
fouverains pontifes. Nous apprenons ce fait de
fépitaphe fuivante : -
D iis manibus. Tito Æ lio Augufii liberto, Titiano
P roxim o3 à libris facerdotalibus , defunèlo Car-
nunti annos X L I1. menjès I I I . diès X IX . marito I
virgini dulcijfimo & incomparabili beneque merito :
quem funeravit Flavia Ampelis conjux carijftma , &
re/iquias ejus permijfu imperatoris ipfa pertulit con- ■
fecravitqüe. Cum quo v ix it annos X I I . menfes I I I .
dies X X I . Jim ullâ querella. Dans cette belle épitaphe
du premier fiècle, publiée par Papenbroc,
un vafe rempli de fleurs ; car c’étoituae pratique
ufitée, 8c même une pratique religieüfe, .d’çn
répandre fur les tombeaux : purpureos fpurgam
flores 3 dit* Virgile au fujet de la mort de Marcel!
les extrémités*de quelques lettres font terminées^
en croi fiant, & les E & les L un peu courbées.
Nous l'expliquons ainfi' en notre langue « aux
» dieux Mânes. A Titus Ælius, affranchi d’Au-
» su ite , & furhommé Titianus Proximus. Il eut
» la garde des livres facerdotaux, & mourut à ;
» Càrnonte 3 après quarante-deux ans , trois mois*
5» dix-neuf jours de vie. C e fut un mari incompa-
*> rable & d’une exfrême douceur envers fa jeune
» & très-chère époufe Flavia Ampelis. Après
» l’avoir enfeveli, elle a conduit fa pompe funè-
» bre : elle a porté elle-même fes os 8c fes cendres.,
» avec la permiflion de l’empereur '3 & les a con-
» facrés aux mânes. Elle a vécu avec fon digne
» époux douze ans, trois mois & vingt 8c un
» jours, fans aucun fujet de plainte*. Depuis
que les empereurs romains eurent emporté par
brigues le fouverain pontificat,; ils eurent à leur
difpôfition les livres facerdotaux , où étofent renfermés
les my fi ères du paganîfme. Augufte, en
qualité de fouverain pontife, permet à Ampelis
de faire elle-même, 8c fans le miniltère d esp rêtres.
, la confécration des os de fon mari ; quoique
ce fût une cérémonie religieüfe. On peut
voir fur cette infeription Papenbroc, les mélanges
de d'Orville ( T . III. p. n o . ) 8c la 4e. difiert.
d’Adrien Reland, de nümm. famarit.f p a g .13 1:)
Voyei F u n os , A pothéose , Sarco phages ,
& c . , &c.
FUNÉRAIRE ( facrifice). Les romains avoient
coutume d’offrir aux dieux des facrifices à la
mort de leurs parens 8c de leurs amis; l’hiftôire
en fait mention, 8c les mqnumens de Sculpture
©u de Gravure, qui repréfentent ces marques de
la piété 8c de la tendrefle des vivans envers les
morts, ne font pas rares dans les cabinets des
curieux. Le roi de France pofsède une Agathe
O n y x , dont la Gravure peut en augmenter le
nombre : on y voit fous le toit d’un batiment'
ruftique , 8c tel qu’on les confiruifoit dans l’enfance
de l’Architëélure, une femme nue.vis-à-
vis d’un autel , fur lequel eft allumé le feu facré.
Elle paroit occupée d’ un facrifice qu’elle offre
aux dieux infernaux, avant que de placer dans
h tombé l’urne* qu’ elle porte, 8c qui, fans doute , !
eft remplie des cendres de quelqu’un qu’elle a 1
aimé, Derrière e lle , eft p.ofé fur pne colonne
l is ; 6 * faltem fungar inani munere.
’• 5“ fe^on quelques critiques , c’étoit
le nom que.îes^romains donnoient dans les cérémonies
funèbres à la plus proche parente du mort.
