
f f s e s o
ESMHN US, Ichmin , Ischemus , Sm in *
Smun , C hemmis. Jablonski ( Panthéon Agyptiac.
lib. IL cap. 7. ) a fait voir que ces différens noms
défignoient la même divinité phénicienne , app
e lle le plus fouvent Efmunus. Damafcius, dans
1.1 vie d-Ifutore , ( Photii biblioth. cod. 242. )
dit que TEfculape , adoré à Béryte, en Phénicie ,
n'étoit ni grec, ni égyptien > mais que c’étoit
un phénicien. Sanucus fut d'abord père des Diof-
cures & des Cabires ; enfuite il engendra un
huitième enfant, E fm un usnom que l'on traduit
par celui d'Efculape. D'autres le traduifent par
huitième. Le jeune Efmunus fut aimé ardemment,
Sc "recherché par Aftronoë .( Aftarte) ; mais voulant,
à l'aide d'une faulx, fe mettre dans l'im-
poflîbilité de fatisfaire des defirs qu'il ne parta-
geoit p as , il s'ôta la vie. Aftronoë appella Pan
à fon aide, rechauffa le jeune Efmunus , & le
mit enfuite au nombre des dieux. Son nom
phénicien , Efmunus, étoit relatif à la chaleur
vitale^
Malgré ce récit de Damafcius» on ne peut
douter qu[Efmunus ne fiît d’origine égyptienne.
Il y avoit même en Égypte deux villes qui porr
toient fon nom, & que les grecs appelèrent P æ-
nopolis & Hermopolis. Son nom dans la langue
phénicienne fignifioit huitième , d'où on peut
conclure que ce fût une huitième divinité,
ajoutée aux fept primitives, les fept planètes.
Les grecs voyant rendre à Efmunus 3 dans Ghem-
mis, ville de la Thébaïde, un culte femblable
à celui qu’ils rendoient à Pan, confondirent ces
deux divinite's, & appelèrent la ville Panopolis.
Ayant aufli vu rendre au même Efmunus, dans
l'Egypte moyenne, un culte femblable à celui
qu'ils rendoient à Mercure, ou Hermès, confondirent
de nouveau Efmunus avec Mercure,
& appelèrent la ville Hermopolis. X
É S O N , fils de Créthe'us, roi d'Iolchos , en
Theflalie, & de T y r o , fille de Salmonée. Voye£
A m p h i a r a ü s , P e l i a s .
Éfon fut détrôné par fon frère Pélias , &
obligé de vivre en fimple particulier dans fa
capitale. Il fut père de Jafon, & eut bien de
la peine à fauver çe jeune prince des mains du
tyran. La fable dit que Jafon, au retour de l'ex-
p/dition des Argonautes, touché de voir fon père
Éfon accablé de vieilleffe^ & déjà fur le bord
du tombeau, pria Médée , fa nouvelle époufe,
d'employer quelques-uns d,e$ fçcrets qu’elle pof-
fed o it, pour rajeunir fon père, ou pour prolonger
fa vie. Médée aulfi-tôt fait descendre du
ciel un char , traîné par des dragons ailés , dit
Q vid e , & y étant montée 7 elle parcourt di-
vèrfes régions , y recueille des herbes de toutes
fortes d’efpèces , en cpmpofç un breuvage, puis
fw fortir dçs veines d'Éfon, lé fang qui y couloit,
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& y fait entrer en fa place la liqueur qu'elle venoit
de préparer. A peine le breuvage s’eft - il infinué
dans le corps du vieillard, que fa barbe & fes
cheveux commencent à noircir, les rides difpa-
roilfent de fon vifage, & il reprend fon embonpoint
& fa force.
Il y a des mythologues qui expliquent cette
fable par la transfufion du fang, remède qui^ a
été tenté quelquefois, mais qui a toujours très-
mal réulfi. D'autres difent que Médé e, ayant
appris de fa mère la connoiffance des fimples , en
avoit compofé' un remède qui avoit donné des
forces à fon beau-père. Mais ces explications ne
font pas d'accord avec les traditions hiftoriques;
car il eft certain qu'jÉfon avoit été obligé par Pélias,
de boire du fang de taureau, & étoit mort
avant l’arrivée de Jafong ainfi que fa femme, qui
s'étoit pendue de defefpoir; & que Jafon , à fon
retour , ayant appris la mort de fon père, fie célébrer
des jeux funèbres en fon honneur par les
Argonautes.
