
II tenoit le premier rang parmi les Prêtres , & ne
le céd'oit dans les feftins qu’au grand Pontife 8c
au Roi des facrifices. Il avoir la chaire d’ivoire,
la robe royale , l’anneau d’or.: il pouvoit faire
grâce aux criminels ; il béniffoit les armées , &
faifoit les conjurations & les dévouemens contre
les ennemis. Son bonnet étoit furroonté d’une
petite branche d’olivier, pour marquer qu’il por-
aoit la paix par-tout où il alloit. Mais d’ailleurs il
étoit fournis à des pratiques fort gênantes ; il ne
lui étoit pas permis de monter à cheval , de voir
une armée rangée en bataille , de faire divorce
avec fa femme , d’entrer dans une maifon où fe
trouvoit un mort 3 de fortir fans fon bonnet fa-
cerdotal , & de jurer en aucune manière, ni pour
quelque fujet que ce fût. Voye^ Fl amen.
Le nom du F lumen Dialis étoit formé de àios 3
génitif de zàs 3 Jupiter. Pour ne pas le confondre
avec les autres Prêtres de Jupiter, on doit fe fer-
vir de fon nom latin , dialis.
DIAMANT ; les anciens Ont-ils connu l’ art de
tailler 1 cDiamant3 8c de graver fur cette fubftance ,
la plus pefante & la plus compa&e de toutes ? M.
d’Hancarville l’aflure pofitivemerit dans le qua-‘
trième volume des Vafes Etrufques du Comte
Hamilton. André Cornaro , Vénitien, annonça
en 1723 , ( Mercure.de France, Mai) une tête
de Néron gravée en creux fur.un Diamant 3 qu’il
alfuroit être antique & qu’il prifoit douze mille
fequins « 264,000 livres.. Quelques paflages de
Pline mal interprétés ont pu favorifer l’afifertion
du premier 5 mais l’erreur du fécond efl des plus
évidentes, puifqu’on a fu depuis, que et Diamant
étoit celui du Prieur Vaini, annoncé par le Baron
de Stoch (pag. 17 , pr&f.- libr. gem. ant. cal. ) 3 8ç
reconnu pour l ’ouvrage de l’habile Coftanzi qui
gravoit encore à Rome vers le milieu du fièclê.
Les Romains favoient (Pline 3 7 , 4. ) que la
poudre de Diamant entamoit toutes les autres
pierres précieufes, & ils s’en fervoient avantageufe-
nient pour les travailler. Mais ils i gnoroient l’ art
de faire agir le Diamant fur lui-même, & de tourner
contre lui fa dureté. Parmi la quantité étonnante
de pierres gravées antiques que les entrailles
de la terre nous ont reftituées, on n’a jamais ap-
perçu aucun Diamant poli ou gravé. Comment
les anciens n’ont ils pas franchi le court efpace
qui féparoit les deux procédés ; 8c comment
n’ont-ils pas effayé de pratiquer fur le Diamant ce
qu’ils pratiquoient fur les pierres précieufes ? On
ne peut l’expliquer que par le fort ordinaire des
découvertes : plus on pafoît près de les faire ,
plus on s’ en trouve éloigné} le hafard feul en
amène l’inftant, 8c c’eft à lui qu’on dut, en 1476*
la taille des Diamans.
Sortant de la mine , le Diamant eft ordinairement
brut, terne , & reffemble à un limple
caillou. On n’en rencont-re point qui ait reçu
de la nature un poliment entier j mais ayant roulé I
quelquefois dans les lits de rivières rapides parmi
les fables & d’autres Diamans , il fe trouve légèrement
poli 8c irrégulièrement facetté. Il fe nomme
alors Brut-Ingénu & Pointe-Naïve lorfque fa figure
eft pyramidale. Tels ont été les feuls Diamans
connus des anciens, qui les regardoient dans cet
.état comme deftinés uniquement aux Rois 8c
même ( Pline 37, 4, ) aux plus puiflants. Iis
en avoient conçu une fi haute idée malgré leur
imperfection , que les foupçons fur le commerce
inceftueux d’Agrippa avec Bérénice fa foeur, fem-
blèrent fe réalifer à la vue d’un Diamant dont il
lui fit préfent (JW. fat. 6 , 1 jjv ) . Les quatre
pierres qui ornent l’agraffe du manteau Royal de
S. Louis, confervé à S. Denis, ne font que des
Pointes-Naïves , ou pyramides à quatre faces.
