
A Titphoufe, c ans la même contrée des
prêtres, appelles Héfychides , croient charges du
culte des Euménides. Leur temple, bâti dans
1' Aréopage, étoit auffi deffervi par des pretres
dont ori éftimoit la naiflance & les vertus. Nous
l ’apprenons de Démofthène. Cet orateur ( Oratio
in Med. ) , faifant fon apologie, trouve fort extraordinaire
qu’on ofe intenter une accufation contre
un homme à qui la république avoit Confie une
fo n io n lî redoutable & li importante. , Car
Efchyle voulant flatter fa patrie ( £ umeni des 103 y.),
chante dans les Euménides les malheurs d Orefte,
la fainteté des prêtres, & la célébrité du temple
qu'elle de voit confacrer au culte des furies.
( (Sdip. Colon. 152. ) Sophocle parle d’un bois
facré qui en étoit voifin , & q u ’arrofoit un ruineau
pur & limpide.
C e temple 8c ce bois etoient fi relpeéles ,
qu’on n’oloit en approcher, ni.les regarder en
paffant. Qn fe gardoit même de pente r aux redoutables
divinités, & de les nommer. A peine
fe permettoit-on de prononcer à leur occafion
quelques paroles de favorable augure. De là vint
l’horreur qu’infpira aux habitans du bourg de
C olone, dans l’Attique, la vue du malheureux
(Edipe , a (fi s dans le bois des Euménides avec
la fille Antigone. Ils ne fe crurent en surete,
-qu’après lui avoir fait expier ce facriiège par un
facrifice folemnel. ( (Sdip. Colon. 5® I* )
« Allez j lui difent-;ls, apportez de l’eau de cette
33 fource intarriffable, puifez-la dans des vafes
» précieux, dont vous ornerez les anfes de ban-
33 delettes de laine - .................................. • • • • ; • • •
3. Tournez vers l’Orient, faites - en trois libations.
„ ...t ......................Mêlez-y auparavant du miel >
33 mais gardez-vous de toucher au fruit de la
33 vigne........................ Tenant enfuite un rameau
33 d’olivier 3 adreffez vos voeux aux redoutables
33 déefles.................. Suppliez-les votis-même , ou
w employez l’organe d’ un autre fuppfiant ; don-
» nez-leur le nom confolant d’Euménides , &
33 rendez vous-les favorables par des prières cour-
„ tes , prononcées à baffe voix.Pourfuivez après
33 cela votre route fans aucune crainte »3. Sénèque
a décrit dans fon OEdipe-, un facrifice^offert aux
mêmes divinités. H femble être copié littéralement
du poeme des Argonautes, où Medee- fait
des voeux & des offrandes pour la profpérité de
Jafon fon amant.
33 Hic Ut facerdos intulit fenior gradum.
33 Haud+eft moratus, pr&fitit noftem locus }
« „ Tune fojfa tellus , 6* fuper rapti rogis.
» Jaçiuntur ignés , ipfe funefto integit
y? Hâtes amiciu çorpus, & frondem quatit }
,3 Lugubrh hnos palla perfundit. .pedes, .
»3 Squallente cultu moefius ingreditur fenex3.
33 Mortifera canam taxus afiringit cornant .* ■
- 33 Nigro bidentes vçllere, atque atrAboyés
33 Retrà trahuntur.
Tout étoit noir & lugubre dans les facrifice«
des furies. On choififfoit le temps de la nuit '8c
des lieux foutefrains ( Eumenides 103 J. 1020.)»
pour les offrir, parce qu'on croyoit que ces divinités
aimoient les flambeaux On gardoit un profond
fllence ; on ne fepermettoit quun chant
trifie & plaintif ( Eumenides J1 9 ^ , ?FPe}le
Yhymne des furies , qui portoît la terreur dans les
âmes : mais on rejettoit avec févérïte lesmltru-
mens & la lyre. Le vin étoit profcrit de ces triites
cérémonies, qui en avoientpris le nom de *****
ainfl que les furies celui de uoim > abltemes ,
ou fobres. Elles n'agréoient pour libations que
le miel, le lait & l'eau. Les facrificateurs (Suidas.)
