
exemple , je veux fa voir quel jour les Proteftaws
ont célébré la Pâque en 1600 : je jette les yeux fur
la Table C h r o n o l o g iq u e , & j’y vois qu’en
1600 , c’étoit la cinquième année du cycle pafchal
: je remonte enfuite au cycle pafchal précédent
, ' & je vois que la cinquième année de
ce cycle répond à l’an de"J. C. 1068. L ’an 1068 ,.
la Pâque tomboit le 23 Mars j d’où je conclus,
fans crainte de me tromper, qu’en itfoo les
Proteftans ont célébré la Pâque le 25 Mars. Par
la même opération , je trouve toutes les Pâques
des Proteftans, jufqu’à ce qu’ils ayenc abandonné
l’ancien Calendrier, & celle de tous ceux qui
le fuivent encore de nos jours , quelqu’anoée
qu’on puiffe me propofer. Ces Pâques des fec-
tateurs de l’ancien Calendrier avancent ou re*
cuîent fur les nôtres quelquefois d’ un mo’s
entier j tantôt elles s’en rapprochent p us ou
moins : leurs mois ne s'accordent point aufli entièrement
avec les nôtres , ainfi : pour bien s’entendre
avec eu x , il faut que dans leurs actes
publics, comme dans leurs lettres mifiives , ils
ajoutent, vieux ftyle ou nouveau ftyle. La différence
de l’un & de l’autre eft aujourd’hui de'
onze jours, dont le nouveau ftyle anticipe fur
le vieux, à caufe du retranchement fait en 1582.
Ainfi , le premier du mois fuivant les Seétateurs
du vieux ftyle, eft le 11 félon nous j & le 19 pour
eux eft le 30 pour nous. Cette différente manière de
compter demande quelque attention , pour nous
bien entendre avec ceux qui ne fuivent pas le calendrier
réformé. Mais revenons au cycle pafchal,
i l eft appelé , par quelques Anciens, Annus
magnes, & par d’autres, circulus ou cyclus magnus.
Nous l’appelons aujourd’hui la Période Victorienne,
parce quelle a été compofée par Vi&orius, natif
d'Aquitaine, à la perfuafiond’Hilaire, Archidiacre
de l’Eglife de Rome , fous le Pontificat de^S.
Léon-le-Grand. Le P. Pagi, dans fa critique de
Baronius, à l’an 469, n. 3, prouve que Vi&orius
la compofa l’an 4^7 , à l’occafîon de la difpute
qui s’étoit élevée entre les tarées & les Latins ,
au fujet delà Pâque de Van 4$- y. Il fixe le commencement
de cette période à l’année de la Paffion
du Sauveur, q u i, félon la manière de compter
de cet ancien Auteur , répond à l’an 28 de notre
ère chrétienne ou de i’Incamation , comme nous
comptons aujourd’hui. La mort de S. Jean de
Réome, rapportée a s premier fiècle des Saints de
l’Ordre de S. Benoît, eft ainfi datée : Anno Domini
quingentefimo duodecimo , juxta quod in cyclo B.
Victurii.. . . numeratur ,* date que le P. Mabillon
rapporte à l’an 539 de l’Incarnation , en faifant
commencer la période de Viétorius avec la vingt-
huitième année de J. C.
Mais cette manière de la commencer n’a pas
dure long-temps. Denis-!e-Petit, qui a travaillé
depuis fur la même période, lui a donné un autre
commencement il la fait remonter un an au-
dëffus de notre .ère vulgaire j eu forte que lapremière
année de J. C. répond à la fécondé année
de la période - Victorienne, ainfi corrigée par
Denis-le-Petit. Marianus Scotus , dans fa Chronique
, à l’an 531 , dit : explicit magnus cyclus
pafchalis d x x x i j annorum, in cujus fecundo anno ,
juxta Dyonifium natus efi Domihus. C’eft ainfi
que nous avons arrangé le cycle pafchal dans
notre Table c h r o n o l o g i q u e j mais nous ne
prétendons pas que cet ordre ait été unique ,
même depuis Denis-le-Petit, & qu’il ait été fuivi
par tous-ceux qui ont Fait ufage de ce cycle (r ) .
Voici une date qui ne s’accorde point avec cet
arrangement. Elle eft tirée d’une charte imprimée
parmi les preuves du nouveau Gallia Chrif-
tiana ( t. 2. p. 38) ) : Acia eft hujufmodi Ecclefis.
cartula. . . . anno Dominiez Incarnationis m l x x v i ,
i,idi ci i o ne x ir , cyclo pafchalis x , epafta x n . con-
currentibus v. Ce cyclo pafchalis x ne quadre point
avec notre arrangement ; il faudroit cyclo pafckali
xi n , comfne on peut le yoir dans notre Table
C h r o n o l o g i q u e .