En 1476,* Louis de Berquen, d’une famille
noble de Bruges, à peine forti des claffes,
ignorant entièrement les procédés du lapidaire ,
s’apperçut que deux Diamans s’entamoient, s’ils
étoient frottés un peu fortement l’un contre
l’autre. Ce léger apperçu fit naître dans ce-jeune
homme induftrieux 8c réfléchi, des idées plus
étendues. Il monte auffi-tôt fur le ciment deux
Diamans bruts , les égrife par un frottement fou-
tenu, 8c parvient à y former des facettes régulières.
Bientôt il imagine des roues de fer, fur lefquelles
il répand la poudre de Diamant qu’il avoit obtenue
en les égrifant, 8c par ce moyen ingénieux
il leur donne le dernier poliment, fous la formé
de Pointe-Naïve. Tels furent les premiers efforts
de l’art pour tailler & polir le Diamant : tel fut
lepremier Diamant taillé pour Charles le Téméraire
, dernier duc de Bourgogne. Ce Prince le
fit monter au milieu de trois Rubis-Balais & de
quatre grofles Perles, & le porta toujours aucol fuf-
pendu à une chaîne d’or. Il le perdit à la bataille
de Granfon ; les Bernois qui s’en emparèrent le
vendirent aux Fuggers, riches négocians d’Augs-
bourg, 8c ceux-ci à Henri V I I I , Roi d’Angleterre.
La Reine Marie , fille d’Henri, le porta
en dot au Roi d’Efpagne, Philippe I I } & fi l’on
ne le trouve pas à l’Efcurial avec les pierreries de
la couronne , il aura fans doute été retravaillé
depuis, & taillé en brillant.
On vit un fiècle s’écouler jüfqu’au Milanois
Clément Birague , qui ofa graver le premier fur
cette pierre, fymbole de la dureté. Les graveurs
en pierres fines avoient peut-être redouté les
peines infinies que demandoit cette gravure, ou
plutôt le déchet fi fatal à une fubftance dont
tout le prix gît dans le poids & le volume. Mais
Birague appelé à Madrid en 1564, par Philippe II ^
voulut juftifier le choix du Monarque. Il grava
fur un Diamant le portrait de l’Infant Dom Carlos,
que cet infortuné Prince vouloir envoyer comme
un gage de fon amour à fon époufe future, l’A r-
chiduchefle Anne, fille de l’Empereur Maximilien
II. Dom Carlos lui fit encore graver les
armes d’Efpagne fur le Diamant qui fofmoit foi}
cachet. Quelques auteurs ont fait honneur de
cette invention à Jacques de Trezo , quicultivoit
le même calent à la Cour de Philippe II. Mais
Je témoignage du favànt Botanifte Clufius , qui
connut Birague dans fon voyage d’Efpagne en
1364, 8c celui de Paul Lomazzo fon contemporain
& fon compatriote, dépofent en faveur de
Birague. On fait au refte que ce travail a été très-
peu répété, & que la plupart des Diamans
gravés dont on a fait mention, n’étoient que des
faphirs blancs, comme les appellent les joailliers,
c’eft-à-dire, des pierres orientales fans couleur.
Diamant. Voye^ Celme,
DIAMASTIGOSE /fête de la flagellation , qui
fe faifoit à Lacédémone en l’honneur de Diane.
Les jeunes enfans de la première noblefie fe pré-
fentoient devant l’autel de la Déefife, pour y
être fouettés vigoureufement, 8c quelquefois
avec tant de cruauté, qu’ils mouroient fous les
coups. Leurs mères, pendant ces rudes épreuves,
les embrafloient, & les exhortaient à fouffriravec
confiance; aufli ne leur a-t-on jamais vu , dit
Cicéron, ( Tufcul. qu&ft. i l . ) verfer une larme,
ni donner même le moindre ligne d’impatience.
Ceux qui étoient les viélimes de cette cruelle cérémonie
, étoient couronnés avant la fépulture.
Dans la fuite,. on fe contenta de fuftiger ces
jeunes gens jufqu’au premier fan g. Cela fe faifoit
apparemment pour endurcir de bonne heure la
jeunefie aux coups, 8c pour l ’accoutumer aux
bleflures 8c aux plaies, afin qu’elle les méprifât
à la guerre. Philoftrate park^dans la vie d’Apollonius
de Thyane de la Diamaftigofe, fête dont
I«' nom étoit formé du mot grec, è'u&pusiyuv,
fouetter.
DIANE : « on compte plufieurs Dianes-%, dit
« Cicéron; la première fille de Jupker & de
» Proferpine, qu’on dit être mère de Cupidon
» ailé ; la fécondé, .qui eft la plus connue, eft
« fille de Jupiter 8c de Latone ; le père de la
« troifième Diane étoit Upis; & fa mère, Glaucé.
