
par Diodore, les nourrices de Jupiter qui avoiefit
pris foin de lui à l'infçu de Saturne , 8c qui , en
récompenfe de ce bienfait, avoient été placées dans
le ciel j où elles forment la conftellation de la
grande Ourfe. Selon d’autres Mythologues, c’ é-
toientles filles de Cadmus, Sémèle, Ino, Agavé-,
Autonoé , qui furent chargées de l’éducation de
Bacchus. Le culte de ces Divinités eft des pre miers
temps du paganifme , & a été le plus uni-
verfellement répandu. Elles avoient en Sicile un
temple très-ancien dans la ville d’Enguie, où l’on
prétendoit qu’elles avoient apparu. Tous les peuples
des environs venoient leur offrir des facrifi-
ces magnifiques, & leur rendre des honneurs extraordinaires
5 les Oracles d’Apollon-avcient même
ordonné à plufieurs villes de les honorer, promettant
en récompenfe toute forte de profpé-
rités, & une longue vie à leurs habitans ; enforte
que le temple d’Enguie devint extrêmement opulent
, & l’on comptoit entre fes. richeffes trois
mille boeufs, & une grande étendue de pays. Ce
qui précède eft extrait de Diodore de Sicile. Le
culte des Déejfes-meres paffa d’Egypte en Grèce,
enfuite à Rome , & de-là chez les Gaulois, chez
les Germains , chez les Efpagnols 5 car on trouve
par-tout des traces de leur culte : d’où on peut
conclure que chaque nation honoroit fous le nom
de Déejfes-meres , les femmes qui s’étoient diftin-
guées chez elle par quelques vertus remarquables.
On lit dans le Recueil de Gruter ( 92. 1. 2. )
cette infeription : deabus mairabus.
L’Abbé Banier a écrit une diflertation fur les
Déeffes-meres, dans le V ic vol. des Mém. de 1 Ac.
des Belles-Lettres.
} Nous n’av°ns P°!nt de
charges qui répondent à celles des défenfeurs. Cependant
on peut, foit pour la nature & la qualité
des charges, foit pour la manière dont les Officiers
traitoierit les affaires , foit pour leurs autres
fond ions, les comparer aux Procureurs-Généraux
& à leurs Subftituts, ou aux Lieutenans-Généraux
de police & aux Commiffaïres. 11 y avoit un
défendeur de l’Empire ou du Royaume , defenfor
regni. Il étoit chargé de foutenir les droits de l’empire
, l’autorité du Prince , la vigueur des loix. Le
défenfeur de la ville , defenfor civitatis , defenfor
plebisy maintenait lesdroits, les ufages, les coutumes
de chaque ville; on pourroit peut-être le
comparer au Confeiller - penfionnaire de chaque
ville de Hollande. Cet Officier connoiftoit de toutes
les caufes pécuniaires au delious d’une fomme
affez forte, & des crimes légers. On faifoit par-
devant lui les infinuations des teftamens & des
donations, & les dépolirions de témoins. C’eft
pour cela qu’ il avoit fbn archive ou fon greffe.
( Voir la Novell* 1 5. 8c fenator Cafpod. I. vit.
Epifi. 1 1 .) . Ces défenfeurs des villes ou cités, qui
étoient chargés des premiers foins de la police
dans les principales villes chez les Romains , ne
pouvoient fortir de ces villes, non plus que les
Préfidens des provinces ne pouvoient fortir de la-
province qui leur étoit confiée, fi ce n'étoit pour
accomplir un voe u , & fous la condition d’y revenir
coucher le même jour.
Il y avoit auffi dans les Gaules des défenfeurs
des villes. L’ élection de ces Magiftrats dépendoît
du Préfident de la province. La loi portoit qu’il
les choifiroit entre les plus nobles, les plus riches-
& les plus eftimés des citoyens* Les Magiftrats
Romains, jaloux de l’autorité de ces Officiers,
firent tout leur poffible pour les détruire j de forte
que l’on ne prit plus pour ces places importantes
que des gens inconnus, fans réputation j obfcurs,
comme porte la Novelle 15 de Juftinien, de defenf.
civît. Mais cela parut d’une trop dangereufe confe-
quence pour le fervice du Prince 8c pour le bien
public. On les rétablit. ( Voye% la Novelle citee ,
& Godefroy fur cette Novelle, & de la Mare »T/, de
la Pol. t. 1. p. 1$. ). Le défenfeur des pauvres >
dés pupilles 8c des veuves prenoit foin de leurs
affaires. Les Diacres, au commencement del’égli-
f e , étoient les défenfeurs des pauvres, des pupilles
8c des veuves > mais dans la fuite cet emploi devint
une charge qui fut exercée par des laïques.
