Les diftances des lieux fur les chemins étoient
marquées chez les Romains depuis C. Gracchus
par des colonnes milliaires. Voye% Mil l ia iRES.
On voit des colonnes torfes aux angles d’un
farcophage , deffiné par Boiffard , & publié par
Gruter (<£12. 9.)- Lescaraélères de l’épitaphe annoncent
le fiècle des Antonins. Cette bizarrerie |
fut inconnue aux G re c s , & les Romains ne Tadop* ■.
terent que peu de temps avant le déclin de l’ar-
chiteélure. Les antiquaires profiteront de cette ;
obfervation, lorfqu ils voudront prononcer fur
des monumens Romains oü fe trouveront des
colonnes torfes.
Les plus anciennes colonne s doriques n’ont point
de bafe j c’eft pourquoi Vitruve n’a point parle
de bafe, lorfqu il a décrit l'ordre dorique {lib. tvl)
Les ruines du théâtre de Marcellus offrent partout
des colonnes doriques fans bafe. On ne voit
point de bafe à celles de Peftum, q u i, d’ailleurs,
font de forme conique. Ces légères connoiffançes
de Tanciehne architecture font indifpenfables pour
les antiquaires.
Colonnes ,-ou Stèles d’Hermès. Un Arabe
nommé AbeRephi , & beaucoup 'd’autres écrivains
qui netoient point Arabes, ayant confondu
les obélifques avec les prétendues colonnes hermétiques
y il convient de faire ceffer la confufion ,
& de fixer.les idées & les termes ( Abtnephi apud
Kirch. in obelifco Pampkileo , p. • )• Car enfin ,
ces chofes n’avoient aucun rapport entre-elles ,
dit M. de PaW , ( Reck. fur les Egypt. 91. ) . Ma-
néthon, pour compofer l’hiftôire de l’Egypte,
aYoit confulté les Stèles d’Hermès , drefifés dans
les Syringes ou les allées fouterraines ( Syncel. in
Chron. p.. 40. ) > mais on ne trouve nulle part qu’il
ait confulté les inferiptions gravées fur les obélifques.
Il ne faut d’ailleurs pas prendre en un fens
rigoureux ce mot de Stèles ou de colonnèjs hermétiques
: c’étoient tout au plus des cippes , & plus
fouvent encore des tables de pierre5 ce que les
Alchimiftes Arabes ont bien fait connaître en
nommant la plaque d’émeraude , fur laquelle ils
croyoient qu’Hermès avoit gravé fes préceptes ,
la- table Smaragdine , comme on dit les tables du
Décalogue.
Les écrivains de l’antiquité, & Manéthon lui-
même nous apprennent que lès Stèlçs hermétiques
étoient renfermés daitf la partie la plus fe-
crette des temples, dans l’Adytuta, & même au
fond des caveaux où les Prêtres fe retiroient pour
étudier. ( Apotelefmat» lib, v. verf. 2 & 3. édit.
Gronovèi. )
Par-là on voit qu’ils différoient infiniment des
obélifques, qui étoient expofés aux yeux de tout le
monde à l’entrée des principaux édifices publics } fur
des monumens ainfi expofés, & fignificatifs par leur
figure, les inferiptions n’étoient point effentielles,
tandis que les inferiptions feules conftitueient les
Stèles hermétiques.
Colonnes d’Hercule. On dit qu’Hercule ayant
pénétré dans fes expéditions jufqu’ à Gades^ou
Çadera, aujourd’hui Cadix en Efpagne, crut être
à l’extrémité deda terre , & féçara deux montagnes
qui fe touchoient, pour faire communiquer
la Méditerrannée avec l’Océan. Hercule penfant
que ces deux montagnes, connues fous le nom de
Calpé &• Aby la, étoient les bornes du monde, y
fit elever deux colonnes pour apprendre à lapof-
térité qu’il avoit pouffé jufques-là fes conquêtes.
Les habitans de Cades firent bâtir dans la fuite à
ce héros un temple magnifique à quelques dif-
tances de leur ville j dans lequel on voyoit des
colonnes d’or & de bronze chargées d’anciennes
inferiptions & d’hiéroglyphes, qui repréfentoient
les douze travaux d’Hercule. Strabon dit qu’o-a
nommoit ces colonnes, ports. Gadaritans, les
portes de Gadira , & qu’on les pofa dans un
temple.
