
pas étouffer celui de l’inftrument qu'elle accom-
pagnoit.
CITHARISTIQUE , genre de mufique & de
poéfie , confacré à l'accompagnement de la cithare.
Ce genre * dont Amphion ,-fils de Jupiter & d’An-
tiope , fut l'inventeur , prit depuis le nom de
lyrique. -
C1TH.AROEDUS 3 joueur de lyre qui s ac-
compagnoit de la voix, qui difputoit des couronnes
aux jeux pythiens & delphiens.
L ’habillement des joueurs de lyre & de flûte
étoit fi recherché, les auteurs en font fi fouvent
mention , que nous avons cru devoir en déterminer
avec foin les détails dans cet article. Nous
l'avons étudié fur les monumens, entr’autres fur
trois bas-reliefs publiés par Winckelmann, dans
fes Monumenti inediti 3 n°. 189, de la Villa-Pam-
pbili, n°. 80 , fculpture étrufque, & n°. 187 de la
Villa-Albani.Le joueur de lyre du premier bas-relief
porte un mafque fans barbe, une couronne de
laurier & des cheveux longs tombant en treffes
fur le col .& fur les épaules. Il eft vêtu d’une
tunique qui tombe jufqu’à terre, & qui couvre
les bras jufqu’au poignet. Une ceinture très-large
placée fur les hanches, ferre foiblement cette
tunique, comme on le voit à fes plis qui font
tous perpendiculaires, & qui ne font ni brifés,
ni interrompus. Un manteau très-ample & flottant
, pend des épaules du joueur de flûte. Sa
chauffure eft formée d’une femelle Ample , liée
fur le pied avec des bandelettes croifées. De la
main droite il tient un ple&rum aufli long que
le bras , pris depuis le coude jufqu’au poignet,
terminé d’un côté par une pointe moufle recourbée
, & de l’autre par une feuille de lierre, ou
une efpèce de fer de flèche. Cette dernière extrémité
du pleflrum eft placée fur les cordes d une
grande lyre , que le joueur tient de la main gauche.
Enfin ce joueur porte un bracelet au-defliis
du coude. |
Le perfonnage du troifième b a s -re lie f, qui
repréfente la mufique, félon Winckelmann, eft
affis. 11 offre à peu de chofe près le même cof-
tume. Ses cheveux font moins longs, & une
bandelette les affujettit tous autour de la tête. Sa
chauffure eft un foulier plein , calceus cavus ,
& fon manteau eft fi ample, qu’il couvre le
liège fur lequel il eft rejeté en partie. Il faut
obferver ici la double tunique dont nous allons
parler. .
Sur la fculpture etrufque , ou du moins com-
pofée dans le ftyle étrufque , paroiffent trois
divinités qui regardent une ftatue d’Apollon ,
placée fur un cippe quarré vers lequel elles portent
leurs pas. Celle qui eft la plus voifine du
cippe , & qui doit fixer feule notre attention ,
pince une grande lyre avec les deux mains ,
comme nous pinçons aujourd’hui la harpe. Elle
porte un diadème élevé fur le front, & de longs
cheveux treffés. Elle eft vêtue d’une tunique à
plis droits, dèfeendant jufqu’ à terre , & pat-
deflus cette première d’une fécondé tunique ,
terminée aux genoux , & liée par une longue
ceinture. Un manteau très-ample & flottant, def-
cend de fon épaule gauche.
A l’aide de ces trois defcriptions, nous allops
expliquer facilement les paffages des anciens qui
font relatifs aux joueurs de lyre , de flûte , &
aux muficiens publics en général. Leur manteau
étoit orné de bordures en or ( Juven. Sat. x.
210. ) 'v
Et quibus aurata mos eft fulgere lacerna....
Souvent il étoit de pourpre ou de couleurs diver-
fes ( Cicer. Heren. 1 v. 47. ) : Uti citharoedus pro-
dierit optime veftitus , pa.Ua inaurata indutus ,
cum chlamyde purpurea coloribus variis intexta ,
cum corona aurea , magnis fulgentibus gemmis
illuminata.