Juftinien en parle dans fa quinzième Novelle. Les
défenfeurs de l’ égüfe étoient comme les Commif-
faires & les Subdélégués du Patriarche. Le premier
ou le chef de ces défenfeurs jugeoit avec
d’autres défenfeurs , fes afiefleurs ,*les affaires de
moindre conséquence qui étoient du reftbrt du
Patridrchat, 8c il en rendoit compte enfuite au
Patriarche.
11 eft parlé dans le droit Romain des défenfeurs r
c’étoient, dans les villes qui n’ étoient ni libres n*
privilégiées, des Officiers prépofés pour la répartition
des impôts ou tributs S ils régloient ce que
chacun des habitans devoit payer. La fonction des
défenfeurs étoit femblable à celle des Cenfeurs de
Rome & à celle de nos élus : on ajouta dans la
fuite à leur pouvoir celui de juger- les caufes fom-
maires. ( La quinzième Nov• de V Empereur Jufii—
ni en , & iiv. 4. de Defenf. Civit.),
Défenseur furnom d’Hercôle, qui avoit â.
Rome un temple fous ce titre , defenfor. Les Soldats
& les Gladiateurs à qui l’on donneit un
congé honorable , venoient y fufpendre leurs,
armés.
On lit dans une inferiptron rapportée par Mu-
ratori, ces mots ( page 638 ) Defensores Se-
n atus. Étoient-ce des Officiers chargés èâ foin de
veiller aux intérêts ou aux revenus particuliers du
Sénat ?
DÉGRADATION. On infligeoit trois fortes de
peines aux foldats qui avoient démérité 3 favoir
militis, mutàtio , de gradu dejeétio , s eu regrada--
tio , et ignominiofa m W : ' , •
La première de ces peines étoit lorfqu on paffoit
d'un cofpsdans un autre, quand de cheŸaliet
on devenoit fantaflin, ou quand un fantamn etoi
transféré dans les troupes auxiliaires de frondeurs.
Aramien Marcellin ( /. xxxx. ) dit que Theodofe
voulant punir des Chevaliers qui s etoient re v o té*
, 8c voulant témoigner en meme-temps qu u
fe contentoit d'une légère peine , les remit tous
au dernier grade de la milice. Il y en a beaucoup
d’autres exemples dans le code Théodofien 8c dans
celui de Juftinien. _ .
Ce qui vient d’ être dit des Soldats 8c Officiers
militaires, avoit auffi lieu pour les autres Officiers
qui étoient dans le même cas > on les tranf-
féroit pareillement d’un corps dans un corps inférieur.
] .
La dégradation que les Romains appeloient de
gradu dejeSio, s su regr'adatio , q u a s i retrogra:-
datio, & non degradatio, qui n’eftpas latin , avoit
lieu lorfque quelqu’un perdoit le grade ou rang
qu’il avoit dans fa compagnie, quand, par exemple
, de Tribun il étoit fait fimple Soldat, ex
Aribuno tyrofiebat ,• ou comme on voit dans Lam*
pride Ç in Alex and. Sever. ) un Sénateur ayant
donné un mauvais avis , être reculé a la dernierc
place du Sénat, in ultimumrejiciebatur locum.. -
La dernière peine, qu’ils appeloient ignominiofa
mijjio , ou exauéloratiû j étoit une expulfion entière
de la perfonne à laquelle on ôtoit toutes les
“marques d’honneur qu’elle pouvoit avoir meritees
précédemment. ^
C’eft ainfi que l’on traitoit les Soldats 8c Officiers
militaires qui s’étoient révoltés , ou qui
avoient manqué à leur devoir dans quelque point
effentiel ; on leur ôtoit les marques d honneur
militaires, infigniamilitaria.
On en ufoit de même pour le s offices civils ; les
Officiers qui s’en étoient rendus indignes, etoient
dégradés publiquement.
