airain, puifqu’Aciifius', Roi d’Ar-
gos, fit faire une tour de ce métal pour enfermer
fa fille. On ne fait pas trop de quelle manière
ce temple d’airain fut détruit : les uns prétendent
qu’il fut abîmé dans un tremblement de
terre 3 d’autres qu’il fut confirmé par le feu. Di-
fons plutôt, avec Hardion, qu’il difparut à peu-
près comme les palais enchantés de nos Nécromanciens.
Le quatrième temple exifta réellement, 8c fut
bâti tout de pierres la première année de la cinquième
olyp.ijJade , par Trophopius & Agamè-
des , excellent archite&es. Apollon , au rapport
d’Homère qui embellit tous les fujets qu’il traite,
en jeta lui-même les fondemens. Ce beau temple
fut brûlé dans la cinquante-huitième olympiade,
548 ans avant Tère vulgaire.
Le cinquième fut conftruit y 13 ans avant J. C.,
environ 44 ans après que celui de Trophonius
& d’Agamcdès eut été brûlé. Les Amphyétions,
ces juges fi célèbres de la Grèce, qui s’ étoient
rendus les procédéurs de l’oracle de Delphes, fe
chargèrent du foin de rebâtir ce cinquième temple.
Ils firent marché avec Tarchitcde ( c'ércit
un corinthien nommé Spinthare, ) à 300 talens.
Toutes les villes de Grèce furent taxées 3 &
Amafîs , alors Roi d’Egypte , donna pour fa
part mille talens pefant cVaromates précieux. Les
Alcméonides, famille puiffante d’Athènes, chaf-
fés de leur patrie par les FififtratiJes, vinrent à
Delphes èn ce temps-là, & s’offrirent de conduire
l’édifice : ils le rendirent beaucoup plus magnifique
.qu’on ne fe T étoit prôpofé dans le modèle.
Entre les autres embeiliuemens qu’ils ajoutèrent,
ils firent à leurs dépens un frontifpice de marbre
de Paras. Le refte du temple étoit d’une pierre
q 11’Hérodote appelé -srâpnoç Xvros, qui eft peut-
être la même que le parus de Pline, efpèce de
pierre blanche, dure comme le marbre de Paras,
mais moins pefante.
11 n’eft pas poflîble de détailler les offrandes
dont les divers temples de Delphes furent fuc-
eeffivement enrichis. Ces tréfors ont été fi vantés,
que les Grecs les défignoient par Tadjc-étif fiaXa-
to7rX$vT<>9 y riche de toute antiquité. Ces richeffes
ne confiftoient néanmoins dans le commencement,
qu’en un grand nombre de vafes 8c de
trépieds d’airain, fi Ton en croit Théopompe,
qui nous affure qu’il n’y avoit alors aucune ftatue,
pas même de bronze. Mais- cette fimplicité ne
dura guère : les métaux les plus précieux y prirent
bientôt la place de l’airain. Gygès , Roi de
Lydie, fut le premier qui fit au temple de Delphes
des offrandes d’une très-gr.ande quantité de
vafes d’or 8c d’argent 3 en quoi ce prince fut
imité par Créfus fon fuceeffeur, par plufienrs
rois 8c princes, par plufieurs villes, &: même
par plufieurs riches particuliers, qui tous comme
à Tenvi les uns des autres, y accumulèrent par
monceaux trépieds, vafes, boucliers, couronnes,
& ftatues d or & d’argent de toute grandeur.
Nous dirons, pour les évaluer en b lo c , que dès
le temps de Xerxès on faifo:t monter les tréfors
de Deiphes aufli haut que ceux de ce fouverain
des Perfes, qui couvrit TKellefpont de vaiffeaux,
& qui envahit la Grèce avec une armée de
600 mille hommes. v
Ne foyons pas fin-pris que des tréfors fi con-
fidérables ayent excité fucceflivement la convoitife
8c la cupidité des rois 8c des nations. Le premier
qui tenta de s’en rendre maître, fut un fils de
Crius ,s roi des Eubéens : cet événement eft
fi ancien qu’ il n’eft pas poflîble d’en fixer l’époque.
Le fécond pillage fe fit par Danaüs, roi
d’Argos, qui étu.t entré à main armée dans la
Grèce, vola & brûla le temple de Delphes,
Tan 1509 avant J. C. Enfuite les Dry opes s’emparèrent
des richeffes du temple d’Apollon , fous la
conduite de Phylas, leur Roi. Hercule défit ce Roi,
j & le tua Tan 1295 avant J. C. Phlégias, frère d’ixioti