
.312.. ) , Sc celle d’ Opifera fe lit Fur ùiie isfcrip- !
don publiée par Gruter {p. x l i . 8 . ) :
DIANA! OPrFïR.
NEMORENSÏ
1APULIIUS t . X..
ANXIO.
Quoique cette infcription foit au roui d’un
homme, c’étoit fur-tout par les femmes que. Diane
étoit invoquée comme une DéefTe falutaire.
Ainfi Diane qui étoit fi recommandable par fes
bienfaits, pouvait auffi faire beaucoup de mal :
elle pouvoit envoyer la pelle fur la terré ; mais on
croyoit que fa vertu meurtrière ne s’étendoit que
fur les femmes 5 ce qui faifoit mettre leurs morts
fubites fur le compte de cette DéefTe, comme Ton
attribuoit celle des hommes à Apollon.
Les titres fi diffërens de mère & de vierge font
donnés à Diane fur deux infcriptions. La première,
trouvée en Efpagne , eft conçue en ces
termes ;
TEMPLU'M DIANAE
MATRr. D. D. API*
LEIUS ARCHITEC
Tü-S SUB-TRUXIT.
La fécondé fe trouve dans le recueil de Gruter
( Grut. p. xx. I I . Vid. quoq.Jpon. Mifcell. Erud.
Antiq. jfeÜ. 3. ) :
V IR. DIANAE SACR.
PRO SALUTE '
ÏMR. CAESARIS L. SEPTIMX
SEV1RI PERTINAC1S».
Ces furnoms * fi incompatibles en apparence,
peuvent cependant fe concilier en difant que Diane
a voit reçu-le titre de mère, comme BéefTe qui pré-
fidoit aux accouchemens, & qui en cette qualité
étoit invoquée par les mères; ce n’eft qu’un fur-
Jiom palfager , & employé feulement dans quelques
circonftances. Mais celui de vierge marquoit
fa qualité effentrelle , & parce qu’elle s’étoit vouée à cet état, & parce qu’ elle accordoit une protection
particulière aux jeunes filles qui n’étoient pas
encore mariées. La. première demande que Diane
fait à Jupiter, c’eft d’avoir la liberté de conferver
toujours fa virginité ( Callin,. Hymn. in Dian.
V. 6. ) . /
Gn dit que ce ne fut pas tant la. vertu de la continence
qui la détermina à ce choix, que la crainte
des douleurs de l’eiifantement dont elle foupçon-
noit les violences. Quoi qu’il en f o i t , Diane paf-
foit dans le féjour des Dieux 8c chez les mortels
pour la vierge par excellence. Calliraaque ( ibid. y. 1 IC. ) l’appelle Ajvtfd vctfhnq j. & , félon Euripide,
elle eft la plus belle des vierges de l’OIym*
pe ( Hippolit. 2. v. 7 1 .).
L ’abeille lui étoit confacrée, parce qu’elle étoit
lefymbole de la virginité. 11 n'étoit permis qu’aux
filles vierges d’entrer dans fon temple & fon. bois
facré iïÉpkefe, 8c Strabon nous apprend que l’on
prenoit des précautions pour que les Prêtres de
ce temple , nommés MtyuiopuÇoi, puflent garder
leur virginité.
Quand de jeunes filles vouloient fe marier,
elles remplifToient des corbeilles de préfçns & des
plus beaux ouvrages qu’elles eufTent faits à l’aiguille
, pour les confacrer à Diane. Elles croy oient
appaifcr par ce don la gardienne de leur virginité,
lorfqu’elles étoient fur le point d’y renoncer;
C’eft: pour cela que dans Théocrite , une femme
qui venoit d’être mariée s’adreffe à Diane, en la
priant de lui pardonner cette aélion.
Cette cérémonie des corbeilles fe faifoit avec
une certaine pompe ; c’étoit une efpèce de fête
que l’on appeloit kanhæopia , 8c qui fut infti-
tuée en l’honneur de Diane.
