
portoient à la place de la ftola , réfervée aux
Dames Romaines (. Mart. ix. 33, 1. ) .*
H jne volo qui fa c ilis, qu& palliolata vagatur.
La ftola enveloppoit les Dames depuis la tête
jufqu’aux pieds , de forte que l’on ne pouvoit
diftinguer que leur vifags dans cette maffe
énorme de plis & de draperies ( Horat. Sac. 1. 2.
94-):
Matrone, p n ter faciem , ni! cernere pojjts ,
Citera , ni Cuti a eft 3 dimijsâ vefte tegentis.
Les courtifanes , au contraire 3 portoient leur
manteau comme les hommes portoient la toge >
c’eft-à -d ire , que d’une épaule il paffoit fous
l’autre bras 3 en laiffant à découvert & ce bras entier
que la tunique fans manches ne cachoit pas ,
& fon épaule qu’une tunique flottante autour du
cou laiffoic apperceyoir toute Arc. ni. entière ( Ovid. de 307. )„•
Pars kumeri camenima tui 3 pars fumma lacent
Nuda fic3 a l&va confpicienda manu.
Hoc vos pneipué 3 nîve&3 decet : hoc ubi vidi ,
O feula ferre humero 3 quapatet 3 ufaue lib et.
L e cirque 3 les théâtres, le ftade 3 l’amphi- j
théâtre & les vaftes portiques qui entouroient les
bains publics étoient fréquentés aflidument par
les courtifanes. Après que les jeux & les combats
des gladiateuis étoient finis, on les voyoit fe promener
fur l’arène, pour offrir leurs charmes aux
défoeuvrés qui s’y raffembloient ( Lamprid. He~
liogab. c. 16 & 32.3. Ifidore dit que le théâtre
étoit un lieu de proftitution publique3 parce que
les courtifanes y venoient après les jeux offrir leurs
charmes Ç^xvm. 42. ): Idem vero theatrum , idem
& proJHoulum : eo quod poft ludos exaclos 3 mere-
trices ibi proftemerentur. Celles qui n’exigeoient
que deux oboles pour prix de leurs faveurs, c’eft-
à-dire , les plus viles des courtifanes 3 attendoient
leurs amans auprès des moulins à bled , des pâtif-
fiers ( alicarii3 d ’où leur vint le furnom alicar'n) 3
& dans les fouterreins des anciennes murailles de
la ville , ( fumm&nium ; ce qui les a fait appeler par
Martial fumminiam uxores 3 n i . 82. 2. ). On les
voyoit auffi errer fur les ports, dans les carrefours
& dans les rues détournées. Quoique celle
de fuburra fut très-habitée , elle étoit cependant
fréquentée par les courtifanes 3 à caufe des jardins
& des bofquets publics auxquels cette rue con-
duifoit.
Lorfque les courtifanes étoient raffemblées dans
une feule maifoo, des hommes voués à cet infâme
commerce , appelés lenones , leur louoient
des chambres baffes & voûtées, fornices, fur la
porte defqueUes on écrivoit le nom de chacune,
& le prix qu’elle mettoit à fa poffefïïon. On peut
conclure du vers fuivant de Plaute, qu’il étoit
défendu aux courtifanes d’exiger rien au - delà
d’une fomme fixée ( Trinum. i v . 2. 47. ) :
Que adversiim legem accepijii a plurimis pecuniam.
Pétrone fait mention d’une courtifane dont on
exigeoit un as par jour pour le loyer de fa chambre,
cella ( c.‘S. ). Sénèque voulant prouver à une
femme qu’elle s’étoit déshonorée publiquement,
décrit ainfi les circonftances de fon entrée dans un
lieu infâme ( Controv. i l . ) : Deduéla es in lupanar :
accepifti locum 3 pretium conftitutum efi : inferiptus
efi titulus : kaclenus in te inquiri poteft.
Le prix de la proftitution dut augmenter fous
le règne de Caligula, à caufe de l’impôt que cet
Empereur exigea le premier des courtifanes, & de
ceux qui en faifoient commerce, lenones , ( Suet.