Leurs tuniques defcendoieht jufqu’aux talons,
„comme celles des femmes, ce qui les a fait appeler
quelquefois ftolét (Varr. de Re. Ruftic. n i .
13.) ; Quintus Orphea vocari jujftt , qui cum eo
veniffet cum ftola , & cythara , 6* cantare effet
jujfus. Ces tuniques, appelées opùôiuhov , }OU tuniques
droites , parce que tombant jufqu a terre,
elles avoient l’air de fe tenir droites fans foù-
tien, ont été défignées quelquefois par l’addition
des mots fans ceinture, » Çawvptvos, dit Pollux
( v i i . 13.). Apulée cependant, décrivant 1 habillement
d’un joueur de lyre , parle de fa ceinture
grecque (Florid.p. 79 1 .) . On peut accorder ces
deux écrivains, en difant que Pollux veut parler
de la ceinture ordinaire, \ona , qui ferroit les
tuniqües, &: que ne portoient pas les joueurs de
lyre. Apulée-, au contraire, entend par ceinture
grecque, cette laçge ceinture que l’on remarque
feulement aux perfonnages de theatre , & qui
ne ferrant pas le corps, ne cbangeoit point la
direction perpendiculaire des plis dë la tunique
droite. Quant aux longues manches de cette tunique
, elles font clairement défignées dans le meme
texte d’Apulée.
Le manteau des joueurs dejlyre & de flûte étoit
remarquable par fon ampleur & par fa longueur.
Il traînoit derrière eux , comme le dit Horace
( Ars Poeti. n. 21 :
. . . . Traxitque vagus per pulpita veftem.
On peut obferver aifément cette ampleur aux
manteaux des perfonnages fculptés fur les trois
bas-reliefs que nous avQns cités plus haut, & fur
le troifième en particulier.
Pour ce qui eft du foulier plein que portede
perfonnage du troifième bas - relief, Libanius
( in vita Demoftk. } 3 nous apprend que les joueurs
de flûte paroiffoient fur la fcène avec des chauf-
C 1 T
Aires de femmes, & que Battulus d’Ephefe en
donna le premier exemple.
L'a coëffure des joueurs de lyre n’étoit pas \
moins recherchée que leur, habillement. Ils portoient
, contre l’ufage ordinaire, les cheveux longs
& frifés. Virgile défigne Jopas par ce caraétere
diftinétif ( Æneid. 1. 744. ) .
. . . . Cithara crinitus Jopas
Perfonat aurata.
Martial donne aux muficiens la même épithète
{ x i i . 49.
Crinita Line p&dagoge turb&.
Cette longue chevelure étoit couverte d’une
couronne de laurier, que les riches muficiens
portoient d’or. C’eft avec ce laurier d’or que
Lucien nous (Adv. indoftum) nous peint le joueur
de lyre Evangélus, arrivant à Delphes pour dif~
puter les prix de mufique.
Ce n’étoit pas affez d'avoir paffé la plus grande
partie de la vie à' fe pérfeétionner dans le jeu des
inftrumens , d’avoir v é cu , pour conferver la
beauté de la v oix , dans une continence forcée
par l’infertion d’un anneau de métal dans le pré-.'
puce ( Voye£ infibulation) 5 un joueur de lyre
follicitoit, avant le combat mufical, les fuffra-
ges de fes juges rigoureux , & témoignoit par
l’altération des traits de fon vifage ; la défiance
de fes talens, & l’appréhenfion de déplaire au
nombreux auditoire qui alloit être témoin de fes
fuccès ou de fa honte. Suétone peint avec énergie
le farouche Néron dans ces craintes mortelles
(JW/-, c. 23. n. 6 . ) : « Il partait, dît-il, avant
que de commencer le combat, il partait a fes
juges avec le refpeét le plus profond, les priant
d’obferver qu’il avoit pris toutes les précautions
qui étoient en fon pouvoir , mais que l’événement
dépendoit. du caprice de la fortune ; que
des hommes aufli fages & aufli inftruits .qu’ ils
l’étoient, ne dévoient tenir aucun compte du
pur hafard. Ceux-ci l’exhortoient à prendre du
courage , & il les quittoit alors avec une contenance
plus àffurée, & c . Src. «
CITHAROIDE, air de cithare, ou chanfon
compofée pour être chantée avec l’accompagnement
de cithare.