Mais peut-être que cyclus pafchalis ne fe prend
point ici pour le cycle pafchal que nous expliquons,
& qu’il fe prend pour cyclus lunaris y
que l’Auteur de la charte auroit appelé pafchalis ,
parce que ce cycle lunaire pouvoit aufli fervir à
faire connoître la Pâque. Deux raifons appuient
cette conjecture : i°. le cycle lunaire x répond à
l’an 1076, & le cycle pafchal x , proprement
d it, n’y répond point : i Q. jufqu’iei nous n’avons -
trouvé aucune charte qui foit datée par les années
du cycle pafchal, & nous en trouvons plufîeurs
qui le font par le cycle lunaire. Au refte, que
cette conjecture foit vraie ou faufife , il eft conf-
tant d’ailleurs qu’il faut donner plufîeurs commen-
cemens au cycle pafchal, comme il en faut donner
plufîeurs à la plupart de ces fortes 4*époques (2).
Blondel, dans fon Calendrier Romain, don-
heroit volontiers au cycle pafchal ou à la période
Victorienne, un commencement bien différent
de celui que nous lui donnons en fuivant Denis-
le-Petit. « Si l’on vouloit, dit cet Auteur, en
(1) En drcflant fur ce cycle, de la manière que nous
l’expliquons ici, toutes les Pâques de l’ancien Calendrier dans
notre Table CHRONOLOGIQUE, nous avons moins repré-
fenté ce quis’cft univerfellement pratique dans l’Eglife juf-
ques vers la fin du vin* fiècle, que ce qui auroit dû s’y
pratiquer, comme on le peut voir dans les notes qui-font
au bas des pages de cette Table.
(2) Dans un manuferit du Collège de Clermont, fuivant
le témoignage du P. Labbe {Eloges hiftor. t. il- p. 70.),
on marque ainfi la date de la mort du Roi Thierri IV ,
dit de Chelles, Roi de France : A Nativitate Domini ufque
in praftntem annum, in quo Theuiericus, Rcx Francorum ,
defunélus eft J DCC. XXXVIl , in quo ind fiione quintâ ,
EpaÜa XV, Concurr. l , Lunx etreuium xni. XIV. Xll.
Kalend. Aprilis , Pafc'na. IX. Kal. Aprilis , Luna XVII,
XXIV de annorum DXXXll, fecundùm Crxcos , Cycle.
Ce cycle de 532 ans félon les Grecs, avoit comijiencé 351
ans avant J. C ., puifqu’en 737 il étoit à la vingt-quatrième
année de fa rroifîènie révolution. C’eft un exemple, cnt»e
pluficurs, des divers çoipmencemcns qu’on a donnés ata
Cycle Pafeal,
*» rétrogradant a
» rétrogradant, chercher le commencement de
v cette période , il faudroit prendre 4f6 années
■33 avant la ..naiffance de Notre - Seigneur , dans
3» laquelle on pourroit fuppofèrque l'un & l’autre
des deux cycles a commencé, fi nous voulons ,
33 fuivant notre ufage,, que la première année 33 des Chrétiens ait deux pour cycle lunaire , 8c dix
t» pour folaire. Par ce moyen, nous trouverions
» que la première période aura fini dans l’année 33 75 depuis la Nativité , qui avoit dix-neuf pour
3» cycle lunaire , & vingt-huit pour folaire 5 8c
■»3 partant, que Farinée 7 6 , ayant le nombre 1 ••33' pour chacun de ces cycles, eft le commencement
»» de la fécondé période î l ’année 608, celui de
» la troilième } l’année 1140, de la quatrième 5
3? & l’année 1672 auroit été celui de la cin-
*> quième , s’il n’y avoit point eu d’altération
30 dans ces cycles, par la correction du Calen-
»3 drier ». Ainfi raifonne Blondel, qui marque
plutôt ce qui auroit pu fe faire, que ce qui s eft
fait. On peut remarquer, dans l’extrait que nous
donnons de cet Auteur, qu’avec tous les modernes
, il confond le cycle lunaire avec celui de
19 ans. Il faut néanmoins les diftinguer, comme
nous le faifons voir au mot Cycle lunaire. (L ’Art
de vérifier les Datés. )
Cycle de l'Indictiôn. Voye^ Indictio-n.
C y c l e E p iq u e . Voye^ C e r c l é ,mythique,.
CYCLÉE , habitant de Platée dans la Bcotie,
ejui fut honoré dans fa patrie cqmme un Dieu peu ■
dant la guerre contre les Mèdes, par l’ordre de
la Pythie de Delphes (Vojf, de Idolat. L 1. c. 13. ).
C YC LO PE E , danfe pantomime des, anciens,
dont le fujet étoit un Cyclope , ou plutôt un Po-
lyphême aveugle enivré. Il paroit que dans
cette pantomime le^ cyclope étoit le jouet d’autres
tlanfeurs 5 d’ou l’on fit en grec le proverbe,
danfer. la cydopée , c’ eft-à-dire , être balotê.