Colonne Antonine prétendue. Elle fut élevée
en l’honneur de M. Aurèle. Elle eft creufe : on a
pratiqué en-dedans un efcalier de 206 marches.
Elle a 175 pieds de hauteur , mefure ancienne >
ou 160 , mefure Romaine d’aujourd’hui : cin-
quante-fix petites fenêtres l’éclairoient. Le temps
& le feu l’avoient beaucoup endommagée. On la
répara fous Sixte y.» Ce Pontife fît placer au haut
une ftatue de S. Paul, fondue en bronze & dorée,
ornement affez barbare} car qu’y a-t’il de plus
mauvais g oû t, pour ne rien dire de pis , que la
ftatue d’un apôtre du chriftianifme au haut d’ un
monument chargé des aétions militaires d’un Empereur
payen ? On y voit la légion fulminante 5.
un orage épouvàntable conferve l’armée Romaine
prête à périr de fo if, & met enr fuite
l’ennemi. Elle eft placée à k droite délia
Strada del Corfo. On y entre par une porte pratiquée
à fon piédeftal : une plate-forme quarrée
portant une grille de fer lui fert de chapiteau.
C’eft par erreur que l’on attribuoit autrefois cette
colonne à Antonin-le-Pieux.
Colonne Antonine véritable. C’eft par erreur
que l’on attribuoit la colonne précédente à Antonin
le-Pieux ; celle de cet Empereur a été trouvée
dans la fuite fous des maifons d’où Clément XI la
fit tirer. Elle eft de marbre tacheté de rouge, &
femblable à celui qui viept de Sienne en Egypte r
elle a cinquante-cinq pieds de hauteur. On lit fur
un de fes côtés : Divo Antonio Augufio Pio An-
toninus Augàfius & ver us Augufiusfilii. On voit
fur fa bafe l’apothéofe d’Antonin I & une pompe
funèbre conduite par des gens à pied , à cheval &
en chars 5, Marc-Aurèle & Vérus firent feulpter
l ces bas-reliefs après la mort de leur père.
Colonne bellique , columna bellica, placée
devant le temple de Bellone à Rome , derrière
le cirque Flaminien, où eft maintenant le couvent
dit Tor~dè~fpecchi. Quand on déclaroit la
guerre à des peuples, le Conful lançoit de deffus
•u contre cette colonne un dard vers la contrée ,
qu’ils habitoiént.
Huic folet hafta manu belli prsnuntia mitti,
Irt regem & gentes ) cum p lacet arma capi.
( OriD. )
Colonne de Céfar, columna Coefaris : elle étoit
de marbre de Nymidie ; elle avoit 'vingt pieds de
hauteur 00 Tlvoit élevée dans le forum romain
à l’honneur de Jules Céfar. On y lifoit cette inf-
criptîon : Plrenci patris. Le peuple l’avoit en
telle vénération , qu’ il y faifoit des facrifices,
qu’ il y terminoit fes différends, & qu’il y juroit
par Céfar. Dolabella la fit abattre ; & Cicéron ,
l’en a loué. Il y en a qui prétendent que ce ne
fut dans les commencemens qu’un autel, que le
peuple & le faux Marius avoient fait conftruire >
qu’Antoine éleva la colonne fur cet autel, &
que l’iofcription étoit parenti optime merito. Colonnes de Conftantin, d’Arcadius ou de
Théodofe. A Conftantinople il s’étoit cônfervé
jufqu’aii commencement de ce fiècle deux colonnes
ornées de bas reliefs, dans le goût de ceux de la
colonne Trajane à Rome : elles avoient été érigées,
l’une à Thôrineur de Conftantin , ,& l’autre à
l’honnéUr'd’Arcadius ou de Théodofe ( Bandur.
Imp. Orient, t. i.p . yc8A Les bas-reliefs de celle-
ci ont été gravés, d’après les deffms de Gentile
Bellino, peintre Vénitien , que Mahomet II ap;
pela à CohftanUnôple'; mais il paroît que Tartine
a infiniment embelli l’ ouvrage dans fon dèffin. Il
eft certaitTque le peu que nous connoiffons de la
première en donne une très-maüyaife idée , & la
met bien au-deffous de la dernière. A l’égard de
la colonne d’Arcadius , on n’en voit plus au-
jourd’huKque la bafe de granit dans le quartier
nommé Coneajui. La cdlonne même’ fut démolie
par les Turcs au commencement de ce fiècle ,
parce qu’elle àvoit été ébranlée plus d’une fois
dans les fréquens tremblemens de terre, & au on
craignoit que fa chute ne causât un grand dommage
à la ville. La co/onrce. de. Conftantin, nommée
la colonne brûlée 3 eft placée dans le quartier
appelé Vifirkkani, & elle eft compofée de fept
grands cylindres de porphyre , fans compter la
bafe.. Dans fon origine , cette colonne étoit fur-
montée de la ftatue de Conftantin.'Après avoir été
endommagée plufîeurs fois par le feu , elle fut réparée
par TEsTipereur Alexis Comnènes, comme
Tindique une infeription grecque.