Calig. c. 40. n. y. ). Alexandre-Sévère défendit de
fouiller le tréfor public par la préfence de cet infâme
rétribution 5 mais il la fit employer à réparer
le théâtre, le cirque, l’amphi thé ârre & le palais
qui renfermoit ce tréfor ( Lamprid. c. 24. ).
Les Magiftrats Romains craignant que les jeunes
citoyens ne vinffent à négliger les exercices
auxquels la matinée étoit confacrée 3 fi les lieux
infâmes étoient ouverts dès le matin , en interdi-
foient l’entrée avant le foir , ou la neuvième heure
du jour. De-là vint aux courtifanes le furnom No-
narii3 qui leur eft donné par le Poète Perfe ( Sat.,
1. v. 133. ) , &rque fon ancien feholiafte explique
dans Je fens que nous venons de rapporter. Lorfque
la neuvième heure étoit fonnee , les lenones
annonçoient l’ouverture des lieux de proftitution
par le fon d’une cloche ( Pauli. Diac. xm . 2.)
Vénus, Cupidon & le Dieu des Jardins étoient
honorés d’un culte particulier par les courtifanes.
Tout le monde connoît les vers d’Aufone fur
le miroir que Laïs 3 devenue vieille , confacroit
à Vénus , comme les anciens avoient coutume
d’offrir à certaines Divinités, protectrices de la
guerre & des autres profeflions, les ajrmes ou les
inftrumens dont ils ne pouvoient plus faire ufage
( Epigr. l i v . 1. ) :
Laïs anus Veneri fpeculum dico : dignum kabeat fe
Æterna itemum forma minifterium.
At mihi nul lus in hoc ufus ƒ quia cernere talent 3
Qualis fum3 nolo ; qualis eram , nequeo.
Voyc[ encore Amans , Cheveux.
COUS.
k î20S. > Ces noms défignoient chez les Grecs
E2ITH2. )
( Eujlatk. ■ *. lliad. & Pollue, zx. ) & les Romains
la face du dé qui étoit marquée de fix. Pollux
( r u . 33.) compte ce point au nombre des coups
heureux.
COUTEAU , inftrument pointu, ©U'traftchant 1
fans pointe, dont les viétimaires fe fervoient pour
égorger ou dépouiller les victimes. Ils en avoient
de plufieurs efpèces. Le plus connu étoit la feceft
pita 3 glaive de fer aigu & tranchant qu ils plon-
geoient dans la gorge des animaux, & dont la
figure, fuivant la defeription de Feftus, appro-
choit de celle d’un poignard. La féconde efpèce
étoit le couteau a écorcher les viCtimes , culter
excoriatorius} tranchant, mais arrondi par le hâut
en quart de cercle. On faifoit celui-ci d’airain ,
ainfi que la plus grande partie des autres inftrumens
des facrifices j les côtés du manche de ce
couteau étoient plats j & il avoit à fon extrémité
un trou qui férvoit à paffer un cordon , afin que
le viCtimaire pût le porter plus aifément à fa ceinture.
La diffeCtiôn ou partage des membres de la
victime fe faifoit avec une troifième efpèce de
couteau plus fort que les premiers, & emmanché
comme nos couperets j c’eft ce qu’ils appe-
loient dolàbra. On voit plufieurs de ces couteaux
fur les médailles des Empereurs , où ces
inftrumens font un fymboîe de leur dignité de
grand Pontife : les cabinets des antiquaires en con-
fervent encore, quelques-uns.
Homère ( lliad. r . -v. 271. t. v. 252. ) dit que
Priam & Agamemnon portoient à côté de l’épée
un couteau ou poignard Cependant Winckelmann
affure qu’il n’en a vu fur aucun monument.
C’étoit probablement cette arme poignante que
Tes Romains appeloient culter venatorius, & qui
eft nommée aujourd’hui couteau de ehajfe. Tacite
dit ( Annal. n i . 43. 3. ) que d’une armée de
40000 hommes , la cinquième partie feule étoit
armée comme le foldat légionnaire, & que le
refte n’ avoit pour armes que des épieux & des
couteaux , comme en portoient les chaffeurs. C&teri
sum venabulis C? cultris 3 qmque alla venatoribus
tela funt.
Couteau-de-chajfe. Voyei Couteau.
-COUTRE. Voyes^ C h a r r u e .
