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qu'il ne faut jamais confondre , je veux <fire les
moeurs du périt peuple avec les moeurs des per-
fonnes élevées au-deffus du peuple par leur fortune
ou leur naiflance , qu'on a tiré des confé-
quenres fi rkficules d’un partage d’Hérodote ,
répété prefque mot pour mot dam la Géographie
de Mé a ( lib. L cap. IX. ). En Égypte , dit-il,
L s hommes reftent dans l’intérieur du log;s , &
travaillent à faire des toiles, tandisqueles femmes
fortent, vendent, achètent & font les affaires
de dehors. Comment elV-il pcflîble qu’on ne fe
. fiait pas apperçu qu’il n’ eft queftion ici que des
tifferands & des bas ouvriers, qui, attachés comme
eux à des métiers fédentaires, ne pouvoient fe
charger des affaires de dehoi s ; & qui ne renferment
leurs femmes ni en Turquie , ni en Perfe,
ni à la Chine, où la clôture eft néanmoins plus
févère qu’en aucun pays du monde ? Ces gens-
là font trop pauvres pour avoir des éfclaves., &
ils ne font pas aflez riches pour être polygames.
En Egypte, ils envoyotent leurs femmes échanger
des toiles contre de la coiocafe : car tout ce
négoce fe bornoit aux fruits & aux étoffes, comme
les auteurs arabes, qui ont parlé de cet ancien
ufage, en conviennent généralement. A nvefure
que le mauvais gouvernement des mametucs,
& le gouvernement encore plus mauvais destines^
y ont miné les fabriques, on a vu ce trafic cefler
par degré & enfin finir».
« Quant aux femmes d-un rang plus »elevé, Plutarque
dit que les égyptiens ( Pr&cept. Connub. )
ne permettoient pas à leurs femmes de porter des
fouiiers : enfuite ils avoient imaginé que c ’étoit-
une indécence pour elles de paroître en public
à pieds nuds y de forte qu’elles n’avoient garde
d’y paroître. Le kalife Hakim , tromème des Fa-
thi mires , 6c fondateur de la religion des drufes ,
remit cette ancienne coutume en vigueur, & défendit,
fous peine de mort, aux cordonniers de
l ’Egypte, de faire des fouiiers ou d’autres chauf-
fures pour les femmes 5 & c’étoit bien conrrortre
le génie des orientaux, que de foutenir un ufage
par une loi. Si je n’ avois pas trouvé cettemêrae
loi dans le Kital-al-Machnid, bible des drufes ,
j'aurois pu douter de ce que Plutarque rapporte 5
mais ces deux faits fe confirment tellement l ’un
l’autre, qu’il n’ eft point pofllb-le d’en douter ».
« C e font 1 zs femmes de la lie de ta naripn, qui
ont commis anciennement en Egypte tous- ces
ex cès, dont il eft tant parlé dans l’hiftpire : elles
dahfôiënt dans les ©tgies , porroierft le phallus
d’une manière prefqueincroyable j fe traveftîlfoient
en Chérubs, en s’appliquant aux épaules deux
grandes paires d’ailes , comme on l’es- voit dépeintes
fur les langes des momies ( Gardon Ma-
miatfieci, ) 5 fe lamentoienr aux portes des tem'-
ples d’Ifis, ou pleuroient dans le deuil des parti-
çvriiers pour de l’argent, - tout comme ceh-fepra-
tique encore dé nos jours : elles fe fignaloient à
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la fête de Bubafte, à la*proceûion de Canopè,
infuitoient les paffans fur le N i l , fe rendoient
fnrieufes en prenant de fortes dofes d1 opium y &
c’ tft vraifemblabfement pendant ces accès de fti*
reivr qu’elles fe proftituoient en public à des boucs
au canton de Mendès j 6c c ‘eft-là un fait qu’on
peut croire j mais quand Plutarque a attelle de la
manière la plus pofitive , qu’on en avqit vu qui
couchoient avec des crocodiles appiivoifés dans
la ville d’Antée , on n’a pu le Croire. Là deffus
il faut obferver que le favârït Jablonski s’eft imaginé
que le bouc de Mendès rèprefentoit le même
dieu , qu’on nommoit Entes ou Antes dans la ville
d’Antée j 6c fi cela étoit vrai, on pourroit foop-
çonner qu’un de ces excès a voit été copié fur
l’autre à caufe de la conformité du culte : mais
on ne me perfuadèra pas qu’il foit fi facile d’avbir
commerce avec dés crocodiles. On a cru que tout
le fecret des égyptiens, pour fe préferver de ces
lézards, confiftoit à fe frotter d’une infufion dé
falran , comme l’on fe frotte de coüperofe & de
raufe contre les ours & de certains ferperis > mais ,
fuivant Strabon, il y avoit e n Egypte des crocodiles
véritablement apprivoifés, dont il n’eft plus
parlé dans lhiftoire aptès le quatrième fiècle de
notre ère, & encore la dernière mention ne s’en
trouve-t-ëlle que dans les légendes des anachorètes
de la Thébaïde »•».