Celle-ci renfermée dans la mai fon avec les autres
parentes , faifoit les lamentations 8c les autres
regrets ufités en pareille occafion ; une autre ,
app.ellée Proefica, qui n’étoit pas parente, mais
pleureufe à gage, s’acquittoit .du même devoir,
dans la rue.
L’explication qu’on donne ici du: mot fu n e ra ,
d’après quelques dictionnaires latins, eft très-
douteufe ; elle n’eft fondée que fur ces mots de
Virgile , au IX*. livre de l’Enéide :
............ Nec te tua funera mater
Produxi.................... ..............
Servius affure que funera eft au nominatif fin-
• gulier ; mais d’autres philologues croient- avec
. plus de raifon que c’ett l’accufatif plurier de
funus.
FU N U S . Voye^ Funérailles.
[ Funus acerbum fe difoit des funérailles de ceux
qui moproient avant d’avoir pris la robe virile.
; (Juvenal. fat. X I . 44. ) :
Non presmaturi cïneres , non funus aeerbum
- Luxurice ; fed morte magis metuenda feneSus.
, Funus cenforium 3 funérailles ordonnées par les
cenfeurs pour ceux qui avoient bien mérité du
peuple romain.
Funus. collativuni 3 ou funus publicum , funérailles
faites aux frais de chaque particulier, telles
que celles de Valerius Pôplicoîa, de Menènius
Agrippa, ou aux frais du public, par l’ordre du
fénat.
Funus commune, ou tranflatitium 3 ou tàcitum ,
OU plebeium , ou vulgare 3 funérailles fimplés §Ç
dépourvues de toute fplendeur.
Funus familiare, convoi funèbre çompoTé de
la feule famille, du mort.
Funus imaginarium , convoi orné' des images
de tous les ancêtres au mort.
Funus indiçlivum, convoi auquel on étoit appelle
par un crieur, 8c qui .étoit ordinairement
accompagné de jeux funèbres, 8c des eavaliers-
défulteurs.
Funus laeirüm, ou tumultuarium, funérailles
faites à la hâte 8c fans pompes.
Funus larvatum3 funérailles de perfonnes écra-
féespar la chûte de quelque bâtiment, 8c dont
on couvroit les vifages meurtris avec des marques.
Il en eft fait mention dans l’épitaphe de
deux nouveaux mariés qui éprouvèrent ce cruel
fort la première nuit de leurs noces : cari parentes,
y cft-il d it , lutta nec lacrimis mifera ac larvata
-noftra defieatis. fùnera 3 ne reddatis infeliciora. On
voit ce monument à Rome ( Camerar. oper. j
fttbôls. 1. C)tS.)
. ■ -Funus militarè. V . FUNÉRAILLES des romains.
- Funus plebeium. V.. FUNUS commune.
Funus publicum. H. FUNUS inditïiyurn.
Funus Jîmpludiareum étoit diftingué du funus in-
d U iiv um , et? ce qu’il n’ y avoit que des jeux dans
le ftmpludiàreum, d’où venoit fon nom, conifne
fi l’on eût dix ■ fmpliljidiariüm.
Funus' tacituth.' I r s - r
y K . Funus commune.
Funus tranflàtitium. j
FU R E U R , divinité allégorique , que Virgile
( Æneid. I . 398. ) repréfente. la.tête teinte de
languie vifage déchiré de mille plaies , 8c couverte
d’un cafque tout fanglant j elje eft enchaîoée pendant
la paix , les mains liées, derrière''le; dos ,
affife.für.un amas'd’armes , fré,miflant de rage ;
8c pendant la guerre , elle ravagé tout après avoir
rompu fes chaînes. Pétrone ( ç. 84. ) a de'crit
suffi cette divinité,, à laquelle les latins don-
noient le genre mafeiriin , à caufe du mot furôr.
F U R IA 3 famille .romaine.dpat. on a des médailles.
R^ en argentf '
RR. én bronze. ,
O, en, or.
Les furnoms de cetté famille font Cam il l u s 3
CrASSTPES 3 pHILUS 3 PuRPUtLEO , B rOÇCHUS.
