
yj8 E N T E N T
les enterroient. ( Xenoph. Cyrop. Herodot. lib. 7.
cap. 9.)
Quelques auteurs ont dit que les grecs n'enfé-
velirent jamais aucun mort dans leurs temples
& dans leurs villes 5 mais c'eft une erreur. On
voyoit eu Laconie , dans le temple d’Amyclée,
Je tombeau d'Hyacinthe , fils d'Amyclès, fous
une ftatue d'Apollon. ( Paufanias 3. 1. ) Cet
exemple étoit fréquemment répété, comme on
peut le voir par les livres de Paufanias , & des
écrivains grecs.
Ces témoignages nous apprennent que l’ufage de
brûler les corps , n’étoit pas général chez les
grecs. D'ailleurs les lacédémoniens enterroient leurs
morts. Lycurgue avoit ordonné que ceux qui
auroient perdu la vie dans les combats, fèroient
enterrés avec des branches d’olivier, 8c que
ceux dont la valeur avoit été la plus diftinguée,
feroient enveloppés dans un drap rouge , défendant
de placer autre chofe près de leur cadavre.
A Athènes, Solon n'avoit permis enterrer avec
les corps que trois habits.
Les étrufques n'étoient pas dans l’ ufage de
brûler les corps. Les tombeaux de marbre, rapportés
par Demfter , Gori , 8cc. ne permettent
pas de douter qu'ils ne les enterraffent.
Un philologue célèbre {A l. abAlexandro dier.
génial, lib. 3. cap. 2. ) a écrit que les romains
ne brûloient pas les corps dans les premiers fiè-
cles de leur v ille, & qu'ils les enterroientj mais
qu'ils avoient réglé depuis par un décret, decreto
fanxerunt 3 qu'on les brûleroit, parce que les ennemis
déterroient leurs cadavres & les infultoient.
Cette opinion eft dénuée de fondement, car on
ne peut trouver aucune trace de ce prétendu
décret. D e plus il eft démenti par le grand nombre
de tombeaux qui exiftent encore, dans lefquelson
voit que des cadavres ont été dépofés , 8c du
temps de la république, & fous le règne des
empereurs. Gruter rapporte aufli plufïeurs inferip-
tions qui parlent de corps entiers renfermés dans
le fein de la terre.
D. M.
1. I v u . E P I G O N I
y i X I T . A N N I S. X X V I . M . y . D . XI I .
C O R P U S . I N T E G R U M . C O N D I T U M
L. I V I I V S G A M Y S
P A T E R . F I L I O . P I I S S I M O .
Pag. d c l x x x v u J. ic,edition, prima.
L. I V L I V S. G A M Y S
DI S . M A N I B U S
L. I V L I. M A R C E L L I
N E P O T I S S V I
V I X I T. A N N . V
DI EB V S . X X X X I
C O R P V s. i n t e g r v m
CO N, DI T V M
S A R C O P H A G O .
Pag. d c x x x I x, 8.
Fabretti ( infeript. pag. 17. ) cite encore à ce
fujet l'infeription fuivante :
o s s A. F A B
S U B.. F v N D.
t r i b v n a l i s
T E R R A . T E C T A
Et celle-ci qui eft accompagnée de deux fque-
•lettes gravés à fes deux côtés :
CRI TONI A. Q. L. P H I L E N I A
P OPA. DE. IN' SVLA.
Q. C R I T O N I. O. L. D A S S I
S CAL P TORI S . V I L A R I
S I B I. S V I S Q V E . P O S T E R
E O R.
Il eft donc certain que dès les commencemens
de Rome , on brûla & on enterra les corps , que
le fécond ufage fut d'abord plus fréquent que
le premier ; mais que par la fuite le premier devint
le plus ordinaire par la force de la mode
feule, & fans aucune loi. Pline ( h i ß . lib. I ll-
cap. 2. ) le d it , & il obferve que plufieurs familles,
8c entr'autres la famille Cornelia , jufqu'au
diérateur Sylla, confervèrent l'ufage d'enterrer les
corps. C e pafiage de Pline a paru obfcur à quelques
philologues 5 mais il devient clair & expreflif,
lorfqu'il eft rapproché de celui ( lib. V I I . cap.
X V I .) où il dit que l'on ne brûloit les corps
humains qu'après qu'ils avoient acquis des dents ,
non hominem priiis quam genito dente cremari. De
là vient que Juvenal défïgne un enfant par ces
mots ( fa t. X V . ) minor igné rogi, trop jeune
pour être brûlé. De là eft venue auffi la diftinc-
tion établie par les anciens jurifconfultes, entre
les mots corpus & ojfa, qui eft exprimée dans
E N T
l'infeription fuivante , rapportée par Fabretti
( ibidem. )
I N . L A T . P. I I . L. P. 1 1 I I.
H V I C . L O G O . I T V S. A M B I T V S . D E B E T V R
E T . SI. C O R P V S . I N F E R R E . V O L I T . S I V E O S S A
L I C E A T .
L’ ufage d'en te r r e r les corps , qui avoit ete
moins pratiqué depuis Sylla, que celui de les
brûler, commença, fous les empereurs chrétiens,
à régner feul. Macrobequi floriffbk fous le règne
de Théodofe le jeune ( S a tu r n a l. l ib . V il. c . u . )
dit expreffément que de fon temps on ne brûloit
plus les corps : Hc e t u r en d i corpora de fu n c lo rum
ufus n o firo f& cu lo n u llu s f i t .