« Quoi qu’il en fort, ce font des femmes perdues
de moeurs, q u i, après s’être dépouillées, ailoienr,
pendant les premiers jours de l’inftallation, fe pré-
fenter au boeuf Apis, auquel elles décoifvroié. t
les partie! de leur c o T p s , que la pudeur devoit
fur-tout leur faire voiler ».
cr On a tiré des ruines d’Herculanum, de petits
tableaux qui repréfentent des cérémonies ëgyp-;
tiennes , où l’on voit des perfonnages nuds danfer
autour d’un autel. La fuperflition eft une ch*>fe
étrange : on Vouloir être pur dans la prefencë-
des dieux, 6c comme les veterriens pouvoient
être fouillés, on s’en dépoùifloit & on fe rafoit
coût te corps , comme le faifoiem aufli les facri-
ficateurs, qui gon-fervoient néanmoins leu isba bits-
dans les temples; car les monuméns qui prouvent
un de ces faits, les prouvent tous deux.il a luffi
à des grecs q u i, / fuivant la véritable exprefiVon
des prêtres de l’Egypte , étoient toujoorservfans,
de voir ces excès, pour s’imaginer que la liberté
du fexe n’y avoit point de borne* : c’eft comme
fi l’on, jngçoit des moeurs des chinoifes 6c de s
indiennes par la licencie des. B o n i e f f e s & des,
filles publiques qui, parcourent les fauxbourgs-de
toutes les villes de la Chine, ou par les danfeufes.
de Surate, dont les'relations des inde's orientales
ne ceffent de parler.».
« Accorder, corrime avoient faîp les égyptiens
dit Montefquieu , le gouvernement de larynài^
fôn aux femmis, c’ etbit choqüér à-ta fois.la nature
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&• faraifbn : maJ«, e» difani cela-, ilflfi reflechaf-
ïo it point au pouvoir de&ewîuques qui enfouirent
foitvent : s’il y avoit jamais eu dans ce pays-la
une telle forme de gouvernement , les. eunuques
n’y eufïent pas même été tolérés. Q r , dans de
femblables cas, les faits prouvent infiniment plus
que les oblèrvations Yicieufès de quelques voyageur!
grecs, qui nous: ont dépeint les moeurs de
la plus vile populace, comme cela, eft indubitable.
Les femmes d’Égypte n’ont jamais pu députer
le prix de la beaufé à perfonne : car du
côté des facultés corporelles, lés égyptiens etoienc
un peuple mal cooftitué : aufli les coptes , qui en 1
defeendent, en* ont-ils hérité cette laideur, qui
perce, comme dit M.. Pococke, au travers des
plus riches vêtemens dont ils fe couvrent : de
forte qu’ il ne faut pas être étonne fi quelques
auteurs de l’antiquité , comme Elien ( de nat. animal.
lib. IV . cap. L IV .) , ont mis en fait qu il
n’étoit pas poflîble de leur temps de trouver c e
belles perfonnes en Égypte parmi les indigènes :
car il n’eft pas queftion ici des familles européennes,
établies à Alexandrie & à Naucrate : outre'
que les femmes indigènes y etoie-1 bafanees >
& fuieEtes à l’a même excrefcence que les carrelles;
un défaut dans les yeux, produit vra>
fèmbhblement par Cette ophtalmie , fi commune
en É g yp te ,les défiguroitbeaucoup, & on
foupçonne qu’elles avoient alors, comme aujourd’hui,
le même penchant à ufer de pâtes & de-
drogues pour fe faire engraiffer d’une manière,
prefque monftiueufe; ce qu’elles regardent comme
le plus haut degré d e là beauté : je crois bien
que les racines du faux hermodadyle , nomme
en Arabe gkamir, & dont elles ufent continuellement,
y contribuent beaucoup, comme Profite
r Alpin l’ affure ( lib. IIL cap. X IV . ) > mais
le climat & fur-tout les eaux y contribuent aufli :
car les anciens- oqt obferve îa meme chofe dans
cette partie de^l’Ethiopie, qui eft immédiatement
au-deflîis de l’Égypte. Qui a-jamais- été furpns,
dit Juvenal, de voir dans le. Méroe , le fein de la
mère plus grand quelle corps de l’enfant?