Enfin, fi cette DéefTe étoit fi jaloufe de la chaf-
teté dans les perfonnes qui lui étoient attachées x
jufqu’à chaffer honteufement Calillo pour avoir
violé fon ferment de garder la virginité; combien
ne devoit-elle pas être févère envers les téméraires
qui auraient ofé attenter à la fienne ? Auffi tua-
t’elle Euphagus ( Paufan. Arcad. c. x vn . ) à coups
de flèches fur le Mont Pholoé, pour le punir de
fes entreprifes hardies.
Le crirrie involontaire d’Aéléon ( Ovid. Metam.
lib. n i . ) qui la furprit dans le bain, coûta la vie
à çe malheureux chaffeur : la DéefTe le changea
en c e r f , & il fut déchiré par fes propres chiens.
Ce trait de la fable eft repréfenté fur quelques,
monumens. Une médaille de Daldia, en Lydie „
préfente trois figures de femmes nues ; favoir,
Diane 8c deux Nymphes qui fe baignent dans un
baffin où tombe l'eau d’une fontaine voifine ,8 c
qui eft près d’un arbre. Plus haut à droite, on voit '
un temple à quatre colonnes, dans lequel une
femme affife paraît tenir de la main droite une couronne.
Au bas eft un cerf courant qui regarde, derrière
lui, & de l’autre Aâéon nud, qui tient la
main droite étendue vers Dzane dans le bain, 8e
un arc de fa gauche, félon les apparences.
Malgré cette réputation de chafteté fi bien établie,
Diane ne fut point exempte de tout foupçon.
Quelques auteurs lui reprochent des. liaifons intimes
avec Endymion :
Latmius Endymion non efi tijbi , Luna , pudoru
Et fl l’on en croit Virgile ( Géorgie, n i . v. 391.)
elle eut quelque complaifance pour le Dieu Pan u
Pan Deus Arcadie captant te 3Luna , fe fe llit,
In nemora altavocans j nec tu. üjpernata vocantenu.
On trouve dans le précieux recueil du Cornt«:
d e Caylus le deffin d’un bas relief de marbre > re-
préfentant Diane en repos, & qui paroît fixée par
un Dieu, par un amant, qui, pour lui plaire, eft
auprès d’elle fous la forme de l’objet dont elle
étroit le plus occupée. Ce monument où la Décile
paroît nue & careffant un cerf, rend au moins fa
vertu très-fufpeéle, quelle que foit l’allégorie.
Il feroit cependant poffible de la juftifier en regardant
le cerf qui eft à fon côté comme le fym-
bole de la chaffe pour laquelle la DéefTe étoit en
effet paffionnée. C’étoit fon exercice favori, 8c il
faifoit prefque toute fon occupation. Callimaque
commence fon hymne en l’honneur de Diane, en
la repréfentant comme une DéefTe qui fait des traits
8c des filets fes plus chères délices.
Elle fe contente d’un habit léger qu’elle relève
jufqu’au genou, afin de pourfuivre avec plus de
facilité les bêtes fauvages.
Son amour pour la chaffe eft fuffifamment défi-
gné par les furnoms ( Orph. Euripid. Sophoel.
Anacr. &c. ) , A y fo r t fcc , , vrcXvttjfcs ,
jLXuQüßixog, A ety a ßoX o s, xw t iy c s , fur lefquels il eft
inutile d’infifter. Les Poètes Latins lui donnent
auffi l’épithète de V enatrix , de Jaculatrix 8c de
Pharetrata. Cette dernière fe lit fur une infcription
recueillie par Reinefius ( p. ioy. ) , qui étoit
gravée fui le collier d’un chien :
DIANAE PHARETRÀTAE
SUM. SINE. REDIBO.
Les flèches de Diane portoient toujours un
«oup fur j elles étoient la terreur 8c5la perte des
animaux. Ovide, en décrivant fon retour de la
chaffe, exprime ainfi le dégât qu’elle avoit fait
dans les forêts : ( Faß. iib. 11. v. 163. ).
Mille feras Phoebc filvis venata redibat.