CYCLOPES, premiers habitans de la Sicile.
Selon la fable , ils étoient enfans du Ciel & de la
Terre ,, dit Héfiode j mais Homère les fait ênfans
de Neptune & d’Amphytvite^ Ils travaijloient
fous les ordres de Vuicain, dans les antres du
Mont-Ema, à forger les foudres de Jupiter. Lorf-
que cette montagne jetoit des flammes, c’étoient
celles qui fortoient de la cheminée des forges,des
Cyclopes y & le bruit qu’occalionnqient les éruptions.
de cette montagne , n’étoit autre chofeque
les coups donnés par les Cyclopes fur leurs enclumes.
Ilsavoîent aufli des ateliers à Lemnos. Voye1 Lemnos.
« Les Cyclopes, dit Homère , font des gens
»» fuperbes, qui ne rcconnoiflent point de loix,
33 ,& qui, le confiant à la providence des Dieux,
33 ne plantent ni ne sèment, mais fe nourrifient
3» dés fruits que la terre produit fans erre cul-
?3 rivée. Le from é iîtl'o rg e Se le vin çroifl’ent
Antiquités , Tome 11,
»• chez eux en abondance j les pluies de Jupiter
33 geoflifl’ent les fruits qui mùriflent en leur fai-
>* fon. Ils ne tiennent point d’affemblée pour dé-
*3 libérer fur les affaires publiques, 8c ne fe gou-
33 vernent point par des loix générales qui règlent
» leurs moeurs 8c leur police j mais ils habitent
33 les fo murets des montagnes, 8c fe tiennent dans
3» des antres. Chacun gouverne fa famille règne
»3 fur fa femme & fes en fan 55 mais ils n’ont point
33 de pouvoir les uns fur les autres. « Ils ont été
nommés Cyclopes, parce qu’ils n’avoient qu’un
oeil rond au milieu du front. Efculape ayant été
frappé de la foudre, fon père Apollon n’o»fant venger
fa mort fur Jupiter , fit tomber fa colère fur
les fabricateurs de la foudre, 8c Les cUa tous à
coups de flèches. On les repréfente ordinairement
comme des antropophages , dévorant tous les
étrangers qui avoient le malheur de-tomber entre
leurs mains. Cependant, malgré leur méchanceté,
ils furent mis au rang des Dieux ; & , dans un temple
de Corinthe, ils avoient un autel ( Paufan i l . j
qui leur étoit dédié fur lequel on leur offroit
des facrifices. - Les principaux d’entre les Cyclopes
étoient Polyphême , Broutés, Stéropes 8c Pyrac-
mon. Euripide a donné uneefpèce de farce en cinq
aétes, fous le nom de Cyclope. C’eft la fable dç
Polyphême, qui veut dévorer Ulyfle 8c fes compagnons.
« Les Cyclopes étoient des géans énormes:
c’eft une allufion à la hauteur des montagnes volcaniques
j ils n’ avoient qu’ un oeil étincelant au
milieu du front : c’eft une allégorie de leur cratère
, & une traduélion de leur nom même, qui
fignifie exactement oeil rond C x.ua.x>ç, circulus ;
pculus) j ils habkoient les cavernes de la Sicile :
ce font les cavités volcaniques j ils ont habité
Pille de Lipari, qui eft aufli un volcan > ils- for-
geo ient les foudres de Jupiter , formées de trois
rayonskfeau, trois de brouillard & trois de feu
aliufion aux phénomènes qui accompagnent les
éruptions: ils s’ appeloient ( proprement), tonnerre, ■
foudre & éclair, parce que les volcans produifenc
ces phénomènes j dans les cavités de la Sicile,
on entendoit retentir les bruits, fourds de leurs
marteaux. Ils étoient fils du Ciel & de la Terre,
à caufe de - leur hauteur de leurs racines profondes
î ou ils étoient fils de Neptune, parce que
ces volcans étoient entourés de la mer. 33
' « Polyphême, leur ch e f, n’eft autre chofe que
1”Etna ; fon nom lignifie en grec celui qui cric
beaucoup, ou le mugiflant. Ainfi, le géant Poly-
botês, dans la mer Egée, fut également un volcan.
Polyphême étoit fils de Neptune 8r d’Europe,
à caufe. de fa polition phyfique 5 ou bien d‘datas,
en grec celui qui fecoue ( agito, dater, agitator) , 8c de ftilbeycn grec l’éclair j ou de Neptune &
de la Nymphe Thoofa, en grec la rapide. Un autre
des Cyclopes le nommoit harpes , en grec celui
qui reçoit ; un autre Pyracmon , en grec enclume
enflammée. Enfin (car dé trop longues explications
M, m