In Meroe crajfô majorem infante mamillam » .
F e m m e s des grecs. Chez les grecs \es femmts
vivoient dans la retraite la plus auftere. Les mai-
fons en. Grèce étoient divifées en deux parties,
les hommes habitoient le devant, la portion^ du
bâtiment qui étoit près, de la porte , & que I on
appefloir pour cela «>éfj«v,.ou àvfyavlriç. La partie
des bastimens qui étoit la plus éloignée de l entree ,
fff voit de logement^^aux femmes y 8c s'appellent le
gynécée. Qn voit dans Homère ( lliad. 31 M2".) *
les fils de Priam habiter une partie de Ion palais,
fes filles loger dans une partie oppofée Qc <fans
le».étages- fupétieurs.
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Les filles fortoient rarement, & ne pamîffoient
prefque jamais en. public avant leur mariage. Lorlj
qu’elles étoient mères, elles jouifloient d une
plus grande liberté, fi leurs maris n etoient pas
d’un caractère jaloux j car ils avoiertt fur leurs
femmes un empire abfolu. Elles portaient hors e
leur maifon des voiles légers,. qui ne les empe-
' choient pas de voir ( Euripid. Iphlg,■ ui Taiur.ic.
372. )•; mais d’être vues.
*Les femmes grecques s’ occupoient dans leur
maifon à filer , à coudre, à broder, a taire de U
toile, & c.
F e m m e s des romains. Les romains donnoient
à- leurs femmes plus de liberté que les grecs* tue s
afliftoient aux repas, aux facrifices , aux théâtres,
& c . } mais elles ne pouvoient fe trouver dans
les aflemblées judiciai-.es fi Aulu-Gelle K. i 9. )*
i dans les comices, ni prendre part aux ^hhera-
tions publiques, ni voir combattre les amleres
( Sueton. AuguJl. cap. X L IV . W 8. ) , n, fe baigner
; dans les bains que fréquentoienfles hommes.
1 Dans les premiers temps de la république, les
1 romaines mangeoient aflîfes. Elles imitèrent depuis
i les hommes, ^prirent leurs repas a demi-cou-
chées à côté de l-.urs maris. Dans les premiers
i jours de Rome, les femmes ne buvoient point de
' vin fermenté , vinum y on ne Lur permettoit que
le vin; doux , temetum. De là vint que tous leurs
! parens les embraflbrent fur la bouche en les ab»i-
j dant, pour favoir fi elfes t)bfervoient cette de-
\ fenfe { Athen. X . ).
! Les femmes des romains, loin d’ être exclues
j du, facerdoce , occupoient feules , à 1 excl.ulion
! des hommes, le facerdoce de la bonne deeile, de.
f Vefta & c . Dans les calamites p ubliques élit s
[ faifoient des Applications folemn&Hes a la porte
! des temples, & en balaydient les feuils avec leuis
\ cheveux ( Lucan. n°. 3P.) •
.......................... fies peSora dura
Affixere fàlo : licerafque in limine facto
Attonïtce fudere comas.
Augulle défendit v a femmes d'aflïfter aux fpee-
i tac les dans les mêmes gradins que les hommes,.
Il leur affigoa le lieu le plus élevé, feus les por-
! tiques ( Sua. 8 1 “ ni
fous Domitien , elles s’oublièrent jufqu a defcetir
dre dans l'arène., pour arr.ufer la multitude par
des combats.. Tacite le dit expreffément des femmes
de fénateurs & du rang le plus élevé { Ann.
X V . 31. )• Alexandre - Sévère défendit ce
défordre.-
C Sulpitius Gallus fit-divorce avec fon épouie,
parce qu'il apprit qP-'eUe « o it paru en public
r M n am m t j