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par le bas &• par les côtés. On cltoififfoit l’une
de ces manières, ou Ton en pratiquent plufieurs
à la fois j félon le nombre des exemplaires qu’on
précendoit tirer.
Les- divifions par le haut & par les côtés font
les- plus communes ; celles par le bas p.aroiffent
un peu plus rares. La difficulté de les ajufter avec
les. fceaux a fans doute beaucoup .contribué à leur
rareté. Le peu* d’ufage que les anglo-faxons fai-
foient des fceaux nemettoit point le même.obfta-
cle aux féparations 'par le bas de leurs cirographes.
Audi ÿ étoient-elles affez communes. Quand en
France la divifion fe faifoit par le bas, on n’y re-
plioit pas le parchemin : alors on attachoit quelquefois
les fceaux au haut de la pièce. Il y a une
charte dans i'ç.s archives de Jumièges , qui porte
deux fceaux dans fa partie fupérieure. Elle effc
du XIIe. fiècle; On trouve au même endroit une
endenture à t l’àn 1280, dont les 1 ettres font parta- 1
gées par le bas.
Les lettres & les inferiptions , placées à l’inter-
feftion des exemplaires de la même charte, font
en lignes horizontales ou perpendiculaires,, dans
l'ôrdte naturel ou renverfe. Elles fo.nt perpendi- 1
culaires aux chartes qui les ont à. l'eurs côtés ;
horizontales' à celles qui les portent à leur marge
fupérieure ou inférieure. Lorfqu’ elles font perpendiculaires
, elles vont en montant ou en def-
Cendant, & leurs moitiés de caractères fe montrent
au côté gauche, ou bien au côté droit,
ou à tous les deux à la fois. Si elles font horizontales,
l’ordre des lettres elt naturel, pourvu
que la moitié fupérieure du cirographe foit au
pié d’un exemplaire, & que l ’inférieure fe trouve
à la tête de l’autre. Mais fi le cirographe ou I’inf-
cription étoit en même-temps au haut de toutes
les deux , l’une des [moitiés d’infeription avoit
fes lettres dans un ordre renverfé , & de plus
elles marchoient de droite à gauche.
Le même renverfément étoit immanquable toutes
les fois que le bas des deux chartes fe touchoit,
au moyen du cirographe. qu'elles partageoient
entr’ elles. Il pouvoit encore avoir lieu par rapport
aux chartes, dont le haut ou le bas étoit appliqué
au côté de celles dont elles dévoient être fé-
parées.
Si les chartes, divifées par le haut, ne peuvent
manquer de renverfer l ’ordre des lettres
d’une des moitiés de leur cirographe, lorfque les
deux exemplaires le partagent dans leur partie
fupérieure , celles qui font toutes les deux également
coupées par le bas , ne fauroient non plus
éviter le même accident; mais néanmoins dans
un fens contraire. La pièce qui porte Y incerftftion
du haut des lettres, Us montre dans leur fens
naturel ; & celle qui n’a que le bas de ces lettres,
les préfente dans un ordre renverfé.
Mais, fi de deux chartes-parties, ou dentelées
, l’une avoit fa moitié de cirographe en haut,
& l’autre en bas , les: lettrés , dont il feroit com-
p o fé , n’éprouveroient nul dérangement, ni dans
l’une , ni dans l’autre. Ainfi, la partie fupérieure
du cirographe feroit toujours au bas de l’une, &-
la. partie inférie-ure au haut de l’autre de ces
pièces. Il eft au furçlus affêz inutile dé favoir,
fi la charte-partie, parallèle à celle qu’on a entre
les mains-, porte fon cirographe en haut, en bas,
de côté & à quel côté. Qn peut affûter néan^
moins: qu’on trouvera rarement des chartes, divifées
par le bas de l’une 8c l’autre manière que
nous venons: d’expofer. En voici la. rai fon. Les
cirographes ne donnèrent pas long-temps exclufion
aux fceaux ; & ceux qui en précédèrent l’ufage,
ne fe trouvent pas en fort grand nombre. Il étoit
aflfez difficile d’unir l’appofition du fceau , avec
celle du cirographe 3 au bas d’une charte.