Les gaulois brûloient les corps du temps de
Jules-Céfar , ( .de b e llo g a llic o , l ib . 6. ) de forte
que l’on ne peut attribuer qu'aux francs , leurs
vainqueurs dans les IIIe. IV e. 8c V .e liecîes ^ la
quantité prodigieufe d’anciens cercueils que l'on
déterre tous les jours en France.
E N T H E A . Cybèle eft appellée, dans Martial,
la mère E n t h é a , qui veut dire la divine * c>u la
fanatique, ou la déeffe apx enthoufiafmes. E vhos3
d i v in .
EN TR A IL LE S des vi&imes. C ’étoit la fonction
des arufpices d'examiner les e n t r a i l l e s , pour
en tirer des préfages. Cicéron , dans fes livres
de la divination , après avoir fjit voir affez vivement
quelle extrême folie c'étoit de confulter des
en tra ille s d’animaux, réduit les partifans des Arufpices,
à répondre que les dieux changent les
tr à i l l e s dans le moment du facrifice , afin de marquer
par elles leur volonté 8c 1 avenir 5 fur
quoi il fe récrie ainfi : « ah 1 que dites-vous? Il
as n'y a point de vieilles lî crédules que vous,
s» Croyez-vous que le même veau ait le foie bien
ss difpofé, s’il eft choifi pour le facrifice. par
ss une certaine perfonne , 8c mal difpofé , s'il eft
s» choifi par un autre ? Cette difpofition de foie
ss peut-elle changer en un inftant, pour s'accom-
s> moder à la fortune de ceux qui facrifient :
ss ne voyez-vous pas que c'eft le hazard cjui fait
sa le choix des vi&imes ; l'expérience même ne
» vous l'apprend-elle pas? Car fouvent les e n -
», tr a i l l e s d'une viétime font tout-à-fait funeftes >
ss & celles de la vi&ime qu'on immole immé-
ss diatement après, font les plus heureules du
>s monde. Que deviennent les menaces de ces
»s premières e n tr a ille s 2 Ou comment les dieux
ss fe font-ils appaifés fi promptement ? mais vous
» dites qu'un jour il ne fe trouva point de coeur
s» à un boeuf que Céfar facrifioit > 8c que, comme
»» cet animal ne pouvoit cependant pas vivre fans
>• en avoir u n , il a fallu ne'ceffaircment qu'il fe
E N Y ^ 9
>s foit retiré dans le moment du facrifice. Ell-il
ss poflible que vous ayez affez d'elprit pour voir
>s qu'un boeuf n’a pu vivre fins coeur, & que
>■> vous n'en ayez pas aftez, pour voir que ce
ss coeur n’a pu en un moment s'eivoler je
»5 ne fais où ? Cicéron ajoute un peu plus bas.
ss C ’eft un ancien mot de Caton , 8c qui eft
ss connu de tout le monde, qu'il s’étonnoit qu un
»> arufpice qui rencontroit un autre aruf ice , ne
ss fe mît pas à rire ; car de tontes les chofes
ss qu'ils ont prédites, combien peu font arrivées?
ss Et lorfqu'il en eft arrivé quelqu’une , que piut-
ss on alléguer pour faire voir qu'elle ne fo;t pas
: ss arrivée par hazard ? Lorfqu'Aonibal, réfugié
>s auprès du roi Piufîas , lui confeilloit de eom-
; » battre , 8c que. ce' roi lui eut répondu qu’il ne
: s> l’ofoit, parce que les entrailles des victimes
» n'étoient pas favorables. Q u o i, lui répliqua
»s Annibal , vous aimez mieux vous en rapporter
I >s aux entrailles d'un boe u f, qu'à l'avis d’un vieux
j ss général »s?
ENTRÉ E S ( grandes 8c petites). V o y e i Ad-
; MISSIONIS.
E N T R E -R o i . Voye^ Interrex.
EN V IE . Les poètes, tant grecs que latins,
ont déifié Y e n v ie , avec cette différence, que
, comme chez les grecs le mot eft mafeulin,
ils en ont fait un dieu ; 8c , au contraire, les
latin-s en ont fait une déeffe, parce qu'invidia
eft féminin. Il ne paroît pas qu'on ait jamais
érigé des autels, ni des ftatues à Venvie. Lucien
8c Ovide en ont fait des deferiptions poétiques,
prifes fur les envieux même. Voici comme parle
Ovide : « Une trifte pâleur eft peinte fur ion
vifage, elle a le corps entièrement décharné,
1 »s le regard fombre 8c égaré, les dents noires
; » & mal-propres, le coeur abreuvé de fiel, 8c
I ss la langue couverte de venin. Toujours livrée
’ .ss. à des fouhaits inquiets 8c chagrins, jamais elle
ss n'a ri qu'à la vue de quelques maux ; jamais
■ ■ »s le fommeil ne ferma fes paupières. Tout ce
ss qui arrive d’heureux dans le monde, l'afflige
ss 8c redouble fa fureur ; elle met toute fa joie
» à fe tourmenter, à tourmenter les autres, 8c
ss, elle eft elle-même fon trifte bourreau ».
EN Y A L IU S . Hiftiæus de M i l e t a n c i e n
auteur grec , qui avoit écrit l’hiftoire de la Phénicie
, difoit, au rapport de Josèphe , que certains
prêtres avoient porté les facrifices de Jupiter
E n y a liu s dans la campagne de Sennaar,
c 'e f t - à-dire, dans la partie de la Méfopotamie,
qui eft la plus proche du confluent de l'Euphrate
8c du Tigre. Voftius ( de id o l. orig. &
prog. L I . c. 16. ) croit que Jupiter E n y a liu s eft
Mars, 8c que ce Mars des aflyriens, ou babyloniens
, 11'eft autre que Nemrod. On convient