ESPAGNE ( Ère d’ ):
Augufte ayant achevé , l'an 71 y de Rome ^
39e. avant l'ère vulgaire, la conquête de YEf-
pagne, cet-névénement donna naiftance à une ère
nouvelle , fondée fur le calendrier Julien, laquelle
commença au i cr. janvier de l'année fui-
vante. Elle eut lieu non-feulement dans VEfpa-
gne, mais aufli dans l'Afrique ( 1 ) , & dans nos
provinces méridionales de France, qui furent
foumifes aux vifigoths(2) : mais depuis le IX.fiècîe,
elle n’étoit pas feule dans la date de l ’année, &
on lui joignoit aflez communément celle de Tin-
carnation. L'ufage de 1ère Efpagne fut aboli
dans la Catalogne, Tan n8cf, en vertu d'un
canon du concile deTarragone, tenu cette année,
par lequel il étoit ordonné de fe fervir de Tère
de l’incarnation. On fit un femblable règlement
dans le royaume de Valence, en I3j’8 ,'d a n s
celui d’Arragon, en 13£9, dans celui de Caftillè,
en 1383, & enfin en Portugal, l'art 1422, o u ,
félon d'autres, en 141 f. Dans notre Table Chron
o l o g i q u e y nous faifons concourir Tan 39 de
cette période avec Tan premier de J. C . Tous
deux commencent au premier janvier, parce que
Tère d'Efpagne devance de 38 ans pleins 1è re
chrétienne. ( Art de vérifier les dates. )
ESPAGNE. ( Métrologie de M. Paucion. y
« L'ancienne Efpagne pouvoir être comparée
aux pays les plus-délicieux de Ja terre, & aucun
ne lui étoit préférable pour l’abondance des
(1) La plupart des conciles de de 1ère d’Elpagne. Carthage font datés
po(rat)e Llae dcaoten cdiele Tdèt'Ae rdle’Es,f pacgélnéeb ,r8é 5l1’a.n 813 de J. C. récoltes
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récoltes en bleds > en vins & en fruits de toute
forte. On y trouvoit toutes lés chofes nécefiaires
à la vie , comme celles qui ne font recherchées ;
que pour le luxe. Il y avoit. des mines d or &
d'argent, de grands vignobles , de vaftes plants
d’oliviers. L'on n'y voyoitpoint de terres incultes,
point de ilériles > car les cantons ou le bled ne
réuffifToit pas, fôurniffoient d'excéllens pâturages
j & s'il y en avoit quelques-uns qui ne M e n t
propres à aucune de ces produétions , on y re-
cueilloit des joncs marins, qui fervoient a faire
des cordages pour les vaiffeaux, des nattes &
d’autres ouvrages utiles. T e l eft le témoignage
que Solin rend de la bonté des terres & Efpagne.
Pompoiiius Mêla dit que Y Efpagne abonde tellement
en hommes, en chevaux , en fe r , en plomb,
en argent & en o r , que fi dans quelques^ endroits
la difette d'eau la rend diflemblable d elle-
même » il y croît cependant du lin & du jonc
avec quoi on fait des cordes & des nattes. Juftin
( lib. X L IV . ) dit que Y Efpagne eft plus fertile
que la Gaule, & même que l’Afrique 3 car, dit-il, |
cette région n'eft point brûlée par^ les ardeurs du
foleiL, comme l’Afrique, ni fatiguée par des vents
violens & continuels, comme la Gaule> mais
placée entre ces deux pays, elle eft vivifiée &
fécondée par des chaleurs bienfaifantes > & des
pluies modérées,, au pôint qu'elle procure abondamment
tous les fruits Se toutes les chofes ne-
ceffaires à la fubfiftance, non-feulement de fes
babitans, mais encore des citoyens de la ville
de Rome & de toute l'Italie, auxquels elle payoit
en tribut le vingtième de tout fon bled. Elle ne
produit pas feulement une prodigieufe quantité
de froment, elle eft: également fertile en vins
délicieux, en miel & en huile. Elle abonde en
chevaux , en lins, en joncs. Les entrailles de la
terre y font remplies de mines d'or , d'argent,
de fer & de vermillon ».