Dans un temps où l’qn n’appliquoit plus les
, fceaux fur le parchemin, il étoit ordinaire de
! le replier . par le b a s , pour y fufpendre plus
: commodément le fceau de cire , ou de toute
autre matière. Une charte, munie de fçe'au &
de cirographe par le bas, ne pouvoit admettre ce
pli. Et fans ce pli , le fceau couroït rifq.ue d’ être
emporté avec fon attache, fi le parchemin n’étoit
très-fort.
Les lettres majufcules qui compofoient les cirographes
y étoient. quelquefois d’une encre rouge ,
ou d’une autre couleur également frappante. Mais
ordinairement elles ne fe diftinguoient de l’écriture
des pièces mêmes, que par la grandeur &
la force dé' leurs traits , ou par les ornemens
gothiques-,, dont elles étoient plutôt furchargées
| qu’embellies.
D. Mabillon avoit lu dans Je gloffaire de
Spelman, qu’on ne partageoit pas feulement les
endentures en deux & en trois exemplaires originaux
, mais en fept, & quelquefois même juf-
qu’en onze. Il falloit donc que le texte de ces
pièces annonçât un fi grand nombre de divifions.
En effet, du feul cirographe qu’on trouve marqué
fur quelqu’un des exemplaires d’ un titre divifé,
jamais on ne pourra conclure que le partage en
ait été fait entre plus de cinq. Encore n’y a>-t-il
que les exemplaires du milieu qui puiffent pré-
1 fenter autant de cirographes que de bords. Ainfi,
lorfqu’une charte-partie , ou dentelée| n’étoit fépa-
rée qu’entre quatre ou cinq contraéfcans, uneffeule
des pièces pourroit réunir trois ou quatre des
, $ inferiptions divifées.
j Souvent
END
Souvent elles n’étoient autres que le mot
cyrographum plufieurs fois répété. On ne laiiioit
pourtant pas de varier les cirographes. Mais tres-
fréquemment en Angleterre, quand les endentures
n’éroient coupées qu’en trois ou quatre; i° . le
terme cyrographum fe trouvoit au haut des exemplaires
; 2®. au lieu d’être encore marque tout au
long fur leurs cô té s , ou d'y faire place a un
autre mot, on paroiffoit feulement en repéter le
commencement ou la fin, comme graphum, ou
é.yro y ou graphum y &c. Cette pratique qui paroit
d’abord un peu bifarre , étoit fondée fur le nombre
des contraélans qui dévoient emporter chacun
leur part de la charte.
Suppofons, pour mieux nous faire entendre,
qu’ une pièce dût être partagée en quatre, on
écrivoit au milieu du parchemin deux fois cyrographum
tout de fuite, de forte que ce mot
répondoît précifément à la largeur de^ chaque
paire de ces chartes. Après quoi le meme mot
étoit écrit, toujours avant leur féparation, une
troifième fois au milieu des quatre côtés de ces
quatre pièces, c’eft-à-dire, fuivanl leur longueur,
de manière que la dernière infeription çoupoit
les deux autres à angles droits. On conçoit que
la pièce de parchemin, divifée en quatre par le
milieu dé chaque cirographe, donnoit à chacun
des contraéfcans une moitié de ce mot en ligne
horizontale, plus un quart de la troifième infeription
en ligne perpendiculaire. Il n’eft donc pas
étonnant, quand on n’a fous les yeux qu’un des
quatre exemplaires, qu’outre le cyrographum placé
au haut, on life fur l’un des côtés, tantôt cyrogr.
tantôt aphum, & c . fuivant que le dernier cirographe
occupe plus ou moins de place fur les
endentures fupérieures ou inférieures. Par ce moyen
on rendoit une feule infeription commune aux
quatre parties contrariantes. On pouvoit même
la partager entre un plus grand nombre.