C ITHÉRON, roi de Platée en Béotie, paffoit
pour l’homme le plus fage de fon tems. Il trouva
le moyen de réconcilier Jupiter & Junon. Cette
Déeffe, offenfée des galanteries de fon mari,
voulut rompre entièrement avec lui par un divorce
public. Cithéron, confulté fur les moyens
de faire revenir la déeffe, çonfeïlla à Jupiter de
feindre un nouveau mariage : le confeil fut fuivi,
& réuflit parfaitement.
La fable fit de ce roi un mont placé entre la
Béotie & l’Attique, confacré à Bacchus & aux
Mufes. C’eft fur ce mont que les poètes ont mis la
fabled’Âdtéon, lesOrgyes de Bacchus, Amphion
jouant de la ly re , le Sphinx d’OEdipe, & c.
Cithéron (Médaille de la ville de). Voye%
C l T H Æ R O N . •
CITHERONIA. Junon fut ainfi nommée depuis
fa réconciliation avec Jupiter, opérée par
■ le confeil de Cithéron.
C IT IIE R O N IU S , furnom donné à Jupiter,
par la même raifçn que l’on donna à Junon celui
de Citheronia.
CITOYEN. On peut diftinguer deux fortes
de citoyens 3 les originaires & les naturaiifés. Los
originaires font ceux qui font nés citoyens. Les
naturaiifés , ce font ceux à qui la fociété a
accordé la participation à fes droits & à fes
franchifes, quoiqu’ils ne foient pas nés dans fon
fein. '
Les Athéniens ont été très-réfervés à accorder
la qualité de citoyen de leur ville à des étrangers
j ils ont mis en cela beaucoup plus de dignité
que les Romains. Le titre de citoyen ne s’eft
; jamais avili parmi eux 5 mais ils n’ont point retiré
de la haute opinion qu’on en avoit conçue,
l’avantage le plus grand, peut-être, celui de s’accroître
de tous ceux qui l’ambitionnoient. Il n’y
avoir guères à Athènes de citoyens que ceux qui
étoient nés de parens citoyens. Quand un jeune
homme étoit parvenu à l’âge de vingt ans , on
l’enregiftroit fur le regiftre des citoyens-, & l ’état
le comptoit au nombre de fes membres. Cn lui
fâifoit prononcer dans cette cérémonie d’adoption
, le ferment fuivant à la face du ciel. Arma
, non dekoneftabo ÿ nec adftantem 3 quifquis ille fuerit,
focium relinquam ,* pugnabo quoque pro focis &
aris , J'olus & cum multis y pairiam nec turbabo^,
nec prodam j navigabo contra quameumque deftina-
tus fuero regionem j folemnitates perpétuas obfer-
•vabo ,* receptis confuetidinibùs parebo , & quafçum-
que adkuc populus^ prudenter ftatuerit amplechar ;
& fi quis Leges fufeeptas fuft.ulerit , nifi comproba-
verit 3 non permitcam y tuébor, denique , foins
& cum reliquis omnibus s atque patria facra colam.
DU cognitoras, Agrauli , Enyalius , Mars , Jupiter
, &c. &c. Plut, in perte. Voilà-un prudenter,
qui abandonnant à chaque particulier le jugement
des loix nouvelles, étoit- capable de caufer bien
dés troubles. Du refte, ce ferment eft très-beau
& très-fage.
On devenoit cependant citoyen d’Athènes par
l’adoption d’un citoyen & par le confentement
du peuple 5 mais, cette faveur n’étoit pas con*r
munè. Si l’on n’étoit pas cenfé citoyen avant vingt
ans, on étoit cenfé ne l’être plus lorfque le
grand âge empêchoit de vaquer aux fonctions
publiques. Il en étoit de même des exilés & des