Plutarque ( Vie de Cicéron ) rapporte que le
Préteur Lentulus, complice de la conjuration de
Catilina, fut dégradé de fon office , & qu 011 le
contraignit d’ôter en plein Sénat fa tunique ornée
de pourpre , pour en revêtir une,noire
Sidoine Apollinaire ( liv. vu,, de fes Epitres) 3
rapporte aufti qu’un cei tain Arnaudus , qui avoit
«té Préfet de Rome pendant cinq ans , fut de-
gradé , exauguratus , qu’ il fut déclaré Plebeien ,
& de famille Plébéienne j enfin condamné à une
prifoii perpétuelle. - ,
| Les loix Romaines, & notamment la loi judices,
{au Code de Dignit.) veulent que les juges qui
feront convaincus de quelque crime, foient dépouillés
de leurs marques d honneur, 8c mis au
nombre des Plébéiens.
DEGRÉ de la terre, mefure itinéraire des an*
ciens Romains. Elle valoit, félon M. Pauéton
{ Métrologie ) en mefure du même peuple, 72
milliarium ,
' O u 3600© décempèdes ,
cru 7JLOOO pajfas,
Ou 144000 gradus ,
Ou 3feocoo pieds Romains.
Ptolomée fait le degré de 6 8 milles j arabiques • 8c ce mille arabique de 7 ftades 8c demi.
DÉJANIRE, fille d’Oè'née, Roi de Calydon ,
fut recherchée par les plus puiftâns Princes de la
Grèce j mais Hercule l’emporta fur tous, après
avoir vaincu Achcloiis. Le héros s’en retournoit
vidorieux avec Déjanire 3f_ lorfqu il fe trouva arrêté
fur le bord du fleuve Evenus , qui pour lors
étoit débordé. Il ne fut inquiet que pour fon
époufej car pour lui, rien n’etoit capable de 1 arrêter.
Neffus., Centaure fort robufte , qui connoif-
- foit le gué, 8c à qui d'ailleurs Vénus avoit appris
comment, il pourroit tromper Hercule ( Voye%_
Adonis ) , s’offrit de paffer la Princeffe fur fon
dos : ce qui fut accepté. Mais dès qu’il fe vit à;
l’autre bord de la rivière, il prit fa courfe ppuc
enlever Déjanire. Hercule , qui s apperçut a l inf-
tant du mauvais deffein du Centaure, lui décocha-
une de fes flèches, qui portoient infailliblement
la mort. Neflus, bleffé mortellement, fut bien fè
venger, avant d’expirer , de l’un & de 1 autreJ ^
prit fa tühiqùë enfanglantée , & la donna à Déjà-
nirè , comme un remède affuré pour fe^faire toujours
aimer de fon mari, & pour empêcher qu’il
n’aimât d’autres femmes. Déjanire 3 apres avoir
donné ün fils à-Hercule, apprit 1 enlevement d Iole
par fon mari, & craignit de fe voir répudiée :
elle eut alors recours au fatal remede du Centaure.
Elle envoya à Hercule cette tunique, qui lui fit
d’abord fouffrir d’horribles douleurs, & enfin chercher
la mort- L ’Amour jaloux de Déjanire , qui
caufe la mort d’Hercule., fait le fujet dune tragédie
grecque, les Trackiniennes de Sophocle,
& d’une tragédie latine de Seneque, intitulée;
Hercule au Mont-CSta. Voye^ H E R C U L E , H l L L U S ,
I . O L E , N E S S U S . : '
Déjanire ayant appris le funefte effet de fon
préfent, fe tua .de douleur, avec la maffiie du
héros, & de fon fang naquit la plante appelée
depuis Nymphéa 8c Htraclion. ( Oyid. Met. 8. 8c Diodor. l. f . ).
DÉJEUNER. Voyei Jentaculum.
DÉICOON, fils d’Hercule 8c de Mégare. Voye^
Mégare.
DÉIDAMIE, ou H1PPODAMIE, fille d’Adraf-
t e , Roi d’Argos, époufa Pirithoüs. Leur noce
devint célèbre à caufer du combat terrible des
Centaures & des Lapithes. Les premiers ayant
voulu infulter les Princeffes qui affiftoient à cette
noce, les Lapithes défendijent leur honneur. Voy.
’ Atrax , Centaures , Lapithes , P i r i -
THOUS.
Déidamif. , fille de JLycomède, Roi de Scyros , Ifut aimée d’Achille, dans le temps que ce Prince
étoit caché à U Cour Scyros, fous 1 habit de
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