Les anglo-faxons ne faifant prefqu’aucun ufage
des fceaux, il femble que pour y fuppléer,
ils inventèrent la manière de dreffer des chartes,
dont la vérité pût être conftatée par le rapport
jufte qu’auroient enfemble les traits des lettres
d’un ou plufieurs mors coupés par la moitié fur
différentes chartes, & qu’on rapprochoit au befoin.
C ’étqit, fans doute , le principal caradère d’authenticité
dont les chartes anglo-faxones puffent
être revêtues. La plupart de leurs fignatures étoient
de la main de l’écrivain de l’aéte. Dépourvues
de fceaux 8c de fouferiptions, par quelle autre
formalité pouvoient - elles devenir authentiques|
que par des cirographes ?
Les françois les empruntèrent des anglais, félon
les apparences, & les mirent èn ufage longtemps
avant qu’ils euffent des règles fixes de
la manière dont ils dévoient dreffer leurs chartes.
Antiquités, Tome 11.
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Auffi cette Unique formalité tenoit-elle lieu chefc
eux , comme chez les anglois, de fceaux, de
fouferiptions & de témoins. Us les dreffoient
même Amplement en forme de notices, &
comptoient tellement fur la force & 1 autorité
de leurs cirographes, qu’ils faifoient quelquefois
-dépendre la confervation des terres cédees, de
celle de la pièce où étoient marqués ces cirographes.
.
Le premier degré d’authenticite ajoute au
cirographe, ce fut de dreffer la charte-partie eft
préfènee des témoins. Le fécond fut d y appofec
un ou plufieurs fceaux.
Jufqu’ au X I Ie. fiècle les fceaux furent affez
rares, même en France. Il n’y avoit en effet
auparavant guère que des princes, ou des fei-
gneurs titrés qui en fiffent ufage. Les pre.ats
& les communautés s’ en fervoient auffi ; mais
cela n’étoit ni général , ni invariable. Les cirographes
étoient déjà fort a la mode en^ France ;
& cependant une abbaye, auffi célébré que
celle de C orb ie, n’avoit pas encore de fceau,
s*il en faut croire du Cange. 111 avance fur 1 autorité
d’ ùn ancien manufetit, qui parle d un
temps o à , faute de fceau, cette églife ne pou-
voittraiter que par la voie des chartes-parties.
Au te lle , ce défaut de fceau a pu ne durer
qu’un temps limité, Si n’être arrivé que parce
qu'on auroit perdu ou renouvelle le fceau de ce
monaftère. En un mot, le texte cité en preuve,
ne dit point que l’abbaye de Corbie n eut encore
jamais eu de fceau.
Quoi qu’ il en fo it , on ne doit pas être plus
furpris de rencontrer des chartes-parties privées
de fceaux, que des endentures fans cirographes.
Les plus anciennes chartes divifées, non-feulement
d’Angleterre , mais encore de France , n’en
avoient point; & leur premièreinftitution etoit
- (je s’en paffer. Cependant ils ne tardèrent nas a
s’y introduire. Du Cange & D. Mabillon obfer-
ygj,t ^ que les chartes-parties , ou dentelées, etoient
fcellées du fceau, non de la perfonne qui les
devoit garder dans fes archives > .mais de celle
avec qui elle avoit contraété. Affuvément on ne
peut révoquer le fait en doute, pourvu qu’on
ne fuppofe pas que ce fût un ufage confiant.
Car il n’étoit.point du tout rare, que lune &
l’autre pièce fuflent fcellées tout à la fois des deux
fceaüx des parties contraélantes. Nous n en citerons
( kijl. de P a r is , v . p. 600. ) qu’ un feul
exemple; mais il eft péremptoire pour la France.
C ’étoit auffi une pratique ordinaire en Angleterre,
jufque vers la fin du X I I I '. fiècle, de fufpendre
les fceaux de tous les intéreffés, Si des juges ou
arbitres, même aux endentures.
A U v érité, une nouvelle mode s’établit, 8s
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