Cette efpèce de viéloire qu’elle remportoit
fbuvent. fur les animaux les plus formidables, lui
mérita les furnoms de Vi&rix 8c d’ lnvifta.
L ’épithète cft<ri<po%T*ç que Phurnutus donne à
Diane, confirme le témoignage des auteurs , fur
le choix qu’elle avoit fait des montagnes pour fa
demeure $ 8c celle de Ntpih* qu’on lit dans..
Strabon, marque combien elle aimoit les forêts.
Le furnom de Nemorenfis , qui eft le même, eft
donné à la DéefTe fur une infcription trouvée à
Home : ( Spon. Mifcell. erud. antiq. )«
DEANAE
NEMORENSI
SACRVM
M. ACÏLIVS
PLARIANVS,
Après ces témoignages 8c plufîeurs autres que
l’on pourroit produire , il n’ eft pas étonnant que
Diane paroifle en- habit de chaffe ftir prefque tous
le* monumens qui h repréfentent. On k voit fur
des médailles de Mytilène, d’Ephèfe, d eC rc te ,
d’HiéroeéTarée en Lydie, fur d’autres d’Amyntas,
Roi de Galatie, (Rec. de Rois pl. x ix .) 8c
d’Anthiocus V I I I , Roi de Syrie ( ibid. pl. x n y
fur des bas-reliefs 8c fur des pierres gravées. Elle
eft ordinairement debout dans l’attitude de quelqu’un
qui court, tenant de la main gauche un
- arc, & portant la droite au carquois qu’elle a
fur l’épaule, comme pour en tirer une flèche}
fes cheveux font noués 8c relevés par derrière >
on remarque quelquefois le croiffant fur fa tête
ou fur fes épaules. Son habit eft relevé de manière
que l’ extrémité n’en tombe pas jufqu’au genou,
Sc lui découvre même une partie des cuiffes j ce
qui a fait qu’Ovide, en comparant l’habillement
de chaffe de Vénus à celui de Diane, s'exprime
ainfi : { Metam. Lib. x . y. y 36 ).
Nuda genu , vejlem ritu fuccinfta Diane.
XJne ceinture qui arrête fon vêtement au-defîoifs
du fein, le laifle à découvert ainfi que l’épaule
droite.
On voit fouvent au côté de Diane -un chie»
ou un cerf5 fur un ancien monument, elle eft
même accompagnée {Murator. incript. p. xxxrrr.
n. 1 . ) de l'un 8c de l’autre; 8c ce qu'il y a de
remarquable, c’eft que le cerf qui eft un animal,
objet de la chaffe, femble ici faire la mên>e fonction
que le chien , 8c pourfuivre avec lui d’autresi
animaux. Peut-être en donnant à la DéefTe un
ce r f pour attribut, a-t-on voulu exprimer fon
agilité, 8c faire entendre qu’elle l’égaloit à la
courfe. Callimaque dit que fon char d’or eft attelé
de cerfs auxquels elle a donné auffi des freins-
d’or.
Les épîthètes<*de Délia 8c de Cynthia ayant
été données à Diane, ainfi que celle de Delius 8c
'de Cynthius à fon frère , prouvent le culte commun
qui leur étoit rendu. Celle de Délia eft
employée par Virgile ( Eclog. 3. ) :
Notîor ut non fit canibus jam Délia nofiris.
La DéefTe avoit dans l’Ifle de Délos un temple
de marbre nommé Artémifion; elle y étoit représentée
debout, le croiffant fur la tê te , portant
de la main droite une torche, 8c de la gauche
un arc. Virgile compare élégamment Didon, entrant
dans le temple de Carthage avec tout fon
cortège, à Diane ( Æn. 1. v. 498. ) préfidanp
aux choeur des Nymphes fur le Mont Cynthien ;
Qualis in Eurote ripis , autperjuga Cynthfr
Exercet Diana ckoros , quant mille fecuta
Hinc atque hinc glomeraniur Oreades.
Il paroît que ce fut à Délos que le culte de
Diane eouimença à s’établir 5 mais il ne tarda pas
Z z ij