Goltzius en a publié quelques médailles^ inconnues
depuis lui.
FURIES. Il n’y a eu dans là Mythologie aucune
divinité aufli redoutée que les déeffes appelées
( Iphig. in Tauris. ) par Orefte avUyùftvs
divinités fans nom. Telle étoit l’idée affreufeque
les grecs s’en étoient formée. On n’ofoit .même
prononcer leur - nom d’Euménides , malgré fon
origine douce 8c confolante. Nous devons cependant
reftreindre: cette pufillapirnitéau vulgaire
feul 8c aux criminels p^rfécutés par les remords.
Car Homère Spphoçle j Euripide , Efchyle 8c
les autres poèjtes en. ont parlé ouvertement 8c
dans le plus grand détail. L ’auteur des hymnes
d’Orphée n’a pas été plus craintif, comme on
va l'apprendre des deux poèmes qu’il a confa-
crés aux louanges des furies.
Hymne I. « Prêtez une oreille attentive à mes
* chants : Tifiphone,Aleélon divine Mégère,déef-
•* fes honorées dans tousdes climats, occupées de
M travaux perpétuels, 8c redoutables par vos
* rugiflemens terribles. Vous habitez une retraite
» fombre fur les bords facrés du Styx. Tantôt
* vous n’ exaucez qu’avec lenteur les voeux des
» humains j tantôt vous faites éclater fubitement
» votre pouvoir dans les entreprifes les plus
» dangereufes : fouvent couvertes de peaux
*> de bêtes , animées par ' la fureur, vous
* faites fubir aux coupables les plus affreux tour-
« mens. Vierges terribles, invifibles comme l’air,
»> plus légères que le vent, 8c aufli promptes que
» la penfée, vous portez la terreur fur la terre
» 8ci «dans les enfers. En vain les mortels placeroient
ils leur ■ félicité' dans la joui flan ce des
jours purs 8c dés nuits paifibles, dans là pratique
» de quelques vertus dans les-exploits belli-
» queux, ou même dans les grâces dé la jeunefle
» 8c de la beauté : ces plaifîrs ne feront parfaits
» que de votre aveu. Car vous êtes établies de
»' tous les temps, pour juger les humains , 8c rien
» n’échappe à vos regards perçants. Arbitres du
» for t, divinités redoutables par les ferpens qui
» flottent dans votre chevelure j 8c par les formes
terribles fous lesquelles vous poürfuivez les
» criminels , écoutez les prières de votre poète,
» 8c ne permettez pas que les envieux de fa gloire
» puiflent troubler, fa vie tranquille ».
Hymne I I . ce Écoutez-moi favorablement, ô
» vous Euménides! célèbres dans tout l’univers,
» chaftes filles de Jupiter - terreftre & de l'aima-
» ble Perféphone aux beaux cheveux; cette
» déefle qui examiné fans cefle les aérions des
» mortels coupables. Douées de l’immortalité,
; » dépofitatre du pouvoir de Perféphone , brii-
! » lantes de l’éclat qu’ elle répand fur tout ce qui
’ » l’environne, vous exécutez fous fes yeux,
» toujours ouverts, les arrêts du fo r t, 8c vous pu-
» niffez les impies. Le feu que lancent vos re-
» gards, embrâfe & dévore les ombres facrilèges,
i » dans la nuit épaifle où vous exercez de tant
: » de 'manières différentes vos fureurs vengereffès.
» Je vous aoreffe des voeux ardens, divinités
» redoutables par les ténèbres qui vous envi-
: » ronnent, & les ferpens qui fifflent dans vos
; » cheveux, je vous en conjure, exaucez votre
i » poète». ;
La multitude d’épithètes 8c d'idées accefloires
dont chaque phrafè de ces poèmes eft ftirchargée ,
y fait recofmoîrré le génie oriental: Cette fécondité
n’a été reftreintè que par le goût! 8c le. difeer-
nement des bons auteurs de la Grèce. Hafarderoit