CRABE. « On donnoit à Diane les titres de
Limi}ia & de Limnatis, parce qu’elle préfidoit
aux ports de mer î elle avoit un temple à Sicyone
fous le premier de ces titres (Paufan. lib. i l . 128.) 5
on la révéroit fous le fécond à Patras ( Paufan.
lib. i l. p. 573. ) , ainfi que dans beaucoup d’autres
villes'Grecques. Le mot grec Limnos lignifiant
un port , & les ferres du crabe appelées
eheli 3 marquant la courbure du rivage qui em-
braffe la mer & forme les ports, ce crufiacé devint
pour cette raifon le fymbole des eaux, celui
des ports, enfin celui de Diane, fous la garde de
laquelle ils étoient. Voilà pourquoi Efchyle fe
fert de l’expreflion Uorvlaç 3 pour mar
quer les deux bras d’ un port de mer.
Sur les médailles des Brétiens, rapportées par
Goltzius, (Mag. Gnc. Tab% x x r . n°. 2.) comme
fur celles de quelques autres villes, on voit un
crabe attaché à une tête de femme ; cette tête eft
toujours celle de Diane Limnatice ou Portulane.
C’eft elle , & non pas Amphitrite, que l’on a re-
préfentée fur des bas-reliefs & fur quelques pierreà
gravées avec les ferres du crabe fur le front , ou
même quelquefois avec un gouvernail de navire,
parce que l’on avoit coutume d’ôter ce gouvernail
aux vaiffeaux qui entroient dans les ports,
où ils reftoient fous la protection de Diane. »
C’eft ainfi que M. d’Hancarville combat l’opinion
de Winckelmann, qui reconnoît Amphitrite
à l’attribut des ferres de, crabe dans la coiffure.
Voye^ A m p h i t r i t e & É c r e v i s s e de mer.
On voit un crabe de bronze antique de grandeur
de nature dans la collection des Antiquités Egyptiennes
du cabinet de Ste Geneviève.
CRÂBRA ( Acqua ). F.rontin dit que ce ruif-
feau, deftiné à fournir de l’eau aux Romains ,
couloit à la droite de la voie Latine. Lorfqu Agrippa
fit travailler aux acquéducs de l’eau Julia , il en
fépara l’eau crabra, foit que l’ iifage n’en fût pas
avantageux, foit qu’il l’abandonnât aux habitans
de Tufculum : de-là elle fut nommée l’eau répudiée,
acqua damnata , & ViCtor & la Notice n’en
font mention que fous ce dernier nom. Elle coule
aujourd’hui au travers de la plaine d’Albane ,
mêlée aux dérivations -des eaux Julia & Tepula.
C’eft; à tort que l’on a confondu l’eau crabra avec
YAlmon 3 qui en eft très-diftinCt, & qui a fon
embouchure particulière dans le Tibre , entre la
porte d’Oftie & la bafilique de S. Paul.
CRACHER. La fuperftition des anciens leur
faifoit croire qu’il falloir ,pour repouffer les effets
d’un enchantement, cracher trois fois dans les
plis de fon manteau ou de fa toge. Nous voyons
: dans Thëocrite ( Idyll. vi. 39. ) une jeune fille
fe moquer de la décrépitude d’un vieillard qui
l’aimoit, & ufer enfuite du préfervatif rapporté
ci-deffus pour prévenir les enehantemens du vieillard
courroucé > elle le ternit , dit-elle , de la
vieille Cotyttaris, qui le lui avoit enfeignê. T i-
bulle voulant peindre la honte d’un amant décrépit
, dit que les jeunes gens s’affemblent, fe pref-
fent autour de lui, & qu’après l’avoir berné longtemps
, ils crachent tous dans les plis du devant de
leurs toges j fans doute pour éviter la vengeance
de ce vieillard ( 1 . y. y3-):
Hune puer, huriç juvenis turba circumfietit arSéa :
Defpuit in molles G* fibi quifque firtus.
Les forcières délayoient de la pouflière avec
leur falive, & en frottoient avec le doigt du milieu
le front de ceux qu’elles vouloient défenchan-
ter ( Petron. c. 9 1 .) . Mox turbatum fputo pulve-
rem medio fujiulit digito , frontimque répugnant te