étoient vêtus de robes noires. Les ficyoniens leur
offraient des brebis pleines & noires, & des Heurs
au lieu de couronnes. ( Paufan- Corinth. lo f .)
Dans les fêtes appellées Evfitvià\a3 jours confacres
aux Euménides, on n’admettoit pour les ceremonies
que des hommes & des femmes libres , 8C
d’une vie fans reproche. Des jeunes-gens, dit
Phi Ion , des familles les plus difiifiguées diitri-
buoieht au peuple des friandifes,
Les feules vidimes agréables aux Euménides,
: étoient les brebis noires, & , félon Elien { de
animal, lib. X . cap. X X X I I I .) 3 les tourterelles
blanches. Nous n’avons pu trouver la r ai fon pour
laquelle ces oifeaux leur étoient c o n fè r e s a rn li
que la plante appelée Conyz.t{PuHc^fia ). Mais
l’ ufage où étoient les anciens , de faire des torches
avec des branches d’arbres réfineux, aura
fait confacrer au * furies le cèdre & le H h KL6*
( Juniperus ) , comparé au cèdre pari line. ( rnn.
lib. X X IV . cap. VIII. ) ’ La flérilité prétendue
' de l’aulne, dont Ariftote dit fauflement, que la
Crète feule en avoit vu produire des fruits , lui
aura mérité le même honneur. ( Ruelhus deftirp.
natur. pag. 16 fO Infelices 3- dit Pline { Puni,
lib. X V I . cap,; X X V I . )., en parlant de 1 aulne ,
du peuplier ,. &c. , ’ exifiimantur, damnat&que reli'-
eione , quA neque feruntur unquam , neque fruttuin
ajferunt. Le chardon-béni , la buglofe , lefàfran,
le nerorun & le narciffe étoient auifi confacres
aux redoutables dééffe,s. Eufthate nous apprend ,
dans fon commentaire fur le premier livre de
l’Iliade, que le nom de narciffe dérive, w m
tdpxifji à tofpore, étoit analogue à la itupeur
dans laquelle étoient plongés les coupables a la
vue des Euménides. O ’ eft pourquoi on epuronr
noit de narciffe ceux qui leur offtoient des
facrifices. Le fafran ne trouvoiç fa place que dans
ces
tes 'mêmes cérémonies. Infatifta 3 dit de cette
plante ( pag. ) Ruelhus, d'après tous les
anciens , facris omnibus 6* coronis , quomam fit
lugûbris propter Croci metamorphofm. Le fan g que
femblent répandre à l’inftant où on les brifej le
chardon béni ( enicus' ) , la buglofe Ç anenufa )
les avoit ( ibid. pag. T 3. ) peut-être fait joindre
au fafran. Quant au nerprun ( rhamnus) , ion
autre nom de Perfepkonia, analogue a la Junon
des enfers, a "pu le faire confacrer aux divinités
infernales. Peut-être aufli ne leur a-t-il été consacré
C Ruellius pag. 322* ) qu a caufe de 1 ufage
où étoient les anciens d’ en attacher des branches
aux portes & aux fenêtres, pour empêcher 1 effet ;
des enchantemens : rien n’eft aufli confus & aufli
Jabuleux que les connoiffances botaniques des
grecs & des romains : c’eft . pourquoi aucune
partie de cet article n’a deraajide autant de recherches
& de travail.
Les latins rendirent des hommages aux furies,
mais fous le nom de la déeffe furina. ( Cicero de
natur. deor. lib. III. n«. ^i.— Wcfius.— Varro
de linguâ latinâ. ) Cette divinité étoit d origine
étrufque, & repréfentoit les trois ^ Eumenides
réunies en un feul emblème. Lés étrufques lui
donnoient encore le nom d3Aneharia. Fondes par
les prenfiers habitons de l’Ita’ie , les romains en
confervèrent le culte. Ils confacrèrent à Furina
un temple & un bois dans la quatorzième région
au-delà du Tybre. C e boisneput fervir cPafyleau
jeune Gracchus. Il s’y retira (.Plutar. vita Graccfu)
pour éviter la fureur du peuple qui venoit d immoler
fon frère 5 mais il en fut arraché & faemie au
reffentiment de fes concitoyens. Nous voyons par
ce trait combien le culte' de Furina etoit affoibli des
le temps de ces malheureux tribuns. Elle avoit eu
cependant des fêtes & des facrifices.,. appelles
furinalia , qui fe célébroient dans le moisd’aout,
comme nous rapprenons d’ un calendrier grave
fur les anciens marbres. Un des quinze Flammes
avoit même été attaché à fon temple »& portoît
le nom de Flctmen furïnalis, Mais,- dit Varron
.( qui écrivent fur la fin de la republique ) & la
déeffe & le prêtre étoient fi négligés , que peu
de perfonhés en connoiffoient même le nom, nunc
•vix nomen notumpaucis.