Colonne laétaire-, columna laftaria; elle étoit
dans la onzième ré'gion de Rome ; toutes les mères
y portoient leurs enfans par fuperftition ; quelques
unes les y laiffoient expofés par indigence ou
par inhumanité : on appelle maintenant le lieu de
cette Colonne la Pia-^a Montanara.
Colonnes légales, étoient chez les Lacédémoniens
des cçlonnçs élevées dans les places publiques,
où étoient gravées fur des tables d airain
les loix fondamentales de l’etat. ^ Colonne moenienne, columna meenia^ ; elle
étoit dans la huitième région : elle fut élevée-,
félon quelques-uns, à l’honneur du Conful Moe-
nius, après une vi&oire remportée fur les A11-
tiates > félon d’autres, par un certain Moenius ,
qui s’étoit réfervé ce droit en vendant fa maifon
aux cenfeurs Catôn & Flaccus, afin de voir de-la
les combats des gladiateurs, qui fe donnoient dans
11 forum. Comme la forme en étoit particulière,
on donna dans la fuite aux édifices femblables le
nom de meeniana , dont on a fait le nom Italien
mignani. Il eft fait mention dans les^auteurs L^~
.tins de deux colonnes moeniennes ; c eft au pied
d’une de ces deux colonnes que les Triumvirs, fur-
nommés Capitales, jugeoient les voleurs & autres
bandits. . Colonnes roftrées, columns rojlrats,* c etoit-
là qu’on attachoit les éperons des vaiffeaux pris’
fur l’ennemi. La première fut élevée à Toccafion
de la victoire navale de C. Duilius fur les Car-
thaginois. Elle étoit dans le forum Romain} oa
la trouva en 1 y60 près de Tare de Severe.' Le Cardinal
Alexandre Farnèfe la fit porter au capitolè},
elle eft de marbre blanc. Augufte en avoit fait
conftruire au même lieu quatre autres femblables,
avec les éperons des navires qui furent pris fur
Cléopâtre. Colonne Trajane. Le plus grand ouvrage du
temps de Trajan eft la colonne qui porte fon nom.
Ce monument étoit placé au milieu du forum, que
ce Prince avoit fait bâtir par Apollodore d’Athènes
} pour en conferver la mémoire , on avoit
frappe une médaille d’or qui eft de la plus grande
rareté, dont le revers nous offre un édifice de cette
place. A l’égard de cettè fameufe colonne , il eft.
certain que ceux qui auront occafion d’en examiner
les figures d’après les plâtres qu’on en a tires,
feront frappés de la variété étonnante de tant de
milliers de têtes. On voyoit encore au feizième
fiècle la tête de la ftatue coloffale de cet Empereur,
debout fur cette colonne ( Ciacon. Colum.
Traj. p. 4. ). On ignore aujourd’hui ce quelle eft
devenue. Quant aux édifices de fon forum, qui.
. entouroient la colonne Trajane , & qui etoienc
plafonnés ou voûtés de bronze ( Paufan. /. y. ) ,
on peut s’ en former une idée par une colonne du
plus beau granit noir , tirant fur le blanc , qui y
fut découverte en 1765, & qui porte huit palmes-
& demie de. diamètre. Cette colonne fut trouvée
lorfqu’on creufa les fondemens d’une chauffée
pour aller au palais Impérial} on y découvrit en
même-temps une-portion du couronnement, ou
la corniche de l’architrave qui pfcrtoit cette colonne.
La corniche, qui eft de marbre blanc, a
au-delà de fix palmes de haut ( environ 42 pouces
f r a n ç o i s O r , comme la corniche n’eft que le
:tiers, & encore moins, de Tentablèment, il faut
I que cette dernière partie ait eu au- delà de dix