• « Le montOrofpeda abonde en mines d'argent *
ainfi que les environs de la ville d'Ilipa fur le
Bétis, & de Sifapo, à préfent Sirnéla, plus au
nord, près des bords duTage &duGuadalquivir.
Dans Ta Galice , fouvent les laboureurs enlèvent
des blocs d’or avec leur charrue. Il y en a !
également des mines dans les Afturies. Mais la 1
mine d'argent la.plus abondante étoit fituée à
deux tiers de lieue de Carthagène. Quarante
mille hommes étoient employés à l'exploiter, &
ils fourniflbient au peuple romain Ja valeur de
vingt-cinq mille deniers, ce qui revient à 18,612
livres par jour, & par an à 6,793, $61 livres.
L'Afturie , la Galice & la Lufitanie rendoient
aux romains 12,^00*000 livres par an. Dans un
endroit, appellé Bebelo , qu'on croit avoir été
fitué près de la ville d 'O fc a , dans le pays des
S l ê ^ t e s , il y avoit' un puits, commencé par
Annibâl , qui rendoit au propriétaire trois çents
poids d’argent parjour, ce qui revient à 8,212,^00
Antiquités , Tom. IL,
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par an. Enfin l’argent ^toit fi commun en Efia-
gne, qu'on en faifoit des ancres pour les navires ,
des tonneaux pour mettre y les liqueurs > & des
lambris dans les appartenons. Enforte que cette
contrée autrefois fut pour les carthaginois s 8e
enfuite pour les romains, ce qu’éft aujourd hui
l'Amérique pour les efpagnols” .'
«II y a en Efpagne des mines de fel, des pierres
d’une bonne qualité 8e d'une grande beauté pour
la conttrudion des maifons ; il y a aufli des pierres
à chaux, 8e d'autres dont on tire un ciment
qui fett à donner une grande folidité aux murs
des édifices«.
• « L à , les troupeaux de boeufs, de chevaux
de moutons font innombrables ; les bois, les forêts
j les piairies 8e les plaines retentiflent partout
des mugiflemens 8e des bêlemens de ces
animaux. Les chevaux de ce pays font' très-efti-
més. Varron rapporte qu’on a vu en Lufitanie
des porcs fi gras qu’ils avoient un pied de lard-
Les forêts 8e les montagnes font remplies de
daims, de cerfs, de fangliers , de lièvres 8e de
lapins; d’aigles, de hérons, d’éperviers,defai-
,.fans 8c de francolins».
' Les mers procurent de grands poilfons, des
baleines, des congres, des murènes , des thons,
des lamproies 8e d’autres ; des huîtres, 8e joutes
fortes de poilfons à coquille. Les fleuves n’y font
pas moins poiffonneux».
« En faifant l’énumération des produétionsde
l'Efpagne, ®n fe perfuaderoit volontiers qu’on fait
la defeription de ces champs fortunés où les anciens
avoient imaginé que les âmes de leurs héros
alloient pour jouir de la félicité, qui étoit le
prix 8e la récompenfe de leurs vertus. En effet ,
c’étoit dans la Bétique , partie méridionale d’Efpagne,
8e dont TAndaloufie fait à préfent la meilleure
partie, que les mythologues 8e les poètes
plaçoiént leurs champs élyfées, parce que ce
pays avoit la réputation autrefois , comme il l’a
encore aujourd’h u i, d'être le plus délicieux 8c
le plus heureux du monde ; prééminence qu’ il
tient autant de la fertilité de fon fo l, que de
la bonté 8e de la délicateffe de fes fruits Regio
eft , dit Mérula, parlant de TAndaloufie, qui
infigni rerurn omnium fertilitate luxuriat , cunctas
univerfi tèrrarum orbis provincial eo nomine facile
fuperans. C e géographe moderne n'eft que l'écho
des éloges que les géographes de l’ antiquité ont
faits de la Bétique. On lit dans Pline ( lib. III.
cap. I. ) l B&tica a famine eam mediam fecance
■: cognominata ; cunctas provinctas diviti cultu, &
quodam fertili ac peculiari nitorepr&cedit. Le même
auteur affûte {lib. X V I I I . cap. X. ) que les terres
dans toute la Bétique'rendoient cent pour un r
ciim centefmo quidem & Leoncini Sicilia campi
fundunt, aliique, & tota Bitica & imprimis Ægyptus.
Sur ce pied-, il ne faudroit que 4J1381 arpens D d d d