839.) & Arnobe en particulier /paflent des facri*'
fices fangîants offerts par les étrufques aux Euménides
On trouve dans le Mufeum etmfcum ( pag. 40, )
plufieurs in-feriptions latines, & pluffeurs autels,
qui font mention des déeffes Furina & Anehana.
La divinité adorée fous ces deux n o m s & fans
doute aufli fous celui de Ballons 3 voyoit couler
le fang humain fur fes autels chez les ecnifques.
On trouve fur les marbres de cette nation
( i t i i . 194.) des prêtres furieux , appelles B .lh -
m m m m M battent r fe bleflènt & s'égorgent
au .pied des autels & des fetues d Anehana.
Plufieurs anciens- écrivains » SeWUS C Æaetd. 8-
jlllligiuiîs y Tome Zi.
& aux mânes. Ils les appelloient Jacra
Acheruntia., & rapportoient leur inflitution a
Tag és, qu'ls faifoient auteur de la fcience des
Arufpices. C ’eft des étrufques que les romains
avoient appris cette fcience. Elle fuivit fans doute
leurs armes vïélôrieufes dans tout l’univers, car
i Mithridate ayant brûlé le bois confacre aux furies
près d’Athènes, consulta les Arufpices fur ce ta"
crilège. Ils lui ordonnèrent d’immoler une vierge
aux divinités offenfées. ( Julius obféquens de pro'
digiîs. ~) C e t adroit politique leur obéit avec la
foumiflion d’un prince religieux.-
Tels furent chez les grecs, les etrufques 8c
Tes romains l’origine, le culte & les attributs des*
Euménides. La fuperftition des égyptiens leur
. donna la naiflance y leur divinité lut reconnu«
: enfuite de proche en proche , & adorée par tout
l’univers.
FURINA, divinité des voleurs chez les ro-
: mains, qui avoient établi en fon honneur un«
fête nommée les furinales■ , furinalia , dont la
; célébration étoit marquée au fixieme jour avant Jes
calendes de feptembre .c’eil-à- dire, le 26 août :
quelques - uns cependant les placent au huit des
calendes d’aout, c’eft-à-dire, le 25: juillet. Cette
déeffe avoit un temple dans la quatorzième Région
de Rome, & pour le deffervir, un pretr«
particulier qui étoit un des quinze Flammes de
: Rome 5 c’étoit le Flamen furinalis. Près dutem-
ple étoit un bois facré, dans lequel Caïus
Gracc4ius fut tué. Son nom vient du mot latin
fur3 un voleur. Cicéron ( de natur.. deor. i l 1-
! 18.} croit pourtant que cette divinité ell la meme
que les furies ; d’autant plus qu il efl: parlé quel"
; quefbis des Farines au pluriel-
D’ ailleurs, le bois où fut tué Caïus Gracchus,
■ eft appelle par Cicéron , cité plus haut, lueur
; FurinA , bois de Furina y & par Piutarque, dans
, la vie des Gracches, le bois des furies, a a îw
F o y tj Furie s .
FURINALES- Voye^ Fu r in a .
; EURINALIS Flamen. foyc[ FURINA.
FURN IA, famille romaine» dont on n'a de,
: médailles que dans. Goltzius-
: FUSTrEALE:
Le fufiibale étoit un bâton long, de, quatre
. pieds_» au milieu duquel etoit attachée une.'
fronde de cuir : on s'en fervoit avec les deux
: mains » & il lançoit'les pierres- prefque comisse
l’onagre. Yyy7