*» C’eft cette Diane que les Grecs nomment fou-
» vent Upis, du nom de fon père. » Mais les
Poeres 8c la plupart des. anciéns Auteurs l’ont
regardée comme fille de Jupiter & de Latone, 8c
foeur d’Apollon : c’eft à celle-là qu’on a rendu les
honneurs divins, bâti des temples 8c érigé des
autels. On dit que, lorfque fa mère accoucha,
Diane fôrtit la première, & qu’elle fervit à fa
mère de fage-femme pour accoucher d’Apollon
fon frère. Un talent fi précoce lui valut une place
au nombre des divinités qui prélîdent au mariage.
Elle fut témoin des grandes douleurs que fa mère
fouffrit.en accouchant d’Apollon ; elles lui donnèrent
Une fi grande àverfionpour le mariage, qu’elle
obtint de Jupiter, fon père, la grâce de garder
une virginité perpétuelle, de même que Minerve
fa foeur ; c’eft pourquoi l’Oracle d’Apollon appela
ces deux Déelfes -les Vierges blanches.
L ’amour qu’elle eut pour la chafteté, lui fit choifir
pour compagnes, des Vierges à qui elle faifoit
obferver la chafteté avec beaucoup de régularité ;
témoin l’hiftoire de Califto 8c celle d’Àctéon. Cependant
on a dit qu’elle avoit aimé Endymion ,
8c qu’elle avoit eu pour lui beaucoup de com-
plaifance. Virgile raconte auflî qu’elle fe laiffa
furprendre par le Dieu d’Arcadie , qui, transformé
en bélier? blanc, entraîna la Déeflë dans le fond
d’un bois , où elle ne dédaigna pas de répondre à
fes voeux. Son coeur ne fut pas infenfible
aux charmes d’Orion, qu’elle tua par jaloufie.
( Voys^ Orion. ). Et fa chafteté ne l’empêchoit
pas d’agréer le facrifice que les filles lui faifoient
de leur virginité. ( Voye^ Anotis.
Son occupation la plus ordinaire étoit la chafle ;
c’eft pour cela qu’on la regardoit comme la Déeflfe
de la chafle , des forêts & des montagnes, ôc
qu’on la repréfèntoit ordinairement avec l’arc &
le carquois , en habit court pour la chafle, ayant,
un chien à fes côtés ou à fes pieds 5 quelquefois
traînée dans un char par des cerfs blancs, ou
montée elle-même fur un cerf, 8c d’autres fois
courant à pied avec fon chien.
Comme, on la prenqit auffi pour la lune, on la
voit alfez fouvent avec un croiflant fur la tête; ou
bien fans croiflant, couverte d’un gçand voile
tout parfemé d’étoiles.
Le refie de cet '■ article efl extrait de la dijferta-
tion de NI. Vabbé le Blond, qui a remporté le prix
a V Académie des Infcripiions & Belles-Lettres , en
177-^ » & qu i l a bien voulu communiquer.
Cicéron, qui a compofé un ouvrage fur la nature
des Dieux, bien loin d’apprendre quelque chofe
de certaia fur leur origine, 11e fait tout au plus
que nous expofer fes doutes. Que pouvoit-il dire en
effet fur ces êtres chimériques ? Il a diftingué trois
Apollons ( De natura Deor. lib. 11L ) , & il di-
ftingue de même trois Dianes. La première, fille
de Jupiter & de Proferpine, qu’on dit être mère de,
Cupidon ailé ; la fécondé , qui efl la plus connue^
eft , dit-on , fille du troifième Jupiter & de Latone.
Le père ■ de la troifième Diane étoit Upis y & fa
mère, Glaucé : c’eft cette Diane que les Grecs
nomment fouvent Upis3 dunom de fon père. Plufieurs
auteurs donnent encore à Diane d’autres origines
( Varro, &c. ). Mais prefque tous les Poètes s’accordent
à n’en reconnoître qu’une ; ëlle étoit, félon
eux , fille de Jupiter 8c de Latone , 8c foeur
d’Apollon. Cette Déefle ordonnant aux Cyclopes
de lui fabriquer des armes, leur dit qu’elle eft
fille de Latone comme Apollon ( Callim. hym. in
Dian, v. 83. ). C’eft ce qui a donné lieu aux
poètes latins de la défigner quelquefois fous le
nom de Latonia ( Æn. x i. v■ 5^34 & tey &
alibi. ). Non - feulement Diane étoit foeur d’Apollon
; elle étoit encore née en même temps
que lui ; circonftance d’où il devoit réfulter
une liaifon intime entre ces deux divinités.